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Des chercheurs alertent sur l’utilisation de l’IA par les ONG pour faire du « poverty porn »

Compassion générée par IA
Des chercheurs alertent sur l’utilisation de l’IA par les ONG pour faire du « poverty porn »

Les ONG n’échappent pas à la mode de l’utilisation de l’IA pour générer des images. Des chercheurs pointent le problème d’une nouvelle ère du « poverty porn » dans laquelle l’intelligence artificielle serait utilisée pour émouvoir, réduisant les personnes à corps souffrants de façon décontextualisée.

Des chercheurs travaillant dans différentes institutions de médecine à travers le monde tirent le signal d’alarme : avec l’IA, certaines ONG entrent dans une ère nouvelle du « poverty porn ».

Cette technique de communication « utilise la compassion comme catalyseur pour obtenir un gain financier », comme l’explique le magazine The Plaid Zebra. Elle est critiquée et déconseillée dans les diverses recommandations sur la communication éthique des ONG.

Mais, avec l’IA, certains communicants d’ONG ont trouvé le moyen de créer des campagnes de compassion facilement. Plusieurs chercheurs publient dans la revue Global Health de The Lancet un appel à éviter ce « poverty porn » 2.0.

L’ONU comme l’OMS y ont déjà eu recours

Comme ils le rappellent, alors que les budgets du secteur sont en baisse, il est moins cher de générer des images via l’intelligence artificielle que d’embaucher un photographe ou un artiste. Et même des organisations comme l’OMS ou l’ONU y ont recours. « Ces mêmes organisations ne créeraient probablement pas de telles représentations mettant en scène des personnes réelles en raison de leurs politiques éthiques internes », affirment les chercheurs.

Ainsi, ils pointent en exemple des vidéos de la branche néerlandaise de l’ONG Plan International qui lutte pour le droit des enfants. Elles montrent notamment des images de jeunes filles avec un œil au beurre noir. Les chercheurs évoquent aussi une vidéo de l’ONU. L’organisation a supprimé la vidéo de son compte YouTube après avoir été contactée par le Guardian à ce sujet.

« La vidéo en question, qui a été produite il y a plus d’un an à l’aide d’un outil en constante évolution, a été retirée, car nous estimons qu’elle montre une utilisation inappropriée de l’IA et qu’elle peut présenter des risques pour l’intégrité des informations, en mélangeant des images réelles et du contenu artificiel quasi réel », explique l’organisation internationale à nos confrères.

On peut retrouver, sur Internet Archive, la description qui accompagnait la vidéo : « Dans cette vidéo captivante, des reconstitutions réalisées à l’aide de l’intelligence artificielle (IA) donnent vie aux témoignages de survivantes de violences sexuelles liées aux conflits (VSLC) au Burundi, en Bosnie-Herzégovine, en République démocratique du Congo et en Irak ».

Reproductions de clichés de la pauvreté

Mais ce « poverty porn » n’est pas seulement utilisé par les ONG. Ainsi, expliquent les chercheurs, une bonne partie de l’ « industrie mondiale de la santé » utilise ce genre d’images. Entre janvier et juillet 2025, ils ont collecté plus d’une centaine d’images générées par IA sur les réseaux sociaux des organisations de plus petites tailles ou publiées par des gens du milieu « souvent basés dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire ». Les chercheurs décrivent dans leur texte les images sans les reproduire, pour des raisons éthiques.

« Les images reproduisent la grammaire visuelle de la pauvreté : des enfants avec des assiettes vides, une terre craquelée, des images stéréotypées », explique au Guardian l’un des chercheurs signataires, Arsenii Alenichev.

Celui-ci avertissait dans la même revue scientifique, il y a maintenant deux ans, des biais de Midjourney qui n’arrivait pas à représenter un médecin noir soignant des enfants blancs.

Notre consœur du Guardian, Aisha Down, a remarqué qu’on pouvait trouver ce genre d’images générées par IA très facilement sur des plateformes comme Adobe Stock ou Freepik. Joaquín Abela, CEO de la dernière, rejette la responsabilité de l’utilisation des images sur les personnes qui les achètent et affirme essayer de corriger les biais existant dans d’autres parties de sa plateforme pour assurer l’équilibre entre les genres dans les photos d’avocats et de CEO. Adobe n’a pas répondu au Guardian.

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Des chercheurs alertent sur l’utilisation de l’IA par les ONG pour faire du « poverty porn »

Compassion générée par IA
Des chercheurs alertent sur l’utilisation de l’IA par les ONG pour faire du « poverty porn »

Les ONG n’échappent pas à la mode de l’utilisation de l’IA pour générer des images. Des chercheurs pointent le problème d’une nouvelle ère du « poverty porn » dans laquelle l’intelligence artificielle serait utilisée pour émouvoir, réduisant les personnes à corps souffrants de façon décontextualisée.

Des chercheurs travaillant dans différentes institutions de médecine à travers le monde tirent le signal d’alarme : avec l’IA, certaines ONG entrent dans une ère nouvelle du « poverty porn ».

Cette technique de communication « utilise la compassion comme catalyseur pour obtenir un gain financier », comme l’explique le magazine The Plaid Zebra. Elle est critiquée et déconseillée dans les diverses recommandations sur la communication éthique des ONG.

Mais, avec l’IA, certains communicants d’ONG ont trouvé le moyen de créer des campagnes de compassion facilement. Plusieurs chercheurs publient dans la revue Global Health de The Lancet un appel à éviter ce « poverty porn » 2.0.

L’ONU comme l’OMS y ont déjà eu recours

Comme ils le rappellent, alors que les budgets du secteur sont en baisse, il est moins cher de générer des images via l’intelligence artificielle que d’embaucher un photographe ou un artiste. Et même des organisations comme l’OMS ou l’ONU y ont recours. « Ces mêmes organisations ne créeraient probablement pas de telles représentations mettant en scène des personnes réelles en raison de leurs politiques éthiques internes », affirment les chercheurs.

Ainsi, ils pointent en exemple des vidéos de la branche néerlandaise de l’ONG Plan International qui lutte pour le droit des enfants. Elles montrent notamment des images de jeunes filles avec un œil au beurre noir. Les chercheurs évoquent aussi une vidéo de l’ONU. L’organisation a supprimé la vidéo de son compte YouTube après avoir été contactée par le Guardian à ce sujet.

« La vidéo en question, qui a été produite il y a plus d’un an à l’aide d’un outil en constante évolution, a été retirée, car nous estimons qu’elle montre une utilisation inappropriée de l’IA et qu’elle peut présenter des risques pour l’intégrité des informations, en mélangeant des images réelles et du contenu artificiel quasi réel », explique l’organisation internationale à nos confrères.

On peut retrouver, sur Internet Archive, la description qui accompagnait la vidéo : « Dans cette vidéo captivante, des reconstitutions réalisées à l’aide de l’intelligence artificielle (IA) donnent vie aux témoignages de survivantes de violences sexuelles liées aux conflits (VSLC) au Burundi, en Bosnie-Herzégovine, en République démocratique du Congo et en Irak ».

Reproductions de clichés de la pauvreté

Mais ce « poverty porn » n’est pas seulement utilisé par les ONG. Ainsi, expliquent les chercheurs, une bonne partie de l’ « industrie mondiale de la santé » utilise ce genre d’images. Entre janvier et juillet 2025, ils ont collecté plus d’une centaine d’images générées par IA sur les réseaux sociaux des organisations de plus petites tailles ou publiées par des gens du milieu « souvent basés dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire ». Les chercheurs décrivent dans leur texte les images sans les reproduire, pour des raisons éthiques.

« Les images reproduisent la grammaire visuelle de la pauvreté : des enfants avec des assiettes vides, une terre craquelée, des images stéréotypées », explique au Guardian l’un des chercheurs signataires, Arsenii Alenichev.

Celui-ci avertissait dans la même revue scientifique, il y a maintenant deux ans, des biais de Midjourney qui n’arrivait pas à représenter un médecin noir soignant des enfants blancs.

Notre consœur du Guardian, Aisha Down, a remarqué qu’on pouvait trouver ce genre d’images générées par IA très facilement sur des plateformes comme Adobe Stock ou Freepik. Joaquín Abela, CEO de la dernière, rejette la responsabilité de l’utilisation des images sur les personnes qui les achètent et affirme essayer de corriger les biais existant dans d’autres parties de sa plateforme pour assurer l’équilibre entre les genres dans les photos d’avocats et de CEO. Adobe n’a pas répondu au Guardian.

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Retraites : pour Emmanuel Macron, la réformen’est ni abrogée ni suspendue, seulement décalée « dans un souci d’apaisement » voulu par Sébastien Lecornu

Le premier ministre a fait ce choix « pour apaiser le débat actuel » et « c’est le débat parlementaire qui donnera l’issue de ce sujet », a argumenté le chef de l’Etat. La subtilité a déjà fait réagir Jean-Luc Mélenchon.

© Borut Zivulovic / REUTERS

Le président français, Emmanuel Macron, à Ljubljana, le 21 octobre 2025.
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« Ils ont noyé Ben Barka dans la baignoire » : des extraits d’un livre-enquête inédit sur la disparition de l’opposant marocain

Dans « L’Affaire Ben Barka. La fin des secrets », à paraître le 29 octobre chez Grasset, les journalistes Stephen Smith et Ronen Bergman apportent des précisions sur le rôle joué par les services secrets israéliens, « du début à la fin » de ce crime, perpétré à Paris en octobre 1965.

© DSK / AFP

Mehdi Ben Barka, à Casablanca, au Maroc, en janvier 1959.
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EN DIRECT, guerre en Ukraine : les dernières informations

Donald Trump doit rencontrer bientôt Vladimir Poutine, à Budapest, alors que les dirigeants de l’UE redoutent un accord qui se ferait au détriment de l’Ukraine et de la sécurité européenne.

© Présidence ukrainienne via AFP

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, lors d’une réunion, à Kiev, le 19 octobre 2025.
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« Depuis la généralisation du télétravail, les outils de contrôle s’immiscent jusqu’au sein de nos domiciles »

Dans une tribune au « Monde », deux chercheurs s’inquiètent du devenir de la relation salariale à l’heure où les outils de contrôle mis à la disposition des employeurs se multiplient et où les lois qui encadrent leur usage sont de moins en moins restrictives.

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L’administration Trump essaie de mettre au pas l’Amérique latine

Coercition, pressions douanières et militaires, chantage… Pour Washington, les priorités sont le tarissement des flux migratoires et la guerre contre les cartels de la drogue, classés organisations terroristes. En consolidant leur domination tout en restant fidèle au slogan « America First », les Etats-Unis cherchent aussi à réduire l’influence de la Chine.

© ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP

Le président américain, Donald Trump, rencontre son homologue argentin, Javier Milei (de dos), à la Maison Blanche, le 14 octobre 2025.
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Municipales à Paris : Renaissance en voie de rallier la candidature de Pierre-Yves Bournazel

Le parti présidentiel doit décider, d’ici à la fin du mois, de sa position pour les élections de mars 2026 dans la capitale. L’issue la plus probable est un soutien au candidat investi par Horizons.

© EMMA DA SILVA / AFP

Pierre-Yves Bournazel, lors du lancement de sa campagne électorale pour la Mairie de Paris, au Trianon, le 3 juin 2025.
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Après le vol de pépites d’or au Muséum national d’histoire naturelle à Paris, une ressortissante chinoise de 24 ans mise en examen

La jeune femme de 24 ans a été mise en examen pour le vol en bande organisée de 6 kilos de pépites d’or survenu dans l’établissement le 16 septembre. Elle avait été arrêtée à Barcelone le 30 septembre et remise à la police française le même jour, a déclaré, mardi, la procureure de Paris.

© « LE MONDE »

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La licence Gucci, l’élément-clé de la vente des produits de beauté de Kering à L’Oréal

En cédant pour 4 milliards d’euros sa division beauté au géant des cosmétiques, le groupe de luxe va pouvoir se désendetter. Mais cette somme colossale pourrait également financer la rupture du contrat de licence entre sa marque Gucci et Coty qui prend fin en 2028 et que doit reprendre L’Oréal.

© Bloomberg via Getty Images

Des flacons de parfum Gucci exposés à New York, en mai 2018.
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