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À partir d’avant-hierActualités scientifiques

[Toulouse – 27 et 28 avril 2024] Rencontres de l'esprit critique

27 avril 2024 à 14:41
Les quatrièmes Rencontres de l'esprit critique (REC) se tiendront les 27 et 28 avril 2024 au centre Diagora de Toulouse – Labège. L'Association française pour l'information scientifique (Afis) est partenaire de l'événement. L'esprit critique, « ce n'est pas tout critiquer, ni douter de tout, c'est savoir analyser calmement, avec méthode, repérer les informations qui pourraient poser question, les vérifier en s'appuyant sur des sources solides, évaluer les interprétations, les confronter (…) Agenda de l'Afis

[Lyon – du 30 mai au 2 juin 2024] XXe congrès des organisations sceptiques européennes

30 mai 2024 à 14:48
XXe congrès des organisations sceptiques européennes 2024 Lyon – du 30 mai au 2 juin 2024 Cette année, pour sa vingtième édition, la conférence européenne des associations sceptiques se tiendra à Lyon. Organisée sous l'égide de l'European Council of Skeptical Organisations (ECSO, Conseil européen des associations sceptiques dont l'Afis est membre), la conférence sera accueillie par l'Afis et le le comité lyonnais de l'Afis. Pendant quatre jours, des représentants de toute l'Europe vont (…) Agenda de l'Afis

Ai-je abandonné L’Économiste Sceptique ?

16 novembre 2023 à 15:00
Ai-je abandonné L’Économiste Sceptique ?

Chère lectrice, cher lecteur,

Je vais immédiatement répondre à la question posée par le titre : non, je n'ai pas abandonné L'Économiste Sceptique. C'est même tout le contraire.

Pour autant, depuis environ six mois, il est vrai que le rythme de publication est erratique. Il y a trois explications dont j'aimerais vous parler : Twitter, un site Internet devenu trop étroit, et ma santé. Cet article me donnera également l'occasion de faire un point avec vous sur la suite.

Twitter

Lorsque j'ai rebooté L'Économiste Sceptique en 2021, j'avais délibérément choisi de profondément intégrer Twitter à mon travail. Twitter me servait à partager mon travail, à échanger avec vous qui suivez mon travail, et à m'informer auprès d'experts compétents, mais pas toujours visibles dans les médias.

Or, Elon Musk a détruit cet édifice. Mon travail est de moins en moins visible sur la plateforme. À cause d'une invasion de bots pro-Vladimir Poutine que Twitter ne parvient pas à enrayer, j'ai été contraint de fermer les commentaires sur quasiment toutes mes publications, coupant ainsi les échanges avec vous. Enfin, Twitter a cassé au moins cinq fois mes outils de veille. À l'heure où j'écris ces lignes, mes outils de veille basés sur Twitter sont probablement définitivement détruits.

Depuis un an, j'ai passé un temps considérable à contourner ces problèmes. Ces efforts sont en train de payer. Mais le temps que j'ai consacré à contourner ces problèmes est du temps que je n'ai pas pu consacrer à écrire des articles sur L'Économiste Sceptique.

Un site Internet devenu trop étroit

Depuis le reboot de L'Économiste Sceptique, la newsletter a bien grandi. Ghost, la plateforme que j'utilisais pour publier la newsletter, m'a offert une belle rampe de lancement. Mais Ghost s'est montré de plus en plus étroit pour accommoder les évolutions de L'Économiste Sceptique. L'intégration de l'Agora m'a par exemple demandé des mois de travail, pour quand même échouer.

Au cours de l'été, j'ai mis en ligne un nouveau thème graphique. Il était censé me permettre de contourner une autre de ces étroitesses de Ghost. Or, malgré mon travail, une fois en ligne, il est rapidement devenu évident que le nouveau thème graphique avait, lui aussi, échoué.

Après ces deux échecs, il est devenu clair que pour accompagner la croissance de L'Économiste Sceptique, il était nécessaire que j'envisage un chemin plus radical : rebâtir le site Internet sur une autre plateforme que Ghost. Bien que n'étant pas terminé, le nouveau site est déjà en ligne. Je communiquerai en détail à son sujet dans les prochaines semaines.

Comme pour Twitter, le temps que j'ai consacré à construire des fondations plus solides pour la suite de L'Économiste Sceptique est du temps que je n'ai pas pu consacrer à écrire des articles.

Ma santé

La santé est un sujet éminemment personnel. Je suis particulièrement réticent à discuter de la mienne en public. Je vais me contenter de généralités, et je vous demande de respecter ma volonté de discrétion.

Cela étant dit, ma santé est la principale explication au rythme de publication erratique depuis six mois. Il me semble important de vous en parler. Enfin.

Pour commencer, je veux vous rassurer : je vais bien. En fait, je ne me suis jamais aussi bien porté de toute ma vie. Il y a un an, j'ai identifié un problème de santé particulièrement handicapant. C'est un problème qui m'a pourri la vie pendant trente ans. Il a connu une importante dégradation à l'été 2022, apparemment fréquente à mon âge chez les personnes chez qui ce type de problème n'a pas été identifié. Bien que ne pouvant stricto sensu pas se "guérir", c'est un problème qui se prend très bien en charge s'il est identifié. C'est grâce à cette prise en charge réussie que je me porte aujourd'hui aussi bien.

C'est aussi cette prise en charge qui explique le rythme erratique de publication sur L'Économiste Sceptique. En plus de l'aventure intérieure, dans mon cas, la prise en charge repose principalement sur une adaptation de mon environnement. Notamment, une adaptation de mon environnement de travail. Concrètement, j'ai passé les douze derniers mois à rebâtir complètement mes méthodes de travail, pour les adapter à ce problème de santé.

Ce travail d'adaptation paye. Il paye même au-delà de mes attentes.

Pour autant, ce travail d'adaptation m'a demandé beaucoup de temps. Du temps que je n'ai pas pu consacrer à écrire des articles sur L'Économiste Sceptique. Il a aussi profondément modifié mon organisation pour lire la littérature scientifique, pour écrire, pour publier sur les réseaux sociaux, et ainsi de suite. Il m'a fallu du temps pour retrouver mes marques.

Et maintenant ?

Cette période de turbulences est derrière moi. Je n'ai plus autant besoin de Twitter dans mon travail. Le nouveau site est bien avancé. L'adaptation de mon environnement de travail touche à sa fin. Le rythme de publication de L'Économiste Sceptique devrait progressivement reprendre la normale. Avec les notes et les méga-sujets de l'Agora, il devrait même augmenter.

Si vous m'avez contacté par email et que je n'ai pas (encore) répondu, voici pourquoi. Si je suis en retard sur un certain nombre de collaborations, voici pourquoi. Si vous avez publié un commentaire sur le site et que je n'y ai pas (encore) répondu, voici pourquoi. Il ne s'agit ni d'oublis, ni d'ignorance, ni d'indifférence.

J'aurais probablement dû communiquer plus tôt sur ces difficultés. Vous êtes nombreuses et nombreux à soutenir mon travail, y compris financièrement, y compris dans cette période de turbulences. C'est avec gratitude et humilité que je prends votre soutien. Expliquer plus tôt ce qu'il se passait, même en des termes génériques, aurait certainement été préférable.

Cette période de turbulences a eu des conséquences négatives sur les finances de L'Économiste Sceptique. Je ne pense pas que L'Économiste Sceptique soit en danger. Mais cette dégradation de la santé financière de L'Économiste Sceptique prend place dans un contexte plus large où mes problèmes de santé ont (inévitablement) dégradé mes finances personnelles.

Il n'y a aucune obligation, aucune injonction. Si vous le pouvez, et si vous le souhaitez, sachez que vous pouvez adhérer à l'une des formules payantes ci-dessous ou sur cette page. En plus de soutenir mon travail, adhérer vous donne accès à l'intégralité de mon contenu sur L'Économiste Sceptique.

Je n'ai pas abandonné L'Économiste Sceptique. En réalité, le travail que j'ai mené pour compenser la destruction de Twitter, pour bâtir un nouveau site Internet, et dans une certaine mesure, la transformation de mes méthodes de travail, je l'ai fait pour préparer une sorte d'Économiste Sceptique 3.0.

Mon plaisir à vulgariser la science économique, le scepticisme scientifique et l'économie de l'environnement est plus grand que jamais. Mon plaisir à échanger avec vous, y compris lorsque vous me faites part, avec bienveillance, de critiques constructives et argumentées, est plus grand que jamais. Ma volonté de continuer L'Économiste Sceptique est plus grande que jamais.

Nombre d'entre vous avez peut-être, sans doute, des questions sur cette période de turbulences, et sur ce que je prépare pour la suite de L'Économiste Sceptique. Pour y répondre en toute transparence, je vous donne rendez-vous le mercredi 22 novembre 2023 de 20 h à 21 h sur Microsoft Teams pour un Happy Hour spécial. Cet Happy Hour spécial sera ouvert à toutes et tous. Il vous suffit de vous y inscrire à cette adresse pour obtenir le lien de connexion.

Pour finir, je veux vous remercier. Merci de suivre mon travail. Merci de vous soucier de moi. Merci pour vos retours constructifs, qu'ils soient positifs ou négatifs. Merci pour vos questions. Merci pour vos commentaires. Merci pour vos partages. Merci pour votre soutien financier. Je m'estime chanceux d'être entouré par une communauté aussi positive, aussi engagée et aussi bienveillante.

Cette période de turbulence qui se referme n'a pas été simple. Je suis content qu'elle touche à sa fin. En partie, pour retrouver une forme de tranquillité. En partie, parce que le nouvel équilibre sur lequel je suis installé ouvre une superbe voie pour L'Économiste Sceptique. J'ai du contenu passionnant en préparation. J'ai des invités passionnants prévus pour les Cafés. Et j'ai hâte de vous présenter les autres nouveautés sur lesquelles je travaille.

Merci pour tout. Et en avant !

À bientôt sur L’Économiste Sceptique — et ailleurs,
Olivier

L'Agenda de décembre 2023

7 décembre 2023 à 15:00
L'Agenda de décembre 2023

Chère lectrice, cher lecteur,

Pour le mois de décembre 2023, je vous propose deux évènements en ligne sur L'Économiste Sceptique.

Le premier est l'expérimentation d'un nouveau format de vidéo en direct : le Club de lecture. Nous lirons ensemble un article de recherche de science économique. Le Club de lecture aura lieu le jeudi 21 décembre de 20 h à 21 h sur Microsoft Teams.

N'hésitez pas à me dire sur l'Agora sur quel thème vous souhaitez que porte l'article de recherche que nous lirons ensemble.

Le second est le 23e Happy Hour. Cet Happy Hour aura lieu le jeudi 28 décembre de 20 h à 21 h sur Microsoft Teams. Il nous donnera l'occasion de discuter des évolutions importantes en cours et à venir sur L'Économiste Sceptique.

Venez nombreuses et nombreux !

Liens de connexion Microsoft Teams

Les évènements en direct sont réservés aux personnes ayant une adhésion à l'une des formules payantes.

Les élus et la science

20 décembre 2023 à 16:38

On a souvent l’impression que les élus sont complètement indifférents aux résultats scientifiques. Mais qu’en disent les données ?

Dans « How Research Affects Policy: Experimental Evidence from 2,150 Brazilian Municipalities », quatre chercheurs ont mené deux expérimentations de terrain au Brésil pour mesurer l’attitude des élus lorsqu’ils sont exposés à la littérature scientifique. C’est cet article que je vous propose de lire ensemble lors du premier Club de lecture.

Le Club de lecture se déroulera le jeudi 21 décembre 2023 de 20h à 21h sur Microsoft Teams. Le lien de connexion Microsoft Teams est disponible à cette adresse.

À demain !

Bibliographie

Hjort, Jonas, Diana Moreira, Gautam Rao, et Juan Francisco Santini. 2021. « How Research Affects Policy: Experimental Evidence from 2,150 Brazilian Municipalities ». American Economic Review 111 (5): 1442‑80. https://doi.org/10.1257/aer.20190830.

Threads, pseudosciences et scepticisme scientifique – Éditorial

21 décembre 2023 à 15:12
Threads, pseudosciences et scepticisme scientifique – Éditorial

Chère lectrice, cher lecteur,

La grande transformation du marché du microblog provoquée par le rachat de Twitter par Elon Musk a récemment connu son dernier évènement marquant : le 14 décembre 2023 à midi, Meta a rendu disponible en Europe Threads, son nouveau réseau social.

Threads est un concurrent de Twitter, qui s’est donné pour objectif d’offrir un espace plus sain. Avant même son rachat par Elon Musk, Twitter était une fosse à purin. La gestion catastrophique de la plateforme par le milliardaire complotiste d’extrême-droite n’a fait qu’empirer les choses.

Après une semaine de découverte relativement intensive de Threads, dans cet Éditorial, je souhaite vous partager un premier retour d’expérience.

Un espace plus sain

Threads n’est définitivement pas Twitter. Meta a pris soin de mettre en place un certain nombre de fonctionnalités destinées à protéger les utilisateurs de Threads, afin de garantir un niveau minimum de qualité des échanges. Par exemple, les réponses insultantes peuvent être automatiquement masquées par les systèmes de modération.

Il faudra voir à l’usage si Threads parvient à effectivement être une plateforme plus saine que Twitter. La barre n’est cependant pas bien haute.

Si vous êtes sur Twitter et que souhaitez faire vos premiers pas sur Threads : n’hésitez pas. Mais ayez bien en tête que Threads n’est pas Twitter. L’agressivité et les remarques désobligeantes coûtent cher, que ce soit par le biais de l’algorithme ou par le biais de blocages — davantage de détails à ce sujet plus loin.

C’est une question de goût, mais je trouve l’application Threads vraiment agréable à utiliser. Elle a été conçue avec soin. Il y a parfois des choix que je trouve trop minimalistes, qui rendent compliquées certaines manipulations. Mais dans l’ensemble, l’expérience est, au moins pour moi, plaisante.

La toute puissance du saint (et mystérieux) algorithme

Contrairement à Mastodon, Threads offre un flux algorithmique. Les données, qu’elles soient scientifiques ou issues de l’industrie, montrent que la vaste majorité des utilisateurs (moi inclus) préfère les flux algorithmiques aux flux chronologiques.

Contrairement à Bluesky, où vous pouvez choisir, voire bâtir, vos flux algorithmiques, Threads ne vous laisse pas le choix. Il n’y a qu’un seul algorithme, et son fonctionnement est opaque.

Votre compte Threads étant adossé à votre compte Instagram, il est possible de suivre automatiquement les comptes que vous suivez sur Instagram lorsqu’ils arrivent sur Threads. C’est une première source qui vient peupler votre flux algorithmique.

Sur l’algorithme lui-même, il met particulièrement en avant les réponses. Contrairement à Twitter, Threads n’est semble-t-il pas une plateforme conçue pour diffuser un message de manière unidirectionnelle. Les… threads, c’est-à-dire ces suites de posts qui ont été popularisés sur Twitter, y sont étonnamment peu mis en avant. Threads est une plateforme avant tout conçue pour l’échange.

Outre les réponses, l’algorithme va faire des suppositions sur le contenu qui pourrait vous intéresser. Au début, vous aurez des suggestions d’influenceurs ou de célébrités. Ces suggestions disparaissent rapidement, à mesure que vous suivez des comptes en phase avec vos préférences.

Surtout, l’algorithme risque de vous suggérer du contenu, disons, étonnant.

La mine à fadaises qu’est Instagram

Parce que Threads est adossé à Instagram, pour le moment au moins, il est courant de voir dans le flux algorithmique des types de contenu que l’on trouve habituellement sur Instagram. Ce qui donne une idée de la mine à fadaises qu’est Instagram.

Comme beaucoup, je vois dans mon flux algorithmique de nombreux « coachs », qui prétendent aider les entrepreneurs à développer leur activité avec des méthodes plus ou moins miracles, et surtout coûteuses. Pour les sceptiques, c’est un premier type de contenu qu’il serait intéressant d’étudier. Je n’ai guère de doute qu’il y a des quantités industrielles de fadaises dans les « méthodes » de ces coachs.

Et puis il y a les pseudosciences appliquées à la santé et au bien-être. Lithothérapie, naturopathie, énergies, tarot, divination, et ainsi de suite : vous retrouvez le bestiaire habituel.

Si, comme moi, vous venez de Twitter, vous avez sans doute été peu exposé à ce type de contenu. Sur Threads, il est possible, voire probable, que vous en verrez. Beaucoup.

Les sceptiques ont-ils une place sur Threads ?

Parce qu’il y a déjà beaucoup de fadaises sur Threads, il me semble clair que les sceptiques ont leur place sur la plateforme. Que ce soit les pseudo-médecines, ou les coachs aux méthodes douteuses, les sceptiques ont une matière déjà étonnement riche pour travailler.

Et il y a une demande pour du contenu sceptique : plus de 800 personnes me suivent d’ores et déjà (merci à elles !), et j’ai régulièrement des posts de vulgarisation sceptique qui obtiennent des dizaines de likes.

Par contre, Threads n’est pas Twitter. L’extrême-droite ne domine pas les échanges. Les complotistes, conspirationnistes et autres néo-nazis, n’y ont pas pignon sur rue. Ne vous y trompez pas : ils sont sur Threads. Il y a des toxiques partout. Mais sur Threads, ils ne dominent pas la plateforme. Et rien ne dit qu’ils parviendront à la dominer un jour, comme ils dominent aujourd’hui Twitter.

Attention, également, à l’algorithme. Comme l’algorithme met en avant les réponses, répondre à un post problématique lui donnera une visibilité accrue. Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas répondre. Mais ayez en tête les effets qu’aura une réponse sur la visibilité du post auquel vous répondez, surtout si vous avez une audience importante.

Enfin, le blocage est beaucoup plus puissant sur Threads que sur Twitter. Si vous utilisez Bluesky, il fonctionne de manière similaire :

  • la personne bloquée ne sait pas qu’elle a été bloquée, contrairement à Twitter
  • lorsque vous bloquez quelqu’un, toutes ses réponses à vos posts sont masquées, pour tout le monde

Meta a fait le choix d’un blocage puissant afin de donner aux utilisateurs de Threads des outils pour se protéger — et pour protéger les personnes qui les suivent. Je n’ai aucun doute que le blocage sera utilisé par certaines personnes pour masquer les critiques. Ce type d’utilisation rendra le travail des sceptiques un peu plus difficile. Mais pour ma part, je préfère sacrifier un peu d’efficacité en échange d’un espace d’échange plus sain que Twitter.

Donnez à Threads sa chance

Si vous êtes sceptique, je vous encourage à donner sa chance à Threads. En six mois d’existence à peine, le réseau a déjà des dizaines de millions d’utilisateurs actifs. C’est des dizaines de fois plus que Mastodon ou Bluesky. Il me paraît d’ores et déjà acquis que Threads sera une plateforme majeure, sur laquelle il y aura beaucoup de monde. Et donc, beaucoup de fadaises.

Pour autant, tout n’est pas pseudoscience sur Threads. J’ai découvert de passionnants comptes de vulgarisation scientifique, d’astronomie ou de photographie que je n’aurais jamais découvert sur Twitter. Les échanges y sont agréables, y compris lorsqu’il s’agit d’échanges contradictoires. Comme quoi, il est possible de débattre sans se hurler les pires insanités. Qui l’aurait crû ?

Par contre, je veux rappeler quelques règles de bonne conduite :

  • Évitez l’agressivité, les moqueries et plus généralement, tous les propos irrespectueux. Non seulement, il s’agit de comportements anti-sociaux inacceptables. Mais même dans une logique de pure efficacité, vos réponses seront plus facilement masquées ou bloquées si elles sont insultantes. Ce qu’elles méritent de toute façon. Le débat contradictoire n’est pas une excuse pour se comporter en malotru.
  • Ne harcelez pas. Ne vous acharnez pas. N’insistez pas. Même si vous tombez sur une fadaise, n’oubliez pas qu’il y a une personne derrière. Comme vous, cette personne a le droit à ce que l’on respecte sa dignité et son intégrité psychologique.

Pour ma part, je compte être actif principalement sur Bluesky et sur Threads. J’apprécie mon expérience sur les deux plateformes, elles ont chacune un potentiel intéressant et complémentaire. Vous pouvez me trouver sur Bluesky sur @olivier.simardcasanova.net et sur Threads sur @olivier_simardcasanova.

À bientôt sur L’Économiste Sceptique,
Olivier

De nombreuses publicités sur X, anciennement Twitter, font la promotion d’arnaques aux cryptomonnaies

6 janvier 2024 à 21:21
De nombreuses publicités sur X, anciennement Twitter, font la promotion d’arnaques aux cryptomonnaies

C’est ce que rapporte Lawrence Abrams dans un article sur Bleeping Computer.

Les arnaques que promeuvent ces publicités auraient déjà fait perdre des dizaines de millions de dollars à des personnes qui détiennent des cryptomonnaies.

Il est particulièrement choquant qu’une plateforme comme X contienne un tel volume de publicités qui font la promotion d’arnaques. Soit les systèmes de X, dévastés par les coupes arbitraires décidées par Elon Musk, sont incapables d’identifier qu’il s’agit d'arnaques. Soit X sait qu’il s’agit d’arnaques, mais a tellement besoin de liquidités que la plateforme ferme les yeux sur de telles pratiques. Les deux hypothèses sont plausibles. Et l’une comme l’autre n'est flatteuse ni pour X, ni pour Elon Musk.

X users fed up with constant stream of malicious crypto ads
Cybercriminals are abusing X advertisements to promote websites that lead to crypto drainers, fake airdrops, and other scams.
De nombreuses publicités sur X, anciennement Twitter, font la promotion d’arnaques aux cryptomonnaiesBleepingComputerLawrence Abrams
De nombreuses publicités sur X, anciennement Twitter, font la promotion d’arnaques aux cryptomonnaies

Via Today in X sur Mastodon

Elon Musk consomme régulièrement de multiples drogues

7 janvier 2024 à 16:14
Elon Musk consomme régulièrement de multiples drogues

C’est ce que rapportent Emily Glazer et Kirsten Grind dans un article détaillé publié dans le Wall Street Journal. Il y a des rumeurs anciennes et persistantes au sujet d’une possible consommation de drogues par Elon Musk. L’article confirme ces rumeurs. Elon Musk consomme régulièrement de la ketamine, de l’ecstasy, des champignons hallucinogènes, du LSD et de la cocaïne.

Considérant les risques juridiques associés à publier un tel article, je suppose que le Wall Street Journal a une enquête en acier, qui résistera à un éventuel procès intenté par Elon Musk.

En plus d’expliquer son comportement erratique et les nombreuses décisions catastrophiques qu’il a pris chez X, anciennement Twitter, ainsi que chez Tesla, la consommation de drogues d’Elon Musk entre en violation à la fois du règlement intérieur des entreprises qu’il dirige, et de la réglementation fédérale aux États-Unis. Les conséquences de la publication de cet article pourraient être considérables pour Elon Musk, qui pourrait perdre la direction de nombre de ses entreprises. Sans parler de possibles poursuites judiciaires.

Que vont faire les conseils d’administration des entreprises d’Elon Musk, et l’État fédéral américain ? D’après moi, c’est ça la question importante désormais. Je ne serais pas surpris qu’il y ait de nouveaux développements, potentiellement majeurs, au cours des prochaines semaines et des prochains mois.

Elon Musk Has Used Illegal Drugs, Worrying Leaders at Tesla and SpaceX
Some executives and board members fear the billionaire’s use of drugs—including LSD, cocaine, ecstasy, mushrooms and ketamine—could harm his companies.
Elon Musk consomme régulièrement de multiples droguesThe Wall Street JournalEmily Glazer and Kirsten Grind
Elon Musk consomme régulièrement de multiples drogues

Via Michael Tae Sweeney sur Bluesky

Un surprenant résultat sur les différences de comportements de compétition entre femmes et hommes

17 janvier 2024 à 15:31

Une vaste littérature en science économique montre que les hommes font en moyenne davantage preuve de compétition que les femmes. L'explication dominante de cette différence est une tendance à la sur-confiance dans leurs capacités des hommes.

Un working paper de Tünde Lénárd, Dániel Horn et Hubert János Kiss remet en question cette explication.

🧭
Indicateur de confiance

• Profondeur de lecture : lecture superficielle (1/3)
• Proximité scientifique : proximité moyenne (2/3)

En savoir plus →

Comme la littérature scientifique pré-existante, le working paper mesure également que les hommes font davantage preuve de compétition que les femmes. Mais il échoue à établir que la différence est due à une tendance à la sur-confiance des hommes.

Dans une expérience de laboratoire, les chercheurs mesurent trois niveaux de confiance chez les sujets : sur-confiance (le sujet surestime ses performances), sous-confiance (le sujet sous-estime ses performances), et réalisme (le sujet estime correctement ses performances). Si l'explication dominante est correcte, parmi les sujets faisant preuve de sur-confiance, les hommes devraient davantage faire preuve de compétition que les femmes. Or, de manière surprenante, il n'y a pas de différence dans les comportements de compétition entre femmes et hommes parmi les sujets sur-confiants. Il n'y a pas non plus de différence parmi les sujets sous-confiants.

En revanche, parmi les sujets faisant preuve de réalisme sur leurs performances, les hommes font davantage preuve de compétition que les femmes — et la différence est significative.

Le working paper échoue donc à établir que la différence dans les comportements de compétition est due à une sur-confiance des hommes. Le résultat est robuste à différentes spécifications statistiques, suggérant qu'il ne s'agit pas d'un artéfact dans les données expérimentales.

Deux précisions cependant. La première est qu'il s'agit d'un working paper, qui n'a pas fait l'objet d'une revue par les pairs. La seconde est qu'il s'agit d'un seul article. Son résultat devra être répliqué par d'autres articles pour être confirmé, précisé ou réfuté.

Competition, confidence and gender: shifting the focus from
The gender gap in competitiveness is argued to explain gender differences in later life outcomes, including career choices and the gender wage gap. In experimental settings, a prevalent explanation at
Tünde Lénárd & Hubert János Kiss & Dániel Horn

Via Dennis Alexis Valin Dittrich sur Mastodon

Résumé

The gender gap in competitiveness is argued to explain gender differences in later life outcomes, including career choices and the gender wage gap. In experimental settings, a prevalent explanation attributes this gap to males being more (over)confident than females (we call this the compositional channel). While our lab-in-the-field study using data from students in 53 classrooms (N$>$1000) reproduces this finding, it also uncovers a second, potentially more impactful channel of confidence contributing to the gender gap in competitiveness (the preference channel). To disentangle the two channels, we propose a more precise measure of confidence based on whether the subjects’ believed performance rank exceeds, coincides with or falls short of their actual performance in a real-effort task. We label categories of this Guessed - Actual Performance (GAP) difference as overconfident, realistic or underconfident, respectively. Surprisingly, there is no gender difference in competitiveness within the over- and underconfident subgroups, while a significant gender gap exists among the realistic. So, even if both genders had the same level of confidence, a persistent gender gap in preference (or taste) for competition would remain in the realistic group. This finding is robust across all specifications, challenging previous theories about the overconfidence of men being the sole driver of the relationship between confidence and the gender gap in competition.

Bibliographie

Lénárd, Tünde, Hubert János Kiss, et Dániel Horn. 2023. « Competition, Confidence and Gender: Shifting the Focus from the Overconfident to the Realistic ». CERS-IE Working Papers. Institute of Economics, Centre for Economic and Regional Studies. https://ideas.repec.org//p/has/discpr/2327.html.

Les effets de l'école à distance sur la santé mentale des élèves

31 janvier 2024 à 09:51

Lors de la pandémie de COVID-19, de nombreuses écoles sont passées à l'enseignement à distance. Quels effets le passage au distanciel a eu sur la santé mentale des élèves ?

Cette question n'est pas une question d'opinion, mais une question factuelle. Les effets du passage au distanciel ne sont pas une question de point de vue personnel, mais une question de données empiriques.

Un article à paraître dans la revue American Economic Journal: Economic Policy utilise des données suédoises pour offrir un élément de réponse à cette question. Comme le montre la Figure 1, une partie seulement des élèves suédois sont passés à l'école à distance, ce qui permet de constituer un groupe contrôle (les élèves en distanciel) et un groupe témoin (les élèves en présentiel).

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Figure 1 - Part des élèves en présentiel ("Open") et en distanciel ("Remote") au collège ("Lower-secondary", de 14 à 16 ans) et au lycée ("Upper-secondary", de 17 à 19 ans) lors du printemps 2020 en Suède

Grâce à cette expérience naturelle et comme l'illustre la Figure 2, Evelina Björkegren, Helena Svaleryd et Jonas Vlachos, les trois auteurs de l'article, trouvent que les élèves en distanciel ont utilisé 4.4 % moins souvent les services de soins psychiatriques que les élèves en présentiel. La baisse est principalement due à une diminution des diagnostics et des prescriptions pour des troubles dépressifs et des troubles anxieux.

Bluesky est désormais accessible à toutes et tous

6 février 2024 à 15:57

Après quasiment un an en beta fermée, le réseau social Bluesky est désormais accessible à toutes et tous.

Si vous n'avez pas déjà un compte sur Bluesky, la méthode pour en créer un est simple : il vous suffit de vous rendre sur bsky.app et de vous laisser guider. D'expérience, Bluesky est un endroit beaucoup plus sain que X, anciennement Twitter.

Vous pouvez m'y retrouver à @olivier.simardcasanova.net.

À tout de suite !

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Bluesky

L'annonce officielle de Bluesky

Bluesky a gagné 550.000 utilisateurs en moins de 24 heures

7 février 2024 à 14:58

Depuis hier, Bluesky ne nécessite plus de code d'invitation pour créer un compte.

Bluesky est désormais accessible à toutes et tous
Il n’est plus nécessaire d’avoir un code d’invitation pour se créer un compte
Olivier Simard-CasanovaOlivier Simard-Casanova

Jay Grabber, la PDG de Bluesky, annonce qu'en un peu moins de 24 heures, 550.000 comptes ont été créés sur la plateforme :

2 more hours until we’ve been open for 24 hours — we’ve welcomed 550k newskies, testing every piece of the infra.

D'après ce site, il y a actuellement quasiment 3.8 millions de comptes sur Bluesky.

Figure 1 - Impression d'écran réalisée le 7 février 2024 à 13h50 (heure de Paris)

Par déduction, avant l'ouverture à toutes et tous de Bluesky, il y avait 3.25 millions de comptes. En à peine 24 heures, le nombre d'utilisateurs de Bluesky a donc augmenté de 17 % (!).

Je suis curieux de voir l'évolution du rythme de création de nouveaux comptes au cours des prochaines semaines. Il va probablement se réduire, mais dans quelle mesure ?

C'est en tout cas une période fascinante pour suivre le marché des plateformes sociales, qui évolue rapidement.

Meta ne recommandera pas de contenu politique sur Threads

9 février 2024 à 18:18

C'est ce que l'entreprise vient d'annoncer dans la presse. Adam Mosseri, le PDG d'Instagram, a également publié un fil d'explication sur Threads.

Concrètement, Threads appliquera une étiquette Politique aux comptes qui publient régulièrement du contenu politique. Les publications des comptes étiquetés ne seront pas recommandées aux comptes qui ne les suivent pas.

Les personnes qui souhaitent avoir des recommendations de contenu politique dans leur flux algorithmique pourront activer une option dans les réglages. Par défaut, l'option sera désactivée. Par ailleurs, le contenu des comptes étiquetés qu'une personne suit déjà ne sera pas masqué dans le flux algorithmique.

Pour ma part, je trouve que c'est une excellente décision de la part de Meta, au moins sur le principe. Twitter a été en partie ruiné par des comptes politiques toxiques qui vivent pour récolter des likes, des reposts et des abonnements. Ils ne travaillent pas, peu, ou mal. Ils ont les pires comportements antisociaux. Des articles scientifiques montrent d'ailleurs que les comptes les plus partisans se comportent de manière toxique dans tous les contextes, pas seulement lors de discussions politiques.

The social media discourse of engaged partisans is toxic even when politics are irrelevant
Abstract. Prevailing theories of partisan incivility on social media suggest that it derives from disagreement about political issues or from status competition
OUP AcademicDavid Rand

La contribution de ces comptes au débat paraît bien minime. Si vous faites partie de la communauté sceptique et que vous fréquentez, ou avez fréquenté, Twitter, vous avez certainement une longue liste de comptes en tête pour illustrer ce phénomène.

Les plateformes ont intérêt à réduire la probabilité que ces comptes nuisent aux autres utilisateurs et utilisatrices. Leur rendre la vie difficile, par exemple en n'amplifiant pas leur contenu, va dans cette direction.

Je ne sais pas si cette politique de Meta produira les effets escomptés. Je le souhaite. A minima, elle me semble prometteuse, car elle a le potentiel pour étouffer ces comptes politiques toxiques avant qu'ils ne ruinent Threads comme ils ont ruiné, et ruinent encore, Twitter.

Il faudra cependant prêter attention à son implémentation. Le flux algorithmique de Threads est notoirement mauvais. La modération de Threads est également bien médiocre. Le principe de cette politique est bon. Mais il faudra voir comment Meta traduira concrètement cette décision.

Bibliographie

Mamakos, Michalis, et Eli J Finkel. 2023. « The social media discourse of engaged partisans is toxic even when politics are irrelevant ». PNAS Nexus 2 (10): pgad325. https://doi.org/10.1093/pnasnexus/pgad325.

La lente approbation des mariages interraciaux aux États-Unis

16 janvier 2024 à 21:23
La lente approbation des mariages interraciaux aux États-Unis

Par l'intermédiaire de Paul Krugman sur Threads, j'ai découvert ce graphique.

La lente approbation des mariages interraciaux aux États-Unis
Figure 1

Issu d'une série de sondages de Gallup, le graphique montre la proportion d'adultes qui disent "approuver" les mariages interraciaux entre personnes noires et personnes blanches aux États-Unis.

En 1958, seulement 4 % de la population approuvait les mariages interraciaux. Il aura fallu attendre les années 1990 pour qu'une majorité de la population américaine approuve.

Lorsque l'on sépare les données par groupe racial, les données montrent au moins deux phénomènes.

  • Ce sont surtout les personnes blanches qui ont été lentes à approuver les mariages interraciaux.
  • Même si les personnes noires approuvent majoritairement les mariages interraciaux depuis 1968, la proportion qui approuve était d'une courte majorité à la fin des années 1960.
La lente approbation des mariages interraciaux aux États-Unis
Figure 2

Davantage de détails sont disponibles sur le site de Gallup :

U.S. Approval of Interracial Marriage at New High of 94%
Ninety-four percent of U.S. adults now approve of marriages between Black people and White people. Just 4% approved when Gallup first asked the question in 1958.
La lente approbation des mariages interraciaux aux États-UnisGallupJustin McCarthy
La lente approbation des mariages interraciaux aux États-Unis

Des données illustrent que X, anciennement Twitter, a un sérieux problème de bots

17 février 2024 à 11:07

Quiconque utilise encore X en aura fait l'expérience : la plateforme est submergée par des acteurs inauthentiques — concrètement, des bots. Qui n'a pas eu des quantités industrielles de "Hannah" dans ses notifications au cours des derniers mois ?

Pour autant, les anecdotes personnelles ne suffisent pas pour affirmer que X a un problème généralisé d'activité inauthentique. Pour faire une telle affirmation, il est nécessaire de recourir à des données. Une entreprise spécialisée vient de publier de telles données. Ce qu'elles montrent est aussi choquant que catastrophique.

La semaine dernière, aux États-Unis a eu lieu le Super Bowl. Il s'agit d'un évènement majeur de football américain. L'édition de cette année a battu des records d'audience. Y compris sur X, c'est en tout cas ce qu'a déclaré l'entreprise. Pour autant, dans quelle mesure l'activité sur X lors du Super Bowl était réellement de l'activité humaine ?

D'après CHEQ, une entreprise spécialisée dans la détection de trafic inauthentique et la lutte contre la fraude publicitaire en ligne, pendant le Super Bowl de 2024, le trafic provenant de X à destination des sites Internet de ses clients était constitué de bots à hauteur de 75 %. Vous avez bien lu : les trois-quarts du trafic provenant de X à destination du site Internet des clients de CHEQ était inauthentique.

The majority of traffic from Elon Musk’s X may have been fake during the Super Bowl, report suggests
These numbers are legitimately shocking.
MashableMatt Binder

Via dalfen sur Mastodon

À titre de comparaison, voici la part de trafic inauthentique mesuré par CHEQ pour d'autres plateformes :

  • TikTok, Super Bowl de 2024 : 2.56 %
  • Facebook, Super Bowl de 2024 : 2.01 %
  • Instagram, Super Bowl de 2024 : 0.73 %
  • Twitter, Super Bowl de 2023 : 2.81 %

J'ai fait deux graphiques pour illustrer l'ampleur du problème. La Figure 1 reprend les données ci-dessus.

Figure 1

La Figure 2 reprend les mêmes données que la Figure 1, et j'ai ajouté les données de X pour 2024.

Figure 2

Il ne me semble pas utile de commenter ce qui différencie la Figure 1 de la Figure 2.

CHEQ a également publié des données portant sur la part du trafic inauthentique pendant le mois de janvier 2024 :

  • TikTok : un peu plus de 2.6 %
  • Facebook : un peu plus de 2 %
  • Instagram : 0.96 %
  • X : 31.82 %

Même en dehors d'évènements majeurs comme le Super Bowl, la Figure 3 montre à quel point X se distingue par le volume considérable de trafic inauthentique qui provient de la plateforme.

Figure 3

Voici comment Guy Tytunovich, le fondateur et PDG de CHEQ, commente les données :

I've never seen anything even remotely close to 50 percent, not to mention 76 percent. I'm amazed… I've never, ever, ever, ever seen anything even remotely close.

Ma traduction :

Je n’ai jamais rien vu de même vaguement proche de 50 %, sans parler de 76 %. Je suis estomaqué… Je n’ai jamais, jamais, jamais, jamais vu quelque chose de même vaguement proche.

Deux importantes précisions méthodologiques. La première est que l'on ne sait pas si les données de CHEQ sont représentatives : les données sont issues d'un échantillon constitué des sites Internet des clients de l'entreprise, plutôt que d'une sélection variée de sites Internet. La deuxième est que les données de CHEQ ne mesurent pas l'activité inauthentique directement sur X. Ce que mesurent les données de CHEQ, c'est la proportion du trafic provenant de X vers les sites de ses clients qui n'est pas authentique.

Ces précisions faites, les données de CHEQ vont néanmoins dans le sens de ce que rapportent de nombreux utilisateurs de X depuis des mois. Si X génère autant de trafic inauthentique vers des sites tiers, cela implique que l'activité inauthentique sur la plateforme est importante.

Les données de CHEQ montrent a minima que l'activité inauthentique sur X a significativement augmenté : à méthodologie relativement constante (les outils de détection de CHEQ) et à échantillon relativement constant (les sites Internet des clients de CHEQ), le trafic inauthentique en provenance de Twitter en 2023, puis de X en 2024, au cours du Super Bowl a été multiplié par… quasiment 27 !

Figure 4

En plus de sévèrement dégrader l'expérience utilisateur, et donc de diminuer encore l'utilité de la plateforme, l'augmentation significative de l'activité inauthentique sur X pose également un problème financier pour l'entreprise. Si des annonceurs achètent de la publicité, comment savoir si la publicité a été vue par des humains ou par des bots ? Acheter de la publicité pour qu'elle soit vue par des bots n'intéressera personne.

La lutte contre l'activité inauthentique était présentée par Elon Musk comme un objectif majeur lorsqu'il a racheté l'entreprise. C'est par exemple dans cet objectif qu'il a dynamité le système de vérification d'identité. Quasiment un an et demi plus tard, il me semble clair que l'activité inauthentique n'a pas disparue de X. Pire : la situation s'est considérablement dégradée. L'effort à faire pour corriger le tir sera sans doute considérable, s'il est un jour entrepris.

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Mise à jour le 17 février 2024 à 14:55 : la Figure 4 est triée dans l'ordre chronologique.
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