Plus de 70 % des requêtes ChatGPT (Free, Plus, Pro) n’ont rien à voir avec le travail
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OpenAI a mis en ligne une première étude sur les utilisateurs et utilisatrices de son chatbot. Celle-ci met notamment en avant que les abonnements personnels (Free, Plus et Pro) sont surtout utilisés pour des tâches non professionnelles et notamment pour ce que l’entreprise appelle des « conseils pratiques » incluant la formation et les tutoriels.
OpenAI a sorti cette semaine une étude sur les utilisateurs et utilisatrices de ChatGPT. L’article [PDF] a été mis en ligne sur la plateforme de preprint du Bureau étasunien de la recherche en économie.
Il analyse les usages du chatbot d’OpenAI en se concentrant sur les données des abonnements Free, Plus et Pro entre mai 2024 et juin 2025 (excluant donc les abonnés à Teams, Enterprise, Education). Selon les chercheurs d’OpenAI, la part non liée au travail est passée, pendant cette période, de 53 % à 73 %.
« Alors que la plupart des analyses économiques de l’IA se sont concentrées sur son impact sur la productivité dans le travail rémunéré, l’impact sur les activités en dehors du travail (production domestique) est d’une ampleur similaire, voire supérieure », concluent les chercheurs. Et ils affirment que « la diminution de la part des messages liés au travail est principalement due à une évolution des habitudes d’utilisation au sein de chaque cohorte d’utilisateurs plutôt qu’à un changement dans la composition des nouveaux utilisateurs de ChatGPT ».
Une étude maison qui a ses limites
Une des limites de leur étude semble d’avoir justement exclu les abonnements Teams, Enterprise, Education. Cette exclusion rend difficile l’interprétation des chiffres donnés plus haut. Ainsi, on peut se demander si les utilisateurs ont transféré leurs activités professionnelles vers des comptes liés à des abonnements Business chez OpenAI, par exemple. Ils peuvent avoir aussi basculé cette activité vers des offres des entreprises d’IA concurrentes, hypothèse non évoquée par les chercheurs.
On peut aussi questionner leur affirmation, formulée dans la conclusion, sur les gains en matière de bien-être : « le fait que l’utilisation à des fins non professionnelles augmente plus rapidement suggère que les gains en matière de bien-être liés à l’utilisation de l’IA générative pourraient être considérables ». Si les chercheurs d’OpenAI parlent des gains financiers pour les entreprises d’IA générative, on peut facilement les suivre. Mais on peut se demander, si l’utilisation de ce genre de chatbot apporte un réel gain pour le bien-être des utilisateurs. Ainsi, des chercheurs ont déjà alerté sur les réponses inappropriées des chatbots à propos des informations sur la santé mentale.
Relevons qu’OpenAI a aussi exclu toutes les données concernant des utilisateurs s’étant déclarés par eux-mêmes âgés de moins de 18 ans. Ainsi, aucune information sur les utilisations de ChatGPT par les mineurs ne peut ressortir de cette étude.
Plus généralement, l’analyse de cette étude par des chercheurs indépendants sera difficile, voire impossible : il est peu probable que l’entreprise partage les données brutes concernant ses utilisateurs avec des personnes extérieures.
Les « conseils pratiques », première utilisation du chatbot
Elle nous apporte pourtant quelques informations sur l’usage du chatbot d’OpenAI. Ainsi, au cours de cette année étudiée, le chatbot est (en proportion des usages) moins utilisé pour « écrire » du texte à la place de l’utilisateur. Cette part, comme on peut le voir dans le graphique ci-dessous, passe de 36 % courant juillet 2024 à 24 % en juillet 2025.

La première activité des utilisateurs de ChatGPT devient la demande de conseils pratiques (Practical guidance, en anglais). Stable depuis un an (aux alentours de 29 % pendant l’année écoulée), cette catégorie rassemble tout ce qui est tutoriel, conseils de type « how-to », santé, fitness, beauté, etc.
C’est, de fait, la « recherche d’information » qui devient de plus en plus importante dans les chiffres d’OpenAI. Passant de 18 % à plus de 24 % en un an, cette activité semble celle qui grimpe le plus depuis juillet 2024. À noter qu’OpenAI rassemble dans cette catégorie aussi bien la recherche d’informations spécifiques que des produits disponibles à l’achat ou des informations sur la cuisine et les recettes. Le champ est vaste.
Dans les activités plus annexes, on peut remarquer que la demande d’aide technique baisse progressivement de 12 % à 5 %. Les chercheurs émettent ici l’hypothèse d’une augmentation très rapide de l’utilisation des LLM via les API (en dehors de ChatGPT donc) chez les développeurs.
La création d’images et leur analyse ont connu un pic en avril 2025 quand l’entreprise a fait valoir que son chatbot avait de meilleures capacités, mais l’engouement est vite retombé.
Enfin, les chercheurs d’OpenAI mettent en avant le fait que « seuls 2,4 % de tous les messages ChatGPT traitent des relations et de la réflexion personnelle (1,9 %) ou des jeux et des jeux de rôle (0,4 %) ». Ils semblent ainsi minimiser les problèmes récemment mis en avant dans la presse sur des relations qui pourraient devenir toxiques, allant jusqu’au suicide.
Les utilisateurs de ChatGPT abandonnent petit à petit l’idée de lui faire faire quelque chose
Les chercheurs d’OpenAI ont aussi analysé les utilisations de ChatGPT en les séparant en trois autres catégories : « asking », « doing » et « expressing ».
«Asking » rassemble tous les prompts cherchant des informations sur un sujet, « doing » ceux où l’utilisateur demande à ChatGPT d’effectuer une tâche, et « expressing » rassemble le reste. En juillet 2024, les utilisateurs de ChatGPT demandaient autant au chatbot de faire quelque chose que de leur donner des informations sur un sujet. Un an après, on peut observer que les utilisateurs du Chatbot abandonnent petit à petit l’idée de lui faire faire quelque chose :

Les chercheurs ajoutent, après avoir analysé les noms des utilisateurs dans leurs conversations, que l’écart entre les genres des utilisateurs de ChatGPT s’est résorbé. D’environ 80 % d’utilisateurs masculins peu après sa sortie, le chatbot aurait maintenant une utilisation quasiment paritaire entre hommes et femmes.