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Le GIEC est-il techno-optimiste ?

À en croire l’historien Jean-Baptiste Fressoz, le groupe III du GIEC, qui évalue les moyens d’atténuer le réchauffement climatique, serait trop « technophile » et sous-estimerait les mesures de sobriété. Un procès à côté de la plaque.

Dans un article récemment paru dans la revue Energy Research & Social Science et dûment relayé par Le Monde du 30 août, l’historien des sciences et chercheur au CNRS Jean-Baptiste Fressoz entend mettre en évidence le biais « technocentrique » qui, selon lui, imprègne tous les rapports du groupe III du GIEC depuis ses débuts en 1990. Ce groupe de travail est chargé de recenser et d’évaluer les solutions d’atténuation du changement climatique qui doivent permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et donc limiter autour de 2 degrés la hausse de la température planétaire par rapport aux périodes préindustrielles.

L’auteur estime que ce biais « nourrit un faux optimisme, légitime le soutien aux technologies spéculatives, réduit l’éventail des options politiques viables et retarde les transformations structurelles ». Il juge l’objectif de neutralité carbone visé d’ici 2050-2070 par l’Accord de Paris « technologiquement impossible » et appelle à renoncer à ces « illusions » au profit de mesures de sobriété, de décroissance et de redistribution (qu’il ne détaille pas). Hélas, sa thèse souffre elle-même de nombreux biais.

Méthodologie sémantique indigente

Pour mettre en évidence cette supposée technophilie historique, l’historien a compté les occurrences de différents termes dans les six rapports du groupe III, certains identifiés comme technologiques, d’autres évoquant des actions de réduction de la demande. Dans le dernier rapport paru en 2022, il a ainsi compté 1 096 fois le mot « hydrogène », 1 667 fois « innovation » ou 2 111 fois « technologie », mais seulement 232 fois le terme « sufficiency » (sobriété) et 29 fois « décroissance » ! Pour l’auteur, le déséquilibre est probant, même s’il admet qu’il est moins prononcé que dans les précédents opus. Et de fait, le groupe III a, pour la première fois en 2022, consacré un chapitre aux changements de modes de vie et d’usages et à la sobriété, estimant que ces stratégies pourraient réduire les émissions de 40 à 70 % selon les secteurs. Un virage applaudi par toute la sphère de l’écologie politique. « Le GIEC enterre la stratégie de la croissance verte », s’est notamment réjoui l’économiste décroissant Timothée Parrique.

Le politologue François Gemenne, co-auteur du sixième rapport du GIEC, et confronté à l’historien sur France Inter, a moqué « l’extraordinaire faiblesse d’une méthodologie basée sur le nombre d’occurrences de mots », rappelant que le rapport du GIEC n’était pas, comme le prétendait JB Fressoz, « un guide pour nous aider à sortir du carbone », mais l’état des connaissances scientifiques à un moment précis. « On évalue à la fois l’abondance et la convergence de la littérature sur le sujet. Il est donc logique que les rapports parlent davantage d’énergie solaire ».

De plus, remarque le journaliste scientifique Sylvestre Huet sur son blog Sciences au carré hébergé par Le Monde, « Jean-Baptiste Fressoz confond “beaucoup” et “bien”. Il nous dit que le GIEC est obnubilé par les CSC (capture et stockage du carbone), alors que le GIEC nous alerte surtout sur l’extrême difficulté d’une éventuelle mise en œuvre de cette technologie. Mais pour le savoir, il ne faut pas se contenter de faire compter des mots par un logiciel, il faut lire le texte (qui est long) ». Bim.

In fine, ce comptage de mots ne prouve rien. JB Fressoz démonte même sa propre démonstration en admettant, au détour d’un paragraphe, que « la fréquence d’un terme n’implique pas son approbation », citant le cas de l’hydrogène, très critiqué dans le dernier rapport.

Opposition stérile entre technologies et mesures socio-économiques

Résumer le débat à un affrontement entre techno-solutionnistes et décroissants relève du pur sophisme (voir encart « Le coût, principal frein des technologies de décarbonation »). « Ce n’est pas une technologie générique qui permet de réaliser le potentiel de réduction, c’est une synergie entre des changements techniques précis et des modes de vie et de consommation nécessaires », affirme Sylvestre Huet. D’autant que les leviers socio-économiques d’atténuation du changement climatique sont tout aussi complexes à mettre en œuvre que les techniques de décarbonation — sans même parler de la décroissance, qui fait l’objet d’un profond rejet des populations en plus de reposer sur une littérature imprécise et peu aboutie (voir encart ci-dessous).

La décroissance, une théorie scientifique ?

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Confusion entre faisabilité technique et coût économique

JB Fressoz juge les technologies de décarbonation « spéculatives » et « irréalistes ». « Est-ce que l’on sait faire de l’acier, du ciment, des engrais sans émettre de CO₂ ? Non ! Est-ce que l’on sait faire voler des avions ou faire naviguer des porte-conteneurs sans émettre de CO₂ ? Non. Tous les modélisateurs le savent ! », s’est-il emporté sur France Inter.

Sauf qu’en fait, bien souvent, on sait le faire et on le fait déjà, comme peuvent en témoigner de nombreuses entreprises, tels le fabricant d’engrais bas-carbone FertigHy, le cimentier Lafarge Holcim ou, dans le domaine des CSC, le méga-projet norvégien Northern Lights (TotalEnergies, Equinor et Shell). Les technologies bas carbone existent. Le problème, c’est leur coût, encore nettement plus élevé que pour leurs équivalentes plus émettrices. Ainsi, remplacer toutes les chaudières au gaz d’une collectivité par des pompes à chaleur est techniquement facile mais l’investissement nécessaire est encore dissuasif.

« Le GIEC met parfois en avant des solutions peu ou pas matures, admet le physicien-climatologue et co-auteur du cinquième rapport du GIEC François-Marie Bréon. Mais le solaire ou les batteries ne l’étaient pas il y a vingt ans. Or, on voit aujourd’hui les ruptures technologiques réalisées ». Avec, à la clé, des baisses de coûts spectaculaires et la massification des procédés.

Le coût, principal frein des technologies de décarbonation 

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JB Fressoz se montre particulièrement critique envers la mise en avant par le GIEC des techniques d’émissions négatives comme les CSC (consistant à capturer le carbone rejeté dans l’atmosphère par les centrales thermiques et les usines, puis à l’injecter dans le sous-sol). Le scénario misant sur l’injection, à terme, de 10 milliards de tonnes de CO₂ par an, est-il absurde, comme il le soutient ? Non, répond François-Marie Bréon. Pour lui, la limite à l’essor de ces procédés n’est pas technique, mais politique et économique : « Les CSC coûtent environ 100 euros la tonne. Aucun État n’a un intérêt politique à y consacrer des ressources significatives, car sa population n’en bénéficiera pas directement à court terme, même si la planète en a besoin. Seul un accord international pourra résoudre cette difficulté ».

Un biais « socio-solutionniste » ?

Derrière l’importance que le GIEC accorde à ces techniques, JB Fressoz voit la main des multinationales et de leurs lobbies. Il souligne que le groupe III a, dès sa création, impliqué « de nombreux experts affiliés à l’industrie des combustibles fossiles », citant Total, Exxon, ENI, Mobil Oil, Saudi Aramco, DuPont, Volvo, le World Coal Institute, etc. Et on comprend clairement qu’il le condamne. Selon lui, la participation de ces experts du privé comme co-auteurs « a contribué à façonner le contenu des rapports, notamment en valorisant le rôle des CSC dans les scénarios de neutralité carbone du GIEC ». Une assertion qu’il illustre par une série de retours historiques, insistant sur l’influence exercée par les États-Unis dès 1988. On retrouve ici l’accusation classique de « néolibéralisme » portée par des écologistes radicaux à l’encontre du GIEC, initiée lors d’une réunion du G7 en 1988, sous l’impulsion notable de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan.

L’intérêt du GIEC se traduit par un rapport spécial sur les CSC publié en 2005. « Plusieurs auteurs principaux ou réviseurs de ce rapport étaient également employés par des compagnies de charbon, de pétrole, de gaz ou d’électricité », dénonce Fressoz. « De nombreuses références provenaient soit des conférences GHGT (Global Energy Technology Strategy), soit du programme GES de l’AIE, tous deux étroitement liés aux majors pétrolières ». Et alors ? pourrait-on lui répondre, puisqu’il reconnaît lui-même que le groupe III est « majoritairement composé d’experts de la recherche publique ni naïfs ni influençables ».

Le sous-entendu de mise sous influence du groupe III est patent. Il ne cache d’ailleurs pas son rejet viscéral de l’entreprise : « Parfois, écrit-il, le rapport du GIEC ressemble davantage à des brochures de marketing industriel qu’à une évaluation scientifique ». Pour Alexandre Baumann, auteur et créateur d’un blog sur la pseudo-écologie, « le présupposé de Fressoz est que les chercheurs qui travaillent pour une entreprise privée sont forcément inféodés à leurs employeurs, forcément corrompus, et que la recherche privée ne peut traduire que les intérêts capitalistes en présence. Ce double standard sur la science s’inscrit selon moi dans une logique partisane ».

Même si, rappelons-le, le GIEC n’a aucun rôle prescripteur, il doit présenter des solutions jugées crédibles et réalisables. Et comme il fait autorité auprès des gouvernements (et de la communauté internationale en général), on ne peut certes exclure que des groupes d’intérêt cherchent à influencer ses conclusions. Mais face aux risques de pression, sa force réside dans le recours à des centaines d’experts aux opinions et sensibilités différentes, qui évaluent et synthétisent des milliers de travaux (278 auteurs pour 18 000 articles scientifiques en 2022). C’est ainsi que se construit et s’ajuste au fil des années le consensus scientifique le plus complet et le plus rigoureux actuellement disponible sur le climat. Personne ne peut envisager sérieusement d’en exclure les ingénieurs et les chercheurs du secteur privé, qui élaborent et développent ces technologies. Ni de bannir ces dernières au profit d’une hypothétique sobriété. À moins de souffrir d’un regrettable biais « socio-solutionniste » sans fondement scientifique.

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Lobby et marchands de (ci)trouilles bio 

Après deux décennies de croissance, le bio marque le pas. Les ventes stagnent, et les surfaces cultivées reculent. Pourtant, l’État continue de miser sur lui, à coups de subventions et d’objectifs toujours plus ambitieux. Le secteur, en crise, fonde sa survie sur le lobbying et la fabrique de la peur.

Trou d’air passager ou marché mature ? Après un plongeon en 2021 et deux années dans le rouge, l’agriculture biologique se stabilise. Son chiffre d’affaires s’est maintenu l’an dernier à 12,2 milliards d’euros (+0,8 %), certes loin de son pic de 2020 (12,8 milliards), et sa part de marché reste de 5,7 % des achats alimentaires des Français selon les chiffres de l’Agence Bio. Une situation liée au net rebond en circuits spécialisés et en vente directe (+7 % par rapport à 2023), alors que les ventes en grande distribution, qui représentent encore près de la moitié du total, poursuivent leur dégringolade pour la quatrième année consécutive (-5 %). L’inflation a en effet conduit les grandes enseignes classiques à sabrer dans leur offre de produits bio qui, 30 à 50 % plus chers, ne trouvaient plus preneurs. Et le retour des prix à la normale n’a pas suffi à inverser la tendance. Quant à la restauration hors domicile, elle reste marginale (8 % du marché).

Le marché bio tient donc essentiellement grâce aux consommateurs « purs et durs », à fort pouvoir d’achat, qui fréquentent les magasins spécialisés comme La Vie Claire, Naturalia (Monoprix), Bio C Bon (Carrefour) ou, surtout, Biocoop, leader incontesté du secteur avec 742 magasins et 1,7 milliard d’euros de chiffre d’affaires. Un créneau certes en voie de rétablissement, mais loin des croissances à deux chiffres des années 2010.

Dans ces conditions, l’acharnement des pouvoirs publics à subventionner toujours plus le développement de l’agriculture biologique laisse perplexe. Surtout, en constatant que les surfaces agricoles bio ont encore reculé en 2024, leur part stagnant autour de 10 % du total. Pourtant, la loi d’orientation agricole votée en mars dernier prévoit de doubler ce pourcentage d’ici 2030, en l’amenant à 21. Soit, dans quatre ans et demi ! Qui peut y croire ?

Sécurité Sociale de l’alimentation : le bio joue sa carte vitale

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Étranglés entre la baisse de la demande et les surcoûts de production (rendements plus faibles qu’en agriculture conventionnelle, besoins en main-d’œuvre), bon nombre d’agriculteurs bio ne parviennent plus à garder la tête hors de l’eau, malgré les aides européennes et les plans d’urgence de l’État – 104 millions d’euros en 2023, 105 millions en 2025. S’y ajoute une série d’aides à la filière, notamment via le fonds Avenir Bio, créé en 2008 : 18 millions d’euros de budget l’an dernier, sans compter les 5 millions de financement de la campagne de promotion lancée cette année à l’occasion des 40 ans du label AB.

La récente décision de réduire de plus de moitié le budget 2025 du fonds Avenir Bio (au nom de la quête d’économies) a logiquement mis la filière en émoi. Mais est-il réaliste de vouloir à tout prix, à coup de subventions et de dirigisme, doper les surfaces et les volumes d’un modèle coûteux, dont les bénéfices sur la santé et l’environnement sont loin d’être avérés ? La loi Egalim impose ainsi depuis 2022 au moins 20 % d’aliments bio dans les repas des cantines scolaires. On en est loin : trop cher pour les collectivités, ou trop compliqué (ou contre-productif si les produits bio sont importés). Autre initiative, émanant cette fois de la mairie écologiste de Strasbourg : la distribution gratuite, sur simple ordonnance du médecin (dispositif Ordonnance Verte), de paniers de fruits et légumes bio à 2 000 femmes enceintes.

Biocoop : fils de pub

En fait, la filière bio a surtout construit son succès foudroyant du milieu des années 2000 à 2020, grâce à un discours agressif, axé autour du bashing systématique de l’agriculture conventionnelle. Ou plutôt du « lobby agro-industriel » et, surtout, des pesticides. À ce jeu, Biocoop a fait très fort. En 2014, le réseau coopératif lance une campagne d’affichage s’attaquant aux produits alimentaires classiques. Une affiche montrant une pomme dont sort un tas de ferraille, avec ce slogan : « n’achetez pas de pommes (traitées chimiquement) », lui vaudra deux ans plus tard une condamnation pour dénigrement. Sans aucun dommage pour son image, puisque les ventes ont progressé et que l’enseigne a récidivé en 2017, à l’occasion d’Halloween, avec une affiche de citrouille et cette annonce en gros caractères : « Vous devriez en avoir peur toute l’année ». En guise de légende : « la citrouille est l’un des aliments contenant le plus de pesticides. Chez Biocoop, tous nos produits sont garantis bio, zéro pesticide et zéro OGM ».

Un marketing de la peur qui s’est avéré très payant dans l’opinion, même s’il repose sur un double mensonge, au moins par omission. Car l’agriculture bio utilise, elle aussi, des pesticides, certes dits « naturels » (non issus de la chimie de synthèse), mais parfois tout aussi néfastes pour l’environnement, tels que les traitements à base de cuivre, toxiques pour les micro-organismes du sol, ou le spinosad, insecticide tueur d’abeilles avéré. Par ailleurs, le bio cultive de nombreuses plantes classées OGM car issues de mutagenèse in vitro, même si, grâce à la relative ancienneté de cette technique (une cinquantaine d’années), elles ne sont pas soumises aux règles de la directive européenne de 2001, notamment en matière d’étiquetage.

Spinosad : l’autre tueur d’abeilles ?

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Il n’empêche, la diabolisation de ces deux totems fonctionne, d’autant mieux qu’elle est attisée depuis des années par une nébuleuse d’ONG, d’activistes écologistes, collectifs et scientifiques militants, allant de Greenpeace à Pan Europe en passant par Nature et Progrès, Secrets Toxiques, les Faucheurs volontaires, la Confédération paysanne ou le CRIIGEN. Au centre se trouve l’influente association Générations futures (741 500 € de budget), sponsorisée par le biobusiness et l’État français. Elle multiplie les campagnes anxiogènes et les rapports ou études, biaisés mais très médiatisés, sur les résidus de pesticides. Cet écosystème, qui possède des relais de poids dans la presse et au Parlement européen (entre autres, l’eurodéputé Claude Gruffat, qui fut président de Biocoop pendant 15 ans), présente toutes les caractéristiques d’un lobby puissant. L’an dernier, la mouvance anti-pesticides s’est même élargie aux mutuelles, comme le démontre le journaliste Gil Rivière-Wekstein dans sa revue en ligne Agriculture et environnement.

Générations futures, un lobby peu discret

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Cancers : peur sur la métropole

L’outrance et l’hystérie ont atteint des sommets le 8 juillet dernier lors du vote à l’Assemblée nationale de la loi dite Duplomb, qui réintroduit ponctuellement et sous conditions très strictes l’acétamipride, un néonicotinoïde autorisé partout en Europe mais interdit en France depuis 2018. Les députés écologistes Benoît Biteau et Delphine Batho ont fait venir dans l’hémicycle des malades du cancer et des parents d’enfants qui en sont morts. Ils ont accusé les députés d’être « les alliés du cancer ». Des élus de gauche ont même prédit une hausse de ces pathologies chez les enfants, sans fournir d’arguments réels pouvant le laisser penser. Quant au journaliste-activiste Hugo Clément, il s’est offert cette indigne sortie sur tous les réseaux sociaux : « la majorité des députés a voté POUR des produits qui causent le cancer, tuent des enfants et détruisent la vie sauvage »… Une instrumentalisation cynique de la souffrance des malades, relayée sans recul par bon nombre de médias. Dénonçant « une soumission aux intérêts de l’agrobusiness », Générations futures a même annoncé sa volonté de contester le texte devant les tribunaux.

Peu importe que l’Agence sanitaire européenne EFSA, censée s’appuyer sur le consensus scientifique, après avoir passé en revue toutes les études les plus récentes, considère l’usage de cette molécule sans danger pour la santé humaine et pour l’environnement, si les conditions d’utilisation sont bien respectées (idem pour son homologue française l’Anses). Peu importe, pour les promoteurs du bio, qu’en 20 ans, l’agriculture française ait fait d’énormes progrès, grâce à la réduction des intrants, à l’interdiction de la quasi-totalité des molécules au risque cancérogène, mutagène ou reprotoxique avéré (les CMR 1), à l’amélioration constante des pratiques culturales et du recours à l’irrigation. À ce sujet, rappelons que lors de l’examen de la loi Duplomb, la commission du développement durable, présidée par une agricultrice en bio, Sandrine Le Feur, avait voté sans honte plusieurs amendements (effacés dans la version finale) interdisant la construction de nouvelles retenues d’eau et réservant aux seules exploitations en bio le droit d’utiliser celles existant déjà !

Ce déni a peut-être une explication : en 2021, le Synabio (syndicat regroupant industriels et distributeurs bio) reconnaissait être « challengé » par d’autres signes de qualité comme le Label Rouge, le « zéro résidu de pesticides » ou la certification HVE (Haute valeur environnementale). En d’autres termes, tout effort alternatif en faveur d’une agriculture plus exigeante et plus durable serait perçu comme une compétition menaçante pour le bio. Le syndicat du biobusiness, allié à d’autres acteurs dont UFC-Que Choisir, la FNAB et son incontournable bras armé, Générations futures, avait d’ailleurs engagé un recours contre la certification HVE, qualifiée de « greenwashing ». Il a été débouté en mars dernier par le Conseil d’État.

Tout l’été, nous publions ici gratuitement les bonnes feuilles de notre livre, « Trop bio pour être vrai ? ». Pour le lire en intégralité, c’est par là :

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Suite la semaine prochaine avec le chapitre V : Le bio qui cache la forêt

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