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Un serveur musical pour mon salon

Aujourd’hui, on va mettre en place un serveur musical pilotable à distance en utilisant MPD. Il sera notamment capable de jouer de la musique stockée dessus ou des radios Internet. Il sera aussi capable de se comporter comme une enceinte Bluetooth.

On va parler de récup de vieux matos, de Debian, MPD, PipeWire, Samba, d’agent Bluetooth, de systemd (-analyze, -logind), de Powertop et de vbetool.

Serveur musical - les clients MPD se connectent à MPD, les clients Bluetooth peuvent jouer de la musique, les clients SMB peuvent envoyer des fichier, et le serveur est relié à des enceintes en Jack

Cet article au ton très « administration système » s’adresse à :

  • des gens qui voudraient mettre en place un système plus ou moins similaire, même pour faire autre chose dans le même esprit (en mode tutoriel) ;
  • des gens qui aiment les détails techniques et voir les trucs cools qu’on peut faire avec les logiciels libres ;
  • toute autre personne curieuse pour d’autres raisons.

Il est probablement trop technique pour quelqu’un qui ne manipule pas la ligne de commande, qui pourra peut-être malgré tout, avec suffisamment de motivation, se laisser porter par la démarche.

Sommaire

Introduction

Note de lecture : cette dépêche est très détaillée, je vous conseille de passer les sections qui vous intéressent moins.

Motivation

Dans mon salon, j’ai des petites enceintes toutes bêtes qui sonnent plutôt bien. Mettre de la musique implique de s’embêter à brancher un ordinateur, sur lequel je suis le seul avoir le contrôle. Ce serait bien d’avoir un système prêt à l’emploi et que tout le monde peut contrôler.

Objectifs

  • Pas d’achat : on fait avec de la récup
  • Peu gourmand en énergie
  • Silencieux (à part la musique, bien sûr)
  • Facile à utiliser pour une personne non technique
  • Pouvoir mettre de la musique sans que ça soit pénible, en utilisant ma bibliothèque musicale locale, ou des radios internet
  • Pouvoir laisser n’importe qui se connecter en Bluetooth et lancer sa propre musique

Nous allons, ensemble, remplir ces objectifs. On va rentrer dans les détails, qui peuvent être utiles dans d’autres applications, et parce que je sais que certaines personnes ici aiment ça, bande de geeks :-)

Matériel à disposition

  • des enceintes parfaitement fonctionnelles mais sans fonctionnalité Bluetooth
  • un appareil style netbook du début des années 2010 (dans mon cas, c’est une vieille tablette Airis Kira Slimpad plus vraiment adaptée au web moderne, dotée d’un processeur Intel Atom un peu lent, d’un peu de stockage assez lent, d’un Wifi plutôt lent, du Bluetooth, d’1 Giga de mémoire vive)

Note sur les interférences Wifi et Bluetooth. Le Wifi de cette tablette est en 2,4 GHz, pareil que le Bluetooth. Tout échange wifi cause des perturbations sur le Bluetooth et tout transfert intensif rend le Bluetooth inutilisable. Du grand classique. Un Wifi 5, 6 ou 7 aurait été appréciable. Il serait possible d’utiliser une carte Wifi USB, mais je n’en ai pas donc on fera sans.

Ce qu’on va faire dans les grandes lignes

  • Installer une Debian minimale
  • La configurer pour qu’elle soit accessible par le réseau, la plus rapide et légère possible en utilisation mémoire, en temps de démarrage et en consommation énergétique
  • Installer et configurer MPD
  • Installer et configurer Samba
  • Configurer en mode « enceinte Bluetooth »

Installation standard minimaliste de Debian

Par souci de concision, on ne va pas détailler l’installation de Debian, il existe d’autres ressources au besoin.

En résumé :

  • Debian classique en 32 bits (ça consomme moins de mémoire que du 64 bits)
  • j’ai laissé l’installateur faire le partitionnement (une partition principale en ext4, et une partition swap de 1G)
  • j’ai ajouté l’option noatime sur la partition principale pour éviter d’écrire inutilement lors des accès, ce qui use le SSD et ralentit le système (d’autant que le SSD est lent)
  • lors de l’étape Tasksel, choisir console, serveur ssh et utilitaires standard, et en particulier pas d’environnement de bureau
  • on installe sudo et on ajoute l’utilisateur au groupe sudo, ou alors on se donne accès à root en ssh avec une clé SSH
  • on installe iwd (le remplaçant moderne de wpa_supplicant, supposé plus performant et plus stable permettant également de se passer de NetworkManager assez facilement) et on connecte l’appareil en wifi avec
  • on identifie et désactive ou on désinstalle le superflu avec systemd-analyze critical-chain et systemd-analyze blame (typiquement, si vous avez installé NetworkManager, ModemManager a peut-être été installé alors que vous n’avez pas de modem à gérer)
  • on peut configurer le menu de Grub pour moins attendre au démarrage

Note : sur cette tablette, l’installateur Debian n’arrive pas à se connecter en Wifi, j’ai donc utilisé la version DVD (le premier suffit).

Gains énergétiques potentiels

Éteindre l’écran

L’écran est potentiellement une des plus grosses sources de consommation électrique. On n’en a pas besoin, donc on va l’éteindre au démarrage et à la sortie de veille.

Pour cela, on va installer vbetool (sources : outils pour éteindre l’écran, lancer une commande au démarrage, lancer une commande après la veille):

sudo apt install vbetool
cat << EOF | sudo tee /etc/systemd/system/screenoff.service
[Unit]
Description=Screen off
After=suspend.target

[Service]
ExecStart=vbetool dpms off

[Install]
WantedBy=multi-user.target suspend.target
EOF

Attention : ça peut compliquer grandement l’usage de l’appareil, on peut vouloir appliquer un délai avant extinction pour se faciliter la vie.

Powertop pour améliorer la consommation électrique

Powertop permet de voir ce qui utilise le CPU et les diverses ressources, et d’ajuster un peu les paramètres de mise en veille de différents périphériques.

On va l’installer :

sudo apt install powertop

Ensuite, ça peut être cool de lancer l’outil pour constater un peu ce qui tourne et consomme des ressources, de se déplacer dans les onglets, et de tenter des trucs dans l’onglet « Tunables » :

sudo powertop

Si passer tout à Good ne cause pas de problème d’instabilité évidente, alors on peut appliquer la configuration de Powertop à chaque démarrage (source) :

cat << EOF | sudo tee /etc/systemd/system/powertop.service
[Unit]
Description=PowerTOP auto tune

[Service]
Type=oneshot
Environment="TERM=dumb"
RemainAfterExit=true
ExecStart=/usr/sbin/powertop --auto-tune

[Install]
WantedBy=multi-user.target
EOF

systemctl daemon-reload
systemctl enable powertop.service

Sinon, il y a des solutions mentionnées dans la source pour désactiver certains changements (si vous observez des dysfonctionnements avec certains périphériques par exemple, et notamment si vous avez des problèmes de Wifi ou Bluetooth)

Perso, je sais que sur cette tablette, passer tout à Good fait (faisait il y a 10 ans en tout cas) qu’après un délai la première frappe sur le clavier ou le premier clic de la souris était ignoré, et aussi était nécessaire pour réveiller l’USB – clairement je m’en fiche ici, mais si votre wifi ou votre Bluetooth est en USB et que les paramètres causent une extinction après un délai, clairement ce n’est pas bon).

Bonus : Configurer le bouton power pour mettre en veille

Sur ma tablette, un appui court sur le bouton power éteint la tablette (et ensuite on la rallume en appuyant 3 longues secondes). Si on souhaite qu’un appui court mette en veille l’appareil et un appui long l’éteigne, comme ça on fait un compromis énergétique supposément raisonnable pour rendre l’ensemble un poil plus pratique, c’est facile avec systemd.

Ajoutez ces deux lignes au fichier /etc/systemd/logind.conf :

HandlePowerKey=suspend
HandlePowerKeyLongPress=poweroff

Rechargez les paramètres :

sudo systemctl restart systemd-logind

MPD : Music Player Deamon

Ok, passons au cœur du sujet : mpd.

Késako

Simplement, c’est un lecteur de musique pilotable à distance qui est capable de :

  • lire de la musique que vous mettez dans son dossier de travail ;
  • lire des playlists que vous mettez dans son dossier de travail ;
  • lire des flux radio, qui sont par exemple définis dans des playlists.

Entre autres.

Certains clients MPD, comme Cantata (une application Qt5 plus ou moins abandonnée mais encore dans les dépôts), sont même capables de lire de la musique sur votre serveur MPD que vous avez localement sur votre ordinateur, ou de gérer les playlists. Ça rend d’ailleurs la constitution de playlists vaguement confortable. Vous n’avez pas besoin d’écrire des playlists M3U à la main, quoi.

Les avantages sont multiples :

  • c’est méga léger, une machine épuisée peut faire tourner MPD à l’aise
  • si vous lisez la musique stockée sur le serveur, le réseau n’est pas engorgé
  • on peut être plusieurs à contrôler la musique, ce n’est pas une personne qui contrôle tout, et on peut le faire depuis le canapé
  • il existe toute une flopée de clients, il y en a pour tous les goûts pourvu que vous aimiez les logiciels abandonnés ou en ligne de commande / en ncurses (ouais, c’est quand même un problème que j’identifie et qui a largement retardé mon adoption de MPD)
    • les gens non techniques apprécieront les applications mobiles telles que M.A.L.P pour gérer la musique et le volume sonore.

C’est parti pour l’installation

sudo apt install mpd

On va modifier sa configuration :

sudo nano /etc/mpd.conf

On peut laisser les paramètres par défaut suivants :

music_directory         "/var/lib/mpd/music"
playlist_directory              "/var/lib/mpd/playlists"

Vous l’aurez compris, c’est là où on stocke les musiques et les playlists. Dans la section suivante, on verra comment rendre le dépôt de morceaux simple et convivial.

On va laisser la plupart des autres paramètres par défaut.

On va changer bind_to_address, qui est par défaut à localhost, mais on veut que n’importe quel appareil sur le réseau soit capable de s'y connecter. On va aussi explicitement mettre le port à la valeur par défaut (ce n’est probablement pas nécessaire, mais c’est ce que j’ai fait) :

bind_to_address                 "0.0.0.0"
port                            "6600"

On veut aussi que quand des fichiers sont changés dans les dossiers music et playlists, mpd se mette à jour tout seul pour ne pas avoir à le baby-sitter :

auto_update     "yes"

J’ai tenté d’activer zeroconf pour que les clients MPD puissent le trouver tout seul :

zeroconf_enabled                "yes"
zeroconf_name                   "Music Player @ %h"

Mais en vrai, je n’ai pas réussi à faire fonctionner ça. En tout cas, un prérequis est d’avoir installé et activé avahi-daemon, on verra ça plus tard dans la partie Samba du coup.

Vous aurez peut-être envie de mettre un mot de passe voire de changer les permissions par défaut en décommentant et adaptant les paramètres suivants, mais c’est optionnel :

#password                        "password@read,add,control,admin"

#default_permissions             "read,add,control,admin"

Ensuite, la partie critique, la sortie audio. Pour l’instant, on va dire à mpd d’utiliser Alsa directement. C’est le plus direct et le plus léger (on passera à PipeWire plus tard, pour gérer l’aspect récepteur Bluetooth)

audio_output {
       type            "alsa"
       name            "My ALSA Device"
       device          "hw:0,0"        # optional
       mixer_type      "hardware"      # optional
     # mixer_device    "default"       # optional
       mixer_control   "Master"        # optional
       mixer_index     "0"             # optional
}

Pour une de mes installations, j’ai commenté mixer_device parce que ce n’est manifestement pas la bonne valeur chez moi, et que ça marche bien sans.

Vous pouvez vous passer des autres valeurs optionnelles, mais vous n’aurez pas le contrôle du volume sonore depuis les clients MPD si vous faites ça. Vous allez donc devoir trouver les bonnes valeurs pour les paramètres mixer_*, et pour device. ainsi que mixer_control et mixer_index.

Quelques indices :

  • hw:0,0 est probablement la bonne valeur pour device, et 0 pour mixer_index aussi. Vous pouvez lister vos cartes son avec aplay -L. Vous aurez peut-être besoin d’installer le paquet alsa-utils.
  • la valeur de mixer_control est le nom du contrôle que vous utiliserez pour changer le volume dans alsamixer, du paquet alsamixergui que vous aurez probablement besoin d’installer.

Si vous galérez trop avec les valeurs de mixer-*, vous pouvez simplement utiliser mixer_type "software", c’est moins propre mais ça devrait faire le taf. Et sinon, vous pouvez toujours sortir l’artillerie lourde et passer directement à PipeWire.

Pour appliquer vos modifications :

systemctl enable --now mpd # À partir de Debian Trixie, mpd n’est plus activé par défaut au niveau du système
systemctl restart mpd # Si MPD tournait déjà

Vous pouvez déboguer vos changements avec la commande suivante, qui suit les logs en temps réel :

journalctl -fu mpd

Vous avez plusieurs options pour essayer de lire des choses avec mpd :

  • installer l’application M.A.L.P sur votre téléphone Android, ou une autre application cliente MPD, et ajouter un profil avec la bonne adresse, le bon port et le bon mot de passe ;
  • installer un client comme Cantata sur votre ordinateur, avec la bonne adresse, le bon port et le bon mot de passe ;
  • installer mpc directement sur le serveur. Normalement mpc play permet de lancer la lecture.

Moi, j’ai testé avec une webradio dans une playlist (/var/lib/mpd/playlists/radio-paradise-main-mix.m3u avec le contenu http://stream.radioparadise.com/ogg-192m), mais on peut aussi évidemment placer un morceau dans /var/lib/mpd/music/.

ReplayGain

Le niveau sonore de mes morceaux n’est pas homogène, donc il faut sans cesse adapter le volume d’un morceau à l’autre. C’est pénible, voire inutilisable en l’état. Une solution pour ça est replay gain : on analyse et on enregistre le niveau sonore d’une piste dans ses métadonnées.

Il existe plein d’outils pour faire ça, dont https://github.com/complexlogic/rsgain

On peut le faire avant d’envoyer les fichiers sur l’appareil. Pour ma part, je l’ai fait sur la tablette, et il n’existe pas de paquet Debian 32 bits, donc je l’ai compilé :

sudo apt install cmake build-essential pkd-config git libavcodec-dev libavformat-dev libtag1-dev libebur128 libinih-dev libfmt-dev
git clone --depth=1 https://github.com/complexlogic/rsgain
cd rsgain
mkdir build
cd build
cmake ..
make -j2
sudo make install

Il faudra s'assurer que les morceaux au format Opus sont étiquetés avec le tag R128_TRACK_GAIN et pas REPLAYGAIN_TRACK_GAIN, parce que c'est ce que MPD s’attend à avoir. Pour ça, on va convaincre rsgain de suivre les standards (que certains lecteurs de musiques ne comprennent pas) en créant un preset qui contient :

[Opus]
OpusMode=s
``


Mes morceaux ne sont pas organisés par albums, donc je désactive l’analyse par album. Je vais donc partir du [preset no_album](https://github.com/complexlogic/rsgain/blob/master/config/presets/no_album.ini) :

mkdir -p ~/.config/rsgain/presets; cat << EOF > ~/.config/rsgain/presets/no_album_standard_opus.ini
[Global]
TagMode=i
Album=false
TargetLoudness=-18
ClipMode=p
MaxPeakLevel=0.0
TruePeak=false
Lowercase=false
ID3v2Version=keep
PreserveMtimes=false
DualMono=false
OpusMode=s
EOF
```

Ensuite, on peut le rsgain sur le dossier de musiques avec ce preset. Mes morceaux ne sont pas organisés par albums, donc je désactive l’analyse par album.

rsgain easy -p no_album_standard_opus -m MAX /var/lib/mpd/music

Note : l'option --skip-existing permet d'ignorer les fichiers déjà taggés :

rsgain easy --skip-existing -p no_album_standard_opus -m MAX /var/lib/mpd/music

Avec cette option, on peut exécuter cette tâche régulièrement, par exemple dans un cron, pour calculer le ReplayGain pour les nouveaux fichiers. Pour la première exécution, il vaut certainement mieux ne pas l’utiliser, sinon, si vous aviez déjà des fichiers qui avaient l'information, il se peut que le résultat ne soit pas uniforme.

Il faut dire à MPD d’utiliser le ReplayGain dans /etc/mpd.conf :

replaygain                      "track"

Vous aurez peut-être besoin de jouer avec les autres paramètres liés au volume et au ReplayGain.

Voici les miens :

# Ce paramètre définit la pré-amplification à appliquer pour les morceaux qui ont l'information du ReplayGain
replaygain_preamp              "0"

# Ce paramètre définit la pré-amplification à appliquer pour les morceaux qui ne l'ont pas
replaygain_missing_preamp      "0"

# Faut-il interdire à MPD de dépasser le niveau original d'amplification en appliquant le ReplayGain?
replaygain_limit                "no"

# Faut-il permettre à MPD d'ajuster le volume pendant la lecture pour normaliser ?
volume_normalization            "no"

Un autre paramètre qu’on peut régler, c'est la manière dont MPD règle le volume dynamiquement pour ReplayGain. Dans votre bloc audio_output, vous pouvez ajouter replay_gain_handler et la valeur "software" (c'est la valeur par défaut) ou "mixer". En théorique, les traitements software dégradent le son, mais en pratique, avec "mixer", je tombe sur ce bug qui met le volume à 100% après chaque changement de piste.

Note : je ne suis pas encore convaincu d’avoir réussi à trouver les réglages parfaits, n’hésitez pas à expérimenter.

Les clients MPD

À ce stade, vous devriez avoir un serveur MPD fonctionnel et configuré. Si applicable, vous pouvez commencer à suggérer aux gens de votre foyer d’installer l’application M.A.L.P sur leur appareil Android ; elle est libre et disponible sur F-Droid et sur le Play Store. Avec un peu de chance, votre enthousiasme était communicatif et c’est eux qui vous demanderont :-)

Pour les autres types d’appareils, vous allez devoir faire vos recherches vous-même je n’ai pas étudié les options sous Windows, Mac ou iPhone, mais il y en a. Pour Linux, j’ai essayé Cantata. Il me convient, si ce n’est qu’il a l’air un peu abandonné, et il a une interface certes conviviale, mais quand même un peu brute. Il existe des widgets qui s’intègrent aux différents environnements de bureaux pour les différents systèmes d’exploitation, je n’ai pas exploré. Le site de MPD propose une liste de clients, et le wiki de Arch aussi.

 M.A.L.P, un client mobile pour MPD

Samba pour déposer les morceaux (et les playlists)

Déposer des morceaux, vous allez probablement le faire depuis un ordinateur, et à peu près n’importe quel système d’exploitation est capable d’aller chercher un dossier SMB en réseau, alors je vous propose de configurer un serveur Samba. Ça a le bon goût d’être très léger, très simple à faire et de fonctionner depuis n’importe quel OS. Allons-y, et tant qu’à faire, on va aussi installer Avahi, qui permettra aux ordinateurs sous Linux et Mac de découvrir les dossiers partagés tous seuls :

sudo apt install samba avahi-daemon

On va partager nos dossiers music et playlists au monde entier en lecture-écriture (YOLO). On édite /etc/samba/smb.conf:

[Musique]
path=/var/lib/mpd/music
read only=no
writable=yes
comment=Fichiers musique MPD
guest ok = yes
force group = audio
force user = mpd
browsable = yes
public = yes
create mask = 0644
directory mask = 0755

[Playlists]
path=/var/lib/mpd/playlists
read only=no
writable=yes
comment=Listes de lecture MPD
guest ok = yes
force group = audio
force user = mpd
browsable = yes
public = yes
create mask = 0644
directory mask = 0755

Je ne maitrise pas particulièrement Samba et il y a peut-être des options superflues, mais globalement l’esprit c’est :

  • n’importe qui doit pouvoir accéder à ces deux en lecture et en écriture depuis le réseau. En particulier, la création de dossiers doit marcher
  • MPD doit pouvoir lire ce qu’on a écrit dans ces dossiers
  • les fichiers et dossiers doivent avoir des permissions sensées

Bien sûr, on peut vouloir restreindre l’accès à certains utilisateurs et/ou avec un mot de passe. Je vous laisse creuser.

Après un redémarrage de Samba :

sudo systemctl restart samba

Avec un peu de chance, dans l’onglet « Réseau » de votre gestionnaire de fichier, dans la section « Partages SMB », votre appareil apparait. Sinon, vous devriez pouvoir y accéder avec smb://HOST/ avec Dolphin et probablement Nautilus, probablement \\HOST sous Windows.

Alternatives possibles à Samba

  • Si on a un NAS, monter un dossier sur le serveur MPD, voire installer MPD sur le serveur de stockage, ou avoir une tâche chron qui fait un rsync bien placé
  • Mettre en place une synchronisation avec Nextcloud ou Syncthing, et faire pointer MPD vers le bon dossier, ou ajouter le dossier de MPD comme dossier de stockage externe à Nextcloud par exemple
  • SFTP
  • NFS
  • FTP (mais les autres options sont probablement meilleures)

Récepteur Bluetooth

Ce n’est bien sûr pas nécessaire si vous êtes parfaitement satisfait·e avec MPD, mais si vous voulez que votre appareil soit en plus capable de se comporter comme une enceinte Bluetooth, vous êtes au bon endroit.

Les difficultés qu’on va résoudre sont les suivantes :

  • pour l’instant, MPD accède au son directement avec ALSA, et en général on ne peut pas être plusieurs sur ALSA. En tout cas, et même s’il a l’air possible de faire fonctionner Bluetooth et ALSA ensemble, ça n’a pas l’air d’être terriblement simple ou même stable. Donc on va utiliser PipeWire. On aurait pu utiliser PulseAudio, mais PipeWire le remplace, et fonctionne généralement mieux.
  • PipeWire, c’est pensé pour être lancé dans une session graphique d’un utilisateur, mais nous, on a un serveur headless. Il va falloir faire en sorte de lancer une session utilisateur au démarrage sans interaction, et que cette session ne soit pas tuée.
  • mpd tourne avec son utilisateur, PipeWire avec son utilisateur, et après s’être rendu compte qu’il faut que ça soit les mêmes, faut aussi savoir comment, et le faire.

Lors de l’installation de Debian, on a défini un utilisateur. On peut utiliser cet utilisateur. Sinon, on peut aussi en créer un pour ça, pensez bien à l’ajouter aux groupes audio et bluetooth.

Garder une session utilisateur active

On va démarrer une session utilisateur au boot :

sudo loginctl enable-linger user # remplacer user par le nom d’utilisateur

On va s’assurer que les processus de cette session ne sont pas tués au moment où on quitte une session (par exemple quand on quitte une session ssh) : dans le fichier /etc/systemd/logind.conf, décommentez la ligne KillExcludeUsers et ajouter le nom d’utilisateur après le =. Vous deviez avoir

KillExcludeUsers=user

user est le nom d’utilisateur.

On peut maintenant recharger ces paramètres :

sudo systemctl restart systemd-logind

Installer PipeWire et les choses nécessaires

À ce stade, MPD bloque probablement l’utilisation du son parce qu’il s’y connecte via ALSA. On va le stopper.

sudo systemctl stop mpd

PipeWire et WirePlumber vont dorénavant gérer le son, et libspa-0.2-bluetooth permet au démon qui gère le Bluetooth (Bluez) de s’inter-connecter à PipeWire pour le Bluetooth Audio.

sudo apt install wireplumber pipewire libspa-0.2-bluetooth

En tant que votre utilisateur (nommé user dans les commandes précédentes) (c’est important), activez PipeWire au démarrage et lancez-le :

systemctl --user enable --now pipewire wireplumber

Notez que pipewire-pulse n’est pas nécessaire, d’ailleurs vous pouvez le supprimer ou le désactiver en toute sécurité s’il a été installé.

Installer un agent Bluetooth qui accepte toutes les connexions audio sans vérifications avec code

Normalement, accepter les connexions Bluetooth se fait à l’aide d’un agent Bluetooth :

  • qui tourne dans votre session graphique : c’est géré par votre environnement de bureau, ou une application comme bluetooth-applet (est-ce que ça existe encore ?) que vous lancez. Là, évidemment, on n’a pas de session graphique, et pour l’instant on n’a pas d’agent Bluetooth qui tourne.
  • En ligne de commande, avec un outil comme bluetoothctl. Je vous invite à essayer. Vous pouvez lancer des commandes comme pairable on, discoverable on, scan on, et essayer de vous connecter avec un autre appareil. Après vos tests, vous pouvez tout recommencer en faisant oublier les appareils des deux côtés.

Évidemment, on ne va pas se connecter en ssh pour lancer bluetoothctl à chaque fois qu’on veut se connecter en Bluetooth. On va mettre en place un agent qui démarre automatiquement et qui a un comportement similaire à un casque ou des enceintes Bluetooth : qui accepte toutes les connexions Bluetooth audio. Pour ça, on va utiliser un script Python partagé par Collabora sous Licence LGPL 2.1+ qui fait ça très bien et qu’on va lancer au démarrage.

Bien sûr, ça veut dire que vos voisins peuvent s’amuser à jouer des trucs chez vous, ou même se connecter fortuitement en choisissant la mauvaise entrée.

Ce script a une dépendance, qu’on va installer :

sudo apt install python3-dbus

On va placer ce script dans speaker-agent.py:

#!/usr/bin/python3
# SPDX-License-Identifier: LGPL-2.1-or-later

import dbus
import dbus.service
import dbus.mainloop.glib
from gi.repository import GLib

BUS_NAME = 'org.bluez'
AGENT_INTERFACE = 'org.bluez.Agent1'
AGENT_PATH = "/speaker/agent"

A2DP = '0000110d-0000-1000-8000-00805f9b34fb'
AVRCP = '0000110e-0000-1000-8000-00805f9b34fb'

bus = None


class Rejected(dbus.DBusException):
    _dbus_error_name = "org.bluez.Error.Rejected"


class Agent(dbus.service.Object):
    exit_on_release = True

    def set_exit_on_release(self, exit_on_release):
        self.exit_on_release = exit_on_release

    @dbus.service.method(AGENT_INTERFACE,
                         in_signature="", out_signature="")
    def Release(self):
        print("Release")
        if self.exit_on_release:
            mainloop.quit()

    @dbus.service.method(AGENT_INTERFACE,
                         in_signature="os", out_signature="")
    def AuthorizeService(self, device, uuid):
        # Always authorize A2DP and AVRCP connection
        if uuid in [A2DP, AVRCP]:
            print("AuthorizeService (%s, %s)" % (device, uuid))
            return
        else:
            print("Service rejected (%s, %s)" % (device, uuid))
        raise Rejected("Connection rejected by user")

    @dbus.service.method(AGENT_INTERFACE,
                         in_signature="", out_signature="")
    def Cancel(self):
        print("Cancel")


if __name__ == '__main__':
    dbus.mainloop.glib.DBusGMainLoop(set_as_default=True)

    bus = dbus.SystemBus()

    agent = Agent(bus, AGENT_PATH)

    mainloop = GLib.MainLoop()

    # By default Bluetooth adapter is not discoverable and there's
    # a 3 min timeout
    # Set it as always discoverable
    adapter = dbus.Interface(bus.get_object(BUS_NAME, "/org/bluez/hci0"),
                             "org.freedesktop.DBus.Properties")
    adapter.Set("org.bluez.Adapter1", "DiscoverableTimeout", dbus.UInt32(0))
    adapter.Set("org.bluez.Adapter1", "Discoverable", True)

    print("RPi speaker discoverable")

    # As the RPi speaker will not have any interface, create a pairing
    # agent with NoInputNoOutput capability
    obj = bus.get_object(BUS_NAME, "/org/bluez")
    manager = dbus.Interface(obj, "org.bluez.AgentManager1")
    manager.RegisterAgent(AGENT_PATH, "NoInputNoOutput")

    print("Agent registered")

    manager.RequestDefaultAgent(AGENT_PATH)

    mainloop.run()

Le script mentionne le Raspberry Pi, mais il n’y a absolument rien de spécifique au Raspberry dedans, il est suffisamment générique.

On va lancer ce script au démarrage en créant le fichier ~/.config/systemd/user/speaker-agent.service

[Unit]
Description=Bluetooth speaker agent

[Service]
ExecStart=python3 speaker-agent.py

[Install]
WantedBy=default.target

Et en l’activant (--now le lance tout de suite) :

systemctl --user enable --now speaker-agent.service

Il faudra aussi mettre JustWorksRepairing = always dans /etc/bluetooth/main.conf pour permettre le re-appairage sans interaction. Bon là j’avoue, je paraphrase largement ma source :-)

Ensuite, on va autoriser la connexion Bluetooth même sans session active (en SSH par exemple) (source). Si on ne fait pas ça, la connexion Bluetooth n’est pas possible si l’utilisateur n’a pas une session active (les symptômes : on arrive à se connecter en Bluetooth que quand on est loggué en SSH ou autre, et la connexion Bluetooth casse dès qu’on quitte la session).

mkdir -p ~/.config/wireplumber/bluetooth.lua.d
cat > ~/.config/wireplumber/bluetooth.lua.d/80-disable-logind.lua << EOF
-- Disable arbitration of user allowance of bluetooth via D-Bus user session
bluez_monitor.properties["with-logind"] = false
EOF
systemctl --user restart wireplumber

Adapter MPD (et Samba) pour utiliser PipeWire

Pour que MPD utilise PipeWire, il faut adapter :

  1. sa configuration pour qu’il tourne avec le même utilisateur
  2. sa configuration audio_output
  3. les permissions dans /var/lib/mpd

Dans /etc/mpd.conf, changer la ligne user :

user                            "mpd"

Elle doit maintenant utiliser votre utilisateur :

user                            "user"

Commentez votre bloc audio_output, on va maintenant utiliser PipeWire (je suppose qu’on pourrait garder les deux et les clients MPD peuvent probablement permettre de choisir la sortie son, mais ça me parait complexifier l’utilisation pour un intérêt pas clair, ce qui va contre nos objectifs) :

audio_output {
        type            "pipewire"
        name            "PipeWire Sound Server"
}

Maintenant, il est temps d’adapter les permissions dans /var/lib/mpd. On va stopper Samba juste avant, et adapter sa configuration.

sudo systemctl stop mpd samba # si mpd tournait encore
sudo chown -rv user /var/lib/mpd
sudo systemctl start mpd

Note : MPD peut aussi être démarré dans une session utilisateur et à ce stade, c’est ce qu’il serait probablement le plus logique de faire, en bougeant /etc/mpd.conf et le contenu de /var/lib/mpd dans le dossier de notre utilisateur. C’est d’ailleurs la manière privilégiée de démarrer MPD à partir de Debian Trixie. Par simplicité et cohérence, et parce que cette section « Récepteur Bluetooth » est optionnelle mais que les manipulations pour lancer une session utilisateur au démarrage décrites dans cette section seraient nécessaires pour lancer MPD en tant que service utilisateur au démarrage dans tous les cas et que ça apporte une réelle complexité, on fait le choix de garder MPD en tant que service système.

Modifiez /etc/samba/smb.conf. Dans les deux blocs de partages qu’on a ajouté précédemment, changez la ligne force user = mpd en:

force user = user

Puis on peut redémarrer Samba :

sudo systemctl start samba

Permettre à PipeWire de configurer sa priorité

Si vous voyez cela dans les logs de PipeWire :

user@tablette:~$ journalctl --user -fu pipewire
avril 29 13:41:01 tablette systemd[514]: Started pipewire.service - PipeWire Multimedia Service.
avril 29 13:41:01 tablette pipewire[531]: mod.rt: Can't find org.freedesktop.portal.Desktop. Is xdg-desktop-portal running?
avril 29 13:41:01 tablette pipewire[531]: mod.rt: found session bus but no portal
avril 29 13:41:02 tablette pipewire[531]: mod.rt: RTKit error: org.freedesktop.DBus.Error.AccessDenied
avril 29 13:41:02 tablette pipewire[531]: mod.rt: could not set nice-level to -11: Permission non accordée
avril 29 13:41:02 tablette pipewire[531]: mod.rt: RTKit error: org.freedesktop.DBus.Error.AccessDenied
avril 29 13:41:02 tablette pipewire[531]: mod.rt: could not make thread 547 realtime using RTKit: Permission non accordée

Ça veut grosso modo dire que PipeWire cherche à se rendre plus prioritaire via un mécanisme fourni par les environnements de bureau (xdg-desktop-portal), n’y arrive pas parce qu’évidemment, aucun environnement de bureau ne tourne, alors il essaie de demander au service système rtkit, et se fait jeter.

Ce n’est pas très grave et on pourrait vivre sans, mais ça pourrait aider à limiter les saccades sonores, donc on va réparer ça (et je pense avoir vu une bonne amélioration grâce à ça).

Le fichier /usr/share/polkit-1/actions/org.freedesktop.RealtimeKit1.policy dicte qui a le droit ou non de configurer sa priorité (découvert ici, mais le conseil de modifier ce fichier système n’est pas bon, au moins parce qu’une mise à jour future risque d’écraser les modifications) :

<?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?>
<!DOCTYPE policyconfig PUBLIC
        "-//freedesktop//DTD PolicyKit Policy Configuration 1.0//EN"
        "http://www.freedesktop.org/standards/PolicyKit/1/policyconfig.dtd">
<policyconfig>
        <vendor>Lennart Poettering</vendor>

        <action id="org.freedesktop.RealtimeKit1.acquire-high-priority">
                <description>Grant high priority scheduling to a user process</description>
                <description xml:lang="tr">Bir sürece yüksek öncelikli çalışabilme yetkisi ver</description>
                <message>Authentication is required to grant an application high priority scheduling</message>
                <message xml:lang="tr">Sürecin yüksek öncelikli çalıştırılabilmesi için yetki gerekiyor</message>
                <defaults>
                        <allow_any>no</allow_any>
                        <allow_inactive>yes</allow_inactive>
                        <allow_active>yes</allow_active>
                </defaults>
        </action>

        <action id="org.freedesktop.RealtimeKit1.acquire-real-time">
                <description>Grant realtime scheduling to a user process</description>
                <description xml:lang="tr">Bir sürece gerçek zamanlı çalışabilme yetkisi ver</description>
                <message>Authentication is required to grant an application realtime scheduling</message>
                <message xml:lang="tr">Sürecin gerçek zamanlı çalıştırılabilmesi için yetki gerekiyor</message>
                <defaults>
                        <allow_any>no</allow_any>
                        <allow_inactive>yes</allow_inactive>
                        <allow_active>yes</allow_active>
                </defaults>
        </action>

</policyconfig>

Dans un système Unix, les paramètres systèmes sont dans /etc. Pour Polkit, il existe un mécanisme pour écrire des règles, qu’on va utiliser. On va créer une règle qui permet à n’importe quel utilisateur du groupe audio de modifier la priorité de ses processus. C’est probablement trop large, mais je ne connais pas bien Polkit et ça fera le taf pour notre application dédiée à l’audio. Si vous avez des meilleures idées, n’hésitez pas à partager en commentaire.

sudo cat > /etc/polkit-1/rules.d/rt.rules << EOF
polkit.addRule(function(action, subject) {
        if (subject.isInGroup("audio") && (
                action.id == "org.freedesktop.RealtimeKit1.acquire-high-priority" ||
                action.id == "org.freedesktop.RealtimeKit1.acquire-real-time"
        )) {
                return polkit.Result.YES;
        }
})
EOF

sudo systemctl restart polkit.service
systemctl --user restart pipewire

On pourra constater l’absence des échecs dans les journaux de PipeWire.

Bon, on sent bien que toute cette utilisation audio sans session utilisateur standard n’est pas un cas d’utilisation hyper bien prévu et on se retrouve à toucher des coins un peu sombres du système…

Évitez les flux Wifi 2,4 GHz

Si vous avez un Wifi en 2,4 GHz, ça peut causer des soucis avec le Bluetooth, et le son peut saccader. Si vous observez cela, il faudra alors limiter au maximum les services et autres tâches de fond qui font des communications réseau. Évidemment, si vous pouvez utiliser un câble Ethernet, c’est encore mieux.

Sur ce plan, tous les codecs audio Bluetooth ne semblent pas se valoir. Pour tester ça, j’ai lancé un test iperf3 entre la tablette et mon ordinateur portable pour saturer le Wifi. Ça devenait immédiatement catastrophique avec le codec SBC-XQ, alors qu’avec le codec Opus 05, il y a initialement des saccades, puis ça s’améliore vite. J’imagine que le codec Opus dégrade très efficacement la qualité pour compenser. Bon, malheureusement, tous les systèmes ne permettent pas de choisir son codec donc ce n’est qu’une solution partielle au problème.

Note sur l’utilisation des ressources

C'est léger :

load average: 0,12, 0,10, 0,05
$ free -mh
               total       utilisé      libre     partagé tamp/cache   disponible
Mem:           986Mi       253Mi       324Mi       6,1Mi       550Mi       733Mi
Échange:       974Mi          0B       974Mi

Globalement, le CPU s’ennuie en pleine lecture, et à peine un tiers du Giga de mémoire vive est utilisé, la partition d’échange s’ennuie, donc il y a encore largement la place de faire tourner d’autres trucs sur cet appareil si jamais. On peut aussi constater qu’ajouter MPD et tout ce bazar à une installation existante ne la surchargerait pas plus que ça.

On a aussi un temps de démarrage autour des 20 secondes, ce qui est franchement pas mal.

Conclusion et améliorations possibles

On est pas mal rentrés dans les détails, c’était l’occasion d’explorer plein de choses mine de rien. J’ai à la fois appris des choses, précisé des connaissances, et mis plein de choses que je savais ensemble pour obtenir un résultat très satisfaisant. On se retrouve à manipuler de la gestion de services, des configurations systemd un peu poussées, du bluetooth, du son avec ALSA et PipeWire, de la gestion de session utilisateur sur un système headless, et plein d’autres trucs et aller dans les détails comme le boot pour avoir quelque chose de rapide, comme l’écran éteint au bon moment, ou la personnalisation du comportement du bouton power (honnêtement, je n’étais pas très sûr que c’était possible, j’avais lancé la recherche au cas où !).
J’espère que l’aventure vous a plu aussi.

Bien sûr l’ensemble est perfectible, alors je vous laisse avec des idées, n’hésitez pas à partager les vôtres en commentaires :

  • Jouer un son au démarrage / à l’appairage Bluetooth. – pour l’instant, la tablette s’allume et puis plus rien. En général, les enceintes Bluetooth jouent un petit son quand elles sont prêtes ou qu’elles viennent d’être appairées et ça peut être pratique
  • Commande vocale. Il y a clairement des manières d’utiliser le micro de la tablette pour demander le morceau suivant, précédent ou régler le volume. Ça peut être pratique quand on n’a pas le téléphone sous la main et ça peut avoir son petit effet en soirée la première fois, tant que les gens ne sont pas encore complètement blasés par le concept parce que tout le monde n’a pas un Google Nest ou un Alexa chez soi, surtout dans ma bulle sociale. Mais c’est probablement finalement très gadget et je me vois mal interrompre une conversation en criant un ordre pour gérer la musique…
  • Appairage Bluetooth plus sécurisé. En général, les enceintes Bluetooth acceptent les nouveaux appareils dans un mode spécial. En appuyant sur le bouton Bluetooth, ou quelque chose comme ça. Ça peut éviter que les voisin·e·s ne te rickrollent au moment le plus inopportun. Ça vaudrait le coup de travailler sur quelque chose comme ça. Avec l’écran tactile, il est probablement possible de dessiner une forme particulière reconnue (ça serait un peu badasse, ou plus probablement, n’accepter (une seule) nouvelle connexion que dans les X minutes après le démarrage ou le retour de veille. Comme ça, demander l’appairage consiste à appuyer deux fois sur le bouton power, ce qui est plutôt acceptable. Si vous avez des idées, n’hésitez pas à partager…
  • Réveil à distance avec du Wake-on-LAN. Ça ne s’applique probablement pas à mon matériel, mais il est possible d’utiliser astucieusement le WoL pour réveiller l'appareil à distance, avec éventuellement la complicité d’un routeur ou d’un serveur toujours allumé chez vous.
  • Désactiver le Wifi quand le Bluetooth est utilisé. Pour éviter les interférences, on pourrait imaginer que quand un appareil se connecte en Bluetooth, on éteint le Wifi (avec rfkill par exemple), on met MPD en pause (ou on le stoppe s’il est en train de jouer un flux) parce qu’on ne peut plus le contrôler, puisque le Wifi n’est plus actif, et on réactive le Wifi quand l’appareil Bluetooth est déconnecté. On pourrait même être plus fin et détecter quand du son est joué.
  • Automatiquement mettre MPD en pause lors d’une connexion Bluetooth. (un peu doublon avec le précédent point) Pour l’instant, il faut manuellement mettre en pause mpd, sinon les deux flux audios se jouent en même temps. -- Changer la classe Bluetooth de l’appareil. Ça permettrait à l’appareil de se déclarer comme appareil audio, pour que ça affiche le bon icône sur les autres appareils.
  • Mises à jour automatiques. Il ne faut pas que ça casse des choses en pleine lecture, ni que ça cause des interférences avec le Bluetooth à cause des téléchargements.
  • Ne pas persister les logs. Pour l’instant, les logs sont écrits dans /var/log sur le SSD, entrainant une usure et un ralentissement cependant probablement tous deux négligeables. On pourrait vouloir ne pas les garder, mais c’est aussi risquer de perdre des informations de débogage le jour où il y a un pépin.

Je vais probablement trouver d’autres choses à améliorer après publication de l’article. Je partagerai peut-être les choses intéressantes en commentaires ou dans des journaux, et je ferai peut-être vivre l’article sur mon site.

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Not so Common Desktop Environment (NsCDE), un paradigme différent

Not so Common Desktop Environment reproduit fidèlement Common Desktop Environment dit CDE, classique des Unix des années 90. Mais pourquoi puisque CDE est libre ? Eh bien pour faire mieux ! NsCDE est plus léger, plus complet, plus souple.

NsCDE est sorti en version 2.3 le 20 juin 2023. C'est un petit projet qui s'appuie sur un thème pour FVWM et quelques utilitaires de son cru. Le reste, c'est un thème pour les applications GTK et Qt. Poussant le mimétisme jusqu'à reproduire le script shell du premier démarrage, NsCDE vous demande quels doivent être votre terminal, votre gestionnaire de fichier, votre éditeur, etc. Ce n'est pas mal de pouvoir choisir ! Comme c'est assez abouti il n'y a pas eu de nouveaux développements depuis.

Impressions après quelques jours d'utilisation

J'ai trouvé l'ensemble agréable et cohérent, certes un peu brutal visuellement, mais on n'est pas devant un thème, c'est un paradigme de fonctionnement différent. Avec un peu d'habitude on peut bosser sans surprises.

Un exemple sur la gestion des fenêtres, différente du monde Win/Mac qui est le paradigme habituel sur la plupart des bureaux Linux :

Elles se déplacent encore par la barre de titre, mais pour le reste les trois clics de souris sont utilisés. 
Le bouton de gauche est trois choses à la fois : un menu déroulé par un clic gauche, un menu étendu déroulé par un clic droit et une boite de dialogue affichée par un clic centre ; la fenêtre se ferme avec un deuxième-clic rapproché dans le temps (clic gauche ou droit) ou un double clic aussi.
À droite, un bouton agrandit la fenêtre avec beaucoup de possibilités selon le clic gauche, centre ou droit et selon la séquence de clics ; un deuxième bouton réduit la fenêtre : clic gauche pour l'icônifier, clic droit pour l'enrouler. Icônifiée, un clic droit l'agrandit, les clics gauche et centre ouvrent des menus.

NsCDE ne propose qu'un minimum d'utilitaires, il ne s'agit pas de tout intégrer façon KDE ou Gnome, mais plutôt de fournir un environnement de travail pour interagir avec vos programmes préférés. Testez-le pour découvrir autre chose que le fonctionnement habituel. Le libre vous permet de choisir, sortez des sentiers battus.

En tout cas ne l'installez pas pour sa légèreté, Liam Proven l'utilisant avec des composants XFCE l'a trouvé plus léger que les autres, mais il est plus lourd que KDE 3.

image à remplacer

L'influence de CDE à travers des anecdotes

C'est moche, hein ? Et pourtant le design de CDE a influencé d'autres environnements de bureau :

  • Le présentation manager d'OS/2 a influencé l'aspect de Win 3 et CDE, mais réciproquement le LaunchPad d'OS/2 v3 reproduit le lanceur CDE.
  • XFCE 3 reproduisait le lanceur CDE : XFCE 3 avec le thème Motif
  • Et même KDE, dont le nom serait un jeu de mots avec Kool Desktop Environment (personne ne s'en souvient vraiment, on trouve d'autres explications).
  • À la même époque, Silicon Graphics avait pris un chemin différent avec IRIX Interactive Desktop. D'après mon cousin, qui passait de la PAO sur Mac à la 3D sous Irix, c'était très ergonomique et ça valait bien le Mac. Il n'a jamais eu besoin d'ouvrir un terminal. Irix

Installation

NsCDE propose quelques paquets tout prêt pour Fedora, Suse, Ubuntu, Debian et Slackware ainsi qu'un gros Tarball à décompresser dans /opt.

Je vous recommande de l'utiliser sous un compte de test, sinon NsCDE va pourrir votre bureau habituel avec ses boites de dialogue et ses thèmes Firefox, LibreOffice, etc. En plus, NsCDE n'a pas de script de désinstallation, il sauvegarde vos paramètres Gtk et Qt, mais seulement jusqu'aux versions 4 et 5.

Évitez d'y lancer des applications Gnome à cause des menus et fenêtres, sauf si vous installez gtk3-nocsd (no client side decoration). Préférer les applications légères et simples de LXDE/LXQt, Mate, XFCE, … Ou encore les applis Motifs/X11, le thème NsCDE leur ira comme un gant.

Tester CDE

Si vous tenez à essayer le vrai CDE pour voir comment c'était, il y a un CD Live sous Debian.

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QuickJS version 2025-04-26 et QuickJS-NG version 0.10

Finalement Fabrice Bellard est comme tout le monde, lui aussi numérote ses versions avec des dates, c'est plus simple. Voici donc la version annuelle de QuickJS (licence MIT), son moteur JavaScript incorporable et compact (le binaire Linux 64 bits fait 757 kiB). QuickJS est compatible avec ECMAScript 2023 — sauf pour les appels tails que les auteurs ne trouvent pas indispensables — et passe presque toute la suite de tests ECMAScript (en sélectionnant ES2023).

En 2023, pour revivifier un développement un peu dormant, la fourche QuickJS-NG a été lancée (par un des contributeurs de Jitsi). QuickJS-NG est intéressant pour ceux qui veulent utiliser cmake et compiler le projet sous Windows avec le compilateur C Microsoft. Il intègre aussi le support de quelques fonctionnalités récentes de la norme JavaScript que QuickJS ne supporte pas encore. (Je cite Fabrice Bellard). Les différences ne sont pas énormes. La version 0.10 est toute neuve.

Ci-après, Fabrice Bellard m'a très gentiment expliqué les principaux changements de QuickJS.

Changements les plus importants dans QuickJS 2025-04-26

Les explications viennent de Fabrice Bellard :

  • La suppression d'extensions non standardisées que j'avais ajoutées pour avoir des nombres flottants en précision arbitraire et la surcharge des opérateurs. Précision historique : j'ai créé QuickJS au début afin d'avoir une calculatrice avec une syntaxe compatible JavaScript. L'idée était de pouvoir manipuler des entiers ou des nombres flottants en précision arbitraire, des polynômes ou des matrices tout en utilisant une syntaxe familière. D'où des extensions au langage JavaScript présentes dans QuickJS. Mais ces extensions étaient compliquées et source de bugs, donc j'ai décidé de les supprimer. La calculatrice est maintenant un projet à part1.
  • L'implémentation des BigInt se reposait sur la librairie libbf que j'ai supprimée avec les extensions non standardisées. Il y a donc une nouvelle implémentation des BigInt, plus rapide et plus simple.
  • La réimplémentation des "weak references" avec le support de fonctions présentes dans ES2023. QuickJS-NG les supportait déjà mais avec une implémentation qui utilise plus de mémoire, est moins efficace et surtout potentiellement incorrecte en présence de cycles.
  • La concaténation de petites chaînes de caractères est plus rapide grâce à l'utilisation de "ropes". Beaucoup de programmes fabriquent de longues chaînes de caractères en concaténant des petites chaînes de caractères avec une grosse s = ""; for(i=0;i<n;i++) s += "a". C'est une méthode déconseillée car inefficace, mais les moteurs JavaScript comme V8, SpiderMonkey ou JavaScriptCore l'optimisent donc elle est très utilisée.
  • Ajout des numéros de colonne dans les erreurs. QuickJS-NG le faisait déjà mais la méthode ne me convenait pas. Celle utilisée dans QuickJS est plus simple et (normalement) plus précise.
  • Les nombres flottants sont maintenant analysés et convertis en chaînes de caractères sans utiliser la librairie C. Cela est nécessaire pour être complètement compatible avec la norme JavaScript et accroître la portabilité du code.

Principaux changements de QuickJS-NG 0.10

  • Implémentation de Array.fromAsync
  • supporte os.Worker sur Windows
  • ajout du mode de build parserless
  • ajout de os.exePath()
  • ajouts des hooks Promise
  • correction des Promise non gérés
  • nouvelle implémentation de BigInt par Fabrice Bellard (voir ci-dessus)
  • et divers…

Sous-projets

QuickJS héberge des bibliothèque C qu'on peut utiliser pour d'autres projets :

  • libregexp : une bibliothèque Regexp petite et rapide, totalement conforme aux spécifications Javascript ES2023.
  • libunicode : une petite bibliothèque Unicode supportant les conversions de casse, la normalisation unicode, les requêtes unicode scriptées, les requêtes unicode de catégorie générale et toutes les propriétés unicode binaires.
  • dtoa : une petite bibliothèque pour l'impression et l'analyse syntaxique en float64.

Téléchargements

Les binaires sont dispos avec jsvu (JavaScript Version Updater, de Google) ou esvu (ECMAScript Version Updater, projet communautaire), ainsi qu'en téléchargement depuis les sites respectifs. Fabrice Bellard a aussi préparé des binaires QuickJS construits avec la Libc Cosmopolitan pour Linux, Mac, Windows, FreeBSD, OpenBSD, NetBSD tant sur les architectures ARM64 que x86_64.


  1. NumCalc n'est pas encore indépendant de QuickJS, mais c'est le but. Pour l'instant la nouvelle calculatrice (bfcalc) n'est disponible qu'en ligne de commande. 

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Logiciels libres pour la comptabilité d'entreprise

Où l’on s’essaie à dresser un panorama des logiciels comptables libres. À l’origine de cette dépêche, une recherche d’un logiciel de paye libre où il a semblé que cela pouvait être utile.

Il s’agit bien de logiciels de comptabilité pour un usage professionnel ou associatif, pas de gestion de finances personnelles qui ont fait l’objet d’une autre dépêche il y a quelque temps. Évidemment, il n’y a aucune prétention à l’exhaustivité, mais plus à donner un panel de logiciels avec quelques idées pour choisir le vôtre, le cas échéant. N’hésitez pas à les essayer quand c’est possible et à croiser les informations pour vous faire votre opinion. Les fiches sont succinctes, mais c’est l’occasion pour vous d’écrire plein de nouvelles dépêches puisque la plupart de ces logiciels n’ont pas eu de présentations récentes sur LinuxFr.org.
Image d’illustration

    Sommaire

    Entrons tout de suite dans le vif du sujet. Voici des courtes présentations avec des points forts et des points faibles qui se dégagent des expériences des rédacteurs et rédactrices. Pour vous aider à faire un choix, cette liste est suivie d’explications plus générales.

    Compta.libremen.com

    logo compta libremen
    Compta libremen com est un logiciel de compta en partie double, simple et efficace. Il utilise une interface web sans fioritures. Le logiciel est écrit en Perl et s’appuie sur Postgresql et mod_Perl, avec un serveur Apache. Un fork amical fournit une image Docker et quelques améliorations. Libremen propose une offre en ligne.
    Commentaires de l’auteur recueillis par courriel : on a un peu d’aide à la saisie, il y a les raccourcis claviers (calcul du numéro de pièce, recopie de la ligne précédente) et aussi les fenêtres déroulantes pour les numéros de compte, plus le fait que le navigateur enregistre les dernières saisies ; je crois avoir documenté toutes les fonctions, la documentation est dite “minimum”, le logiciel est minimaliste par essence, donc la doc aussi :-)

    Interface web
    Aide à la saisie oui
    Saisie au km oui
    Intègre documents TVA, export FEC
    Comptabilité en partie double
    Comptabilité analytique oui, champ “Libre”
    Imports écritures en CSV
    Exports écritures en CSV
    Transmission automatisée non
    En réseau oui, et aussi sur Internet
    Documentation oui, minimum
    Forum non

    Diacamma

    logo Diacamma
    Le logiciel existe en deux versions, Diacamma Asso pour les associations et Diacamma Syndic pour les copropriétés. Diacamma utilise une interface web, avec un serveur intégré. Un installeur est fourni pour Windows, macOSX et Linux (Debian conseillée). Le CHATONS Sleto propose une offre en ligne.

    Interface web
    Aide à la saisie oui
    Saisie au km non
    Intègre achats, ventes, factures, adhérents, documents et +
    Comptabilité en partie double
    Comptabilité analytique oui, simplifiée
    Imports écritures comptables, articles, contacts
    Exports écritures en CSV
    Transmission automatisée non
    En réseau oui, et aussi sur Internet
    Documentation oui, complète
    Forum restreint aux connectés, gratuit
    • Points forts : le facturier qui permet aussi de faire des statistiques des ventes et d’éditer des factures et des reçus, le récapitulatif à gauche de l’écran, une vision comptable par « journaux auxiliaires ».
    • Points faibles : les fenêtres modales pour les écritures, la saisie par « journal auxiliaire » qui alourdit le processus, le vocabulaire pas très adapté au secteur.
    • Licence : GNU General Public License 3
    • Site : https://www.diacamma.org/

    Dolibarr

    logo Dolibarr
    Dolibarr est un puissant ERP pour tous types d’entreprises et d’associations. Il existe des pré-sélections des modules nécessaires à votre activité. Dolibarr utilise une interface web avec des serveurs web et SQL. Un installeur est fourni pour Windows et des paquets pour plusieurs distributions Linux. Beaucoup d’offres d’hébergement existent. Il réunit une forte communauté, surtout francophone. Le développement est très actif.
    Notez qu’on parle souvent de Dolibarr sur LinuxFr.org et qu’un journal sur une migration d’ERP a produit des interventions de haut niveau.

    Interface web
    Aide à la saisie oui
    Saisie au km
    Intègre achats, ventes, factures, adhérents, documents, stock, et plein d’autres
    Comptabilité simplifiée ou en partie double
    Comptabilité analytique oui
    Imports écritures comptables
    Exports des journaux, du Grand Livre, et des écritures sous différents formats
    Transmission automatisée
    En réseau oui, et aussi sur Internet
    Documentation oui, complète
    Forum oui
    • Points forts : il est possible d’ajouter des extensions avec le magasin d’application, le dolistore. Dolibarr est également disponible chez certains hébergeurs à travers Softaculous. Une gestion fine des droits par groupe d’utilisateurs et par utilisateurs. Avec certains droits réservés aux utilisateurs internes c’est-à-dire ceux qui ne sont ni client ni fournisseur.
    • Points faibles : l’aspect « usine à gaz » de Dolibarr et sa prise en main qui peut être ardue.
    • Licence : GNU GPL V3 et plus
    • Site : http://www.dolibarr.org
    • Dolibarr sur LinuxFr.org.

    Ekyagri

    logo Ekyagri
    Une solution en ligne de gestion d’exploitation agricole.

    Interface web
    Aide à la saisie oui
    Saisie au km
    Intègre achats, ventes, factures,
    Comptabilité en partie double
    Comptabilité analytique oui
    Imports écritures comptables
    Exports
    Transmission automatisée
    En réseau oui, et aussi sur Internet
    Documentation oui, complète
    Forum oui
    • Points forts : la facilité de la saisie des écritures, la gestion des immobilisations, sa conception bien pensée pour le secteur. L’aide est bien faite, elle indique notamment des niveaux de difficultés des tâches. On peut la télécharger au format PDF.
    • Points faibles : le site n’est pas très clair sur la récupération des données. On n’a pas de module de recherche sur l’aide en ligne et rien n’est indiqué sur les sauvegardes.
    • Licence : AGPL v3
    • Site : https://ekylibre.com/ekyagri/

    ENDI

    logo endi

    Interface web
    Aide à la saisie oui
    Saisie au km
    Intègre achats, ventes, factures,
    Comptabilité en partie double
    Comptabilité analytique oui
    Imports écritures comptables
    Exports
    Transmission automatisée
    En réseau oui, et aussi sur Internet
    Documentation oui, complète
    Forum oui

    ERPNext / Dokos

    Titre de l’image
    Un puissant ERP créé en Inde, le fork Dokos est la version française. Écrit en Python et JavaScript au-dessus d’une base Postgresql. Modulaire, il se positionne comme Odoo (voir ci-dessous). Comparons-les : l’interface est plus austère, la renommée moindre entraîne peu de contributeurs tiers à proposer des modules, l’équipe est plus petite, mais tout aussi dynamique, ERPNext évolue vite, il est basé sur le framework FRAPPÉ qui est stable et permet d’extraire les applications de l’ERP, l’ensemble est intégralement libre.

    Interface web
    Aide à la saisie oui
    Saisie au km
    Intègre achats, ventes, factures, documents, stock et plein d’autres modules
    Comptabilité en partie double
    Comptabilité analytique oui
    Imports écritures comptables
    Exports écritures en CSV
    Transmission automatisée
    En réseau oui, et aussi sur Internet
    Documentation oui, complète
    Forum oui

    Frappebook

    Logo FrappeBook
    Même équipe qu’ERPNext. C’est juste le morceau comptable d’ERPNext, refait en application de bureau et portable par dessus SQLite. Pour les petites entreprises.

    • Points forts : Application portable, on peut l’emmener sur sa clef USB. L’interface est sobre et bien finie.
    • Points faibles : au lancement on se retrouve dans une compta anglo-saxonne, il faut paramétrer pour avoir une compta “européenne”.
    • Licence : GNU General Public Licence version 3
    • Site : https://frappebooks.com/
    • Code source : https://github.com/frappe/books

    Galette

    Titre de l’image
    Sous le nom sympathique et tarabiscoté de Galette (Gestionnaire d’Adhérents en Ligne Extrêmement Tarabiscoté mais Tellement Efficace) se cache un logiciel à destination des associations.

    Interface web
    Aide à la saisie oui
    Saisie au km
    Intègre achats, ventes, factures, adhérents
    Comptabilité simplifiée ou en partie double
    Comptabilité analytique oui
    Imports écritures comptables
    Exports
    Transmission automatisée
    En réseau oui, et aussi sur Internet
    Documentation oui, complète
    Forum oui
    • Points forts : Il est très facile à prendre en main, en comptabilité simple ou double. Il y a une aide en ligne copieuse ainsi qu’une liste d’entraide. Le logiciel propose plusieurs plans comptables (Au moins deux pour les plans comptables français et d’autres pour la plupart des pays européens). On peut aussi ajouter son propre plan comptable. Il offre des fonctionnalités de comptabilité analytique. On peut utiliser sa propre instance, récupérer la base de données ou exporter la comptabilité sous divers formats (CSV, FEC, ODS et XLSX). Il est possible d’importer une comptabilité dans ces formats. Le logiciel est en constante évolution, avec un développeur très réactif. Des modules permettent de gérer aussi les paiements en ligne (puisque c’est aussi un logiciel de gestion de facturations et de clients). Il y a un module PdV (point de vente, caisse).
    • Points faibles :
    • Licence : GNU General Public Licence version 3
    • Site : https://galette.eu/site/fr/
    • Code source : https://github.com/galette/galette
    • Galette sur linuxFr.org.

    GnuCash

    logo GnuCash
    GnuCash figure dans la bibliothèque logicielle de la plupart des distributions Linux. C’est un logiciel qui fait aussi bien la comptabilité personnelle que la comptabilité professionnelle. Il propose des fonctionnalités de CRM de base : gestion des adresses des clients et des fournisseurs.

    Interface Bureau (Gtk)
    Aide à la saisie oui
    Saisie au km
    Intègre
    Comptabilité en partie double
    Comptabilité analytique oui
    Imports écritures comptables
    Exports
    Transmission automatisée
    En réseau
    Documentation oui, complète
    Forum oui
    • Points forts : on peut paramétrer des écritures répétitives (paiements mensuels par exemple) et le logiciel vous le rappelle dans des délais fixés par vous à l’ouverture. Sa bibliothèque de rapports (ou états) est riche : bilan, comptes de résultat, portefeuille d’action, facture, quittance, graphiques. Et c’est personnalisable souvent. Les rapprochements bancaires se font avec pré-affectation des comptes grâce à de l’inférence bayésienne.
    • Points faibles : Il n’y a pas de plan comptable intégré, il faut l’ajouter. Ni de fonctionnalité d’import d’un plan comptable (ou alors, je n’ai pas trouvé), pas de comptabilité analytique, non plus. Il n’est pas complètement traduit en français et la traduction est un peu étonnante parfois. La prise en main n’est pas évidente.
    • Systèmes d’exploitation : Windows, MacOS, GNU/Linux, Unixes
    • Interface : graphique
    • Licence : GNU General Public License Version 2 ou Version 3
    • Site : https://gnucash.org/
    • Code source : https://sourceforge.net/projects/gnucash/
    • GnuCash sur linuxFr.org (dépêches anciennes).

    Grisbi

    logo Grisbi
    Un logiciel qui fonctionne tout seul et qui est souvent fourni dans les distributions Linux. Il est surtout utilisable pour les finances personnelles, mais il propose un mode comptabilité libérale et peut être utilisé par des micro-entreprises.

    Interface Bureau (GTK-3)
    Aide à la saisie oui
    Saisie au km
    Intègre achats, ventes, factures,
    Comptabilité en partie double
    Comptabilité analytique oui
    Imports écritures comptables
    Exports
    Transmission automatisée
    En réseau oui, et aussi sur Internet
    Documentation oui, complète
    Forum oui
    • Points forts : il n’est pas compliqué à installer, on peut importer des fichiers au format CSV (évidemment) mais aussi aux formats QIF, OFX et Gnucash. Pour les rapprochements bancaires, soit dit en passant, choisir le format QIF c’est encore celui qui fait le mieux le travail. Et on peut l’exporter au format QIF ou CSV. Deux formats souvent utilisés par les logiciels de comptabilité. Il propose un pratique simulateur de crédit. Il est assez facile à prendre en main. Quand on fait un rapprochement bancaire, pour une comptabilité personnelle, en bout de course, on a une bonne partie des écritures comptables qui sont saisies.
    • Points faibles : pas de comptabilité analytique, pas de compte de résultat ni de bilan et, évidemment, il n’est pas possible d’éditer des factures. L’interface GTK avait quelques bugs sous Windows (il y a plusieurs années, peut-être corrigés depuis), comme des menus déroulants qui empêchent de valider un formulaire tant qu’on a pas cliqué à côté pour les fermer.
    • Logiciel inspiré de l’ex MsMoney (qui n’est plus vendu par Microsoft)
    • Licence : GNU General Public License Version 2
    • Site : https://fr.grisbi.org/
    • Code source : https://github.com/grisbi/grisbi
    • Grisbi sur LinuxFr.org.

    Laurux

    logo Laurux

    Laurux intègre les outils classiques de gestion d’entreprise : comptabilité, facturation, gestion de stock et tous les composants nécessaires aux prises de décisions cohérentes. Développé en Gambas avec Qt à destination des PME, son auteur a aussi voulu créer un logiciel simple d’installation et d’utilisation livré avec toute la documentation utile. L’auteur fournit une attestation individuelle de conformité, obligatoire dans la loi française. Son forum communautaire est accueillant.

    Interface Bureau (Qt)
    Aide à la saisie oui
    Saisie au km
    Intègre achats, ventes, factures, point de vente
    Comptabilité en partie double
    Comptabilité analytique oui
    Imports écritures comptables
    Exports plein de formats
    Transmission automatisée
    En réseau oui, et aussi sur Internet
    Documentation oui, complète
    Forum oui
    • Points forts : Logiciel multiposte performant et fiable. Gestion de la compta, des stocks et achats/devis/factures très simples. Se prend en mains sans trop de complication. Et des développeurs présents, c’est hyper important de souligner le travail de Patrick et Damscot. Pour être plus large, j’ai, par le passé, utilisé Adicom, EBP, l’AS400 (une usine à gaz de fou ce logiciel), et un autre système dans le négoce également. Avec Laurux, je retrouve les avantages de l’AS400 sans avoir les complications d’utilisation.
    • Points faibles :
    • Licence : GNU General Public Licence version 3
    • Site : https://www.laurux.fr/
    • Code source :
    • Laurux sur LinuxFr.org.

    Ledger

    Avatar de Ledger
    Ledger est un outil en ligne de commande, qu’on nourrit avec de simples fichiers textes. La puissance de la ligne de commande en fait tout l’intérêt. Développé en C++ il a été porté sur de nombreux autres langages. Ledger ne fait que la comptabilité en partie double. Plusieurs extensions facilitent son utilisation, sans entraver la rapidité de saisie.

    Interface Console (terminal)
    Aide à la saisie oui
    Saisie au km
    Intègre
    Comptabilité en partie double
    Comptabilité analytique oui
    Imports écritures comptables
    Exports
    Transmission automatisée
    En réseau oui, et aussi sur Internet
    Documentation oui, complète
    Forum oui
    • Points forts : Adapté pour les compte-rendus, donc en complément d’un autre logiciel. Il est super puissant car facilement scriptable.
    • Points faibles : Par contre, il a très peu de garde-fous. On peut mettre n’importe quelle transaction, il ne dira rien. J’avais dans l’idée de faire des scripts pour automatiser/sécuriser des transactions classiques (dépenses sur une clef, vente d’un lot, etc.) mais j’ai arrêté d’être syndic bénévole avant de le faire (marre de courir après les impayés d’un copropriétaire)
    • Licence : BSD
    • Site : https://www.ledger-cli.org/
    • Code source : https://github.com/ledger/ledger

    Noalyss (autrefois PHPCompta)

    logo Noalyss
    Au départ centré sur la compta, Noalyss est devenu un logiciel de gestion d’entreprise très complet. Noalyss utilise une interface web avec des serveurs web et Postgresql. Des paquets et une procédure d’installation existent pour Linux, Windows et MacOSX. Activement développé en Belgique, sa communauté importante est conviviale.

    Interface web
    Aide à la saisie oui
    Saisie au km ?
    Intègre achats, ventes, factures, stock, documents, etc.
    Comptabilité en partie double
    Comptabilité analytique oui
    Imports écritures comptables
    Exports
    Transmission automatisée ?
    En réseau oui, et aussi sur Internet
    Aide docu, wiki, tutos
    Communauté forum, liste

    Odoo

    logo Odoo

    Odoo est un puissant ERP, modulaire, utilisé par des micro-entreprises comme des multinationales. L’entreprise Odoo connaît une croissance rapide depuis vingt ans, et emploie plus de 2000 personnes dans le monde. Le fondateur d’Odoo poste régulièrement des dépêches annonçant les nouvelles versions d’Odoo sur LinuxFr.org, et un journal sur une migration d’ERP a produit des interventions de haut niveau. Odoo est écrit en Python et utilise Postgresql, son interface est écrite en XML et Javascript. Il est facile à installer.

    Interface web
    Aide à la saisie oui
    Saisie au km
    Intègre achats, ventes, factures, stocks, documents et plein d’autres modules
    Comptabilité en partie double
    Comptabilité analytique oui
    Imports écritures comptables
    Exports
    Transmission automatisée
    En réseau oui, et aussi sur Internet
    Documentation oui, complète
    Forum oui
    • Points forts : L’interface est uniformisée, ergonomique et soignée. Le développement est intense depuis plus de vingt ans, appuyé sur l’entreprise Odoo et une large communauté d’intervenants et d’utilisateurs. Des milliers de modules sont disponibles. Documentation facile à lire, complétée par un forum et un grand nombre de sites, vidéos et livres. Énormément d’intégrations à des services d’État ou privés. La communauté s’est regroupée dans l’OCA Odoo Community Association qui maintient les anciennes versions et développe des centaines de modules libres de haute qualité. L’OCA propose aussi un outil de montée de versions.
    • Points faibles : L’Apps Store Odoo est de qualité très diverse, certains modules ne sont pas libres, pour installer la comptabilité libre française, il faut s’y retrouver entre plusieurs modules. C’est plus simple pour les pays anglo-saxons.
    • Licence : GNU General Public Licence version 3 et propriétaire
    • Site : https://www.odoo.com
    • Code source : https://github.com/odoo/odoo
    • Odoo sur LinuxFr.org.

    OpenConcerto

    logo OpenConcerto
    OpenConcerto est un progiciel de gestion intégrée (PGI ou ERP). Sa cible : les entreprises, grandes ou petites. C’est une application java à installer sur chaque poste utilisateur. Guillaume Maillard, son auteur, est un vieil habitué de LinuxFr.org.

    Interface Bureau (version Web prévue en 2023)
    Aide à la saisie oui
    Saisie au km oui
    Intègre achats, ventes, factures, stock, paye, documents
    Comptabilité en partie double
    Comptabilité analytique oui
    Imports écritures comptables
    Exports FEC (DGFIP), EBP, Sage, Relation experts (Coala), Quadratus, Cegid CCMX
    Transmission automatisée SEPA
    En réseau oui, et aussi sur Internet
    Documentation oui, complète
    Forum oui
    • Points forts : la comptabilité est facile à prendre en main. Il y a une version pour macOS (ce qui est à relever compte tenu de la rareté des logiciels comptables pour ce système d’exploitation). S’agissant d’un progiciel de gestion intégrée : il y a aussi des fonctionnalités de gestion commerciale, de suivi des stocks et de préparation des commandes. Plusieurs modules complémentaires existent comme un module d’OCR qui permet, à partir d’une facture numérisée, de la saisir automatiquement dans le logiciel, ou bien un module de paye (seul module payant) : fiches de paye, journaux de paye et déclarations.
    • Points faibles : c’est très complet et donc un peu complexe pour une micro-entreprise. Certaines fonctionnalités manquent de clarté et d’exemples d’utilisation. La lecture du guide de démarrage ou du manuel (79€) est conseillée. L’équipe de développement manque de temps pour discuter sur les évolutions mais répond généralement aux questions qu’on lui pose sur le forum. Les données ne sont pas stockées de la même manière entre la version monoposte (un fichier H2) et multiposte (Postgresql). Bien choisir au début, sinon il sera difficile de changer.
    • Licence : GNU General Public Licence version 3
    • Site : https://www.openconcerto.org
    • Code source : https://code.openconcerto.org/listing.php?repname=OpenConcerto
    • OpenConcerto sur LinuxFr.org.

    Paheko (ex Garradin)

    Logo de Paheko

    Un logiciel principalement destiné aux associations, qui peut aussi être utilisé par des micro-entreprises. On l’utilise via un navigateur, il y a même une application pour mobile. C’est un logiciel complet de gestion d’association : membres, cotisation, comptabilité, communication.

    Interface web
    Aide à la saisie oui
    Saisie au km
    Intègre achats, ventes, factures,
    Comptabilité en partie double
    Comptabilité analytique oui
    Imports écritures comptables
    Exports
    Transmission automatisée
    En réseau oui, et aussi sur Internet
    Documentation oui, complète
    Forum oui
    • Points forts : il est très facile à prendre en main, il y a une aide en ligne copieuse ainsi qu’une liste d’entraide. Le logiciel propose cinq plans comptables (associatif 1999 et 2018, Plan Comptable Général (PCG), Comités Sociaux et Économiques, copropriétés et plan comptable belge). On peut aussi ajouter son propre plan comptable. Il offre des fonctionnalités de comptabilité analytique. On peut utiliser sa propre instance, récupérer la base de données ou exporter la comptabilité sous divers formats (CSV, FEC, ODS et XLSX). Il est possible d’importer une comptabilité dans ces formats. Et, il est en constante évolution avec un développeur très réactif.
    • Points faibles : pas de lettrage, pas de gestion directe des écritures périodiques.
    • Licence : GNU Alfredo General Public Licence version 3
    • Site : https://paheko.cloud
    • Code source : https://fossil.kd2.org/paheko/doc/trunk/doc/index.md
    • Paheko sur LinuxFr.org, cherchez aussi à Garradin.

    Tryton

    logo Tryton
    Tryton est un puissant ERP pour entreprises de toutes tailles. Il est accessible via un client Web, une application native ou bien une ligne de commande en Python. L’application cliente est dispo pour Windows, Mac et Linux, le serveur est empaqueté pour plusieurs distributions Linux. Comme Odoo dont il est un fork, Tryton est basé sur une architecture trois tiers écrite en Python (et un peu de ECMAScript version 6) avec PostgreSQL comme base de données. Les auteurs nous parlent régulièrement de Tryton sur LinuxFr.org.

    Interface Bureau, Web, Console
    Aide à la saisie oui
    Saisie au km oui
    Intègre achats, ventes, factures, stock, projet, etc.
    Comptabilité en partie double
    Comptabilité analytique oui
    Imports CSV, AEB43, CODA, OFX ou CAMT.053
    Exports FEC ou CSV
    Transmission automatisée Chorus, SEPA
    En réseau oui, et aussi sur Internet
    Documentation oui
    Forum oui
    • Points forts : L’interface est uniformisée, une fois comprise on s’y retrouve quel que soit le module. Un grand choix de modules permet de couvrir tout type d’activité. On peut tout paramétrer, ajouter des champs, en masquer, adapter des modules… Le développement est très actif, la fondation Tryton rassemble beaucoup d’entreprises et de projets, dont GNU Health. Les montées de version sont prises en charge automatiquement.
    • Points faibles : L’interface est austère, il y a un très grand nombre d’options. C’est difficile à prendre en main sans être accompagné (mais c’est normal).
    • Licence : GNU General Public Licence version 3
    • Site : https://www.tryton.org/
    • Code source : https://www.tryton.org/download#source
    • Tryton sur LinuxFr.org.

    D’autres listes, d’autres articles

    Bien entendu, il manque plein de logiciels. On s’est limité à ceux qu’on a pu tester. Si ce petit résumé ne vous suffit pas ou n’est plus à jour, voici des sites avec des listes complémentaires (merci d’indiquer en commentaire si vous en connaissez d’autres).

    Alors, un logiciel de comptabilité pour quoi faire ?

    Avant tout pour faciliter la saisie comptable, fastidieuse quand elle est faite sur du papier (ou des tablettes de cire à l’origine !). Toutes les formes de comptabilité demandent une rigueur, des connaissances, du calcul et du temps — c’est un métier. Le logiciel comptable facilite tout ça.
    Mais aussi pour l’automatisation du suivi comptable, c’est-à-dire la production automatique de synthèses lisibles et compréhensibles. Vous pensez peut-être au bilan, mais on a couramment besoin de consulter toutes les dépenses électriques ou toutes les recettes de pub sur LinuxFr.org. On a aussi besoin d’envoyer périodiquement ces synthèses à l’administration, comme la transmission des recettes de TVA.
    Enfin, la comptabilité enregistre toutes sortes d’opérations, produites par d’autres logiciels spécialisés (salaires, fabrication, factures, etc.). Intégrer tout cela dans un même outil permet de gagner du temps et d’éviter les fautes de frappe (une facture génère automatiquement les écritures comptables correspondantes). Ça donne des logiciels plus ou moins touffus, certains intégrant toute la gestion d’entreprise, voire tous les outils de travail de l’entreprise — on les nomme ERP (ou PGI en français).

    Note sur les ERP ou PGI

    Quand SAP et les AS400 régnaient en maître sur ce domaine, les ERP étaient exclusivement de très gros logiciels intégrant non seulement la gestion et la comptabilité, mais aussi la production, la vente, le décisionnel, etc. La forte adaptation aux processus de l’entreprise via un paramétrage puissant, était leur gros atout et justifiait un coût d’installation très élevé. On en est même venu à appeler «SAP» ce type de logiciels.
    La langue évoluant sans cesse, de nos jours on appelle ERP tout logiciel intégrant la gestion, le point de vente, la compta et deux trois outils de moindre importance, tandis qu’on les nommait autrefois «logiciels de gestion». Mais la puissance n’est pas la même (le besoin de formation non plus !). On a donc essayé de distinguer dans la liste un puissant ERP paramétrable et adaptable aux processus de l’entreprise, d’un logiciel intégrant les outils de gestion.

    Quel logiciel de comptabilité adopter ?

    Comme on va le voir, il y a beaucoup de critères, des vérifications, des questions à se poser. Les articles déjà mentionnés de LWN.net montrent assez bien les implications de vos choix. Si vous avez de quoi faire adapter l’outil à vos besoins, choisissez un ERP, puissant ou non.

    Quel logiciel sélectionner pour sa comptabilité ? Ça dépend.

    Ça dépend de votre statut fiscal, lequel est déterminé par votre chiffre d’affaires sauf dans certains cas précisés par la loi, et ça dépend si vous voyez la comptabilité comme un outil de gestion ou une obligation fiscale. Vous pouvez donc tenir une comptabilité pour des raisons fiscales, pour des raisons légales ou pour des raisons pratiques (ou les trois). Mais pour les mêmes raisons, vous pouvez tenir différentes formes de comptabilité :

    1. une comptabilité dite recettes-dépenses, semblable à votre budget familial, très courante dans les associations regroupant des bénévoles et ne vendant rien (un cahier suffit) ;
    2. une comptabilité simplifiée, dite de trésorerie, à peu près semblable à la première : vous classez les opérations bancaires, et vous rentrez les factures de vos fournisseurs, elle est classiquement permise par l’administration pour de faibles chiffres d’affaires ;
    3. une comptabilité en partie double, fiable et difficile, inventée par les marchands il y a quelques millénaires pour mieux gérer leurs entreprises ;
    4. une comptabilité analytique, qui complique les deux précédentes, mais permet de suivre très précisément les dépenses et recettes affectées à une opération, et perfectionne donc la gestion.

    Sauf la première, ces comptabilités s’appuient sur une classification conventionnelle des opérations qu’on appelle le [plan comptable]]. Celui-ci varie selon les pays et votre statut juridique. L’utilisation du Plan comptable permet de produire les synthèses mentionnées plus haut — du calcul de la TVA au Bilan d’exercice.
    Il y a des plans comptables tout prêts, adaptés à des activités particulières (comme les associations), mais tous dérivent d’un Plan comptable plus général. Votre logiciel doit permettre d’importer ou de créer le Plan comptable souhaité.

    En passant, sachez qu’il y a des types de comptabilité, et que leur choix ne permet pas de suivre les mêmes choses. Par exemple, le monde anglo-saxon suit plutôt les finances tandis que le Vieux Continent suit plutôt les biens. Mais là, on rentre dans des débats de professionnels qu’il n’est pas nécessaire d’aborder, d’autant que les frontières (comptables) bougent en ce moment. Vérifiez ce qui est permis auprès de l’administration. Reposons notre question préalable en y répondant du point de vue pratique :

    Quel logiciel sélectionner pour sa comptabilité ? Ça dépend. Bis.

    Rappelons que beaucoup de logiciels ne se limitent pas à la comptabilité pure, mais intègrent d’autres outils utiles à la gestion (graphiques des recettes, gestion de cotisations, édition de factures, transmission automatisée aux administrations, etc.). Et attention, les écrans de saisie proposés dans les logiciels sont des aides dont un utilisateur expérimenté se passe très bien.

    La comptabilité est une obligation, c’est peut-être obscur, fastidieux, vous la faites à reculons, mais la vie est ce qu’elle est, nous sommes dans le système, il faut donc y passer, chaque jour, semaine, année… Alors le meilleur choix, passe aussi par la facilité d’installation, les couleurs, la facilité de prise en main, etc.

    Tout dépend donc surtout de vous :

    • si vous avez besoin d’aides à la saisie ou non,
    • si vous préférez des outils intégrés,
    • si un outil intégré dédié à votre activité est un plus pour vous,
    • si votre statut fiscal impose une compta en partie double,
    • si vous la faites régulièrement pour la gestion de votre structure,
    • si vous avez besoin d’exporter les données pour votre expert-comptable (vérifiez les formats possibles avec lui),
    • si vous voulez un outil en réseau, voire en ligne sur internet,
    • si vous avez déjà utilisé un logiciel et que vous vous y retrouvez.

    NB Si qui peut le plus, peut le moins, sachez toutefois rester modestes si vous manquez de temps et de compétences, parce que les outils intégrés demandent une certaine maîtrise. Eh oui ! plus vous intégrez de trucs, plus il faut remplir et paramétrer les trucs avant d’utiliser la partie comptable. Par exemple, sur le cas simple d’une vente, avec un outil intégré il faudra avoir créé les produits, leurs taxes, le client, son bon de commande et les moyens de paiements avant d’attaquer la partie comptable.

    Attention aux obligations fiscales françaises (utilisées lors d’un contrôle fiscal)

    En application du 3° bis du I de l'article 286 du Code général des impôts (CGI), toute personne assujettie à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) qui effectue des livraisons de biens et des prestations de services à destination de clients particuliers et qui enregistre les règlements reçus en contrepartie au moyen d’un logiciel ou d’un système de caisse, est tenue d’utiliser un logiciel ou un système qui satisfasse aux conditions d’inaltérabilité, de sécurisation, de conservation et d’archivage des données en vue du contrôle de l’administration fiscale.

    Tous les détails dans l’article du Bulletin Officiel des Finances Publiques - Impôts (BOFIP) TVA - Régimes d’imposition et obligations déclaratives et comptables - Obligations d’ordre comptable - Obligation d’utilisation de logiciels ou systèmes de caisse sécurisés

    Format Fichier des Écritures Comptables (FEC)

    Fichier texte tabulaire de 18 champs délimités par barres verticales ou par tabulations, ayant un nommage et un encodage précis ou éventuellement au format XML. Ce format est utilisé par la DGFiP pour pouvoir faire un contrôle automatisable de la comptabilité. Elle fournit un utilitaire de validation de format pour Windows.

    Les points de vente

    En France, la loi « anti-fraude » de 2016 et l’article 286 du Code des impôts imposent une certification des logiciels de caisse (c’est-à-dire des points de vente qui collectent des espèces) pour éviter les trucages de la comptabilité via modifications du code-source. Ah ben alors fini le libre ? Mais non mon bon, les logiciels libres sont autorisés, on en a beaucoup parlé sur LinuxFr.org. Toutes les structures n’y sont pas tenues, typiquement il faut être assujetti à la TVA.
    NB Depuis la loi de finance 2018, article 105, les logiciels de comptabilité n’ont pas à être certifiés.

    Si vous avez encore des doutes, consultez la FAQ en français facile écrite par l’équipe de Dolibarr.

    La gestion de la paie

    On n’en a pas beaucoup parlé alors que cette dépêche a commencé avec la recherche d’un logiciel de paie libre. Disons tout de suite qu’il est préférable de s’appuyer sur des professionnels, en effet la gestion de la paye repose sur trois piliers :

    1. la fiche de paie et les déclarations afférentes
    2. l’émission et la conservation sécurisée de la fiche de paie
    3. la saisie comptable

    Certains logiciels ont des modules de gestion des payes (OpenConcerto pour la paie française, Odoo pour plusieurs pays…). L’avantage est de faciliter les écritures comptables. Mais attention, la gestion de la paye impose un suivi juridique et un suivi des taux des cotisations, car le cadre légal varie selon les professions, les salaires et varie aussi dans le temps. Cette actualisation permanente est faite par les professionnels (comptables et experts comptables). Sauf à bien connaître votre profession ou à être dans un cadre relativement simple (par exemple celui des intermittents du spectacle en France), vous gagnerez du temps, de l’argent et de la « légalité » en passant par des professionnels. Les options les plus courantes sont de choisir un cabinet d’expertise comptable ou un service en ligne (nettement moins cher). Lisez ou relisez les commentaires du forum.

    S’agissant de la saisie et du traitement comptable de la paie, n’importe quel logiciel de comptabilité peut le faire, les logiciels de paye étant souvent susceptibles de mâcher le travail à ce niveau-là.

    Commentaires : voir le flux Atom ouvrir dans le navigateur

    •  

    Sortie de GIMP 3.0

    GIMP 3.0 est enfin sorti ! Il s’agit du résultat de 7 années de dur labeur par des développeurs, designers, artistes et autres membres bénévoles de la communauté (pour référence, GIMP 2.10 fut publié en 2018 [article en français sur LinuxFr.org] et la première version de développement pour GIMP 3.0 en 2020 [sur LinuxFr.org]). Avec GIMP 3.0 vous pourrez faire plus, mieux, plus facilement et plus rapidement !

    Une semaine plus tard, la première version de correction de bug, GIMP 3.0.2, est déjà sortie pour régler quelques instabilités qui étaient passées entre les mailles de notre communauté de testeurs!

    Image de démarrage de GIMP 3.0, par Sevenix (CC by-sa 4.0)
    Image de démarrage de GIMP 3.0, par Sevenix (CC by-sa 4.0)

    Cette dépêche ne va pas tenter de couvrir l’ensemble des changements entre la série 2.10 et la version 3. Nous nous contenterons de mettre en lumière certaines des améliorations les plus remarquables de cette sortie.

    Changements majeurs

    • Besoin de revoir les réglages d’un filtre appliqué quelques heures plus tôt ? L’édition non-destructive des calques arrive dans GIMP 3.0 pour les filtres les plus courants. La prévisualisation dans la zone d’édition permet de voir les changements en temps réel. Filtre de Courbes appliqué en non-destructif sur un portrait de Sofiia dans GIMP. Photo par Sofia (CC By-SA 4.0 International) Filtre de Courbes appliqué en non-destructif sur un portrait de Sofiia dans GIMP. Photo par Sofia (CC By-SA 4.0 International)
    • Passez vos fichiers entre davantage de logiciels tiers, notamment avec la prise en charge des fichiers BC7 DDS (très utilisés dans l’industrie du jeu vidéo) de même qu’une meilleure prise en charge du format PSD, ou encore grâce aux divers nouveaux formats d’image maintenant pris en charge! Dialogue d’exportation PSD dans GIMP 3.0 avec des options pour exporter des chemins de rognage (*clipping paths*), un profil CMJN et les métadonnées Dialogue d’exportation PSD dans GIMP 3.0 avec des options pour exporter des chemins de rognage (« clipping paths »), un profil CMJN et les métadonnées
    • Vous ne savez pas la taille que fera votre dessin? Activez la nouvelle fonctionnalité pour étendre la taille de vos calques automatiquement dans les outils de peinture.
    • La personnalisation des textes est maintenant plus puissante: stylisez vos textes (avec l’effet “Styles”), appliquez des contours, ombres, et effets biseaux, et plus. Stylisez vos textes avec l’effet GEGL Styles dans GIMP Stylisez vos textes avec l’effet GEGL Styles dans GIMP
    • L’organisation de vos calques est désormais très simplifiée grâce à la capacité de sélectionner plusieurs éléments à la fois, pour les déplacer ou les transformer ensemble!
    • La gestion des couleurs continue d’être améliorée, encore et toujours, faisant ainsi de GIMP un éditeur d’image avancé pour tous. L’épreuvage à l’écran est aussi simplifié avec gestion dans la barre des tâches de GIMP 3.0 L’épreuvage à l’écran est aussi simplifié avec gestion dans la barre des tâches de GIMP 3.0
    • Mise à jour de notre plateforme d’interface graphique (GTK3) pour un usage plus moderne du bureau.
    • Nouveau logo Wilber!

    Nouveau logo de GIMP, Wilber, par Aryeom (CC by-sa 4.0)
    Nouveau logo de GIMP, Wilber, par Aryeom (CC by-sa 4.0)

    En savoir plus

    Bien sûr ce n’est qu’un mince aperçu des nouveautés de GIMP 3.0. Nous avons aussi préparé des notes de sorties (en anglais) bien plus complètes listant les changements, améliorations, nouvelles fonctionnalités et bien plus. Et si vous voulez plonger encore plus dans les détails, vous pouvez vous perdre dans les milliers de lignes de notre fichier NEWS.pre-3.0, qui liste les changements entre 2.10 et 3.0, de toutes les versions de développement (série 2.99) et des versions candidates.

    Ou plus simplement, pour tester par vous-même, téléchargez GIMP 3.0 directement sur notre page de téléchargement et lancez-vous!

    Autres sorties de logiciels du GIMPVerse

    Pour accompagner la sortie de GIMP 3.0, les empaqueteurs doivent savoir que nous avons aussi sorti :

    Nous conseillons fortement à tous les empaqueteurs de mettre aussi à jour la dernière version de GTK3: GTK 3.24.49. Celle-ci contient des corrections pour des problèmes majeurs (des plantages aux problèmes de périphériques d’entrée, en passant par les défauts d’interface graphique avec les écritures s’affichant de droite à gauche, et plus…).

    L’après-GIMP 3.0 !

    GIMP 3.0 est un jalon majeur dans l’histoire du logiciel. Notre projet est développé très activement, et si vous pensez que cette sortie est déjà super cool, attendez de voir ce que l’on vous prépare !

    L’un des grands changements se situe dans notre politique de sortie. Alors que nous avions fait un détour temporaire dans notre système de versionnements pour accepter de nouvelles fonctionnalités lors des sorties de version micro pendant la série 2.10, nous revenons à notre système de version historique, avec seulement des corrections de bugs pour les sorties micro et de nouvelles fonctionnalités pour les sorties mineures et majeures… sauf que nous allons accélérer la sortie des versions mineures! Ainsi chaque sortie mineure aura moins de fonctionnalités, mais vous n’aurez pas à attendre 6 ou 7 ans! Nous prévoyons de sortir GIMP 3.2 d’ici un an au plus.

    Ces dernières années, nous mettons aussi beaucoup plus l’accent sur le travail d’interface et l’expérience utilisateur (UX), avec la création d’un groupe de travail communautaire pour le design du logiciel. Ce projet est en constante évolution, mais il porte déjà ses fruits et améliorera beaucoup GIMP.

    Enfin si quiconque souhaite un peu imaginer le futur de GIMP, vous pouvez jeter un œil à nos feuilles de route, regroupées par groupes de fonctionnalités, qui sont autant de projets sur lesquels nous prévoyons de travailler dans un futur à plus ou moins court terme. Et certains de ces projets sont déjà en cours de développement !

    Soutenez le développement de GIMP !

    N’oubliez pas que vous pouvez faire des donations et ainsi financer personnellement les développeurs de GIMP, ce qui permet de donner en retour au projet et d’accélérer son développement. L’engagement de la communauté aide à la stabilité et la robustesse du projet !

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