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Le triste état du ferroviaire à grande vitesse aux États-Unis

Contrairement à la plupart des pays riches, les États-Unis n’ont, à ce jour, pas un seul kilomètre de ligne ferroviaire à grande vitesse.

Il existe bien quelques services comme Acela (Northeast Corridor, entre Washington DC et Boston) et Brightline (Floride, entre Miami et Orlando), services qui sont d’ailleurs des succès commerciaux. Mais leur vitesse de pointe de 240 km/h (Acela) et de 200 km/h (Brightline) ne permettent pas de les catégoriser dans la grande vitesse ferroviaire, que l’on fait généralement débuter à 250 km/h. Il n’y a guère que le Canada qui fasse pire, où il n’y a même pas de service optimisé similaire à Acela ou Brightline.

Figure 1 – Acela (à gauche) et Brightline (à droite). Source : Apple Maps.

Pour autant, des projets de lignes à grande vitesse existent. Certaines lignes sont même en construction, comme la problématique CASHR (California High Speed Rail) en Californie. Néanmoins, ces projets ne permettent pas de combler l’important retard pris au cours des dernières décennies. Et le désastre politique, logistique et budgétaire qu’est la CASHR n’incite pas à l’optimisme.

Figure 2 – Localisation de l’état de Californie aux États-Unis.

Pour faire le point sur les projets les plus avancés, je vous recommande cet article de Théo Laubry publié dans Slate. L’article aborde plus spécifiquement la ligne Brightline West, dont la construction vient de commencer entre Los Angeles et Las Vegas sur le modèle d’un partenariat public-privé. Située entre la Californie et le Nevada, cette ligne a de bien meilleures chances d’aboutir, et sans exploser son budget, que la CASHR.

Aux États-Unis, le train à grande vitesse voit enfin le bout du tunnel
Le chantier de la future ligne Brightline West, devant relier Las Vegas et Los Angeles à l’horizon 2028, vient d’être lancé. Il s’agira du «premier train à grande vitesse de l’histoire américaine».
Slate.frThéo Laubry

Via Théo Laubry sur Threads

Théo l’écrit dans son article : l’état du ferroviaire à grande vitesse n’est que le reflet de l’état généralement mauvais du ferroviaire passager aux États-Unis. Comme le montre Figure 3, les États-Unis ont un important réseau ferré.

Figure 3 – Carte du réseau ferroviaire aux États-Unis. Source : OpenRailwayMap.

Ce réseau sert principalement au transport de fret. Comme le montre la Figure 4, le fret ferroviaire a une part modale beaucoup plus importante aux États-Unis qu’en Europe.

Figure 4

À quelques exceptions près, le ferroviaire passager est particulièrement peu développé aux États-Unis. Une illustration : la ligne du Pacific Surfliner n’offre que 10 allers-retours par jour entre Los Angeles (13.2 millions d’habitants dans la métropole) et San Diego (3.2 millions d’habitants dans la métropole), deux métropoles distantes de seulement 200 kilomètres. Le trajet dure environ 3 heures en train, contre environ 2 heures en voiture. La voie n’est pas électrifiée, et est même à voie unique sur une partie substantielle du trajet. Et pourtant, le Pacific Surfliner est le seconde ligne la plus empruntée du pays en nombre de voyageurs. C’est dire la faiblesse du ferroviaire passager.

Figure 5 – Horaires du Pacific Surfliner pour le lundi 13 mai 2024 entre Los Angeles et San Diego. Source : Amtrak.

L’administration de Joe Biden s’est engagée à revitaliser le transport ferroviaire de passagers. Mais le retard pris est important. Pour le combler, l’effort devra être maintenu sur une longue période. Il n’est pas certain que le climat politique chaotique des États-Unis permette un tel effort de long terme.

La campagne de Joe Biden lève beaucoup plus de fonds que la campagne de Donald Trump

La Figure 1 est un intéressant graphique partagé sur Bluesky par Jacob T. Levy. Il s'agit du total cumulé des fonds levés par les campagnes de Donald Trump (en rouge) et par Joe Biden (en bleu), en 2020 (ligne pointillée) et en 2024 (ligne continue), entre 600 jours avant le jour de l'élection et le jour de l'élection ("Election Day").

Les fonds sont des dons, provenant d'individus ou d'organisations. Aux États-Unis, les organisations comme les entreprises peuvent financer les campagnes électorales.

Figure 1 - En millions de dollars.

Le graphique, issu d'un article du New York Times, montre plusieurs faits notables.

⭐️ Point #1 - Semaine du 25 mars 2024

⭐️ Point #1 - Semaine du 25 mars 2024

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Enfin, la section musicale me permet de partager sans prétention la musique que j'écoute en ce moment.

En fonction de vos retours et de la simplicité à maintenir la revue de presse et la section musicale, il est possible que ces deux sections du Point évoluent — voire disparaissent si l'expérimentation n'est pas concluante. Par contre, le récapitulatif hebdomadaire est un format pérenne, qui n'est pas expérimental.

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Bonne lecture !

Olivier

La rhétorique de Donald Trump sur l'émeute du 6 Janvier se radicalise

D'après des données compilées par le Washington Post, Donald Trump utilise des propos de plus en plus radicaux dans ses discours pour décrire les émeutiers qui ont attaqué le Capitole le 6 janvier 2021.

Après les avoir qualifiés de "prisonniers politiques", ce qu'ils ne sont pas, Donald Trump appelle désormais les émeutiers des "otages", ce qu'ils ne sont pas non plus.

Figure 1 - Nombre de discours dans lesquels Donald Trump appelle au moins une fois les émeutiers du 6 Janvier des "otages". Source : Washington Post.

En plus de ces qualifications fallacieuses, Donald Trump promet également une amnistie des émeutiers.

www.washingtonpost.com via Michael Clemens sur Bluesky

En plus de l'évident problème moral que pose la rhétorique de Donald Trump, la radicalisation de son discours est sans doute une mauvaise stratégie politique. J'ai vu passer au moins deux sondages récents qui montrent qu'une large majorité des américains condamnent l'émeute, ce qu'illustre la Figure 2.

Figure 2 - 22 % des sondés "approuvent" les actions de ceux qui sont entrés de force dans le Capitole le 6 janvier 2021, 78 % "désapprouvent". Source : CBS News et YouGov.

Pire, la Figure 3 montre que la majorité des sympathisants républicains désapprouvent l'émeute. Y compris les sympathisants MAGA ("Make America Great Again"), qui sont pourtant les sympathisants républicains les plus alignés sur Donald Trump.

Figure 3 - 43 % des sympathisants républicains MAGA ("Make America Great Again") "approuvent" les actions de ceux qui sont entrés de force dans le Capitole le 6 janvier 2021, contre 22 % des sympathisants républicains non-MAGA. Source : CBS News et YouGov.

Un second sondage, que je n'arrive pas à retrouver, montrait que seulement un tiers des sympathisants républicains avaient une vision positive des émeutiers (il me semble que la question posée était "diriez-vous que les personnes ayant participé au 6 Janvier sont des patriotes ?").

Les émeutiers du Capitole sont particulièrement impopulaires dans l'électorat américain. Les défendre comme le fait Donald Trump va à l'encontre de l'opinion publique, ce qui pourrait coûter cher dans les urnes. Le Parti républicain continue par exemple de payer très cher la suppression de la protection fédérale de l'avortement par la Cour Suprême dont il est à l'origine.

Les propos de Donald Trump sont d'autant moins une bonne stratégie politique que les démocrates ont tout intérêt à utiliser sa rhétorique contre lui dans leur communication. Et compte tenu de l'impopularité des émeutiers dans l'opinion publique américaine, on peut se dire que la stratégie sera probablement efficace.

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