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[TEST] Killing Floor 3 : promis, c’est pas de l’accès anticipé

Troisième épisode d’une franchise vieille de seize ans, Killing Floor 3 vient essayer d’insuffler un peu de nouveauté au concept des deux premiers KF. Et le qualificatif « un peu » est très approprié, on y reviendra. Après une phase de bêta laissant présager un jeu nul à chier très moyen, Tripwire avait repoussé la date de sortie, pour poser quelques rustines, avant une sortie en version 1.0 qui arriva bien plus vite qu’on ne l’aurait cru. Et malheureusement, on sent bien que cette « version finale » n’en a que le nom, et n’est probablement que la résultante de l’impossibilité de sortir un jeu en accès anticipé sur la console de Sony. Est-ce que tout est à jeter ? Non, mais Killing Floor, c’est comme NoFrag : c’était mieux avant.

Genre : Horde shooter coop | Développeurs : Tripwire Interactive | Éditeur : Tripwire Interactive | Plateforme : Steam, Epic Games Store | Prix : 39,99 € | Langues : Français, Anglais | Date de sortie : 24/07/2025 | Durée : Jusqu’à lassitude, sans doute très proche

Test effectué sur la version Steam.

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Unreal Angine 5

On va commencer directement par le plus gros point noir du jeu : les performances. Killing Floor 3 a été développé sous Unreal Engine 5, et comme souvent avec ce moteur, ça rame du cul. Si le jeu n’est pas moche, les cartes sont assez restreintes – plus petites que celles de Killing Floor 2 –, et on atteint péniblement les 60 fps avec de l’upscaling sur un 5800X3D et une 7800 XT à 1440p. Et, bien sûr, ça descend lorsque les vagues d’ennemis spawnent. Regrettablement, le meilleur moyen d’augmenter significativement le framerate est de désactiver Lumen pour la gestion des reflets et des lumières dynamiques. L’abaissement de qualité visuelle est parfois peu significatif, mais altère tout de même sensiblement l’ambiance générale du titre. Néanmoins, je préférais laisser ces options désactivées, tant jouer sous les 60 fps était désagréable. Si vous n’êtes pas concerné pas ces jérémiades, puisque vous avez une machine de RoXoR, vous pourrez quand même apprécier les quelques problèmes de ghosting, qu’on remarque notamment sur la mire des armes simplement en bougeant de gauche à droite. On pinaille, mais ça fait chier.

KF3 Knife
La découpe de Zeds à coups de couteau est toujours aussi rigolote.

Pour terminer cette première section sur la technique, on admettra volontiers que le design des Zeds est très soigné, qu’on adhère ou pas avec la direction futuriste prise par Tripwire. Idem pour les environnements qui sont assez détaillés, avec des cartes moins grises et sans âme que lors des playtests de mars dernier. Côté sonore, c’est moins réussi. La musique n’a rien de mémorable, et si les bruitages des armes sont corrects, ils sont souvent noyés dans le brouhaha ambiant. Tout comme quelques sons qui annoncent la présence de certains ennemis, ce qui est plus gênant pour le gameplay.

KF3 Zed time
Le Zed time est toujours là, et cette fois, on rempli une barre visible en haut de l’écran pour le déclencher.

Glissade et fast-FPS

KF3 ne révolutionne pas la formule de la série : on survit à des vagues de monstres, on achète de meilleures armes entre chacune, et tout ça en coop jusqu’à six joueurs. Et comme auparavant, la stratégie par défaut reste de camper une zone de la carte, tout en priorisant les ennemis les plus dangereux. On a tout de même droit à de nouvelles possibilités de mouvement telles que la glissade, des tyroliennes, le vaulting, et le dash latéral. Et c’est bien utile, puisque beaucoup d’ennemis vont plus vite que votre vitesse de sprint. Dans l’ensemble, les changements de gameplay visent à accélérer l’action et, malheureusement, cela concerne aussi la durée de jeu. Exit les parties en quatre, sept ou dix vagues avant le boss, c’est cinq pour tout le monde. C’est bien dommage, mes meilleures parties de KF2 étant toutes en Hell on Earth avec dix vagues.

KF3 Boss
Trois boss sont actuellement présents, mais aucun d’aussi charismatique que le Patriarch.

L’autre tentative de renouvellement de gameplay vient des Gadgets spécifiques à chaque classe : le Medic place un bouclier qui soigne les copains et fait mal aux Zeds, le Ninja  utilise un grappin pour se rapprocher d’un ennemi, le Commando déploie un aimbot un robot qui tire sur les méchants à sa place… Rien de bien folichon, mais ces derniers peuvent s’avérer fort utiles dans certaines situations, d’autant plus qu’ils sont améliorables via l’arbre de compétence bien plus étoffé qu’avant. On peut acquérir un nouveau skill tous les deux niveaux, jusqu’au trentième, et chacun peut ensuite être augmenté. S’il y a sans doute déjà des builds plus meta que d’autres, on a bien plus de flexibilité pour ajuster une classe au style de jeu que l’on souhaite adopter. Cette adaptabilité est encore renforcée par la possibilité d’utiliser n’importe quelle arme avec n’importe quel spécialiste, sans malus. Et si le grind pour monter en niveau semble moins long que dans le précédent jeu, il est maintenant remplacé par le système de craft tout droit sorti d’un jeu Fatshark.

KF3 Gun
Certains flingues ont un impact très satisfaisant, comme le Samaritan du Sharpshooter qui projette les plus petits ennemis sur plusieurs mètres.

Jouer à la roulette, tu aimeras

Comme dans Darktide, le endgame de KF3 consiste à farmer des matériaux pour crafter des trucs. Les trucs en questions sont des accessoires pour augmenter les stats de nos armes qui, en contrepartie, coûteront plus cher chez le trader. Il faut donc choisir judicieusement ce qu’on décide d’apposer ou non à un flingue. Si l’idée est intéressante, elle est quelque peu gâchée par le fait que, comme dans Darktide, chaque accessoire fabriqué possède aussi un bonus déterminé aléatoirement. Mais ça permet de faire durer le plaisir, il suffit de recycler ce qui ne nous plaît pas, et de retourner farmer jusqu’à obtenir le bonus tant convoité. On se serait bien passé de ce système à la con, et pas que de ça d’ailleurs, puisque Tripwire a aussi repris une autre idée de merde aux copains : un magasin de skins avec un compte à rebours pour nous faire croire qu’on rate une affaire incroyable sur des skins dégueulasses, et des packs de monnaie virtuelle dont les montants ne correspondent pas aux packs de skins les plus chers. Point positif, il n’y a plus de loot boxes ; la peste a laissé place au choléra.

À notre grand dam, cette partie monétisation semble être un des éléments les mieux finis du jeu. Si on a déjà mis un taquet à l’utilisation trop amateure de l’UE5 plus haut, on déplore aussi des bugs de cliping entre les ennemis et le décor, des animations manquantes pour le spawn des Zeds qui, dans le jeu de 2016, sortaient de bouches d’aérations ou d’égouts, pour maintenant apparaître bêtement dans un coin, des crashs pendant les chargements entre les cartes, et des bugs de collision qui envoient valser les plus gros ennemis et boss à trente mètres du sol. Pire, les problèmes de stabilité et de chute de framerate s’accentuent en solo, puisque tout est alors géré côté client, rendant l’expérience particulièrement exécrable.

Ce sera sans doute mieux dans six mois.

On craignait une catastrophe, et finalement c’est juste moyen. Killing Floor 3 reprend ce que faisait Killing Floor 2, à savoir, défoncer des vagues de Zeds avec de bons effets de gore, mais avec des trucs en moins, et des performances qui ternissent le plaisir de jeu. Avec huit cartes et six Perks, on ne peut pas tellement se plaindre du contenu pour le prix, mais le gameplay reste essentiellement inchangé : on campe un coin de carte en encaissant les vagues de monstres jusqu’à l’arrivée du boss. Bien que certains systèmes aient été repensés, tels les gadgets des classes ou les seringues de soin, cela pourrait être trop peu pour renouveler l’intérêt pour la franchise, surtout lorsqu’on a déjà passé quelques dizaines d’heures sur KF2. Peut-être vaudrait-il mieux attendre une promotion pour ne pas se sentir trop floué. Et avec un peu de chance, Tripwire aura corrigé quelques problèmes au passage.

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[TEST] HOLE : un extraction shooter solo indé plutôt cool, avec des accents de rogue-lite

Découvert grâce à un lecteur de NoFrag, HOLE nous a tout de suite accrochés. Développé par un Japonais, le jeu propose une sorte d’extraction shooter solo, avec un style graphique un peu particulier et un bon gunfeel. Une très bonne surprise, pour un prix dérisoire.

Genre : Extraction shooter solo & rogue-lite | Développeurs : NEGAFISH | Éditeur : NEGAFISH | Plateforme : Steam | Prix : 4,99 € | Configuration recommandée :  i5-13400, 32 Go de RAM, RTX 3060 Ti | Langues : japonais, anglais | Date de sortie : 28/11/2024 | Durée de jeu : 7 ou 8 heures avant de se lasser

Test effectué sur une version Steam.

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Des mécaniques bien huilées

N’espérez pas trouver un scénario ou une quelconque histoire dans HOLE, tout ici est au service du gameplay. On débarque dans une sorte de base vide avec un pistolet et des objectifs à réaliser. Un tour de micro-ondes plus tard, nous voici propulsés dans le premier des trois niveaux à débloquer progressivement, un ensemble de bureaux qui n’est pas sans rappeler des espaces liminaux, mais néanmoins remplis d’ordinateurs, étagères et dossiers. On comprend ensuite assez rapidement que des ennemis s’y baladent, et tentent de vous éliminer. Ressemblant vaguement à des mannequins, ils se différencient par leur couleur (rouge, bleu, jaune, violet), comme autant de factions qui s’opposent. Il n’est donc pas rare d’entendre plusieurs fusillades avant de tomber sur des adversaires. Ils apparaissent avec de plus en plus d’équipement au fur et à mesure des vagues – et du temps – qui passent. À leur mort, ils lâchent de la monnaie, qui sera utile pour améliorer notre base, nos armes et capacités. Une deuxième ressource, les « data », se trouve sur certains ennemis seulement, ou dans des paquets et des réfrigérateurs jaunes. Mais si on ne parvient pas à survivre, en s’extrayant via un autre micro-ondes, on ne conserve que 10 % du montant glané. Parfois, les ennemis font également tomber leur masque, qui est une ressource spécifique à la réalisation des missions. Dans le même style, on trouvera aussi des clefs USB, des vases ou des pots de fleurs disséminés dans les niveaux. Ces choses-là sont, par contre, conservées au-delà de la mort. La mécanique mêlant rogue-lite et extraction shooter est très bien huilée, le développeur a bien ajusté le système de récompenses pour avoir quasiment toujours quelque chose à débloquer après une sortie et c’est très plaisant. On découvrira de nouvelles armes, des améliorations de la barre de vie, des accessoires, etc.

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Un très bon feeling

Du côté des combats, HOLE s’en sort très bien : le feeling est vraiment réussi, que ce soit avec le pistolet, le fusil d’assaut ou le fusil à pompe. Avec un recul et un sound design plutôt réussis, les armes procurent un bon sentiment de puissance. Les ennemis titubent sous les balles, et l’effet de suppression lorsqu’on est touché est assez réussi. Les mouvements sont fluides et rapides, mais j’aurais préféré un lean un peu moins prononcé, car en l’état, il est très difficile de viser une fois penché. D’autant plus si l’on ne prête pas attention à l’option à désactiver dans le menu, qui lie l’axe horizontal avec l’angle du lean. Mais pour le reste, c’est un presque sans faute. Alors oui, certains adversaires sont des éponges à balles à partir d’un certain niveau puisqu’ils sont mieux protégés, mais c’est une mécanique mise en place pour forcer l’utilisation de certaines munitions débloquées précédemment.

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Une direction artistique originale, mais qui pompe sévère

Visuellement, HOLE est un peu spécial. J’ai beaucoup apprécié la direction artistique avec ses pixels grossiers, mais aussi des particules et une lumière très modernes. Sans doute même un peu trop, car l’illumination globale a l’air de vouloir faire souffrir les PC les plus modestes. Je ne l’ai pas trop ressenti avec ma RTX 4090 en 4K tout à fond, mais j’ai remarqué des baisses à 100 FPS sur certains screenshots. D’autre part, impossible de le lancer sur mon PC portable (i5 13500H, RTX 4060), une erreur fatale Unreal Engine 5 m’a empêché d’atteindre le menu. Compte tenu de la taille assez restreinte de la communauté, je n’ai pas trouvé de solution au problème ; espérons que ce soit un cas isolé. Mis à part cela, je n’ai rencontré aucun bug en jeu.

Une jolie petite pépite

HOLE est un petit extraction shooter solo indépendant sans grande ambition, mais dont les mécaniques fonctionnent très bien. Il y a des notions de rogue-lite avec le déblocage de matériels et de capacités, ce qui donne envie de relancer une run, et un super bon feeling. Les graphismes sont également plutôt chouettes, avec ce mélange de gros pixels et lumières modernes, même s’il faudra avoir une bonne machine pour le faire tourner correctement, Unreal Engine 5 oblige. Pour 5 €, ce serait vraiment dommage de passer à côté de quelques heures de plaisir !

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[TEST] Despelote : un walking sim autobiographique, original et nostalgique

Annoncé en 2021, ce petit walking sim équatorien nous avait tout de suite attiré, malgré le thème du football, pas forcément dans le cœur des membres de la rédaction. Sa direction artistique radicale et l’ambiance qui s’en dégageait semblaient rafraîchissantes. Il aura finalement fallu attendre quatre ans de plus pour le voir arriver sur Steam en ce début d’année. Si Despelote propose quelques mécaniques de gameplay sympathiques, c’est avant tout une courte aventure narrative, basée sur la vie d’un des développeurs. Et c’est franchement chouette.

Genre : Walking sim | Développeurs : Julián Cordero, Sebastian Valbuena | Éditeur : Panic | Plateforme : Steam | Prix : 13,99 € | Configuration recommandée :  i5-8600K / Ryzen 5 2600, 16 Go de RAM, GTX 1660 / RX 580 | Langues : espagnol, sous-titres en français | Date de sortie : 01/05/2025 | Durée de jeu : un peu moins de deux heures

Test effectué sur une version Steam fournie par l’éditeur.

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Tranches de vie

Dire que Despelote est original est la moindre des choses. Tout d’abord, difficile de ne pas remarquer les graphismes. Les décors sont travaillés à partir de prises de vues réelles, sur lesquelles les artistes ont appliqué des filtres bien violents, pour arriver à un résultat monochrome très bruité. Par-dessus, les personnages sont grossièrement dessinés en 2D, comme s’ils étaient faits de papier. Il s’en dégage une atmosphère un peu particulière, mais néanmoins immersive. D’autre part, le doublage en espagnol est très réussi, et les sous-titre s’affichent dans des bulles près des personnages. L’histoire, quant à elle, semble plus ou moins autobiographique, puisqu’elle suit la vie de Julián Cordero, directeur artistique et développeur principal, lorsqu’il avait huit ans. Elle nous raconte, avec notamment des passages en voix off flirtant avec le documentaire, comment il a vécu la phase de qualification de l’équipe nationale de football d’Équateur en 2001 pour la coupe du monde 2002. Étonnamment, alors que le sujet en lui-même ne m’intéressait pas spécialement, j’ai particulièrement apprécié l’approche et la mise en scène, très décalée par rapport aux autres productions vidéoludiques. C’est beau et très nostalgique, malgré le contexte plutôt joyeux.

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Et le foot, dans tout ça ?

Alors que Despelote est avant tout un walking sim, il propose cependant quelques autres briques de gameplay. Il y a un jeu de foot en vue de dessus, auquel notre personnage joue, et dont je n’ai pas grand-chose à dire : ça fonctionne très bien, mais c’est sans doute beaucoup plus facile à la manette… Ces passages interviennent à des moments bien précis, et s’intègrent parfaitement dans la narration sans jamais être trop longs. L’autre élément, toujours rattaché au football, est la possibilité de jouer avec un ballon, lorsqu’on est en vue subjective. Ce n’est pas toujours évident de viser, mais ça marche, là aussi, vraiment bien. Pour le reste, c’est assez classique, avec un déplacement relativement rapide vu les zones à parcourir, et quelques éléments interactifs, présentés dans le style « papier découpé », ce qui fait qu’on ne peut pas les rater.

Pour vous donner une idée, voici des extraits de gameplay en mouvement. Notez que la compression YouTube est un peu à la peine avec tout ce grain :

Une expérience à part

Despelote est un walking sim narratif vraiment à part. Avec son approche autobiographique et un point de vue pratiquement documentaire, il propose quelque chose de jamais vu. On prend plaisir à découvrir la vie d’un petit garçon fan de foot au début des années 2000, avec une bonne dose de nostalgie. L’aspect graphique le démarque également de ce qu’on a l’habitude de voir, et ça rend plutôt bien en jeu. Il offre aussi quelques mécaniques de gameplay originales, qui portent bien le propos, sans prendre trop de place. Si vous appréciez le genre, jetez-y un œil, ne serait-ce que pour encourager ce genre de productions indépendantes.

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[TEST] System Shock 2: 25th Anniversary Remaster : le meilleur moyen de redécouvrir une légende de l’immersive sim

Annoncé en 2019 pour « très bientôt » System Shock 2: 25th Anniversary Remaster était initialement nommé System Shock 2 Enhanced Edition. Nightdive avait exprimé dès le début sa volonté : le support des mods, un portage console et un mode coop accessible. Mais le temps passait, et on ne voyait pas grand-chose arriver, hormis la promesse de finalement sortir en même temps que le remake de System Shock. Avec le report jusqu’à 2023 de ce dernier, on s’attendait à le voir arriver dans la foulée, mais il n’en fut rien. Ce n’est qu’en début de cette année que le titre a finalement refait surface dans les communications de Nightdive, pour une sortie au début de l’été, afin de fêter dignement les 25 ans du titre avec dix mois de retard. À la rédac, on ne connaissait le jeu original que de nom, et on avait beaucoup apprécié le remake du premier. On était donc à la fois impatients de le voir, et dubitatifs sur l’aspect graphique, puisque cantonné à un passage en HD. Bon, on ne va pas tourner autour du pot, c’est tout de même excellent, et sans doute la meilleure manière de découvrir l’un des piliers de l’immersive sim aujourd’hui.

Genre : Immersive sim | Développeur : Nightdive Studios, Looking Glass Studios, Irrational Games | Éditeur : Nightdive Studios | Plateforme : Steam | Prix : 28,99 € | Configuration recommandée :  Core i5-2300 / AMD Phenom II X4, 4 Go de RAM, carte graphique compatible DX11 ou Vulkan 1.1 | Langues : anglais, sous-titres en français | Date de sortie : 26/06/2025 | Durée de jeu : une bonne quinzaine d’heures

Test effectué en solo sur une version Steam fournie par l’éditeur.

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En un mot : accessible

Et le mode coop ?
Malheureusement, avec une seule clef presse, impossible de tester le multi. Mais vu le matériau de base, ça ne laisse présager que du meilleur.

Pas étonnant qu’à sa sortie en 1999, System Shock 2 ait fait forte impression. Il reprenait le concept du premier opus, paru en 1994, mais en l’appliquant aux nouveaux standards du FPS, c’est-à-dire avec un déplacement libre. Rien que pour cette raison, il s’adressait à un public plus large. Et on le ressent également dans ce remaster, qui propose tout de même quelques améliorations de qualité de vie, notamment grâce à l’intégration de certains mods développés par la communauté depuis toutes ces années. Mais c’est aussi au niveau de l’histoire et du level design qu’il se démarque de son aîné. Si ce dernier était un peu rugueux et pouvait en laisser plus d’un sur le bord de la route, l’expérience globale de System Shock 2 est plus courte, et surtout, beaucoup plus accessible. On est rarement perdu, et il suffit de suivre les objectifs listés dans les notes. Alors certes, il n’y a pas de grosse flèche pour indiquer le chemin, mais en étudiant un peu les cartes, on s’y retrouve plutôt bien.

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Comprendre l’engouement

Après avoir passé un peu plus de 16 h dans les coursives du Von Braun, le vaisseau infesté de créatures toutes plus dégueu les unes que les autres, je ne peux que m’incliner devant la qualité du gameplay proposé. Il était décrit à l’époque comme un RPG, et c’est tout à fait ça : on peut choisir son archétype de base en l’orientant vers le combat, le piratage ou les pouvoirs psioniques. Mais une fois lancé dans l’aventure, il ne tient qu’à nous de dépenser nos cyber modules comme on l’entend pour augmenter notre maîtrise des armes à énergie, notre endurance, ou plutôt débloquer la télékinésie, par exemple. Les mouvements sont très agréables – en particulier le fait de se pencher à gauche et à droite –, et le gunplay n’est pas si mal, compte tenu de son âge. Le pistolet et le fusil à pompe bénéficient d’un très bon sound design, et les armes cinétiques ont, de manière général, un recul assez violent. Bon, on peut sans doute le réduire à néant en augmentant l’une de nos compétences, mais ce serait dommage. Parce que les ennemis, quant à eux, ne réagissent pas beaucoup aux impacts, et le corps à corps est un peu pourrave. On l’excuse assez facilement quand on repense qu’il est initialement sorti en 1999. Du côté du scénario, il y a toujours les audiologs, comme dans le premier volet de la licence, qui apportent énormément d’immersion. C’est tellement bien fait que le procédé se retrouvera ensuite, avec plus ou moins de réussite, dans une palanquée de jeux, dont BioShock ou Prey 2017. L’écriture est très bonne, et les doublages (uniquement en anglais) sont franchement convaincants. Évidemment, il y a également une petite voix de plus en plus sarcastique pour nous guider, qui inspirera notamment GlaDOS du mythique Portal en 2007. Comme vous l’avez constaté, ce paragraphe peut aussi bien s’appliquer au jeu d’origine qu’à ce remaster, qui en reprend les mécaniques trait pour trait.

Finalement pas si moche

Où est passée la VR ?
Annoncée en 2021, la VR a malheureusement été annulée par Oculus, comme l’indique le PDG du studio sur Bluesky. Mais si le remaster se vend bien, le développement pourrait reprendre.

Techniquement, cette nouvelle version fonctionne sous KEX Engine, le moteur développé par Nightdive Studios pour un paquet de leurs remasters. Il y a bien un gros gap avec le matériau d’origine, mais on est très loin de la superbe proposition de System Shock Remaster, qui tournait sous Unreal Engine. Alors que je pensais que ça allait me gêner, il s’avère que les textures sont tout de même très fines, surtout en 4K. La présence de beaucoup d’éléments interactifs vient contrebalancer les visuels un poil désuets, et la direction artistique est tout de même très chouette. Seules quelques passages sont absolument horribles, mais on les rencontrera uniquement sur une courte partie vers la fin du jeu. Sinon, on peut compter sur un framerate montant jusqu’à 144 FPS et une prise en charge des écrans larges, comme d’habitude chez Nightdive. Côté performances, il n’y a évidemment aucun problème, il tournera parfaitement, même sur une patate. Comme on parle technique, on en profite pour indiquer qu’un gestionnaire de mod est intégré dans le menu lorsqu’on lance une nouvelle partie.

Excellent

Le jeu d’origine était une légende, Nightdive Studio ne l’a pas écorné. System Shock 2: 25th Anniversary Remaster n’est certes pas aussi beau que son remake de System Shock sorti en 2023, mais les améliorations de qualité de vie, l’affinage des textures, le passage à la 4K, aux 144 FPS et aux écrans larges, font vraiment le taf. Cette nouvelle version permet au plus grand nombre de découvrir ou redécouvrir l’un des piliers de l’immersive sim, et rien que pour ça, on peut remercier les développeurs. Certes, la base n’a pas changé depuis 25 ans, mais le gameplay est exemplaire, notamment sur les différentes possibilités d’approche (combat, piratage, pouvoirs psioniques), et même les mouvements et le gunplay sont franchement bons. Enfin, impossible de ne pas être marqué par les procédés scénaristiques particulièrement réussis, qui se retrouveront dans bon nombre de jeux ensuite. Pour couronner le tout, l’expérience est plus accessible que le premier opus, et pas si longue, puisqu’il faudra une quinzaine d’heure pour en venir à bout. Mais il y a fort à parier que vous aurez envie de le relancer en choisissant d’autres compétences. Enfin, même si on n’a pas pu le tester, il y a un mode coopératif, qui a l’air franchement sympa. On fera sans doute une soirée dessus dans les prochaines semaines.

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[TEST] Trigger of Time : un très beau concept pour une expérience temporelle trop courte

On avait découvert Trigger of Time directement par son créateur, Apo, quand il nous avait contactés pour nous parler timidement de son jeu : un puzzle game qui joue avec le temps. Intrigués par le concept, on avait pu échanger avec lui pour qu’il nous explique son projet, et on a tout de suite été conquis. Sorti dans l’indifférence générale à cause d’un manque de visibilité, le titre mérite tout de même qu’on s’y attarde un peu, car il est vraiment bon. Dommage qu’il soit si court.

Genre : Puzzle game platformer | Développeur : Pantopie | Éditeur : Pantopie | Plateforme : Steam | Prix : 9,75 € | Configuration recommandée :  CPU quad-core, 8 Go de RAM, RTX 2060 / RX 5700 | Langues : français, anglais | Date de sortie : 06/06/2025 | Durée de jeu : 1h30 à 2 heures

Test effectué sur une version Steam fournie par le développeur.

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Un concept original

Lors de notre entretien avec Apo, le développeur principal, il nous a expliqué d’où venait son idée : un petit jeu réalisé en quatre jours pendant une game jam en 2024, Not This Time. Convaincu que la manipulation temporelle associée à des plateformes pouvait fonctionner dans un « vrai » jeu commercial, il a donc décidé de passer quelques mois dessus pour l’étoffer un peu. Si le projet initial (toujours disponible sur la page itch.io) permettait de générer des bulles temporelles pour ralentir ou accélérer le temps, la mécanique a finalement un peu évolué. En effet, dans Trigger of Time, le fusil permet de tirer sur des objets qui seront directement affectés. On peut donc modifier la vitesse d’une plateforme pour être sûr de tomber dessus, puis accélérer une autre pour nous projeter dans les airs. Les bulles restent présentes, mais déjà placées dans le décor, et jouent un rôle dans les différents puzzles proposés. Ces derniers ne sont pas forcément très compliqués, mais comme le principe de base est original, il faut expérimenter un peu avant de comprendre ce qu’on nous demande, et la résolution des énigmes est plutôt satisfaisante. Du côté des mouvements, j’ai été surpris par la fluidité pour grimper, courir et sauter. C’est assez rare d’avoir d’aussi bonnes sensations dans de petits projets indépendants qui mélangent plusieurs concepts. Malheureusement, l’aventure est un peu trop courte. On s’amuse vraiment bien sur les énigmes successives et le passage des plateformes, ce qui fait que les deux heures pour arriver au bout passent très vite. J’aurais aimé plus de puzzles, quitte à avoir plusieurs fois la même mécanique dans des configurations un peu différentes.

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Une technique surprenante pour un rendu excellent

Mais la réalité du développement indépendant ne permet pas forcément de faire tout ce qu’on veut. Alors que cela ne devait durer que trois mois, il en aura fallu une dizaine pour arriver jusqu’à la publication, avec un coup de main d’un ami sur le game design et le level design, une prestation pour la création d’un modèle de personnage, une poignée de testeurs, et son frère pour la musique. On conçoit donc aisément que l’ajout d’une nouvelle portion dans le jeu aurait forcément représenté une sacrée charge de travail, pas forcément soutenable pour un projet auto-édité. Pourtant, la direction artistique de Trigger of Time est impressionnante pour un titre de cette envergure : difficile de reconnaître le moteur open source Godot derrière cet effet dessiné et les jolis effets de lumière. Et techniquement, c’est aussi surprenant : tout le jeu n’est formé que d’un seul et même énorme niveau, sans aucune interruption ou chargement. On peut d’ailleurs plus facilement s’en rendre compte lorsqu’on le relance pour tenter un petit speedrun.

Une très bonne surprise

Trigger of Time est le premier jeu d’un développeur presque solo, mais il est déjà très impressionnant : la direction artistique est franchement réussie, le level design est chouette, les mouvements sont agréables et la mécanique de gameplay est originale. La manipulation temporelle fonctionne vraiment bien, et les puzzles, bien qu’accessibles, sont plutôt malins. Une expérience que j’ai énormément appréciée, et que j’aurais aimé prolonger après les deux heures proposées. Le jeu est donc un peu trop court, mais il laisse augurer du meilleur si les prochains projets de Pantopie maintiennent ce niveau de qualité.

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