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Voitures autonomes : le monde d’après

Demain, pourrons-nous filer à près de 200 km/h en toute sécurité ? Traverser des villes sans parkings ? Faire la sieste, regarder une série ou travailler au volant ? La révolution des véhicules autonomes approche, et avec elle la promesse d’une nouvelle liberté accessible à tous.

La phase d’expérimentation de la voiture autonome est terminée. Après des décennies de tests, son industrie se déploie à grande échelle. Ce qui était hier une curiosité technologique devient un marché en pleine expansion qui pose des questions de société.

Filiale d’Alphabet, Waymo s’affirme comme le leader mondial incontesté du secteur, avec plus de 161 millions de kilomètres parcourus sans conducteur et plus de 10 millions de trajets commerciaux effectués, soit une progression vertigineuse de 51 % depuis février 2025.

En plus de prévoir d’ajouter neuf nouvelles villes aux cinq où circulent ses véhicules (Phoenix, Los Angeles, San Francisco, Atlanta et Austin), Waymo s’attaque à l’un des marchés les plus complexes et convoités : New York. En juin, l’entreprise a annoncé son retour dans la « Big Apple » après l’obtention d’un permis l’autorisant à conduire de manière autonome avec un « conducteur de sécurité » derrière le volant.
Mais son expansion ne s’arrête pas aux frontières américaines. Après avoir démarré des tests à Tokyo, l’entreprise a révélé en octobre qu’elle commencerait à offrir des trajets entièrement autonomes à Londres dès 2026.

Sur la base d’une analyse de 155 millions de kilomètres, ses données révèlent une sécurité spectaculairement supérieure à celle des conducteurs humains, avec 91 % de collisions graves, 80 % d’accidents corporels et 92 % de piétons blessés en moins.

Les voitures autonomes, plus sûres que les humains

Les principaux concurrents de Waymo : Zoox, Tesla et… Nvidia

Dans le même registre, Zoox, la discrète mais puissante filiale d’Amazon, a aussi ouvert son service de taxis autonomes à Las Vegas en septembre dernier. Elle est devenue la première entreprise au monde à lancer un tel service payant dans un véhicule conçu spécifiquement à cet effet.

Souvent à la pointe de l’innovation, Tesla affiche en revanche un décalage entre ambitions et réalité. Malgré des capacités prometteuses en conditions difficiles, son offre, lancée à Austin en juin 2025, nécessite toujours un superviseur de sécurité. L’objectif de « couvrir la moitié de la population américaine d’ici fin 2025 » se limite à une vingtaine de véhicules sur 635 km² dans la ville texane.

Enfin, Uber a orchestré une alliance stratégique réunissant Nvidia pour son intelligence artificielle, Lucid pour ses SUV électriques et Nuro pour le logiciel de conduite autonome. Ce partenariat nourrit de grandes ambitions : déployer 20 000 robotaxis sur six ans, intégrés dans une flotte totale de 100 000 véhicules d’ici 2027.

L’autoroute et la neige : les frontières de la conduite autonome

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La Chine au taquet, l’Europe à la traîne

À l’automne 2025, le géant chinois Baidu égale désormais Waymo avec 250 000 courses autonomes hebdomadaires. Cette percée illustre la stratégie gouvernementale de Pékin, qui s’imagine en leader mondial d’ici 2035. Après avoir gelé les permis à la suite des protestations de taxis, les régulateurs ont repris leur délivrance, privilégiant l’intérêt stratégique face à la concurrence américaine.

Mais l’Empire du Milieu a d’autres cartes en main : Pony AI, soutenue par Toyota, qui vise 1 000 robotaxis et s’internationalise ; ou WeRide, présente dans trente villes réparties sur dix pays, qui a signé avec Uber pour quinze villes mondiales, avec déjà un service opérationnel en Arabie Saoudite.

Face à cette offensive, l’Europe ne compte qu’un seul champion : la startup britannique Wayve. Fondée en 2017, elle développe une IA qui apprend à conduire comme un humain, sans cartes en haute définition. Soutenue par Nvidia et Microsoft, elle cherche à devenir fournisseur de logiciels pour les constructeurs (Nissan dès 2027) et plateformes (Uber à Londres en 2026). Son approche promet aux constructeurs d’intégrer des systèmes avancés de conduite autonome sans surcoûts matériels.

Hélas, cette société incarne les limites et le malaise du vieux continent. Le fait qu’une seule entreprise européenne porte ses couleurs dans le domaine de l’IA automobile révèle l’ampleur du retard accumulé.

Les progrès des camions autonomes

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Des millions de vies sauvées et des villes sans parkings

Quels sont les impacts attendus de la généralisation des voitures autonomes ? D’abord, rappelons que l’erreur humaine est à l’origine de 94 % des accidents mortels. Les systèmes autonomes ne boivent pas, ne se fatiguent pas, ne regardent pas leur téléphone et réagissent quasi instantanément.

Si les promesses se réalisent, les accidents pourraient baisser de 80 à 90 % avec une flotte entièrement automatisée. À l’échelle mondiale, cela représenterait potentiellement 1,25 million de vies sauvées chaque année. Concernant l’urbanisme, la demande de parkings en centre-ville pourrait s’effondrer de 90 %, puisqu’une voiture autonome vous dépose et repart.

Résultat : 20 à 30 % de l’espace urbain libéré. C’est la plus grande « banque foncière » du XXIᵉ siècle. À Chandler, en Arizona, on remplace déjà 40 % des places de parking obligatoires par des zones de dépose pour véhicules autonomes.

Des transports bouleversés

La vraie révolution se jouera peut-être loin des métropoles. Dans les zones rurales, le véhicule autonome résout une équation impossible : comment offrir des transports publics de qualité là où la densité de population est trop faible pour rentabiliser bus et trains ?

Dans certains pays comme le Japon, le coût d’exploitation du transport rural est trois fois supérieur aux recettes, essentiellement à cause des salaires des chauffeurs. En supprimant ce coût, les navettes autonomes rendent viable un transport à la demande, flexible, venant vous chercher à domicile.

Fini les lignes de bus désertes à horaires fixes, fini l’isolement des personnes âgées en zone rurale. Imaginez une flotte de véhicules autonomes assurant le « dernier kilomètre », se coordonnant avec des navettes plus grandes sur les axes principaux. C’est le droit à la mobilité pour tous, à faible coût.

Le bouleversement sera particulièrement fort pour celles et ceux qui ne peuvent pas conduire : les personnes âgées, les malvoyants, les personnes handicapées, les jeunes en dessous de l’âge légal. Pour toutes ces personnes, le véhicule autonome, c’est l’indépendance retrouvée. C’est une révolution d’inclusion, qui redonne de la mobilité à ceux qui en étaient privés.

Pour tous les autres, outre les immenses gains de sécurité, la promesse de la voiture autonome, c’est celle du confort : ce temps passé au volant, concentré et stressé, devient un moment de détente ou de productivité. Un trajet de 90 minutes n’est plus une contrainte insupportable s’il permet de travailler ou de se reposer. C’est votre bureau mobile, votre salon roulant, votre salle de sieste.

Le temps de trajet pourrait être grandement raccourci. Grâce au « platooning » — cette capacité des véhicules autonomes à rouler en convoi serré en communiquant entre eux —, l’occupation d’une voie pourrait être multipliée par six. Cela permettrait d’éliminer les embouteillages et ralentissements. Des expérimentations ont montré qu’on peut maintenir seulement quatre mètres entre chaque voiture à 120 km/h, en toute sécurité.

Cette coordination ouvre aussi la voie à une augmentation des vitesses limites sur autoroute. Si tous les véhicules d’une voie sont autonomes et synchronisés, on peut imaginer relever progressivement la vitesse autorisée bien au-delà des 130 km/h actuels, tout en maintenant un très haut niveau de sécurité.

La fin de la conduite humaine ?

Qui sera responsable en cas d’accident ? Il est probable que la responsabilité bascule du conducteur vers le constructeur et l’opérateur. En France, un décret de 2021 dispose que, lorsque le système de conduite automatisée est activé, le conducteur ne peut plus être tenu pour responsable s’il a respecté les conditions d’utilisation.

La conduite manuelle ne sera probablement pas immédiatement interdite par la loi. Quand les véhicules autonomes auront prouvé qu’ils sont cent fois plus sûrs que les humains, il est toutefois probable que votre prime d’assurance pour conduire manuellement devienne prohibitive, ou tout simplement que cette pratique soit interdite pour minimiser les risques.

Résistances syndicales et législatives

L’expansion des robotaxis se heurte cependant à une opposition politique croissante. À Seattle, des manifestants ont protesté contre l’arrivée de Waymo, craignant pour les emplois des chauffeurs Uber et Lyft. Les puissants syndicats Teamsters poussent pour des législations restrictives dans plusieurs États : Washington, le Massachusetts et la Californie, où le gouverneur Newsom a opposé son veto à deux reprises à des projets exigeant un conducteur humain dans les véhicules autonomes lourds.

Pourtant, l’histoire technologique montre que l’emploi se transforme plus qu’il ne disparaît. Les tracteurs ou les distributeurs automatiques n’ont pas créé de chômage massif, mais ont permis aux travailleurs d’évoluer vers des postes moins pénibles. Les emplois liés aux véhicules autonomes — maintenance technique, supervision de flotte — offrent généralement de meilleures conditions qu’un métier de conducteur aux revenus précaires et aux longues heures assises. L’enjeu n’est pas de freiner le progrès, mais d’accompagner cette transition professionnelle.

Cette révolution ne se résume pas au confort de pouvoir se détendre en roulant. Elle ouvre une transformation industrielle, urbaine et sociale majeure, qui va modifier en profondeur notre rapport à la voiture, à la ville et au déplacement. Un bouleversement, mais aussi un champ d’opportunités que citoyens, entreprises et décideurs devront s’approprier sans attendre.

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Comment le monde s’est enrichi

Pourquoi le monde moderne est-il si riche ? La technologie, à elle seule, ne l’explique pas. Pour Joel Mokyr, auteur de La culture de la croissance et nouveau prix Nobel d’économie aux côtés de Philippe Aghion et Peter Howitt, la Révolution industrielle est née d’un big bang intellectuel : l’apparition d’une culture du progrès… que nous avons peut-être oubliée depuis.

Pendant des millénaires, les innovations — moulin à eau, harnais, imprimerie — améliorent la vie sans créer de progrès durable. Au point que chaque génération contemple avec nostalgie la grandeur disparue de l’Antiquité. Les savants, issus des élites cultivées, et les inventeurs, en prise avec le quotidien, ne se côtoient pas. Ils travaillent séparément, sans théorie commune. Impossible, pour un innovateur médiéval, de passer du moulin à eau aux lois de l’hydraulique.

Mais vers 1760, tout bascule. Les innovations s’enchaînent, se renforcent, et le progrès devient une habitude. D’une génération à l’autre, les gens vivent plus longtemps, mangent mieux, travaillent moins et accèdent à des ressources qui, jadis, étaient le privilège exclusif des rois.

Joel Mokyr montre que cette révolution ne vient pas seulement des institutions ou des marchés, mais d’une mutation culturelle : la foi dans la connaissance, le goût du progrès, la récompense de l’innovation. Au cœur de cette culture, des « entrepreneurs culturels » qui osent transformer le monde. À leur sujet, l’économiste cite George Bernard Shaw : « L’homme raisonnable s’adapte au monde ; le déraisonnable persiste à essayer d’adapter le monde à lui-même. Tout progrès dépend donc de l’homme déraisonnable. »

Bouleverser l’ordre établi

Deux figures se trouvent au cœur de ce bouleversement : Francis Bacon et Isaac Newton.

Au début du XVIIᵉ siècle, la science n’est qu’une branche de la philosophie, soumise à l’autorité des Anciens. Bacon rompt avec cette tradition : elle ne doit pas servir uniquement à décrire le monde, mais à le transformer pour améliorer concrètement la condition humaine. Il appelle à unir la théorie des savants et le savoir-faire des artisans. La connaissance devient utile, la recherche se met au service du progrès.

Newton en offre la démonstration. Ses Principia Mathematica révèlent que l’univers obéit à des lois simples, universelles et accessibles à la raison. Cet ordre nouveau nourrit un immense optimisme : comprendre la nature, c’est pouvoir l’utiliser. Dans la Grande-Bretagne du XVIIIᵉ siècle, entrepreneurs et manufacturiers en tirent la conviction que la science peut résoudre leurs problèmes concrets ou offrir de meilleurs produits à leurs clients. La science se diffuse, elle se démocratise.

Le savant et l’artisan

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Premier savant mondialement célèbre, anobli et enterré à Westminster, Newton fait de la science une voie d’accès au prestige social. Avec Bacon, il pose les fondations culturelles sur lesquelles les Lumières bâtiront le monde moderne. La confiance dans la raison et le progrès devient alors la source de l’explosion de richesse qui suivra.

Unité intellectuelle, fragmentation politique

La Révolution industrielle n’avait rien d’inévitable. Elle aurait pu ne jamais avoir lieu, ou surgir ailleurs. Des « entrepreneurs culturels » sont apparus en Chine ou dans le monde islamique, mais ils furent étouffés, marginalisés, réduits au silence.

En Europe, au contraire, ils ont trouvé un allié inattendu : le chaos politique. Entre 1500 et 1700, le continent, morcelé en royaumes, principautés et cités rivales, ressemble à un champ de bataille permanent. Ce désordre crée un véritable marché des idées. Aucun pouvoir ne peut imposer son orthodoxie à tous. Un savant chassé de Paris se réfugie à Amsterdam, un inventeur censuré à Rome s’installe à Londres. Descartes, Locke et Bayle prospèrent grâce à cette libre circulation.

Les princes européens eux-mêmes se disputent les talents. Mathématiciens, ingénieurs et philosophes négocient leur patronage, changent de protecteur et accroissent leur prestige.

Quand l’Europe osa ce que la Chine refusa

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Ce dynamisme s’appuie sur la République des Lettres, un réseau informel de savants qui communiquent par-delà les frontières et inventent ce que nous appelons aujourd’hui la science ouverte. La réputation joue un rôle clé : pour l’obtenir, il faut publier, soumettre ses travaux à la critique des pairs, établir l’antériorité de sa découverte. Le secret devient contre-productif.

Enfin, l’Europe se distingue par sa perméabilité intellectuelle. Là où d’autres civilisations dressent des barrières, elle emprunte sans complexe : poudre et imprimerie chinoises, chiffres arabes, techniques textiles indiennes. Le continent devient le lieu de convergence des savoirs du monde.

Que reste-t-il aujourd’hui de la culture qui a permis le Grand Enrichissement ? De cette foi dans la connaissance, de cette volonté de comprendre la nature pour l’harnacher aux besoins humains ? La marche du progrès n’est pas éternellement acquise. Elle peut s’éroder, se diluer, disparaître. La peur des OGM, des vaccins, de l’intelligence artificielle ou du nucléaire en témoigne : autant d’inquiétudes souvent démesurées face à des technologies qui améliorent la vie et préservent l’environnement. Comme au XVIIIᵉ siècle, nous devons célébrer la connaissance plutôt que la craindre, encourager l’innovation plutôt que la freiner, voir dans la science un instrument d’émancipation plutôt qu’une menace.

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Le sabotage de la politique familiale française

C’était une réussite française. Longtemps, notre pays a eu une natalité dynamique, en partie grâce à l’universalité des allocations familiales, aujourd’hui sacrifiée sur l’autel de l’égalitarisme et des économies budgétaires. Une politique à très courte vue, tant la démographie conditionne la viabilité de nos dépenses sociales et notre capacité d’innovation.

Le monde traverse une mutation démographique sans précédent. Près des deux tiers de la population mondiale vivent désormais dans des zones où la fécondité se situe sous le seuil de renouvellement des générations. Ce phénomène, qui s’est accéléré au cours des deux dernières décennies, touche maintenant l’ensemble de la planète avec une ampleur et une rapidité qui dépassent toutes les prévisions.

La Chine illustre de manière spectaculaire cet hiver démographique. Le pays a enregistré une baisse de 40,1 % des naissances entre 2010 et 2024. Le vieillissement accéléré de sa population devrait la voir diminuer de 200 millions d’habitants entre 2024 et 2054.

Le Vieux Continent, lui, n’a jamais aussi bien porté son nom. L’Union européenne a poursuivi en 2024 sa chute démographique avec environ 3,56 millions de naissances enregistrées, pire que l’année précédente. Cette érosion continue place désormais l’Europe dans une situation inédite. Pour la première fois de son histoire, l’UE a enregistré moins de naissances que les États-Unis, malgré ses 120 millions d’habitants supplémentaires. Certaines de ses régions, comme le nord-ouest de l’Espagne ou la Sardaigne, sont déjà passées sous le seuil d’une fécondité inférieure à un enfant par femme.

Traditionnellement considérée comme le meilleur élève européen en matière de natalité, la France voit aussi son statut vaciller. En 2024, 663 000 bébés sont nés en France, soit 21,5 % de moins qu’en 2010, année du dernier pic des naissances. En 2024, l’indicateur conjoncturel de fécondité s’est établi à 1,62 enfant par femme, bien en dessous des 2,1 enfants par femme nécessaires pour le renouvellement des générations.

Les conséquences de cet hiver démographique seront immenses. Les systèmes sociaux seront bouleversés par une chute du nombre d’actifs et une explosion de la proportion de seniors. Comment les systèmes de retraite par répartition, construits lors de périodes de forte natalité, pourront-ils survivre avec un ratio d’un cotisant pour un retraité ? La croissance économique sera également très ralentie par les pénuries de travailleurs et la chute du nombre de jeunes, moteurs des innovations disruptives qui enrichissent tout le monde.

La CNAF s’attaque discrètement à la politique familiale française

Le 1er septembre 2025, des dizaines de milliers de familles françaises ont découvert une mauvaise surprise sur leur facture de crèche. Le tarif horaire maximum est brutalement passé de 4,33 euros à 5,26 euros — une hausse de 21 % d’un seul coup, alors qu’il n’était que de 3,71 euros en 2023. Un bond de 42 % en deux ans !

Prenons un exemple concret. Une famille parisienne gagnant 8 500 euros ou plus par mois avec un enfant gardé 40 heures par semaine pendant 48 semaines par an payait environ 7 100 euros annuels en 2023. Aujourd’hui, elle débourse 10 100 euros — soit 3 000 euros de plus par an. Depuis 2018, l’augmentation atteint… 74 %, alors que l’inflation n’était que de 18 % — une hausse quatre fois supérieure à l’inflation.

Pour un couple biactif gagnant 7 500 euros par mois (3 750 euros chacun, soit des revenus confortables mais loin d’être fortunés — on parle de cadres confirmés, d’enseignants agrégés, d’infirmières en catégorie A), la facture a augmenté de 1 767 euros par an entre 2023 et 2025 (+25 %). En remontant à 2018, leur facture annuelle était de 5 794 euros : en sept ans, elle a explosé de 3 105 euros, soit une hausse de 54 %.

Comment ces prix fonctionnent-ils ? Le tarif de crèche se calcule en multipliant vos revenus mensuels par un taux d’effort qui dépend du nombre d’enfants. Mais il existe un « plafond de ressources » : même si vous gagnez davantage, le calcul s’effectue sur la base de ce plafond. Or, celui-ci a explosé : en 2018, il était de 4 874,62 euros par mois. Il est passé à 6 000 euros en 2022 (+23 %), puis à 7 000 euros en septembre 2024 (+17 % supplémentaires), et enfin à 8 500 euros en septembre 2025 (+21 % de plus).

Ce sont précisément ces familles de classe moyenne et moyenne supérieure qui hésitent entre un 2e ou un 3e enfant pour cause de contraintes financières. En plein hiver démographique, c’est à elles qu’on envoie un mauvais signal : renoncez à vos projets d’enfants car vous serez de moins en moins aidés. Et pourtant, ces bambins restés à l’état d’idées auraient été parmi les contribuables de demain. Voilà notamment comment la France dévore son avenir.

Et, bien entendu, ces hausses massives de tarifs ont été décidées par le conseil d’administration de la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF), sans débat parlementaire, sans vote à l’Assemblée nationale, ni campagne électorale où ces mesures auraient pu être débattues.

Le communiqué officiel est d’une sobriété bureaucratique glaçante : « Par décision du conseil d’administration de la Cnaf, pour ce qui est du budget 2025 du Fonds national d’action sociale (Fnas), le plafond de ressources mensuelles sera relevé à 8 500 euros à compter du 1er septembre 2025. » Point final. Aucune consultation des familles concernées, aucune étude d’impact publiée, aucun débat démocratique.

Il y a là un problème démocratique majeur. Comment un organe composé de partenaires sociaux non élus peut-il prendre des décisions aussi structurantes pour l’avenir démographique du pays, alors que le plus petit choix ministériel engageant les finances publiques doit passer par la voie législative ? Quel mécanisme de légitimité politique leur donne un tel pouvoir opaque sur le portefeuille de centaines de milliers de familles ?

Les pièges cachés de la réforme du CMG

Comme si l’augmentation des tarifs de crèche ne suffisait pas, le 1er septembre 2025 a également vu entrer en vigueur une réforme majeure du Complément de libre choix du mode de garde (CMG). Cette aide de la CAF concerne les familles qui font garder leurs enfants par une assistante maternelle ou une garde à domicile – soit des centaines de milliers de foyers privés de places en crèche.

Jusqu’en août 2025, le CMG fonctionnait avec des montants fixes selon les tranches de revenus, avec un minimum garanti de 203,62 euros par mois jusqu’aux trois ans de l’enfant. Depuis septembre, le montant de l’aide diminue progressivement avec les revenus, et peut même tomber à zéro pour les familles aisées.

Au-delà de la baisse des montants, la réforme recèle plusieurs pièges. D’abord, les plafonds horaires : pour bénéficier du CMG, la garde ne doit pas coûter plus de 8 euros de l’heure pour une assistante maternelle, 15 euros pour une garde à domicile. Dans les grandes métropoles où une assistante maternelle qualifiée facture a minima 10 euros de l’heure, tout le surplus reste à la charge des familles — y compris les cotisations sociales.

Ensuite, la suppression du minimum garanti. Avant, 203,62 euros étaient assurés jusqu’aux trois ans de l’enfant. Désormais, de nombreuses familles se retrouvent brutalement sans aucune aide. Enfin, plus grave, la disparition des majorations pour parents isolés ou en situation de handicap, qui protégeaient les situations fragiles parmi les revenus moyens.

Au final, 43 % des familles sont perdantes, avec une aide réduite de 32 euros par mois en moyenne selon un rapport du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge rapporté par l’UNAF. Pour certaines, c’est bien pire : un couple gagnant 6 000 euros par mois avec 90 heures de garde mensuelle voit son CMG chuter de 204 euros à 158 euros — soit 552 euros par an.

10 ans de sabotage du pro-natalisme universel français

Ces mesures de septembre 2025 s’inscrivent au cœur d’une décennie consacrée à méthodiquement détricoter la politique familiale française. Petit tour d’horizon de ce sabotage en bande désorganisée…

2013-2014 : Abaissement du plafond du quotient familial (l’avantage fiscal par enfant à charge) de 2 334 euros à 1 500 euros par demi-part, touchant plus d’un million de foyers avec 546 euros d’impôts supplémentaires en moyenne. Gel de la prime à la naissance et de l’allocation de base de la PAJE (l’aide mensuelle versée dès la naissance). Modulation de cette allocation de base selon les revenus : pour les familles dépassant un certain seuil, le montant est divisé par deux.

2015 : Rupture historique. Après 70 ans d’universalité, les allocations familiales sont modulées selon les revenus : divisées par deux pour les parents gagnant plus de 6 000 euros par mois, par quatre au-delà de 8 000 euros. Parallèlement, la durée du congé parental indemnisé est réduite d’un an pour les couples ayant deux enfants ou plus.

2024-2025 : Les hausses de tarifs de crèche et la réforme du CMG achèvent de pénaliser les familles des classes moyennes et moyennes-supérieures.

Le bilan est glaçant : en dix ans, les familles biactives avec des revenus moyens supérieurs ont subi une baisse de leurs allocations, une hausse de leurs impôts, une réduction de leur congé parental, et maintenant une explosion des coûts de garde.

Ce que nous vivons est rien de moins qu’une rupture idéologique majeure. Le programme du Conseil national de la Résistance avait posé en 1945 un principe fondateur : l’universalité des prestations familiales, servies sans condition de ressources selon un principe de solidarité horizontale. Les allocations n’avaient pas vocation à être redistribuées des riches vers les pauvres (rôle de l’impôt), mais à soutenir toutes les familles avec enfants, quelle que soit leur situation. Un principe très largement réaffirmé au début d’une Ve République inspirée par la politique nataliste menée par le premier ministre du général de Gaulle, Michel Debré. La réforme de 2015 a brisé ce principe après 70 ans de consensus national, instaurant un mécanisme qui revient à demander aux classes moyennes et supérieures de financer par l’impôt et les cotisations des prestations dont elles ne bénéficient quasiment plus. La solidarité horizontale — des personnes sans enfants vers les familles qui construisent l’avenir — est transformée en solidarité verticale supplémentaire, dans un pays où les inégalités sont déjà grandement aplaties via un ensemble de politiques à effets redistributifs.

L’efficacité prouvée des politiques pro-natalistes françaises

La France saborde un modèle nataliste qui a brillamment fonctionné. En février 2025, Lyman Stone, démographe à l’Institute for Family Studies, a publié une étude démontrant l’efficacité des politiques pro-natalistes historiques françaises. Son analyse porte sur 80 ans de données et compare la France à ses voisins européens aux trajectoires démographiques similaires.

L’étude conclut que les politiques natalistes françaises (flexibilité des modes de garde, avantages fiscaux massifs via le quotient familial, allocations familiales généreuses, congés parentaux) ont augmenté la fécondité française de 0,1 à 0,2 enfant par femme de manière durable depuis l’après-guerre. Cela serait-il dérisoire ? Ce serait oublier l’essentiel : les effets se cumulent à travers les générations.

Moins de naissances chaque année signifie des cohortes plus petites, donc moins de femmes en âge de procréer à la génération suivante, et ainsi de suite. Avec la politique actuelle, la France compterait aujourd’hui entre 56 et 61 millions d’habitants au lieu de 66 millions. Comme le conclut l’étude : « Des effets marginaux et modestes peuvent se révéler massifs à travers les générations, à condition que les politiques soient maintenues sur le long terme. »

Un grand nombre de Français sont aujourd’hui en vie grâce aux politiques pro-natalistes du passé. Et nous sommes en train de détruire ce précieux héritage méthodiquement, année après année, réforme après réforme, alors même que la fécondité française s’effondre à des niveaux historiquement bas.
Face à l’urgence démographique, voici trois réformes indispensables bien que loin d’être exhaustives :

  1. Rétablir l’universalité de la politique nataliste : toutes les prestations familiales doivent redevenir universelles, sans condition de ressources. Des allocations familiales généreuses doivent être versées dès le premier enfant, comme le proposait récemment l’Assemblée nationale.
  2. Porter le quotient familial à 3 000 € : depuis 2013, les familles qui élèvent les générations futures paient entre 500 et 2 500 € d’impôts supplémentaires par an selon le nombre d’enfants. Cette punition fiscale est un non-sens absolu. Face à la crise démographique historique que traverse la France, portons le plafond à 3 000 € par demi-part fiscale, au-delà du montant de 2012. Ce serait un signal clair que la France valorise enfin les familles qui élèvent les futurs actifs sur qui repose le système économique et social français.
  3. Réformer la gouvernance de la CNAF : les décisions structurantes sur la politique familiale doivent revenir au Parlement. Il est inacceptable qu’un conseil d’administration non élu décide de l’avenir démographique du pays.

Le « réarmement démographique » cher à Emmanuel Macron doit être accompagné de décisions claires et ambitieuses. Il exige un retour aux fondamentaux de 1945 : soutenir toutes les familles, sans distinction, parce que les enfants d’aujourd’hui sont l’économie, les retraites et la société de demain. La facture du renoncement se chiffrera en millions de Français qui ne naîtront jamais, et en milliards d’euros…

Cet article est le premier volet d’une série sur la démographie.

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L’effet Laffer : taxer plus pour gagner moins

En Norvège, la taxe façon Zucman vire au fiasco. Au Royaume-Uni, la chasse aux riches déclenche un exode massif. Pourtant, la classe politique française s’obstine à croire qu’augmenter l’impôt sauvera les finances publiques. Dans un pays déjà asphyxié par les prélèvements, taxer plus, c’est récolter moins — et hypothéquer l’avenir.

1974, dans un restaurant de Washington. L’économiste Arthur Laffer griffonne une courbe sur une serviette en papier pour convaincre deux conseillers du président Gerald Ford d’une idée simple : taxer à 0 % rapporte 0, taxer à 100 % rapporte 0. Entre les deux existe une nuance efficace pour l’État. Franchissez-la, et chaque micron d’impôt supplémentaire détruit plus de richesse qu’il n’en collecte.

Cinquante et un ans après ce repas, cette idée n’a jamais été aussi centrale, tandis qu’en France, de la taxe Zucman à celle sur le patrimoine financier, l’offensive politico-médiatique pousse à instaurer des prélèvements toujours plus lourds sur les plus fortunés qui n’ont pas encore quitté le pays.

Des expériences récentes doivent pourtant nous alerter. Elles se sont toutes avérées désastreuses.

La faillite du “Zucman norvégien”

En 2022, la Norvège a décidé de taxer davantage les patrimoines les plus élevés en durcissant son impôt sur la fortune (formuesskatt) et en alourdissant la taxation des dividendes. Le taux marginal de l’impôt sur la fortune est ainsi passé à 1,1 % pour les patrimoines dépassant 20 millions de couronnes (environ 1,7 million d’euros), avec une particularité redoutable : cet impôt s’applique sur la valeur de marché des actifs, imposant ainsi les plus-values latentes — c’est-à-dire avant même leur réalisation.

Pire encore, voilà un piège fiscal redoutable : l’État norvégien taxe désormais 75 % de la valeur des entreprises (contre 55 % avant), même si cette valeur n’existe que sur le papier. Et pour payer cet impôt sur des gains non réalisés, les propriétaires doivent verser des dividendes… eux-mêmes taxés à 37,84 %. Un cercle vicieux où l’impôt s’auto-alimente. Le gouvernement de centre gauche tablait sur un gain annuel de 1,5 milliard de couronnes norvégiennes (environ 128 millions d’euros).

En réaction, plus de 30 milliardaires et multimillionnaires ont quitté le pays en 2022 — plus que durant les treize années précédentes réunies. La Suisse, avec son impôt sur la fortune plafonné à 0,3 % dans certains cantons et l’absence d’imposition des plus-values mobilières privées, est devenue la terre promise de cet exode fiscal. Un cas illustre l’ampleur des dégâts : le départ de l’industriel Kjell Inge Røkke représenterait à lui seul une perte annuelle de 175 millions de couronnes pour le fisc norvégien (environ 15 millions d’euros).

Au total, entre septembre 2022 et avril 2023, 315 foyers norvégiens fortunés, dont 80 classés comme « très riches », se sont installés en Suisse, emportant avec eux leur contribution globale aux finances publiques : impôt sur le revenu, cotisations sociales, TVA sur leur consommation, etc.

Une analyse du média Citizen X a estimé la perte nette de revenus fiscaux à environ 381 millions d’euros, soit trois fois le gain initialement projeté pour les hausses d’impôt. La prévision gouvernementale reposait sur une analyse statique, supposant que la base imposable resterait inchangée.

Au-delà des recettes fiscales perdues, c’est toute l’économie productive qui souffre. En imposant chaque année la valeur latente des actions d’entreprise, le système contraint les entrepreneurs à puiser dans les réserves ou la trésorerie de leur société pour régler l’impôt, au détriment de l’investissement ou de l’emploi. Cette décapitalisation récurrente ampute leur capacité à investir, innover ou embaucher — en plus d’être vexante.

Une étude du National Bureau of Economic Research (NBER), menée sur des données scandinaves, en quantifie l’impact : dans les années suivant le départ d’un propriétaire pour raisons fiscales, l’emploi dans son entreprise chute de 33 %, la valeur ajoutée de 34 % et les investissements de 22 %.

Bien loin de nuire aux seuls riches qu’ils visent, les nouveaux impôts norvégiens touchent l’ensemble de la population par un affaiblissement des ressources de l’État et une dégradation de l’économie.

« Wexit » britannique : quand la chasse aux riches tourne au fiasco

En avril 2025, le Royaume-Uni a mis fin à l’un des plus anciens privilèges fiscaux au monde : le statut « non-dom ». Vieux de 225 ans, ce régime permettait aux résidents britanniques dont le domicile permanent était à l’étranger de ne payer l’impôt que sur leurs revenus au Royaume-Uni, laissant leur fortune offshore intouchée. Environ 69 000 personnes en bénéficiaient, versant 12,4 milliards de livres au fisc de Sa Gracieuse Majesté en 2022.

Le nouveau système, baptisé Foreign Income and Gains (FIG), n’offre plus qu’une exemption de quatre ans aux nouveaux arrivants, contre un régime quasi permanent auparavant. Surtout, il introduit une « queue fiscale » redoutable : quiconque a vécu dix ans au Royaume-Uni voit ses actifs mondiaux soumis aux droits de succession britanniques (40 %) pendant trois à dix ans après son départ. Le gouvernement travailliste projetait 33,8 milliards de livres de recettes sur cinq ans.

L’hémorragie a commencé avant même l’entrée en vigueur de la loi. Dès l’annonce de la réforme en mars 2024, la fuite massive a démarré : 10 800 millionnaires ont quitté le pays dans l’année, soit une hausse de 157 % par rapport à 2023. Pour 2025, où le texte sera effectivement appliqué, les projections anticipent 16 500 départs supplémentaires, ce qui ferait du Royaume-Uni le champion mondial de l’exode des fortunes.

Le pari budgétaire pourrait même virer au cauchemar. Des analyses indépendantes du Centre for Economics and Business Research (CEBR) ont identifié un seuil critique : si plus de 25 % des non-doms partent, le gain fiscal se transformera en perte nette. À 33 %, le trou atteindrait 700 millions de livres la première année et 3,5 milliards sur la législature. Or, 60 % des conseillers fiscaux prévoient que plus de 40 % de leurs clients non-doms partiront dans les deux ans — bien au-delà du seuil fatal.

L’impact économique observé dès 2024 dépasse largement les seules recettes fiscales. Le marché immobilier de luxe londonien s’est effondré : aucune transaction supérieure à 100 millions de livres en 2024 ; 70 % des vendeurs de propriétés haut de gamme sont des non-doms en partance vers Miami, Dubaï ou Monaco. Le secteur du commerce de détail a perdu 169 000 emplois en 2024, le pire résultat depuis la pandémie. Les services financiers ont vu leurs offres d’emploi chuter de 28 %.

Ce fiasco britannique rappelle le cas norvégien : la taxation des plus riches finit souvent par appauvrir bien au-delà de sa cible initiale et aggrave les déficits de l’État.

La taxe yachts française : entre 200 et 500 euros perdus pour chaque euro taxé

En 2018, la France a instauré une surtaxe sur les grands yachts de plus de 30 mètres, censée rapporter 10 millions d’euros par an. L’objectif affiché ? Compenser symboliquement la suppression de l’ISF et faire contribuer les « signes extérieurs de richesse » jugés « improductifs ».

En sept ans, le total des recettes atteint péniblement 682 000 euros, soit moins de 1 % des 70 millions espérés. En 2025, seuls cinq navires sont taxés, contre une cinquantaine attendue. Les coûts de gestion de la taxe excèdent vraisemblablement déjà les maigres recettes perçues.

Mais le véritable gouffre se situe ailleurs. On peut estimer les pertes fiscales indirectes dues à la fuite des yachts (TVA sur l’avitaillement, charges sociales des équipages, taxes sur le carburant, impôts sur les sociétés de services) à un montant annuel compris entre 20 et 50 millions d’euros, sur la base des baisses d’activité constatées dans les principaux ports azuréens. Ainsi, pour chaque euro collecté par la taxe, l’État en perd entre 200 et 500 en recettes indirectes chaque année. Bien joué.

Outre les recettes fiscales, le désastre est également économique. Face à cette taxation de 30 000 à 200 000 euros annuels, les propriétaires ont massivement changé de pavillon vers la Belgique, les Pays-Bas ou le Panama.

Le résultat est terrible pour la Côte d’Azur. Le Port Vauban d’Antibes, le plus grand d’Europe dédié au yachting, a vu son activité chuter de 33 % et ses ventes de carburant de 50 %. Le « Quai des Milliardaires » s’est vidé par anticipation dès l’été 2017. À Saint-Tropez et Toulon, les pertes de chiffre d’affaires en escale ont atteint 30 à 40 %.

L’onde de choc a fini par toucher tout l’écosystème productif : commerces de luxe, avitailleurs, équipages, etc. Le secteur du yachting génère 1 à 2,1 milliards d’euros de retombées annuelles en région PACA et soutient 10 000 emplois directs.

La France possède le deuxième espace maritime mondial, est leader sur les voiliers, et 36 % de la flotte mondiale de yachts fréquente la Méditerranée. Pourtant, en 2025, le Port Vauban n’accueille aucun yacht sous pavillon français, et la surtaxe sur les yachts n’a ni disparu, ni même fait l’objet d’une évaluation rigoureuse par le législateur.

Quand l’État français cloue les avions au sol

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Des taxes qui coûtent cher à l’État et à toute la société

L’histoire fiscale moderne regorge d’exemples frappants de taxes conçues pour punir les riches, mais qui finissent par nuire aux finances publiques et à l’ensemble de l’économie.

En France, la « mise au barème » des revenus du capital par François Hollande en 2013 était censée rapporter 400 millions d’euros. D’après une note de l’Institut des politiques publiques, elle a entraîné une perte fiscale de 500 millions d’euros, en provoquant un effondrement des dividendes de 14 milliards d’euros.

Aux États-Unis, la proposition de taxe Warren de 2019 — 2 % au-dessus de 50 millions de dollars, 6 % au-dessus d’un milliard — a été évaluée par l’Université de Pennsylvanie. Verdict : même en utilisant les recettes pour exclusivement réduire le déficit, l’effet sur 30 ans était estimé à –0,9 % de PIB et –0,8 % de salaires.

L’économiste Gabriel Zucman lui-même a publié une étude sur l’impôt sur la fortune danois des années 1980. Elle montre que pour chaque couronne prélevée, les contribuables réduisaient leur patrimoine de cinq couronnes supplémentaires en modifiant leurs comportements d’épargne et d’investissement. Il s’agissait donc d’un outil redoutablement efficace pour détruire la richesse, pas pour combler les déficits de l’État. Le Danemark l’a d’ailleurs abrogé en 1997.

Quid de la « taxe Zucman » elle-même ? L’économiste Antoine Levy a décortiqué la note du Conseil d’analyse économique (CAE) — que Zucman cite lui-même comme référence — et révèle que cette taxe, loin de rapporter 20 milliards comme annoncé, impliquerait une perte nette pour l’État. La note du CAE montre que l’exil fiscal ne représente que 27 % des recettes perdues ; la réponse comportementale totale (réduction des dividendes, ventes d’actifs, restructurations patrimoniales, etc.) ferait grimper les pertes fiscales à près de 30 milliards d’euros.

Les prévisions optimistes des législateurs reposent sur une erreur fatale : croire que les contribuables resteront immobiles face aux prédations fiscales. Dans les faits, ils fuient, réduisent leur production ou leurs investissements, ou encore déploient des stratégies d’évitement. Les politiques fiscales ont un pouvoir immense sur ce que chacun fait de sa vie. Avec des taxes excessives, l’État perd plus d’argent qu’il n’en gagne, tout en appauvrissant tout le monde au passage.

Quand baisser les impôts remplit les caisses de l’État

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Le 23 septembre dernier, l’économiste Thomas Piketty a livré une réponse glaçante aux critiques de la « taxe Zucman ». Face aux objections sur le risque d’exil fiscal, il rétorque sans trembler : « Vos actifs sont gelés, vous pouvez être arrêtés à l’aéroport. »

Au-delà de son inefficacité évidente — les contribuables trouveront mille autres façons d’adapter leurs comportements —, cette proposition est extrêmement dangereuse. Quel type de régime interdit à ses ressortissants de quitter le territoire national ? On ne le sait que trop bien. Que reste-t-il de la liberté inscrite dans notre devise quand des agents de l’État contrôlent les départs sur des critères patrimoniaux ? Rien. Les velléités autoritaires d’économistes tels que M. Piketty doivent être dénoncées sans ambiguïté, car l’histoire a déjà montré jusqu’à quelles atrocités mènent de telles illusions.

À moins que la destruction de l’assiette fiscale soit voulue ? Gabriel Zucman lui-même l’assume avec une franchise déconcertante dans son ouvrage Le Triomphe de l’injustice : « Dans ce chapitre, nous allons expliquer pourquoi des gouvernements démocratiques peuvent raisonnablement choisir d’appliquer aux riches des taux supérieurs à ceux qui maximisent les recettes fiscales — c’est-à-dire pourquoi détruire une partie de l’assiette fiscale peut être dans l’intérêt de la collectivité. » (nous soulignons)

Est-il vraiment dans l’intérêt de la collectivité d’aggraver les déficits qui nourrissent la dette léguée aux jeunes, de réduire les financements de l’école, de la santé et de la transition énergétique ? A-t-on bien réfléchi à l’intérêt de la société quand on promeut des mesures qui violent le droit de propriété inscrit dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, tout en appauvrissant le pays ?

Les expériences récentes convergent toutes vers une même conclusion : La satisfaction tirée de la volonté de « faire mal aux riches » ne saurait justifier de nuire gravement à l’avenir du pays.

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Nucléariser le monde !

En finir avec la grande pauvreté ? Réduire d’un tiers nos émissions de CO2 ? Le tout pour seulement 0,5 % de notre PIB ? C’est possible, en nucléarisant la planète. Plongée dans le « Projet Messmer 2.0 ».

Voici une vérité qui dérange : la pauvreté n’est pas un problème parmi d’autres. C’est le problème fondamental de l’humanité, celui qui condamne des milliards d’êtres humains à une existence précaire, marquée par la maladie, l’ignorance et la mort prématurée. Et au cœur de cette pauvreté se trouve un dénominateur commun, simple et implacable : l’absence d’accès à une énergie abordable et fiable.

Près de 3,7 milliards de personnes — environ 47% de la population mondiale — vivent dans ce qu’on peut appeler le « monde débranché », où la consommation électrique annuelle par habitant est inférieure à 1 200 kWh. Un précédent papier mettait déjà en valeur cette comparaison frappante : c’est à peine plus que la consommation annuelle d’un réfrigérateur américain standard. Pendant qu’un Français moyen consomme 7 000 kWh par an et un Américain plus de 12 000, des pays comme le Pakistan, l’Indonésie et l’Inde — qui abritent ensemble 1,9 milliard de personnes — restent dramatiquement sous-électrifiés.

Cette pauvreté énergétique n’est pas qu’une statistique abstraite. Elle se traduit par des drames humains quotidiens d’une effrayante ampleur. Selon l’Institute for Health Metrics and Evaluation, plus de 3 millions de personnes meurent prématurément chaque année à cause de la pollution de l’air intérieur liée à l’utilisation de combustibles solides pour cuisiner. Plus de 50% des décès d’enfants de moins de 5 ans sont dus à des pneumonies causées par l’inhalation de particules fines provenant de la pollution domestique.

Environ 40% de la population mondiale dépend encore principalement de la combustion de biomasse — bois, bouses séchées, résidus agricoles — pour leurs besoins énergétiques. Cette réalité condamne des milliards de personnes, principalement des femmes et des enfants, à passer des heures chaque jour à chercher du combustible, à le transporter sur des kilomètres, puis à respirer sa fumée toxique. Ces heures perdues sont autant d’heures volées à l’éducation, au travail productif, au développement personnel. C’est un révoltant gâchis humain.

Le double impératif : climat ET prospérité

La corrélation entre consommation énergétique et développement humain n’est pas une simple coïncidence statistique — c’est une loi de fer du progrès humain. Une règle empirique approximative pour les économies en développement est que chaque kWh par habitant consommé vaut environ 5 dollars de PIB par personne. Ce lien s’observe dans tous les indicateurs de bien-être : espérance de vie, mortalité infantile, éducation, accès à l’eau potable.

Voici la réalité brutale que certains refusent d’admettre. Nous ne résoudrons pas le réchauffement climatique en condamnant des milliards d’êtres humains à rester dans la pauvreté. Ce serait moralement intolérable et, de toute façon, politiquement impossible. La transition énergétique à l’échelle mondiale doit s’accompagner d’une élévation généralisée du niveau de vie, donc d’une augmentation massive de la production d’énergie mondiale. Le nécessaire et urgent combat pour limiter le réchauffement climatique ne doit pas nous faire oublier que le pire ennemi de l’humanité est la pauvreté elle-même.

En 2023, la production mondiale d’électricité a atteint un niveau record de 29 471 TWh. Malgré les progrès significatifs, le mix électrique reste dominé par les combustibles fossiles carbonés qui représentent encore 61% du total Le charbon constitue la plus grande source unique avec 35% (10 434 TWh), suivi du gaz naturel à 23% (6 634 TWh). Les sources d’énergie propre ne représentent que 39% du total : l’hydroélectricité fournit 14% (4 210 TWh), le nucléaire 9,1% (2 686 TWh), et l’éolien et le solaire combinés 13,4% (3 935 TWh). 

Face au défi climatique, tous les investissements ne se valent pas. Il est indispensable d’agir de manière rationnelle et d’investir dans des programmes ayant le coût par tonne de CO₂ évitée le plus faible possible. C’est précisément l’ambition de cette analyse.

Répondre à la demande et éradiquer la pauvreté énergétique d’ici 2050

Pour 2050, l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) projette dans son scénario des Engagements Annoncés (APS) que la demande électrique mondiale augmentera de 120% par rapport à 2023, atteignant environ 65 000 TWh. Cette croissance est portée par l’électrification des transports, du chauffage, et par de nouvelles industries comme les centres de données et l’IA.

Pour éradiquer la pauvreté énergétique dans le monde, il est nécessaire de s’assurer qu’aucun pays ne reste sous le seuil de 1 500 kWh par personne et par an. Y conduire en 2050 les 666 millions de personnes encore sous ce seuil nécessiterait environ 2 000 TWh supplémentaires de production électrique annuelle.

La demande totale projetée pour un monde prospère et équitable en 2050 est donc de 67 000 TWh (65 000 + 2 000). Appliquons maintenant le modèle français de mix électrique bas-carbone avec une cible de 70% de nucléaire. Il faudrait alors produire 46 900 TWh d’électricité nucléaire par an — plus de 17 fois la production nucléaire mondiale actuelle (2 686 TWh).

Avec un facteur de capacité de 90%, tel qu’on l’observe aujourd’hui dans les meilleurs parcs nucléaires comme celui des États-Unis, cela se traduit par un besoin d’environ 5 950 GW de capacité nucléaire installée. En termes concrets ? Ce serait l’équivalent d’environ 5 000 nouveaux grands réacteurs nucléaires d’ici 2050.

Quel serait le coût de cet immense programme nucléaire à l’échelle mondiale ? En tirant les leçons des meilleurs exemples du passé que sont la Corée du Sud et le plan Messmer français (1974-1986), le nucléaire peut atteindre un coût de 2 000 $/kW. Pour construire les 5 950 GW de capacité nucléaire nécessaires d’ici 2050 la facture s’élèverait alors à 11 900 milliards de dollars.Ce chiffre peut sembler vertigineux, mettons-le donc en perspective. Répartis sur 2 décennies (2030–2050), les 11 900 milliards de dollars représentent en moyenne environ 600 milliards par an, soit moins de 0,5 % du PIB annuel mondial attendu sur cette période, alors même que celui-ci devrait plus que doubler pour dépasser 200 000 milliards de dollars en 2050. C’est un effort du même ordre de grandeur que les flux d’investissements déjà engagés dans les énergies renouvelables chaque année. Loin d’être un fardeau insoutenable, un tel programme constituerait un investissement clé pour garantir une électricité à la fois abondante et propre, ainsi que la fin de la pauvreté énergétique dans le monde.

Le nucléaire est-il trop long à construire ou trop cher ?

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Chute des émissions de CO₂  mondiales à coût record

L’impact climatique d’un tel projet Messmer 2.0 serait titanesque. Nos calculs révèlent que ce programme électronucléaire massif éviterait :

  • 20,4 gigatonnes (Gt) de CO₂ par an comparé à un scénario 2050 maintenant le mix électrique actuel avec 60% de sources fossiles — soit l’équivalent de 35,7% des émissions mondiales totales actuelles de gaz à effet de serre
  • 12,8 Gt de CO₂ par an comparé à un investissement équivalent de 11 900 milliards de dollars dans les énergies renouvelables — et ce malgré les baisses spectaculaires des coûts de ces technologies sur les 3 dernières décennies

Il est possible que ces chiffres soient sous-estimés. La projection de 67 000 TWh pour 2050 intègre en effet l’électrification massive des transports et le déploiement généralisé de pompes à chaleur réversibles pour la régulation thermique des bâtiments. L’impact réel sur les émissions de CO₂ totales serait donc encore supérieur de ce point de vue là.

Sur la base d’une durée de vie opérationnelle conservatrice de 60 ans (certaines centrales nucléaires américaines ayant déjà obtenu l’autorisation d’opérer 80 ans), le coût d’abattement atteint :

  • 9,7 $/tonne de CO₂ évitée comparé au scénario fossile (60%)
  • 15,5 $/tonne de CO₂ évitée comparé au scénario renouvelable équivalent

Même en doublant ou triplant ces estimations pour tenir compte d’éventuels biais optimistes, le programme nucléaire demeurerait exceptionnellement efficace.

Des milliers de centrales nucléaires flottantes pour un avenir radieux

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Mettons ces chiffres en perspective : les sources universitaires et industrielles estiment que le coût effectif de l’Energiewende allemande a atteint 90-100 €/tCO₂ pour l’éolien et plus de 500 €/tCO₂ pour le PV solaire. Les programmes allemands de rénovation de bâtiments aux normes d’efficacité les plus élevées peuvent atteindre un coût d’abattement de plus de 900 €/tCO₂.

Cette révolution nucléaire n’exclut pas des investissements dans d’autres énergies prometteuses. Pour compléter les 70% de nucléaire dans notre vision 2050, misons sur les énergies propres avec les meilleurs coûts d’abattement. Privilégions en particulier le solaire photovoltaïque dont les prix sont en chute libre, ou encore la géothermie dont les progrès pourraient nous permettre de tirer de l’énergie en grande quantité toujours plus loin sous terre. L’objectif ? Fermer autant que possible le robinet des énergies fossiles.

En fin de compte, face à nous se dresse un triple défi d’une urgence absolue pour les décennies à venir : limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, alimenter la croissance des économies modernes qui consomment toujours plus d’électricité, et arracher enfin des milliards d’êtres humains au piège mortel de la pauvreté énergétique. Ces 3 impératifs ne sont pas négociables — ils doivent être réalisés simultanément. Un monde qui combat le climat en condamnant les pauvres à leur misère échouera sur les 2 fronts. Un monde qui priorise la croissance économique sans décarboner massivement condamne ses propres fondations.

L’expansion nucléaire massive que nous proposons est la stratégie qui semble la plus efficace pour relever ce triple défi. Elle seule peut décarboner à la vitesse et l’échelle requises tout en fournissant l’énergie abondante et fiable qu’exigent à la fois les économies avancées et les milliards d’humains qui aspirent légitimement à un niveau de vie décent. Ce qui fait défaut, c’est la volonté de traiter cette crise avec l’urgence et l’ambition qu’elle mérite, et en s’inspirant des succès du passé. Chaque jour d’inaction est un jour de plus où des millions meurent dans la fumée intérieure ou la pollution extérieure, où le climat se réchauffe, où des économies entières stagnent faute d’énergie abondante.

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Plus jamais perdus ?

“Pas de réseau” – cette angoisse de la zone blanche va-t-elle bientôt disparaître ?
Car la panne ou l’urgence surgit toujours quand les barres de connexion s’éteignent. La liaison directe entre nos smartphones et les constellations de satellites, dont Starlink est le précurseur, est sur le point d’y mettre fin.

C’est une acquisition qui annonce des bouleversements majeurs. Avec le rachat du portefeuille spectral d’EchoStar pour 17 milliards de dollars, SpaceX acquiert une large bande de fréquences aux États-Unis (50 MHz de spectre S-band) ainsi que des autorisations d’exploitation pour fournir des services mobiles par satellite dans le monde entier (licences globales MSS). Une étape décisive vers l’objectif d’une élimination complète des zones blanches dans le monde, c’est-à-dire des zones sans aucun réseau téléphonique mobile.

Une connectivité téléphonique 5G sur l’ensemble du territoire américain

Si les licences MSS permettront d’offrir des services téléphoniques basiques (SMS, appels, données limitées) à l’échelle planétaire, c’est le spectre S-band américain qui constitue la base de la véritable prouesse technique à venir.

Une nouvelle génération de satellites, optimisée pour exploiter ce spectre exclusif, promet en effet une multiplication par 100 de la capacité du système de connectivité directe des téléphones portables aux satellites Starlink aux États-Unis. Concrètement, cela signifie une connectivité équivalente à la 5G des réseaux terrestres actuels. Imaginez : de la vidéoconférence fluide depuis les parcs nationaux, ou encore du streaming haute définition en plein désert du Nevada, directement depuis votre smartphone.

L’enjeu crucial de l’adoption par les géants du mobile

Cette révolution nécessitera toutefois une adaptation : les bandes de fréquences S-band acquises (AWS-4 et PCS-H) ne sont actuellement acceptées par aucun téléphone existant. Apple, Samsung et les autres constructeurs devront intégrer ces nouvelles fréquences dans leurs futurs appareils.

Le géant de Cupertino, déjà engagé avec Globalstar pour sa propre solution satellitaire, se trouve maintenant dans une position délicate : continuer son partenariat actuel ou céder aux pressions d’Elon Musk, qui n’hésite pas à brandir la menace d’un « téléphone Starlink » propriétaire.

Les implications de cette technologie dépassent le simple confort. Lors de récentes catastrophes naturelles aux États-Unis, 1,5 million de personnes ont pu communiquer via Starlink Direct to Cell quand les réseaux cellulaires terrestres étaient détruits. En Nouvelle-Zélande, une automobiliste a pu alerter les secours via satellite après un accident, permettant aux secours d’arriver en quelques minutes alors qu’elle se trouvait en zone blanche.

Les risques d’un monopole spatial

Cette nouvelle acquisition révèle la stratégie agressive de SpaceX et Starlink : dominer par des investissements massifs sans préoccupation de rentabilité à court terme. La concurrence du projet Kuiper d’Amazon demeure essentielle pour préserver un écosystème sain. Si la promesse d’une connectivité universelle est enthousiasmante, elle ne doit pas faire oublier l’importance d’un paysage concurrentiel équilibré dans ce secteur télécom stratégique de demain.

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