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COP 30 : Et si la transition énergétique était déjà en marche ?

Les COP s’enchaînent presque aussi vite que les records de températures. Désespérant ? La lassitude et le défaitisme ambiants dissimulent pourtant de vrais progrès : en dix ans, l’innovation a déjà réduit de 40 % nos futures émissions de CO₂.

La COP 30 se déroule à Belém, en Amazonie, près de dix ans après les accords de Paris. Pour beaucoup, ces sommets climatiques ne sont que des exercices de communication, sans impact réel sur la trajectoire d’une humanité toujours plus dépendante des énergies fossiles. Les émissions mondiales de CO₂ n’ont jamais été aussi élevées, et les records de chaleur s’enchaînent. Pourtant, derrière ce constat alarmant, des signes tangibles d’espoir émergent. Non pas parce que la situation est bonne, mais parce qu’elle aurait pu être bien pire. Et surtout parce que les mécanismes de la transition énergétique, souvent invisibles, sont déjà à l’œuvre.

Les accords de Paris ou le paradoxe du progrès invisible

Le principal obstacle à l’optimisme est un biais cognitif : nous n’avons pas de « planète B » témoin. Il est impossible de voir ce qui se serait passé si nous n’avions rien fait. Le verre à moitié vide – la hausse continue des émissions – occulte le verre à moitié plein : la catastrophe que nous avons évitée. Pourtant, des chercheurs de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) ont tenté de modéliser ce scénario. Leur conclusion : grâce aux politiques climatiques mises en place depuis 2015, les émissions mondiales de CO₂ sont 40 % inférieures à ce qu’elles auraient été sans ces efforts. Loin d’être un échec, les accords de Paris ont enclenché un ralentissement spectaculaire de la catastrophe annoncée, prouvant que l’action collective, les technologies vertes et l’innovation ont un impact massif.

Non, les énergies ne s’empilent pas (ou la fin d’un mythe)

Mais si les technologies vertes explosent, pourquoi les émissions globales ne baissent-elles pas ? C’est la thèse de « l’empilement », défendue notamment par l’historien Jean-Baptiste Fressoz : les nouvelles énergies (solaire, éolien) ne remplaceraient pas les anciennes (charbon, pétrole), elles ne feraient que s’y ajouter pour satisfaire un appétit énergétique insatiable.

Cette théorie est séduisante mais fausse, car elle ignore la dynamique du développement humain. Les pays très pauvres utilisent majoritairement des énergies « renouvelables » : bois issu de la déforestation, résidus agricoles, bouses de vache séchées. Ces sources sont désastreuses pour les écosystèmes locaux et la santé (pollution de l’air intérieur). Pour ces populations, passer aux énergies fossiles (gaz, charbon) n’est pas un problème : c’est une solution, un accélérateur massif de niveau de vie, de santé et d’éducation.

C’est là qu’intervient la fameuse « courbe de Kuznets » environnementale : les pays en développement consomment logiquement de plus en plus d’énergies fossiles, faisant monter les émissions globales. Mais seulement jusqu’à un certain point. Les pays riches, après avoir atteint un pic d’émissions, voient celles-ci diminuer, même en tenant compte des délocalisations, à mesure que leur prospérité leur permet d’investir dans des technologies plus propres.

Or, jusqu’à présent, environ 80 % de la population mondiale se situait à gauche de la courbe de Kuznets : l’augmentation de leur niveau de vie se traduisait par une hausse des émissions compensant largement la baisse chez les 20 % à droite de la courbe. D’où la hausse mondiale des émissions.

Le grand basculement est imminent

La bonne nouvelle, c’est que des masses démographiques colossales s’apprêtent à franchir ce point d’inflexion. L’exemple le plus frappant est la Chine. Longtemps « usine du monde » alimentée au charbon, le pays opère un virage spectaculaire. Les voitures électriques y représentent désormais 50 % des parts de marché, et le pays installe plus de panneaux solaires et d’éoliennes que le reste du monde réuni, dépassant largement ses nouvelles constructions de centrales à charbon. Parce que des géants comme la Chine et bientôt l’Inde atteignent ce point d’inflexion, le plafonnement des émissions mondiales n’est plus une hypothèse lointaine : il est imminent. La deuxième bonne nouvelle est que beaucoup de pays pauvres vont pouvoir, grâce à la baisse spectaculaire des prix des technologies vertes, sauter des étapes fossiles de développement, c’est-à-dire adopter directement les voitures électriques et les renouvelables sans passer par les voitures thermiques et les centrales à charbon.

Pourquoi Trump ne peut pas tuer la transition

Reste l’argument politique. Un climatosceptique comme Donald Trump à la Maison-Blanche ne risque-t-il pas de tout anéantir ? Pour le comprendre, regardons le Texas. Cet État nous apprend deux choses cruciales.

D’abord, que le fait d’être victime d’événements climatiques extrêmes (comme le blizzard dévastateur de 2021) n’empêche pas de voter massivement pour des candidats niant le problème. Plus globalement, lorsqu’il s’agit de voter ou de payer, l’écologie reste rarement la priorité numéro un du citoyen. La décroissance, si elle vend beaucoup de papier, rapporte peu de bulletins.

Ensuite, et c’est la leçon la plus importante : l’indifférence à l’environnement n’empêche pas d’être un champion de la transition. Le Texas, républicain et pétrolier, est l’État qui installe le plus de panneaux solaires aux États-Unis, devant la Californie démocrate. Pourquoi ? Non pas par idéologie, mais parce que c’est rentable. Trump, pas plus qu’un autre, ne peut lutter contre des forces économiques et technologiques devenues inarrêtables. Le marché et l’innovation sont plus puissants que la politique.

Quand la presse internationale confond scénario et prédiction

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La feuille de route est déjà écrite

Le problème du réchauffement climatique, s’il est complexe, n’a rien de magique. Il peut être résumé à un problème d’ingénierie : il est causé par nos émissions de CO₂. Ces émissions résultent de la combustion des énergies fossiles (gaz naturel, pétrole, charbon). Cette combustion alimente des milliards de machines (voitures, chaudières, usines). Ces machines sont largement inefficaces et ont une durée de vie limitée.

La solution est donc simple dans son principe : accélérer le remplacement de ces machines thermiques par des machines électriques plus efficaces. La plupart de ces machines vertes (voitures électriques, pompes à chaleur, éoliennes, panneaux photovoltaïques) sont déjà disponibles, matures et compétitives. Pour accélérer la bascule, il faut les rendre encore moins chères (via l’industrialisation et des mécanismes de type taxe carbone) et innover pour mettre sur le marché les quelques technologies qui nous manquent (acier vert, ciment décarboné, etc.).

Le mur de la transition énergétique est moins haut qu’on ne le croit

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L’optimisme comme moteur de l’action

Le pessimisme qui entoure la COP 30, s’il est compréhensible, est un luxe que nous ne pouvons plus nous permettre. Il repose surtout sur une lecture statique d’un monde en pleine mutation. La véritable histoire de cette décennie n’est pas celle de notre inaction, mais celle d’un basculement technologique et économique d’une rapidité sans précédent. La transition énergétique n’est pas un vœu pieux : c’est un processus industriel et économique déjà enclenché, largement indépendant des soubresauts politiques. Comme le montrent l’exemple du Texas ou de la Chine, le progrès n’attend pas qu’on lui donne la permission. La question n’est donc plus de savoir si nous allons réussir à décarboner, mais à quelle vitesse nous allons y parvenir. Et dans l’éventualité où nous irions trop lentement, nous pourrons toujours mobiliser certaines techniques de géo-ingénierie pour éviter les effets les plus délétères du réchauffement climatique. Mais cela fera l’objet d’un prochain épisode.

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L’Italie veut relancer le nucléaire, mais tout est à refaire

Porté par des enjeux environnementaux et de souveraineté, il semble que le nucléaire fasse son retour en Italie. Renversant ainsi une politique initiée quarante ans auparavant.

Le 8 novembre 1987, les Italiens votent trois référendums qui conduiront in fine à l’arrêt de l’énergie nucléaire civile dans ce pays. Ces votes font suite à la catastrophe de Tchernobyl, qui avait alors frappé l’Ukraine un an plus tôt, le 26 avril 1986. Un nouveau référendum les 12 et 13 juin 2011 confirme cette orientation vers l’interdiction de nouveaux projets et l’abandon de cette source d’énergie. Et ce, dans la foulée de l’accident nucléaire japonais de Fukushima, provoqué par le tremblement de terre du 11 mars 2011 et le tsunami qui s’en est suivi.

Au regard de ces votes, on pourrait penser que le nucléaire est une solution définitivement abandonnée en Italie. Mais aujourd’hui, l’idée d’un nouveau nucléaire semble faire son chemin dans la politique italienne. Il faut dire qu’après le début de la guerre en Ukraine et la mise en place des sanctions contre la Russie, l’Italie avait été durement touchée par l’explosion du prix du gaz, dont le pays est très dépendant.

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Un projet de loi pour reconstruire toute une filière

En mars 2025, le Conseil des ministres a approuvé un plan de relance du nucléaire. Aspect notable : ce plan envisage des centrales à fission et à fusion, mais surtout une orientation marquée vers des centrales d’une technologie différente de celles auparavant mises en œuvre. Le plan pourrait porter la contribution du nucléaire de 11 à 22 % de l’approvisionnement électrique de l’Italie à l’échéance de 2050.

La relance du nucléaire en Italie a depuis lors continué son parcours politique. Ce 2 octobre 2025, le gouvernement de Giorgia Meloni a adopté un projet de loi allant dans ce sens. Le texte devra ensuite faire l’objet d’un examen et d’un vote par le Parlement.

S’il est adopté, la loi permettra au gouvernement d’élaborer un programme de construction de capacités de production de l’énergie nucléaire, mais aussi le renforcement de la recherche en ce domaine, la possibilité de mettre en œuvre des campagnes de communication, ainsi que la création d’une autorité de sûreté indépendante. À ce jour, les technologies dans la ligne de mire de l’exécutif italien seraient des petits réacteurs modulaires (SMR) de troisième génération.

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EN DIRECT, Gaza : plus de 10 000 enfants ont été vaccinés depuis le 9 novembre, annonce l’OMS

Au moins 27 personnes sont mortes mercredi dans des frappes israéliennes, selon un bilan de la défense civile de l’enclave palestinienne. L’armée a affirmé avoir riposté à « des terroristes ».

© Jehad Alshrafi / AP

Un enfant reçoit un vaccin fourni par l’Unicef et le Croissant-Rouge, à Gaza, le 9 novembre 2025.
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En France, les féminicides conjugaux en hausse en 2024, selon la Miprof

Selon le rapport de la mission interministérielle pour la protection des femmes portant sur 2024, chaque jour, plus de trois femmes sont victimes de féminicide ou tentative de féminicide conjugal. La lettre rappelle aussi qu’une femme est victime toutes les deux minutes de viol, tentative de viol ou d’agression sexuelle.

© ED JONES/AFP

Des activistes organisent un « die-in » afin de rendre hommage aux victimes de féminicide et d’appeler le gouvernement à augmenter les ressources et les subventions aux organisations féministes. A Toulouse, le 16 novembre 2025.
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EN DIRECT, guerre en Ukraine : le secrétaire à l’armée américaine en visite à Kiev au lendemain de frappes russes meurtrières dans l’ouest du pays

A Ternopil, au moins 26 personnes ont été tuées, dont trois enfants, et 92 ont été blessées, dont 18 enfants, selon le dernier bilan des secours. Selon l’AFP, les Etats-Unis ont proposé à l’Ukraine un plan pour sortir du conflit qui requiert notamment qu’elle cède des territoires à la Russie et réduise son armée de moitié.

© Thomas Peter/REUTERS

Un immeuble résidentiel touché la veille par une frappe russe, à Ternopil (Ukraine), le 20 novembre 2025.
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Une ONG alerte sur le lourd bilan des armes explosives sur les enfants en zone de guerre

Quelque 11 967 enfants ont été tués ou blessés en 2024 dans des zones de conflit ; 70 % d’entre eux l’ont été par des bombes aériennes ou des mines, relève l’ONG Save the Children. Les guerres à Gaza, au Soudan et en Ukraine sont parmi les plus meurtrières pour les plus jeunes.

© DAWOUD ABU ALKAS / REUTERS

Un jeune Palestinien est soigné après une frappe aérienne israélienne à l’hôpital Al-Ahli, dans la ville de Gaza, le 19 novembre 2025.
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L’Assemblée nationale adopte la taxe sur les « petits colis » d’origine extra-européenne

Visant à limiter la concurrence des produits chinois, la taxe de 2 euros ciblant les colis d’une valeur inférieure à 150 euros a été approuvée malgré de vifs débats.

© SAMEER AL-DOUMY/AFP

Un douanier français inspecte des colis achetés sur des sites internet étrangers, dans un entrepôt de Lesquin (Nord), le 12 novembre 2025.
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Emmanuel Macron entame sa tournée en Afrique pour tenter de retisser des liens

DÉCRYPTAGE - Le président français débute jeudi un voyage de cinq jours dans quatre pays différents, sur un continent où son image a pâli depuis 2017.

© LUDOVIC MARIN / AFP

Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, et son homologue français, Emmanuel Macron, lors du dernier G20, en novembre 2024, à Rio de Janeiro.
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