C’est pénible d’être Marc André (l’auteur de Splendor). Tout le monde va tout ramener à ça, tout mesurer et comparer à Splendor. Marc André (l’auteur de Splendor) doit en avoir marre.
Les personnages de jeux de rôle sont de petites créatures auxquelles, à force de les fréquenter pendant de longues heures, on finit par s’attacher autant que s’ils étaient pourvus d’oreilles pointues et pelucheuses. Dès lors, on ne rêve plus pour eux que d’une fin glorieuse et paisible, type « Il vainquit le seigneur de la Nuit et rentra chez lui dans la quiétude du soleil retrouvé pour vivre heureux, autour de plein de plants de patates ». Mais une fois qu’on a son content de frites et de fins où tout va bien, on s’aperçoit parfois que les issues tristes et violentes, c’est intéressant aussi.
Vous connaissez la gigantesque arnaque des imprimantes à jet d’encre ? Elles ne coûtent pas très cher à l’achat compte tenu de la technologie et de la taille du bestiau, mais dès qu’il faut remplacer les cartouches, souvent encore à moitié pleines, il faut hypothéquer biens et famille. Si l’on est ici à mille lieues des pratiques crapuleuses des fabricants de ces objets du diable, je ne peux néanmoins m’empêcher de ressentir une certaine familiarité dans le cas présent.
Je vous le dis comme je le pense : grrrrngggngniiiiiiiiiiiiiiiiii. Stop Me or Let Me Go, c’est génial en matière de conception, une forme quasi artistique d’épure qui génère de l’originalité, le tout dans une frénésie peu commune pour un double guessing (si vous ne savez pas ce que c’est, je vous renvoie à la scène du poison dans Princess Bride, et si vous ne savez pas ce qu’est Princess Bride, vous aimez trop les effets spéciaux réussis).
Quand Antoine Bauza (7 Wonders, Oltrée, Hanabi…) et Thomas Provoost (fondateur de Repos Production), qui ne sont pas des perdreaux de l’année dans le milieu, ont décidé de créer la maison d’édition Playpunk, j’ai imaginé de l’anarchie, un coup de pied dans la mare. Mais ce sont des vrais punks : ceux qui font l’inverse de ce que l’on anticipe.
Fin février, tout le monde va y tester des nouveautés. Quelle banalité ! On y a mis les mains dans le proto, certains jeux pas tout à fait finis, d’autres presque prêts.
On a tous cette pote qui sait dessiner et qui, du coup, s’amuse vraiment au Pictionary. Sauf que la mienne est illustratrice pro (bisous Manon). Autant vous dire que la différence entre ses merveilles et mes gribouillis fait qu’il n’y a pas besoin de compter les points.
45 minutes de règles — et c’était rapide —, presque deux heures pour faire deux manches (sur trois). D’accord c’était de la découverte, mais le prochain SWAF n’est pas là pour rigoler.
« Je pense que l’artiste exprime la frustration de l’Homme face aux misères humaines. Ce carré bleu est son impuissance face au néant.
— Oui Michel. Mais tu choisis “Machine à coudre” ou “Révolution” du coup ? »
Imaginez un atelier organisé dans un petit appentis en bois, jouxtant une maisonnette. Dedans, des hommes concentrés font glisser des rabots sur une surface de bois : le bruit est apaisant, le mouvement va doucement vers son but, jusqu’à ce que de la planche noueuse il ne reste que le cœur le plus pur.
« Je prends des notes, me dit Antoine Bauza, qui n’en est pas l’auteur, mais l’éditeur. Tu m’as frustré et privé de cartes, faut qu’on discute de détails avec les auteurs. »
La réunion impromptue de 17 h 30, l’automobiliste qui klaxonne parce que vous avez l’audace d’exister alors qu’il ne voudrait pas quitter son 70 km/h dans une rue limitée à 30, la personne juste devant vous dans la queue à la boulangerie qui part avec le dernier éclair à la pistache… Autant de choses du quotidien qui peuvent donner envie d’être agressive. Mais comme il paraît qu’il faut rester civile même quand ils sont si vils, cela fait parfois du bien de se retourner vers l’agressivité ludique quand un peu de confrontation nous démange.
Entre rééditions, extensions, arrivées décalées dans plusieurs pays, évaluer le nombre de jeux qui sortent par an est difficile, mais une chose est sûre : il y en a beaucoup, voire trop.
Une demi-page, c’est un peu comme un jeu en temps limité. Il faut parer au plus pressé, compter chaque lettre comme autant de secondes. Balancer les choses comme elles viennent : coop'. Aventuriers. Quiproquo. Drôle. (J’ai l’impression d’être Alain De Greef dans les Guignols de l’info, et pardon aux familles pour l’âge de la référence).
Si parfois vous avez l’impression que personne ne pense à vous ou ne fait d’effort pour vous comprendre, sachez que nous, on ne fait que ça. Il fallait nous voir avec Perco dans les allées de Cannes, échangeant d’inquiets « Telle preview, ça plairait aux lecteurs, non ? ». Mais là, non. Là, je vais être une personne toxique et vous imposer de vous intéresser à Dungeon Twister. Et je vais le faire en utilisant ma carte Vieille Conne.
Le roi est mort, alors le royaume se recueille et l’union nationale se fait pour respe... ah non, on cherche à influencer les cinq clans de bourgeois et c’est le bordel.
« Un 4X en 15 minutes par joueur ? Ha ha impossible, c’est un mensonge. Bon, c’est quoi les actions possibles ?
— Euh… explorer, coloniser, exploiter et combattre.
— Ah…
— Voilà. »