À l’invitation du Sénat, des responsables du ministère de l’Intérieur, de VIGINUM, de l’ARCOM, de la CNIL et de la Fondation Descartes revenaient le 5 novembre sur l’état de la menace sur le paysage informationnel français en amont des prochaines élections.
« Depuis le milieu des années 2010, aucun rendez-vous électoral ou référendaire majeur n’a été épargné par des tentatives de manipulation des élections impliquant des acteurs étrangers. » C’est par ces mots que la directrice adjointe de VIGINUM Anne-Sophie Dhiver a entamé sa prise de parole, lors de la table ronde sur les manipulations numériques en période électorale organisée ce 5 novembre par la Commission de la culture et la commission des lois du Sénat (replay).
Le secrétaire général du ministère de l’Intérieur Hugues Moutouh a partagé cette évidence : les pressions sur le débat public sont fréquentes, croissantes, et toujours plus importantes lorsqu’approche un rendez-vous démocratique.
C’est notamment pour comprendre le degré de préparation des électeurs en amont des élections municipales de 2026 et de la présidentielle de 2027 que les sénatrices et sénateurs avaient convié ce mercredi des dirigeants de l’ARCOM, de la CNIL et de la Fondation Descartes aux côtés d’Anne-Sophie Dhiver et d’Hugues Moutouh.
Municipales : des sites générés par IA pour désinformer
De la loi de 1986 sur la transparence de la vie politique à la directive européenne sur la transparence et le ciblage de la publicité à caractère politique entrée en application ce 10 octobre 2025, en passant par le règlement européen sur les services numériques (DSA), la « loi influenceurs » ou encore celle sur la lutte contre les manipulations de l’information, le cadre juridique « semble pléthorique », relève en introduction le président de la Commission Culture Laurent Lafon.
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Spécialiste de la Géopolitique du numérique, la chercheuse Ophélie Coelho participait aux rencontres publiques organisées en amont du lancement du projet Campus IA. Next s’est entretenu avec elle.
C’est à Fouju, en Seine-et-Marne, que le mégaprojet de centre de données dédié à l’intelligence artificielle Campus IA doit s’étendre. Proche de Melun, la petite commune de 600 habitants devrait accueillir, sur une parcelle de 70 hectares, ce data center dont la puissance de calcul cumulée doit, selon ses promoteurs, équivaloir à terme à 1,4 GW (la puissance d’un réacteur nucléaire).
Porté par le fonds d’investissement des Émirats arabes unis MGX, la société française Mistral AI, l’américain Nvidia et la Banque publique d’investissement, Campus IA représente un investissement de 50 milliards d’euros.
Ophélie Coelho, par Cha Gonzalez
En amont des travaux, une série de rencontres publiques garanties par la Commission nationale du débat public s’échelonne entre le 15 octobre et le 17 novembre 2025 (voir les replays). À ces échanges, le député de Melun Arnaud Saint-Martin (La France Insoumise) ajoute une réunion publique à Crisenoy le 7 novembre 2025 au soir.
Chercheuse à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), autrice de Géopolitique du numérique, l’impérialisme à pas de géants (L’Atelier, 2023), Ophélie Coelho a fait partie des expertes sollicitées pour apporter leur éclairage à ce vaste projet industriel. Next s’est entretenu avec elle.
Les entreprises américaines suivent « une logique d’empire »
>> Quel regard portez-vous sur la consultation publique organisée autour du Campus AI ?
Je ne suis pas forcément au courant de toutes les procédures, mais j’ai toujours l’impression que ces débats sont organisés après la prise de décision. C’est une manière de relever les inquiétudes, mais la machine est déjà en route.
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Des dirigeants de La France Insoumise, du parti Die Linke en Allemagne, des Verts au Royaume-Uni… des responsables de divers partis de gauche se sont rendus à New York pour rencontrer l’équipe de campagne de Zohran Mamdani.
En jeu : comprendre comment ce représentant de la gauche du Parti démocrate a réussi, à 34 ans, son ascension fulgurante, que ce soit par son discours focalisé sur les questions d’accessibilité financière, ou par son usage des réseaux sociaux.
Le candidat a notamment multiplié les vidéos courtes, souvent tournées dans les rues de New York, pour répéter son message centré sur le coût de la vie.
Auprès de Politico, le député Mothin Ali explique ainsi que les politiciens britanniques tendent à produire des vidéos « ennuyeuses et simples », et que la gauche gagnerait à diffuser ses messages de manière plus « punchy », comme l’a fait Zohran Mamdani.
Des dirigeants de La France Insoumise, du parti Die Linke en Allemagne, des Verts au Royaume-Uni… des responsables de divers partis de gauche se sont rendus à New York pour rencontrer l’équipe de campagne de Zohran Mamdani.
En jeu : comprendre comment ce représentant de la gauche du Parti démocrate a réussi, à 34 ans, son ascension fulgurante, que ce soit par son discours focalisé sur les questions d’accessibilité financière, ou par son usage des réseaux sociaux.
Le candidat a notamment multiplié les vidéos courtes, souvent tournées dans les rues de New York, pour répéter son message centré sur le coût de la vie.
Auprès de Politico, le député Mothin Ali explique ainsi que les politiciens britanniques tendent à produire des vidéos « ennuyeuses et simples », et que la gauche gagnerait à diffuser ses messages de manière plus « punchy », comme l’a fait Zohran Mamdani.
Mise à jour 6 novembre 2025 : Les comptes de la sage-femme Pauline Dens-Arsène ont finalement été rétablis par Meta. Ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé indique avoir contacté les équipes de Meta France, qui ont « reconnu une erreur ».
Article original du 3 novembre : Le 28 octobre, Pauline Dens-Arsène répondait à France 3 pour évoquer l’interruption volontaire de grossesse (IVG) médicamenteuse. Alors que l’accès à l’IVG est très inégalitaire à travers le pays, la sage-femme explique proposer cet acte médical pour répondre à un manque visible dans l’Aisne.
Une fois le reportage diffusé, Pauline Dens-Arsène l’a publié sur sa page Facebook. « Une demi-heure après, mes comptes Facebook et Instagram étaient suspendus », explique-t-elle à Franceinfo.
Avant la suppression, la sage-femme explique avoir reçu des messages haineux, des insultes assimilant l’avortement à un meurtre, des discours proches de ceux des militants contre la liberté d’avorter.
Pour elle, c’est évident : la suppression de son compte est due à une campagne de signalement de masse.
Après avoir fait appel de la décision auprès de Meta, la sage-femme apprend néanmoins que ses comptes sont définitivement supprimés, quand bien même les règles de communauté de Meta n’interdisent pas d’évoquer l’IVG. L’entreprise évoque des « dysfonctionnements » de sa modération.
Début 2025, alors que les géants du numérique se rapprochaient de Donald Trump nouvellement élu, les règles de modération de Meta ont largement évolué aux États-Unis. Des associations de défense des droits numériques et des droits des femmes se sont rapidement mobilisées pour dénoncer une censure de l’information dédiée aux droits reproductifs.
En vertu des articles 17, 20 et 21 du règlement européen sur les services numériques (DSA), Meta doit normalement fournir des explications aux internautes dont les contenus sont retirés, rendre les réclamations simples d’accès et d’utilisation, et permettre la contestation si ces usagers s’estiment lésés.
En France, le Planning Familial alerte depuis plusieurs années sur la désinformation que diffusent les militants anti-choix en ligne, et s’inquiète de voir ces mouvements prendre un espace croissant en ligne.
Mise à jour 6 novembre 2025 : Les comptes de la sage-femme Pauline Dens-Arsène ont finalement été rétablis par Meta. Ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé indique avoir contacté les équipes de Meta France, qui ont « reconnu une erreur ».
Article original du 3 novembre : Le 28 octobre, Pauline Dens-Arsène répondait à France 3 pour évoquer l’interruption volontaire de grossesse (IVG) médicamenteuse. Alors que l’accès à l’IVG est très inégalitaire à travers le pays, la sage-femme explique proposer cet acte médical pour répondre à un manque visible dans l’Aisne.
Une fois le reportage diffusé, Pauline Dens-Arsène l’a publié sur sa page Facebook. « Une demi-heure après, mes comptes Facebook et Instagram étaient suspendus », explique-t-elle à Franceinfo.
Avant la suppression, la sage-femme explique avoir reçu des messages haineux, des insultes assimilant l’avortement à un meurtre, des discours proches de ceux des militants contre la liberté d’avorter.
Pour elle, c’est évident : la suppression de son compte est due à une campagne de signalement de masse.
Après avoir fait appel de la décision auprès de Meta, la sage-femme apprend néanmoins que ses comptes sont définitivement supprimés, quand bien même les règles de communauté de Meta n’interdisent pas d’évoquer l’IVG. L’entreprise évoque des « dysfonctionnements » de sa modération.
Début 2025, alors que les géants du numérique se rapprochaient de Donald Trump nouvellement élu, les règles de modération de Meta ont largement évolué aux États-Unis. Des associations de défense des droits numériques et des droits des femmes se sont rapidement mobilisées pour dénoncer une censure de l’information dédiée aux droits reproductifs.
En vertu des articles 17, 20 et 21 du règlement européen sur les services numériques (DSA), Meta doit normalement fournir des explications aux internautes dont les contenus sont retirés, rendre les réclamations simples d’accès et d’utilisation, et permettre la contestation si ces usagers s’estiment lésés.
En France, le Planning Familial alerte depuis plusieurs années sur la désinformation que diffusent les militants anti-choix en ligne, et s’inquiète de voir ces mouvements prendre un espace croissant en ligne.
Vieille de 380 ans, la Pascaline est la première machine à calculer de l’humanité, mise au point par Blaise Pascal. Alors que huit exemplaires fabriqués en 1642 et 1649 subsistent au monde, l’un d’entre eux doit être mis aux enchères par Christies le 19 novembre prochain.
Porté par des membres des cinq académies françaises, un collectif appelle à ce que cette machine « demeure au cœur des collections publiques ».
« Pascal souhaitait produire sa machine à grande échelle. La complexité de sa fabrication fit échouer l’entreprise », expliquent-ils. Cinq se trouvent actuellement dans des collections publiques françaises, deux à l’étranger, dans des collections publiques, et cette dernière, qui doit être mise en vente, était en collection privée depuis 1942.
»Machine à calculer de Blaise Pascal sans sous ni deniers », 1642, au musée des Arts et Métiers / David Monniaux
Pour les signataires, au nombre desquels le directeur de recherche émérite à l’Inria Serge Abiteboul, le professeur émérite à l’université Paris-Saclay Jean-Michel Bismuth, la philosophe Barbara Cassin, l’écrivain Érik Orsenna, « toutes les Pascalines ont des caractéristiques propres et toutes n’ont pas la même destination ».
Celle qui doit être vendue « est la seule qui soit conçue pour l’arpentage ; elle opère avec des mesures de grandeur adaptées (toises, pieds, pouces, lignes) ».
« Cathédrales de l’intelligence », ces instruments ont été « explicitement destinés à servir l’intérêt général », écrivent les auteurs de la tribune. À ce titre, ils appellent à ce que la machine destinée à être mise aux enchères rejoigne les collections publiques, d’où elle pourra être étudiée « par la communauté scientifique internationale ».
Vieille de 380 ans, la Pascaline est la première machine à calculer de l’humanité, mise au point par Blaise Pascal. Alors que huit exemplaires fabriqués en 1642 et 1649 subsistent au monde, l’un d’entre eux doit être mis aux enchères par Christies le 19 novembre prochain.
Porté par des membres des cinq académies françaises, un collectif appelle à ce que cette machine « demeure au cœur des collections publiques ».
« Pascal souhaitait produire sa machine à grande échelle. La complexité de sa fabrication fit échouer l’entreprise », expliquent-ils. Cinq se trouvent actuellement dans des collections publiques françaises, deux à l’étranger, dans des collections publiques, et cette dernière, qui doit être mise en vente, était en collection privée depuis 1942.
»Machine à calculer de Blaise Pascal sans sous ni deniers », 1642, au musée des Arts et Métiers / David Monniaux
Pour les signataires, au nombre desquels le directeur de recherche émérite à l’Inria Serge Abiteboul, le professeur émérite à l’université Paris-Saclay Jean-Michel Bismuth, la philosophe Barbara Cassin, l’écrivain Érik Orsenna, « toutes les Pascalines ont des caractéristiques propres et toutes n’ont pas la même destination ».
Celle qui doit être vendue « est la seule qui soit conçue pour l’arpentage ; elle opère avec des mesures de grandeur adaptées (toises, pieds, pouces, lignes) ».
« Cathédrales de l’intelligence », ces instruments ont été « explicitement destinés à servir l’intérêt général », écrivent les auteurs de la tribune. À ce titre, ils appellent à ce que la machine destinée à être mise aux enchères rejoigne les collections publiques, d’où elle pourra être étudiée « par la communauté scientifique internationale ».
À l’occasion de son passage à Strasbourg, Next s’est entretenu avec Fred Turner, historien et auteur de Design d’une démocratie et Politique des machines, (ré-)édités aux éditions C&F.
Historien, professeur de communication à l’université de Stanford, Fred Turner est l’auteur de l’influent Aux sources de l’utopie numérique, publié en France en 2012 chez C&F éditions, dans lequel il détaille comment les pensées issues de la contre-culture et le monde de la cybernétique se sont rencontrés au sein de la Silicon Valley. Présent en France à l’occasion de la (ré-)édition de deux autres de ses ouvrages, Design d’une démocratie et Politique des machines, le chercheur était à Strasbourg pour les rencontres Numérique en Commun(s). Next l’y a rencontré.
>> « L’une des plus grandes ironies de notre situation actuelle est que les modes de communication qui permettent aujourd’hui aux autoritaires d’exercer leur pouvoir ont d’abord été imaginés pour les vaincre », écrivez-vous dans Politique des machines. Comment ce retournement a-t-il été possible ?
Il s’est opéré sur soixante-dix ans. Au milieu des années 40, nous croyions que les médias de masse étaient la cause du fascisme, que le cinéma, la radio avaient donné à Hitler et Mussolini le pouvoir de transformer la société d’individus vers une société de masse. En pleine Deuxième Guerre mondiale, la question est donc : comment opérer notre propre propagande, comment construire un système de communication démocratique, qui ne transforme pas le peuple des États-Unis en masse.
Au fil du temps, les technologies de l’information ont semblé apporter une réponse. L’idée des cybernéticiens, c’était d’éviter les communications du haut vers le bas, de proposer une solution pour permettre à chaque citoyen de communiquer. Chacun deviendrait son propre diffuseur, un nouvel ordre pourrait apparaître de manière organique… tel était le fantasme qui a irrigué les années 1960. L’idée, c’était de créer un monde en dehors de la politique, où toutes les difficultés inhérentes au fait d’être humain, les problématiques liées au genre, au racisme, à la pauvreté, disparaîtraient avec la bonne technologie, que ce soit le LSD ou la cybernétique. Tout cela était encore parfaitement admis dans les années 1990.
Le problème de ce mode de pensée, c’est qu’il ignore un élément : quand on outrepasse les règles existantes, les institutions, la bureaucratie, ce qui apparaît pour organiser le groupe, ce n’est pas une organisation mutuelle. Ce qui remonte, ce sont toutes les normes culturelles qui avaient été tenues à distance jusque là.
Dans les communautés hippies que j’ai étudiées, l’ambiance était franchement hostile. Très souvent, des hommes charismatiques prenaient le pouvoir, les femmes se retiraient dans des rôles très conservateurs, ces communautés étaient très anti LGBT et très racistes sans le dire ouvertement. Un des participants que j’ai interviewé m’a ainsi expliqué : « C’est juste tellement plus simple de travailler avec des gens qui vous ressemblent. »
Or, cette idée de « créer des réseaux de gens comme vous » a largement imprégné les réseaux sociaux. Le rêve d’un monde ouvert, avec plein d’individus et peu d’institutions, ouvre en réalité la porte à d’autres institutions de pouvoir, capables de s’imposer dans un monde vulnérable. Quand les réseaux sociaux arrivent, ils proposent de donner corps à ce rêve cybernétique… mais le font de manière commerciale.
Le rêve des années 1960 a oublié l’existence des gouvernements, des entreprises, le fait que la technologie a ses propres impératifs… et tout cela est revenu dans les années 2000 et 2010, par l’intermédiaire d’entreprises autoritaires. Si vous étudiez la structure financière de l’entreprise, où Mark Zuckerberg a, dans les faits, tous les pouvoirs, on se croirait franchement devant un vieux leader de communauté hippie. Dans les bureaux de Facebook, le bureau de Mark Zuckerberg est dans un bloc de verre, au milieu d’un vaste plateau, si bien que tout le monde le voit, et lui voit tout le monde. L’écho avec le panoptique de Foucault est étonnant.
Pendant que tous ces événements se déroulent du côté de l’industrie numérique, l’Amérique chrétienne organise ses réseaux pour obtenir du pouvoir politique. Elle a ses propres raisons, qui n’ont rien à voir avec Internet. Mais dans les années 2010, le premier gouvernement Trump est le théâtre d’une collision entre ce monde des réseaux sociaux, très vulnérable aux leaders charismatiques, et un mouvement politique de chrétiens nationalistes très bien organisés, qui célèbrent les dirigeants charismatiques et autoritaires. Trump est un mélange de ces deux mouvements.
Les états-uniens chrétiens pensent qu’il leur parle, et ceux du numérique pensent qu’il est un génie des médias. Il s’exprime avec charisme, il a un langage parfaitement approprié aux réseaux sociaux, mais aussi franchement fasciste.
« L’IA répond à deux projets autoritaires : la propagande et la surveillance »
>> Le premier chapitre de Design d’une démocratie (initialement publié en 2013) est titré « d’où viennent tous ces fascistes ? ». C’est l’interrogation que se posaient les chercheurs des années 1930 et 1940 pour comprendre la bascule de l’Allemagne vers le nazisme. Puis-je vous poser la même question au sujet des États-Unis aujourd’hui ?
Le fascisme est un terme provocant, mais il est exact, quand on observe le recours à un passé mythique, les logiques de boucs émissaires, les normes sociales très conservatrices… Actuellement, on célèbre la modernité technologique pour nous emmener vers le passé, c’est fascinant.
Certains des fascistes actuels viennent des mêmes endroits que ceux des années 1940. On parle de groupes religieux fondamentalistes, de groupes politiques racistes du sud des États-Unis, auxquels se joint le soutien d’hommes d’affaires riches, à la tête de grands groupes industriels.
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Sans bruit ni fanfare, TiboInShape a rendu son visage et sa voix réutilisables par tout un chacun sur l’application Sora, appuyée sur le modèle de génération de vidéo d’OpenAI. Une décision qui pose de multiples questions sur les risques encourus, par le vidéaste lui-même, mais aussi par les internautes plus ou moins adeptes de son travail.
Depuis quelques jours, les vidéos de TiboInShape inondent les réseaux sociaux. Elles ont le visage de TiboInShape, elles ont la voix de TiboInShape, mais elles n’ont pas du tout été créées par le vidéaste : elles ont été générées par IA. Bref, ce sont des deepfakes.
Mais des deepfakes d’un genre particulier : des deepfakes a priori consentis. Sur Sora, la plateforme de génération de vidéos d’OpenAI qui vise à devenir une sorte de contre-TikTok uniquement alimenté de vidéos générées par IA, les utilisateurs peuvent rendre leur « cameo », c’est-à-dire un enregistrement de leur image et de leur voix, utilisable uniquement par eux-mêmes, en ouvrir l’accès à quelques personnes autorisées, ou le rendre accessible à tout le monde.
C’est cette dernière option que TiboInShape, Thibaud Delapart de son vrai nom, a choisie. « Si on veut rester à l’ordre du jour, il faut rebondir de réseaux en réseaux », explique-t-il sur BFM. Et d’évoquer Sora 2, et le fait que « les gens s’amusent bien sur TikTok à me mettre en situation, en train de manger des burgers chez McDo par exemple », une situation a priori invraisemblable, pour ce roi du fitness.
Quand bien même l’application Sora, donc les cameo de célébrités, ne sont pour le moment disponibles qu’aux États-Unis et au Canada, la décision du vidéaste étonne l’avocate spécialiste du droit du numérique Betty Jeulin. « C’est peut-être intéressant d’un point de vue marketing, mais en l’occurrence, TiboInShape est suivi par 27 millions de personnes, selon la loi française sur les influenceurs, cela lui donne une responsabilité », explique-t-elle à Next.
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Le réseau social de Donald Trump, Truth Social, lance un service de pronostics en ligne avec la plateforme de cryptoactifs Crypto.com.
Nommé Truth Predict, le service permettra de parier sur les résultats d’événements variés, allant de compétitions sportives à des élections en passant par les variations de l’économie.
Avec ce projet, le groupe Trump Media and Technology Group (TMTG) joue sur le succès des services de pronostics (predictions en anglais), qui ne sont pas considérés comme des acteurs du pari en ligne par les autorités locales.
En l’occurrence, Truth Predict cherche à concurrencer Polymarket, le leader du domaine.
En amont des élections présidentielles de 2024, note Wired, ce type de services de pronostics était présenté par leurs promoteurs comme une meilleure manière de mesurer l’opinion publique que les sondages.
Certains acteurs du monde financier les décrivaient même comme une meilleure « source de vérité » (truth en anglais, qui est aussi le nom des plateformes de Trump), quand bien même la validité de paris et leur représentativité de l’opinion générale peuvent être débattus.
Le réseau social de Donald Trump, Truth Social, lance un service de pronostics en ligne avec la plateforme de cryptoactifs Crypto.com.
Nommé Truth Predict, le service permettra de parier sur les résultats d’événements variés, allant de compétitions sportives à des élections en passant par les variations de l’économie.
Avec ce projet, le groupe Trump Media and Technology Group (TMTG) joue sur le succès des services de pronostics (predictions en anglais), qui ne sont pas considérés comme des acteurs du pari en ligne par les autorités locales.
En l’occurrence, Truth Predict cherche à concurrencer Polymarket, le leader du domaine.
En amont des élections présidentielles de 2024, note Wired, ce type de services de pronostics était présenté par leurs promoteurs comme une meilleure manière de mesurer l’opinion publique que les sondages.
Certains acteurs du monde financier les décrivaient même comme une meilleure « source de vérité » (truth en anglais, qui est aussi le nom des plateformes de Trump), quand bien même la validité de paris et leur représentativité de l’opinion générale peuvent être débattus.
Au tribunal, les internautes ayant fait circuler la thèse de la transidentité de Brigitte Macron plaident l’« esprit Charlie » et la liberté d’expression. Ce type de théorie est régulièrement utilisé pour attaquer des femmes proches du pouvoir.
Dix personnes étaient jugées ces 27 et 28 octobre pour avoir cyberharcelé Brigitte Macron, l’accusant, entre autres, de mentir sur son genre et assimilant son écart d’âge avec celui d’Emmanuel Macron à de la pédophilie. Âgés de 41 à 60 ans, les prévenus étaient huit hommes et deux femmes.
Des peines allant de 3 à 12 mois, avec des amendes susceptibles de monter jusqu’à 8 000 euros ont été requises contre eux, les plus lourdes visant Aurélien Poirson-Atlan, publicitaire de 41 ans, connu sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme de Zoé Sagan, ainsi que la médium connue sous le pseudo d’Amandine Roy et le galeriste Bertrand Scholler (plus de 100 000 abonnés sur X), décrits comme « instigateurs » de la thèse de la transidentité de Brigitte Macron.
Le délibéré sera rendu le 5 janvier 2026.
Les accusés plaident l’« esprit Charlie »
Ce procès est le résultat d’une série de plaintes déposées le 27 août 2024 par l’épouse du président de la République. Celles-ci avaient mené à une série d’interpellations en décembre 2024 et février 2025 par la brigade de la répression de la délinquance contre la personne (BRDP) – celle des profils les plus « virulents », selon un rapport de police consulté par Le Monde.
Au tribunal, tous les accusés ont minimisé les faits. Informaticien, Jérôme A. plaide n’avoir qu’un « petit compte Twitter de 90 abonnés ». Jean-Christophe D. évoque des publications « parodiques ». On cite l’ « humour » et l’ « esprit Charlie »,relate Franceinfo.
Autrice d’une vidéo virale selon laquelle Brigitte Macron n’aurait jamais existé et son frère Jean-Michel Trogneux aurait pris son identité, la médium Delphine J., connue sous le pseudonyme d’Amandine Roy, se déclare même harcelée en tant que « femme anatomique », par opposition aux femmes trans.
Habitué des thèses complotistes, visé par plusieurs plaintes, Aurélien Poirson-Atlan a de son côté donné une conférence de presse improvisée dans laquelle il a nié avoir participé à toute forme de cyberharcèlement et qualifié le procès d’attaque contre la liberté d’expression. Il avait diffusé la thèse de la transidentité de l’épouse du président alors que son compte X était suivi par plus de 200 000 personnes (le compte a depuis été suspendu).
À la barre, Tiphaine Auzière, l’une des filles de Brigitte Macron, témoigne de son côté de la « dégradation des conditions de vie » de sa mère. Dénonçant la « haine » qui vise l’épouse du Président, elle précise que cette dernière est désormais sur le « qui-vive » en permanence.
Attaque récurrente contre les femmes proches du pouvoir
Jouant à la fois sur des ressorts transphobes et misogynes, la suspicion de transidentité est un récit utilisé de manière récurrente dans les campagnes de désinformation. Michelle Obama, Kamala Harris ou encore Kate Middleton ont été visées par le même type de campagnes de « transvestigation », comme les nomment leurs auteurs, c’est-à-dire des mobilisations collectives autour d’une même thèse fausse, qui se traduit ici par du cyberharcèlement.
En juillet 2025, le couple Macron a déposé plainte devant un tribunal du Delaware, aux États-Unis, contre l’influenceuse d’extrême droite Candace Owens, qui a donné un écho international aux fausses allégations concernant Brigitte Macron.
En février, un couple de quadragénaires qui avait affublé cette dernière d’un prénom masculin dans leur déclaration d’impôts a été relaxé. Le fait que ce prénom se retrouve visible dans l’espace personnel de l’épouse du chef de l’État était le résultat d’un bug du système informatique de la Direction générale des Finances publiques dont le couple ne pouvait avoir connaissance, a tranché le tribunal correctionnel.
Au tribunal, les internautes ayant fait circuler la thèse de la transidentité de Brigitte Macron plaident l’« esprit Charlie » et la liberté d’expression. Ce type de théorie est régulièrement utilisé pour attaquer des femmes proches du pouvoir.
Dix personnes étaient jugées ces 27 et 28 octobre pour avoir cyberharcelé Brigitte Macron, l’accusant, entre autres, de mentir sur son genre et assimilant son écart d’âge avec celui d’Emmanuel Macron à de la pédophilie. Âgés de 41 à 60 ans, les prévenus étaient huit hommes et deux femmes.
Des peines allant de 3 à 12 mois, avec des amendes susceptibles de monter jusqu’à 8 000 euros ont été requises contre eux, les plus lourdes visant Aurélien Poirson-Atlan, publicitaire de 41 ans, connu sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme de Zoé Sagan, ainsi que la médium connue sous le pseudo d’Amandine Roy et le galeriste Bertrand Scholler (plus de 100 000 abonnés sur X), décrits comme « instigateurs » de la thèse de la transidentité de Brigitte Macron.
Le délibéré sera rendu le 5 janvier 2026.
Les accusés plaident l’« esprit Charlie »
Ce procès est le résultat d’une série de plaintes déposées le 27 août 2024 par l’épouse du président de la République. Celles-ci avaient mené à une série d’interpellations en décembre 2024 et février 2025 par la brigade de la répression de la délinquance contre la personne (BRDP) – celle des profils les plus « virulents », selon un rapport de police consulté par Le Monde.
Au tribunal, tous les accusés ont minimisé les faits. Informaticien, Jérôme A. plaide n’avoir qu’un « petit compte Twitter de 90 abonnés ». Jean-Christophe D. évoque des publications « parodiques ». On cite l’ « humour » et l’ « esprit Charlie »,relate Franceinfo.
Autrice d’une vidéo virale selon laquelle Brigitte Macron n’aurait jamais existé et son frère Jean-Michel Trogneux aurait pris son identité, la médium Delphine J., connue sous le pseudonyme d’Amandine Roy, se déclare même harcelée en tant que « femme anatomique », par opposition aux femmes trans.
Habitué des thèses complotistes, visé par plusieurs plaintes, Aurélien Poirson-Atlan a de son côté donné une conférence de presse improvisée dans laquelle il a nié avoir participé à toute forme de cyberharcèlement et qualifié le procès d’attaque contre la liberté d’expression. Il avait diffusé la thèse de la transidentité de l’épouse du président alors que son compte X était suivi par plus de 200 000 personnes (le compte a depuis été suspendu).
À la barre, Tiphaine Auzière, l’une des filles de Brigitte Macron, témoigne de son côté de la « dégradation des conditions de vie » de sa mère. Dénonçant la « haine » qui vise l’épouse du Président, elle précise que cette dernière est désormais sur le « qui-vive » en permanence.
Attaque récurrente contre les femmes proches du pouvoir
Jouant à la fois sur des ressorts transphobes et misogynes, la suspicion de transidentité est un récit utilisé de manière récurrente dans les campagnes de désinformation. Michelle Obama, Kamala Harris ou encore Kate Middleton ont été visées par le même type de campagnes de « transvestigation », comme les nomment leurs auteurs, c’est-à-dire des mobilisations collectives autour d’une même thèse fausse, qui se traduit ici par du cyberharcèlement.
En juillet 2025, le couple Macron a déposé plainte devant un tribunal du Delaware, aux États-Unis, contre l’influenceuse d’extrême droite Candace Owens, qui a donné un écho international aux fausses allégations concernant Brigitte Macron.
En février, un couple de quadragénaires qui avait affublé cette dernière d’un prénom masculin dans leur déclaration d’impôts a été relaxé. Le fait que ce prénom se retrouve visible dans l’espace personnel de l’épouse du chef de l’État était le résultat d’un bug du système informatique de la Direction générale des Finances publiques dont le couple ne pouvait avoir connaissance, a tranché le tribunal correctionnel.
Mi-septembre, l’Albanie introduisait sa « ministre-IA », un système construit grâce à Microsoft auquel le choix des marchés publics est délégué. Ce 25 octobre, le Premier ministre albanais l’a décrite « enceinte » de « 83 enfants », pour évoquer de futurs programmes automatisés.
Depuis la mi-septembre, l’Albanie est le premier pays au monde à compter dans son gouvernement une intelligence artificielle officiant comme ministre. Nommée Diella, c’est-à-dire « soleil » en albanais, la machine anthropomorphisée par le gouvernement local doit gérer les marchés publics.
Quelques semaines après cette décision en elle-même surprenante, le Premier ministre albanais Edi Rama continue sur sa lancée.
Interrogé à Berlin sur ce nouveau système intégré à son gouvernement, le responsable politique a décrit Diella comme une femme enceinte. La machine, a-t-il affirmé, serait « enceinte de 83 enfants ». En pratique, une variété de programmes supposés remplir diverses tâches administratives et gouvernementales.
Déplacer les marchés publics des ministères vers un système technique
Le projet Diella a été introduit au public dès janvier 2025, sous la forme d’un assistant conversationnel disponible sur le portail national eAlbanie. Alors qu’à l’été, Edi Rama annonçait déjà la probable arrivée d’une « ministre-IA » au sein de son gouvernement, le projet s’est accéléré à la rentrée, avec le déploiement de Diella 2.0.
D’un simple robot textuel, le projet avait été étoffé d’un avatar animé, une femme habillée en Zadrima, l’habit traditionnel albanais, aux traits et au visage proches de ceux de l’actrice Anika Bisha. D’après Tirana Post, cette dernière a passé un contrat valide jusqu’à fin décembre 2025 pour permettre au gouvernement albanais d’utiliser son image et sa voix.
Lors du congrès du Parti socialiste, tenu à Tirana en septembre, Edi Rama indiquait que les décisions relatives aux marchés publics seraient « sorties des ministères » pour être confiées à la machine. Mené par étape, le processus aurait pour but de faire de l’Albanie un pays où ces marchés seraient « 100 % incorruptibles et où chaque fonds public passant par la procédure d’appel d’offres serait 100 % lisible ». Un postulat étonnant, quand on connaît l’opacité des grands modèles de langage généralement utilisés pour faciliter l’interaction textuelle ou vocale avec des robots conversationnels.
En pratique, relève Balkan Insight, la partie gestion de langage naturel de Diella, assurée par Microsoft, ne prend pas les décisions. Derrière le discours et l’avatar du robot reste l’organisme gouvernemental en charge de la transformation numérique de l’Albanie, qui répond directement au Premier ministre. C’est cette entité qui a consolidé l’essentiel de l’infrastructure numérique publique local, et elle aussi qui est derrière le portail eAlbanie.
Des assistants virtuels pour les parlementaires socialistes
Le postulat avancé par Edi Rama s’inscrit par ailleurs dans un contexte de lutte contre la corruption, souligne Politico, la situation albanaise ayant été pointée à de multiples reprises par l’Union européenne. Sa déclaration sur la « grossesse » du programme et ses « 83 enfants » à naître, elle, s’inscrit dans la droite ligne de l’anthropomorphisation utilisée depuis plusieurs mois dans sa communication.
Derrière ce lien bizarrement tracé entre une femme en passe de devenir mère et un système informatique, il faut en fait comprendre le développement de 83 assistants virtuels qui, à terme, devraient être assignés aux 83 parlementaires du Parti socialiste, transcrire les échanges pris en réunion, suggérer d’autres membres du Parlement avec lesquels collaborer.
« Ces enfants auront les connaissances de leur mère », indique Rama, ce qui suggère que les nouveaux programmes seront construits à partir des données de Diella.
L’Albanie n’est pas la seule à tester le déploiement d’outils d’IA dans ses institutions. En termes de personnification, un député britannique a créé un double IA de sa personne. Interrogée par le média Metro, la machine a fait preuve d’une compréhension tout à fait relative des questions qui lui étaient posées. D’un point de vue gestion des affaires courantes, les États-Unis y ont aussi recours, de manière particulièrement fracassante (c’est-à-dire pas toujours sécurisée, pour les systèmes eux-mêmes ou pour les citoyens concernés par les traitements de données) depuis la création de son « ministère de l’efficacité gouvernementale » (DOGE).
Mi-septembre, l’Albanie introduisait sa « ministre-IA », un système construit grâce à Microsoft auquel le choix des marchés publics est délégué. Ce 25 octobre, le Premier ministre albanais l’a décrite « enceinte » de « 83 enfants », pour évoquer de futurs programmes automatisés.
Depuis la mi-septembre, l’Albanie est le premier pays au monde à compter dans son gouvernement une intelligence artificielle officiant comme ministre. Nommée Diella, c’est-à-dire « soleil » en albanais, la machine anthropomorphisée par le gouvernement local doit gérer les marchés publics.
Quelques semaines après cette décision en elle-même surprenante, le Premier ministre albanais Edi Rama continue sur sa lancée.
Interrogé à Berlin sur ce nouveau système intégré à son gouvernement, le responsable politique a décrit Diella comme une femme enceinte. La machine, a-t-il affirmé, serait « enceinte de 83 enfants ». En pratique, une variété de programmes supposés remplir diverses tâches administratives et gouvernementales.
Déplacer les marchés publics des ministères vers un système technique
Le projet Diella a été introduit au public dès janvier 2025, sous la forme d’un assistant conversationnel disponible sur le portail national eAlbanie. Alors qu’à l’été, Edi Rama annonçait déjà la probable arrivée d’une « ministre-IA » au sein de son gouvernement, le projet s’est accéléré à la rentrée, avec le déploiement de Diella 2.0.
D’un simple robot textuel, le projet avait été étoffé d’un avatar animé, une femme habillée en Zadrima, l’habit traditionnel albanais, aux traits et au visage proches de ceux de l’actrice Anika Bisha. D’après Tirana Post, cette dernière a passé un contrat valide jusqu’à fin décembre 2025 pour permettre au gouvernement albanais d’utiliser son image et sa voix.
Lors du congrès du Parti socialiste, tenu à Tirana en septembre, Edi Rama indiquait que les décisions relatives aux marchés publics seraient « sorties des ministères » pour être confiées à la machine. Mené par étape, le processus aurait pour but de faire de l’Albanie un pays où ces marchés seraient « 100 % incorruptibles et où chaque fonds public passant par la procédure d’appel d’offres serait 100 % lisible ». Un postulat étonnant, quand on connaît l’opacité des grands modèles de langage généralement utilisés pour faciliter l’interaction textuelle ou vocale avec des robots conversationnels.
En pratique, relève Balkan Insight, la partie gestion de langage naturel de Diella, assurée par Microsoft, ne prend pas les décisions. Derrière le discours et l’avatar du robot reste l’organisme gouvernemental en charge de la transformation numérique de l’Albanie, qui répond directement au Premier ministre. C’est cette entité qui a consolidé l’essentiel de l’infrastructure numérique publique local, et elle aussi qui est derrière le portail eAlbanie.
Des assistants virtuels pour les parlementaires socialistes
Le postulat avancé par Edi Rama s’inscrit par ailleurs dans un contexte de lutte contre la corruption, souligne Politico, la situation albanaise ayant été pointée à de multiples reprises par l’Union européenne. Sa déclaration sur la « grossesse » du programme et ses « 83 enfants » à naître, elle, s’inscrit dans la droite ligne de l’anthropomorphisation utilisée depuis plusieurs mois dans sa communication.
Derrière ce lien bizarrement tracé entre une femme en passe de devenir mère et un système informatique, il faut en fait comprendre le développement de 83 assistants virtuels qui, à terme, devraient être assignés aux 83 parlementaires du Parti socialiste, transcrire les échanges pris en réunion, suggérer d’autres membres du Parlement avec lesquels collaborer.
« Ces enfants auront les connaissances de leur mère », indique Rama, ce qui suggère que les nouveaux programmes seront construits à partir des données de Diella.
L’Albanie n’est pas la seule à tester le déploiement d’outils d’IA dans ses institutions. En termes de personnification, un député britannique a créé un double IA de sa personne. Interrogée par le média Metro, la machine a fait preuve d’une compréhension tout à fait relative des questions qui lui étaient posées. D’un point de vue gestion des affaires courantes, les États-Unis y ont aussi recours, de manière particulièrement fracassante (c’est-à-dire pas toujours sécurisée, pour les systèmes eux-mêmes ou pour les citoyens concernés par les traitements de données) depuis la création de son « ministère de l’efficacité gouvernementale » (DOGE).
Derrière la destruction de l’aile est de la Maison-Blanche, construite en 1902 pendant la présidence de Theodore Roosevelt et définitivement détruite vendredi 24 octobre, il y a le projet de création de salle de bal de Donald Trump. Et derrière ce projet de salle de bal à 300 millions de dollars, il y a des financements issus de multiples industries, dans lesquelles celle des technologies est la mieux représentée.
Apple, Amazon, Coinbase, Google, HP, Meta, Micron Technology, Microsoft, Palantir, Ripple, Tether sont au nombre des financeurs.
À leurs côtés, en leurs noms propres, citons encore Charles et Marissa Cascarilla (Charles Cascarilla est le fondateur de la société Paxos, active dans le milieu des cryptoactifs), Konstantin Sokolov (investisseur spécialisé dans les technologies et les télécoms), et les frères Winklevoss (très investis dans le monde des cryptomonnaies).
YouTube a récemment signé un accord avec Trump à propos de la suspension de son compte suite à l’assaut du Capitole. L’entreprise y acceptait de reverser 22 millions de dollars à une organisation sans but lucratif dédiée à la construction de la salle de bal.
Inquiets de voir ces différents noms financer un projet pour lequel ils n’auront pas de gains évidents, des sénateurs démocrates ont demandé à chacun d’expliquer comment ils avaient été sollicités pour ces donations, et ce qu’ils espéraient concrètement recevoir en échange, rapporte le Washington Post.
Beaucoup des entreprises citées dans la liste de donateurs fournie par la Maison Blanche avaient déjà versé des fonds pour l’investiture de Donald Trump ou pour d’autres initiatives en faveur de son retour à la tête des États-Unis.
Derrière la destruction de l’aile est de la Maison-Blanche, construite en 1902 pendant la présidence de Theodore Roosevelt et définitivement détruite vendredi 24 octobre, il y a le projet de création de salle de bal de Donald Trump. Et derrière ce projet de salle de bal à 300 millions de dollars, il y a des financements issus de multiples industries, dans lesquelles celle des technologies est la mieux représentée.
Apple, Amazon, Coinbase, Google, HP, Meta, Micron Technology, Microsoft, Palantir, Ripple, Tether sont au nombre des financeurs.
À leurs côtés, en leurs noms propres, citons encore Charles et Marissa Cascarilla (Charles Cascarilla est le fondateur de la société Paxos, active dans le milieu des cryptoactifs), Konstantin Sokolov (investisseur spécialisé dans les technologies et les télécoms), et les frères Winklevoss (très investis dans le monde des cryptomonnaies).
YouTube a récemment signé un accord avec Trump à propos de la suspension de son compte suite à l’assaut du Capitole. L’entreprise y acceptait de reverser 22 millions de dollars à une organisation sans but lucratif dédiée à la construction de la salle de bal.
Inquiets de voir ces différents noms financer un projet pour lequel ils n’auront pas de gains évidents, des sénateurs démocrates ont demandé à chacun d’expliquer comment ils avaient été sollicités pour ces donations, et ce qu’ils espéraient concrètement recevoir en échange, rapporte le Washington Post.
Beaucoup des entreprises citées dans la liste de donateurs fournie par la Maison Blanche avaient déjà versé des fonds pour l’investiture de Donald Trump ou pour d’autres initiatives en faveur de son retour à la tête des États-Unis.
Elon Musk vient de lancer son encyclopédie Grokipedia, visiblement inspirée de Wikipédia, mais diffusant les idées de son fondateur sur diverses thématiques que ce dernier a l’habitude de brocarder – y compris en ravivant des thèses relevant du « racisme scientifique ».
Autrefois, Elon Musk adorait Wikipédia. Il l’écrivait même sur Twitter, avant de racheter et de renommer le réseau social en X.
Depuis son tournant résolument politique, en revanche, l’entrepreneur a clairement fait savoir que, désormais, il détestait l’encyclopédie. Après avoir critiqué sa ligne éditoriale à plusieurs reprises —, Musk parle de « Wokipedia » — et appelé à cesser toute donation envers la fondation Wikimédia, l’entrepreneur a lancé ce 27 octobre sa propre encyclopédie, nommée Grokipedia. Son fondateur avait reculé son lancement d’une semaine, et annonce déjà l’arrivée d’une version « dix fois meilleure », sans donner de date précise.
Appuyé sur les productions du grand modèle de langage qui fait tourner Grok, le chatbot conversationnel disponible sur X, le projet n’a rien et tout à voir avec son inspiration originelle.
Un projet intégré à l’écosystème X
Ne proposant qu’une barre de recherche et la possibilité de s’identifier (notamment depuis son compte X), la page d’accueil de Grokipedia ressemble à celle d’un moteur de recherche – ou à celle de Wikipédia, appels à soutien de la fondation Wikimedia en moins.
Pour l’internaute, le login permet de gérer son compte ou d’accéder à des discussions avec le chatbot Grok. Sur les pages de l’encyclopédie, il permet aussi, en sélectionnant un passage, d’échanger à son sujet avec Grok, ou de déclarer que les faits présentés sont faux et de proposer des corrections. Pour les sociétés d’Elon Musk, il permet de lier les traces d’activités d’une seule et même personne sur les différentes plateformes que sont X, Grok et Grokipedia.
Des mentions plus ou moins directes de la source Wikipédia
Lançons une recherche pour des termes anglophones. « The Beatles », suggéré par la plateforme elle-même, renvoie une immense page sur le groupe de musique, avec un sommaire parfaitement chronologique (dont les titres évoquent de très près ceux du sommaire disponible sur Wikipedia) et pas moins de 276 notes de bas de page.
« Bauhaus » renvoie, de même, à un texte précédé de la mention « fact-checké hier par Grok », une phrase qui alimente la comparaison entre la machine Grok et les professionnels humains de la vérification des faits. Quant à savoir pourquoi Grok a fact-checké « hier » et pas aujourd’hui, difficile de répondre. Un passage de souris sur la mention permet simplement de supposer que la dernière version du texte remonte au 27.10 à 17 h.
Capture du haut de la page « Bauhaus » sur Grokipedia.
Pour s’aider dans la lecture, un sommaire en 7 parties et 19 sous-parties s’affiche à gauche de la page. À son terme, 141 notes de bas de page. C’est plus que sur la page Wikipédia du mouvement artistique, mais on n’y trouve que des articles de presse, sites web de musée et liens vers des blogs ou des pages Reddit, quand les auteurs de la page Bauhaus de Wikipédia citent une quinzaine d’ouvrages spécialisés parmi leurs multiples références.
Quand bien même ces citations peuvent donner une impression de qualité, le contenu, généré par IA, contient diverses approximations. Ainsi de citations de Tucker Carlson transformées en énoncés factuels dans la page qui lui est dédiée. Ou du nombre de décès dans les émeutes du Capitole, le 6 janvier 2021, réduit de cinq à quatre.
Testons désormais des notions dont Elon Musk s’est déjà ouvertement agacé. Par réflexe, nous écrivons « genre », en français, dans la barre de recherche. Nous voici sur un résultat complètement écrit en anglais, qui ne prend donc en compte que l’acception anglophone du terme. Sur des lignes et des lignes de textes, quelqu’un ou quelque chose (le fameux LLM avec lequel nous pouvons converser si nous nous connectons à notre compte personnel ?) nous détaille différents genres musicaux. Et puis, en pied de page, surprise : une référence directe à la source, Wikipédia.
Capture d’écran du pied de la page « genre » sur Grokipedia.
Des notices ouvertement parcellaires, racistes, désinformatrices
Grokipedia n’est visiblement pas multilingue, repassons donc à l’anglais. L’entrée « gender » (genre) indique que le genre se réfère à la « classification binaire des humains comme homme ou femme en fonction du sexe biologique ». Exit le troisième genre présent dans de multiples sociétés ancestrales ou contemporaines. Exit, aussi, toute possibilité de se déclarer non-binaire ou transgenre.
Pour comparaison, le Wikipedia anglophone indique que le genre « consiste en la variété d’aspects sociaux, psychologiques, culturels ou comportementaux liés au fait d’être un homme (ou un garçon), une femme (ou une fille), ou un troisième genre ».
Au début de la lecture, l’entrée « racism » (racisme) pourrait sembler de qualité, si tant est que l’on apprécie le style relativement verbeux que nous reconnaissons déjà sur les pages de Grokipedia. Une inspection du sommaire alerte, néanmoins : la deuxième partie (sur huit) est titrée « perspectives biologiques et scientifiques », sa première sous-partie « preuves de races biologiques ». Cliquons sur le lien.
Dans son style d’apparence factuelle et neutre, Grokipedia développe sur une douzaine de paragraphes (trois sous-parties au total) des thèses donnant crédit au racisme le plus assumé. Citant une poignée d’études d’apparences scientifiques, avec force chiffres qui peuvent jouer ici le rôle d’arguments d’autorité, Grokipedia remet au goût du jour des éléments issus du racisme scientifique du XIXe siècle, dont des éléments de craniométrie (supposée montrer par des mesures du crâne la supériorité des populations blanches ou européennes sur les autres), ou des différences de comportements voire de quotient intellectuel selon l’origine géographique ou la couleur de peau.
En anglais comme en français, les notices écrites par des groupes d’auteurs humains à partir de recherches scientifiques sur Wikipédia rendent bien plus évident que l’eugénisme ou les pratiques de classification des êtres humains en fonction de leurs variations morphologiques relèvent des pseudo-sciences, mais aussi qu’elles servent des projets politiques comme l’impérialisme et le colonialisme.
D’autres pistes qui résonnent avec les préoccupations d’Elon Musk ? Intéressons-nous aux attaques du Capitole, du 6 janvier 2021. Si l’on se renseigne sur le sujet du côté de Grokipedia, il s’est agit d’une « émeute » permise, notamment, par des faiblesses des dispositifs de sécurité. Une présentation saluée comme « factuelle, chronologique et sobre » par l’entrepreneur et soutien d’Elon Musk Mario Nawfal, qui critique en revanche la présentation, sur Wikipédia, de l’événement comme « une tentative de coup d’état ».
Dans le déroulé chronologique des événements (format si régulier, sur les pages visitées, qu’il semble découler du fonctionnement même de Grok), les thèses des soutiens de Trump sur la falsification de votes sont présentées comme légitimes. Le site les intègre sans jamais le lier à la propension déjà affichée par Trump pendant son premier mandat à pousser des théories complotistes et à utiliser régulièrement des tactiques de désinformation. La machine indique par ailleurs que 4 personnes sont mortes pendant ces évènements (5 en réalité), de causes « non-violentes » (quand bien même le texte relate le tir d’un policier sur Ashli Babbitt).
À la page « changement climatique », la machine propose des éléments relativement factuels, jusqu’à la partie finale, titrée « controverses et points de vue alternatifs ». Cette dernière cite par exemple une unique étude scientifique, présentée comme à même de remettre en cause le consensus scientifique sur l’origine humaine du bouleversement climatique. Le texte présente aussi les médias et plusieurs organisations de protection du climat comme « alimentant des paniques morales » et « amplifiant » des récits perçus comme strictement politiques, donc faux, ou a minima disproportionnés.
Évoquant le vocabulaire de « crise » climatique désormais récurrent, la phrase de conclusion indique : « Cette évolution linguistique reflète les efforts coordonnés visant à présenter la question comme un impératif existentiel, influençant le discours public et les politiques sans toujours s’appuyer sur des preuves empiriques proportionnées », à rebours du consensus scientifique.
Sur chacune de ces thématiques plus directement politiques, ou a minima mobilisées dans le débat public, Grokipedia s’apparente donc plus à un porte-voix des idées d’Elon Musk – qui préfère utiliser le vocabulaire du « risque existentiel » au sujet de l’intelligence artificielle plutôt que du changement climatique – qu’à une encyclopédie cherchant à fournir un état factuel des connaissances.
Wikipédia, rappelons-le, n’est pas exempte de débats sur sa propre ligne éditoriale. À l’heure actuelle, sur la plupart de ses versions, ces discussions sont réglées publiquement entre contributeurs et contributrices.
Elon Musk vient de lancer son encyclopédie Grokipedia, visiblement inspirée de Wikipédia, mais diffusant les idées de son fondateur sur diverses thématiques que ce dernier a l’habitude de brocarder – y compris en ravivant des thèses relevant du « racisme scientifique ».
Autrefois, Elon Musk adorait Wikipédia. Il l’écrivait même sur Twitter, avant de racheter et de renommer le réseau social en X.
Depuis son tournant résolument politique, en revanche, l’entrepreneur a clairement fait savoir que, désormais, il détestait l’encyclopédie. Après avoir critiqué sa ligne éditoriale à plusieurs reprises —, Musk parle de « Wokipedia » — et appelé à cesser toute donation envers la fondation Wikimédia, l’entrepreneur a lancé ce 27 octobre sa propre encyclopédie, nommée Grokipedia. Son fondateur avait reculé son lancement d’une semaine, et annonce déjà l’arrivée d’une version « dix fois meilleure », sans donner de date précise.
Appuyé sur les productions du grand modèle de langage qui fait tourner Grok, le chatbot conversationnel disponible sur X, le projet n’a rien et tout à voir avec son inspiration originelle.
Un projet intégré à l’écosystème X
Ne proposant qu’une barre de recherche et la possibilité de s’identifier (notamment depuis son compte X), la page d’accueil de Grokipedia ressemble à celle d’un moteur de recherche – ou à celle de Wikipédia, appels à soutien de la fondation Wikimedia en moins.
Pour l’internaute, le login permet de gérer son compte ou d’accéder à des discussions avec le chatbot Grok. Sur les pages de l’encyclopédie, il permet aussi, en sélectionnant un passage, d’échanger à son sujet avec Grok, ou de déclarer que les faits présentés sont faux et de proposer des corrections. Pour les sociétés d’Elon Musk, il permet de lier les traces d’activités d’une seule et même personne sur les différentes plateformes que sont X, Grok et Grokipedia.
Des mentions plus ou moins directes de la source Wikipédia
Lançons une recherche pour des termes anglophones. « The Beatles », suggéré par la plateforme elle-même, renvoie une immense page sur le groupe de musique, avec un sommaire parfaitement chronologique (dont les titres évoquent de très près ceux du sommaire disponible sur Wikipedia) et pas moins de 276 notes de bas de page.
« Bauhaus » renvoie, de même, à un texte précédé de la mention « fact-checké hier par Grok », une phrase qui alimente la comparaison entre la machine Grok et les professionnels humains de la vérification des faits. Quant à savoir pourquoi Grok a fact-checké « hier » et pas aujourd’hui, difficile de répondre. Un passage de souris sur la mention permet simplement de supposer que la dernière version du texte remonte au 27.10 à 17 h.
Capture du haut de la page « Bauhaus » sur Grokipedia.
Pour s’aider dans la lecture, un sommaire en 7 parties et 19 sous-parties s’affiche à gauche de la page. À son terme, 141 notes de bas de page. C’est plus que sur la page Wikipédia du mouvement artistique, mais on n’y trouve que des articles de presse, sites web de musée et liens vers des blogs ou des pages Reddit, quand les auteurs de la page Bauhaus de Wikipédia citent une quinzaine d’ouvrages spécialisés parmi leurs multiples références.
Quand bien même ces citations peuvent donner une impression de qualité, le contenu, généré par IA, contient diverses approximations. Ainsi de citations de Tucker Carlson transformées en énoncés factuels dans la page qui lui est dédiée. Ou du nombre de décès dans les émeutes du Capitole, le 6 janvier 2021, réduit de cinq à quatre.
Testons désormais des notions dont Elon Musk s’est déjà ouvertement agacé. Par réflexe, nous écrivons « genre », en français, dans la barre de recherche. Nous voici sur un résultat complètement écrit en anglais, qui ne prend donc en compte que l’acception anglophone du terme. Sur des lignes et des lignes de textes, quelqu’un ou quelque chose (le fameux LLM avec lequel nous pouvons converser si nous nous connectons à notre compte personnel ?) nous détaille différents genres musicaux. Et puis, en pied de page, surprise : une référence directe à la source, Wikipédia.
Capture d’écran du pied de la page « genre » sur Grokipedia.
Des notices ouvertement parcellaires, racistes, désinformatrices
Grokipedia n’est visiblement pas multilingue, repassons donc à l’anglais. L’entrée « gender » (genre) indique que le genre se réfère à la « classification binaire des humains comme homme ou femme en fonction du sexe biologique ». Exit le troisième genre présent dans de multiples sociétés ancestrales ou contemporaines. Exit, aussi, toute possibilité de se déclarer non-binaire ou transgenre.
Pour comparaison, le Wikipedia anglophone indique que le genre « consiste en la variété d’aspects sociaux, psychologiques, culturels ou comportementaux liés au fait d’être un homme (ou un garçon), une femme (ou une fille), ou un troisième genre ».
Au début de la lecture, l’entrée « racism » (racisme) pourrait sembler de qualité, si tant est que l’on apprécie le style relativement verbeux que nous reconnaissons déjà sur les pages de Grokipedia. Une inspection du sommaire alerte, néanmoins : la deuxième partie (sur huit) est titrée « perspectives biologiques et scientifiques », sa première sous-partie « preuves de races biologiques ». Cliquons sur le lien.
Dans son style d’apparence factuelle et neutre, Grokipedia développe sur une douzaine de paragraphes (trois sous-parties au total) des thèses donnant crédit au racisme le plus assumé. Citant une poignée d’études d’apparences scientifiques, avec force chiffres qui peuvent jouer ici le rôle d’arguments d’autorité, Grokipedia remet au goût du jour des éléments issus du racisme scientifique du XIXe siècle, dont des éléments de craniométrie (supposée montrer par des mesures du crâne la supériorité des populations blanches ou européennes sur les autres), ou des différences de comportements voire de quotient intellectuel selon l’origine géographique ou la couleur de peau.
En anglais comme en français, les notices écrites par des groupes d’auteurs humains à partir de recherches scientifiques sur Wikipédia rendent bien plus évident que l’eugénisme ou les pratiques de classification des êtres humains en fonction de leurs variations morphologiques relèvent des pseudo-sciences, mais aussi qu’elles servent des projets politiques comme l’impérialisme et le colonialisme.
D’autres pistes qui résonnent avec les préoccupations d’Elon Musk ? Intéressons-nous aux attaques du Capitole, du 6 janvier 2021. Si l’on se renseigne sur le sujet du côté de Grokipedia, il s’est agit d’une « émeute » permise, notamment, par des faiblesses des dispositifs de sécurité. Une présentation saluée comme « factuelle, chronologique et sobre » par l’entrepreneur et soutien d’Elon Musk Mario Nawfal, qui critique en revanche la présentation, sur Wikipédia, de l’événement comme « une tentative de coup d’état ».
Dans le déroulé chronologique des événements (format si régulier, sur les pages visitées, qu’il semble découler du fonctionnement même de Grok), les thèses des soutiens de Trump sur la falsification de votes sont présentées comme légitimes. Le site les intègre sans jamais le lier à la propension déjà affichée par Trump pendant son premier mandat à pousser des théories complotistes et à utiliser régulièrement des tactiques de désinformation. La machine indique par ailleurs que 4 personnes sont mortes pendant ces évènements (5 en réalité), de causes « non-violentes » (quand bien même le texte relate le tir d’un policier sur Ashli Babbitt).
À la page « changement climatique », la machine propose des éléments relativement factuels, jusqu’à la partie finale, titrée « controverses et points de vue alternatifs ». Cette dernière cite par exemple une unique étude scientifique, présentée comme à même de remettre en cause le consensus scientifique sur l’origine humaine du bouleversement climatique. Le texte présente aussi les médias et plusieurs organisations de protection du climat comme « alimentant des paniques morales » et « amplifiant » des récits perçus comme strictement politiques, donc faux, ou a minima disproportionnés.
Évoquant le vocabulaire de « crise » climatique désormais récurrent, la phrase de conclusion indique : « Cette évolution linguistique reflète les efforts coordonnés visant à présenter la question comme un impératif existentiel, influençant le discours public et les politiques sans toujours s’appuyer sur des preuves empiriques proportionnées », à rebours du consensus scientifique.
Sur chacune de ces thématiques plus directement politiques, ou a minima mobilisées dans le débat public, Grokipedia s’apparente donc plus à un porte-voix des idées d’Elon Musk – qui préfère utiliser le vocabulaire du « risque existentiel » au sujet de l’intelligence artificielle plutôt que du changement climatique – qu’à une encyclopédie cherchant à fournir un état factuel des connaissances.
Wikipédia, rappelons-le, n’est pas exempte de débats sur sa propre ligne éditoriale. À l’heure actuelle, sur la plupart de ses versions, ces discussions sont réglées publiquement entre contributeurs et contributrices.