De nombreuses personnes utilisent le mot « censure » pour décrire les décisions de modération prises par les plateformes de réseaux sociaux. Mais les deux mots peuvent-ils vraiment être utilisés de manière interchangeable ? Probablement pas.
Contrairement à la plupart des pays riches, les États-Unis n’ont, à ce jour, pas un seul kilomètre de ligne ferroviaire à grande vitesse.
Il existe bien quelques services comme Acela (Northeast Corridor, entre Washington DC et Boston) et Brightline (Floride, entre Miami et Orlando), services qui sont d’ailleurs des succès commerciaux. Mais leur vitesse de pointe de 240 km/h (Acela) et de 200 km/h (Brightline) ne permettent pas de les catégoriser dans la grande vitesse ferroviaire, que l’on fait généralement débuter à 250 km/h. Il n’y a guère que le Canada qui fasse pire, où il n’y a même pas de service optimisé similaire à Acela ou Brightline.
Pour autant, des projets de lignes à grande vitesse existent. Certaines lignes sont même en construction, comme la problématique CASHR (California High Speed Rail) en Californie. Néanmoins, ces projets ne permettent pas de combler l’important retard pris au cours des dernières décennies. Et le désastre politique, logistique et budgétaire qu’est la CASHR n’incite pas à l’optimisme.
Pour faire le point sur les projets les plus avancés, je vous recommande cet article de Théo Laubry publié dans Slate. L’article aborde plus spécifiquement la ligne Brightline West, dont la construction vient de commencer entre Los Angeles et Las Vegas sur le modèle d’un partenariat public-privé. Située entre la Californie et le Nevada, cette ligne a de bien meilleures chances d’aboutir, et sans exploser son budget, que la CASHR.
Théo l’écrit dans son article : l’état du ferroviaire à grande vitesse n’est que le reflet de l’état généralement mauvais du ferroviaire passager aux États-Unis. Comme le montre Figure 3, les États-Unis ont un important réseau ferré.
Ce réseau sert principalement au transport de fret. Comme le montre la Figure 4, le fret ferroviaire a une part modale beaucoup plus importante aux États-Unis qu’en Europe.
À quelques exceptions près, le ferroviaire passager est particulièrement peu développé aux États-Unis. Une illustration : la ligne du Pacific Surfliner n’offre que 10 allers-retours par jour entre Los Angeles (13.2 millions d’habitants dans la métropole) et San Diego (3.2 millions d’habitants dans la métropole), deux métropoles distantes de seulement 200 kilomètres. Le trajet dure environ 3 heures en train, contre environ 2 heures en voiture. La voie n’est pas électrifiée, et est même à voie unique sur une partie substantielle du trajet. Et pourtant, le Pacific Surfliner est le seconde ligne la plus empruntée du pays en nombre de voyageurs. C’est dire la faiblesse du ferroviaire passager.
L’administration de Joe Biden s’est engagée à revitaliser le transport ferroviaire de passagers. Mais le retard pris est important. Pour le combler, l’effort devra être maintenu sur une longue période. Il n’est pas certain que le climat politique chaotique des États-Unis permette un tel effort de long terme.
Matt Navarra, sur Threads en citant un article de Business Insider, rapporte qu'aux États-Unis, Threads a d'ores et déjà davantage d'utilisateurs quotidiens que X, anciennement Twitter.
En avril 2024, Threads a ainsi 28 millions d'utilisateurs actifs quotidiens, contre 22 millions pour X. Threads a 100 millions d'utilisateurs actifs mensuels, contre 140 millions pour X.
Même si X continue à avoir davantage d'utilisateurs actifs mensuels que Threads, il s'agit d'une performance remarquable pour Threads. Pour rappel, Threads n'a été lancé qu'en juillet 2023 aux États-Unis.
Il est également remarquable que si Elon Musk n'avait pas pris une série de décisions toutes plus catastrophiques les unes que les autres après avoir racheté Twitter, Meta n'aurait sans doute jamais lancé Threads. Le rachat de Twitter par Elon Musk, et sa gestion catastrophique de la plateforme depuis, est un cas d'école de blessure auto-infligée.
Il y a environ un an, j'avais publié une compilation des décisions catastrophiques prises par Elon Musk à la tête de Twitter. Je n'ai pas prévu de publier une suite à cet article, mais je pourrais. La série ne s'est pas arrêté en avril 2023.
Carbon Brief a publié un article très complet, qui contient de nombreuses visualisations de données des températures globales. Elles montrent que 2024 a d'ores et déjà battu de nombreux records.
Comme le montre la Figure 1, les quatre premiers mois de 2024 sont ceux ayant connu l'anomalie de température la plus importante depuis les années 1940. L'anomalie de température est l'écart entre la température observée et la température moyenne au cours de la période 1850-1900.
La Figure 2 représente des données similaires, avec un pas quotidien plutôt que mensuel.
Enfin, la Figure 3 montre la distribution géographique de l'anomalie de température. Plus la zone est rouge, plus l'anomalie de température est importante. La carte montre que la quasi-totalité de la planète est concernée.
Je l'ai souvent dit, et l'article de Carbon Brief me permet de le répéter : il est essentiel de lutter contre le réchauffement climatique avec des solutions dont l'efficacité a été démontrée, en moins partiellement, par la littérature scientifique. Il n'y aurait rien de pire que de rater la transition écologique parce que l'on aurait mis en place des "solutions" inefficaces dont on se serait convaincus du contraire.
Si vous lisez l'anglais, l'article mérite d'être lu. Le travail de visualisation de données est par ailleurs remarquable.
La Figure 1 est un intéressant graphique partagé sur Bluesky par Jacob T. Levy. Il s'agit du total cumulé des fonds levés par les campagnes de Donald Trump (en rouge) et par Joe Biden (en bleu), en 2020 (ligne pointillée) et en 2024 (ligne continue), entre 600 jours avant le jour de l'élection et le jour de l'élection ("Election Day").
Les fonds sont des dons, provenant d'individus ou d'organisations. Aux États-Unis, les organisations comme les entreprises peuvent financer les campagnes électorales.
Pour rappel, Threads est le concurrent de Twitter de Meta adossé à Instagram.
D'après Digiday, Meta aurait fait la promotion des futures fonctionnalités publicitaires de Threads auprès d'une sélection de responsables travaillant dans l'industrie publicitaire. Les fonctionnalités publicitaires arriveraient dans la deuxième partie de 2024, soit à peine un an après le lancement du réseau.
Il était évident dès le départ que Meta allait monétiser Threads par de la publicité. Je ne pensais cependant pas que ça irait aussi vite. D'autant qu'en attendant, le fil algorithmique de Threads est toujours d'une insondable médiocrité.
It is with a heavy heart that I share this sad news with you. Despite how much we’ve accomplished together, we will be shutting down Post News within the next few weeks.
We have done many great things together. We built a toxicity-free community, a platform where Publishers engage, and an app that validated many theories around Micropayments and consumers’ willingness to purchase individual articles. We even managed to cultivate a phenomenal tipping ecosystem for creators and commenters.
But, at the end of the day, our service is not growing fast enough to become a real business or a significant platform. A consumer business, at its core, needs to show rapid consumer adoption and we have not managed to find the right product combination to make it happen.
En français :
C'est le cœur lourd que je partage avec vous cette triste nouvelle. Malgré tout ce que nous avons accompli ensemble, nous fermerons Post News dans les prochaines semaines.
Nous avons fait beaucoup de grandes choses ensemble. Nous avons construit une communauté sans toxicité, une plateforme où les éditeurs s'engagent, et une application qui a validé de nombreuses théories autour des micropaiements et de la disposition des consommateurs à acheter des articles individuels. Nous avons même réussi à cultiver un écosystème phénoménal de pourboires pour les créateurs et les commentateurs.
Mais, en fin de compte, notre service ne se développe pas assez rapidement pour devenir une véritable entreprise ou une plateforme majeure. Fondamentalement, une entreprise avec un produit grand public doit bénéficier d'une adoption rapide par les consommateurs et nous n'avons pas réussi à trouver la bonne combinaison pour que cela se produise.
post.news a connu un pic de popularité lorsque Elon Musk a racheté Twitter. Le produit venait à peine d'être lancé et, comme Bluesky, il a dû mettre en place des barrières pour éviter que les utilisateurs ne submergent ses ressources limitées. Malgré ce départ en trombe, post.news est finalement resté trop petit pour espérer devenir viable.
post.news avait prévu d'adopter ActivityPub, le protocole ouvert sur lequel sont notamment bâtis Mastodon, Flipboard et Threads. ActivityPub permet à toutes les plateformes compatibles d'interagir entre elles. Par exemple, il est possible de suivre des comptes Threads sur Mastodon, et bientôt, il sera possible de suivre des comptes Mastodon sur Threads.
Avec les protocoles ouverts, il n'est plus nécessaire de devoir bâtir une base d'utilisateurs pour lancer un produit viable. La base d'utilisateurs est déjà là, via le protocole.
Je ne critique pas post.news pour autant. La plateforme a été lancée juste avant qu'il ne devienne clair que l'avenir des réseaux sociaux serait bâti sur des protocoles ouverts.
En janvier 2024, quelques minutes après son décollage de Portland (Oregon), un Boeing 737-9 de Alaska Airlines a perdu une porte condamnée.
Depuis, les médias relatent un nombre inquiétant d'incidents impliquant des avions de Boeing.
Pour autant, y a-t-il un problème généralisé avec les avions de Boeing ?
Dans une récente vidéo, Xavier Tytelman explique que l'importante couverture médiatique des incidents impliquant des avions de Boeing est en réalité trompeuse.
Certains incidents sont dûs à une maintenance défaillante, qui n'est pas le fait de Boeing. D'autres sont dûs à des problèmes sur les moteurs, qui ne sont pas construits par Boeing. Enfin, des incidents identiques à ceux connus par des avions de Boeing, mais impliquant des avions de Airbus, ne font l'objet d'aucune couverture médiatique particulière.
De mon point de vue, cette série d'incidents ressemble à un biais de confirmation : un certain nombre de médias cherchent les incidents impliquant des avions de Boeing. Et forcément, ils en trouvent. Compte tenu du nombre important d'avions en circulation, et du nombre important de vols chaque jour, même si le taux d'incident est quasiment de 0 %, il y aura forcément quelques incidents chaque semaine.
Boeing a semble-t-il un authentique problème de contrôle-qualité de ses chaînes de production. Des questions se posent également sur l'inefficacité de la régulation américaine : faute de moyens, les autorités de régulation ont en effet délégué des pans entiers de la régulation de Boeing à… Boeing. Ce qui peut créer un (évident) problème dans l'implémentation et le suivi des régulations par Boeing.
Ces problèmes sont sérieux, et doivent être traités comme tel. Pour autant, couvrir le moindre incident, y compris lorsque Boeing n'y est pour rien, contribue à propager une lecture trompeuse de la situation, et alimente les peurs des passagers des compagnies aériennes.
N'oublions pas que l'aérien, comme le ferroviaire, sont des modes de transport largement plus sûrs que la voiture.
Vous, ou l'un de vos proches, avez peut-être été récemment prélevé de plusieurs dizaines d'euros par une énigmatique "Société française d'assurance multirisques", ou SFAM.
L'entreprise existe bel et bien, et est connue pour prélever, sans autorisation, d'anciens clients pour des services d'assurance qui n'existent pas. Elle a une importante ardoise à régler auprès de l'Urssaf, et apparement, ses dirigeants se sont dit que prélever sans autorisation les comptes d'anciens clients était une stratégie viable pour rétablir les finances de l'entreprise.
D'après 60 Millions de Consommateurs, voici comment faire si vous êtes victime des pratiques scélérates de cette entreprise :
Vous êtes un ancien client de la Sfam ? Consultez sans tarder vos derniers relevés bancaires. Si vous constatez un prélèvement indu, faites opposition au paiement auprès de votre banque. Bloquez-le avec le numéro de mandat, inscrit à côté du libellé qui figure sur votre relevé. Cela empêchera l’entreprise de vous débiter.
N’hésitez pas non plus à signaler l’entreprise et ses autres marques commerciales (Foriou, Hubside, Celside, Serena, Info Presse) auprès de la Répression des fraudes, sur le site SignalConso. Le plus important est de rester vigilant et de régulièrement regarder ses comptes pour stopper ces prélèvements dès qu’ils surviennent.
En février 2024, une cour canadienne a obligé Air Canada à partiellement rembourser le billet d'avion acheté par l'un de ses clients. Le client avait demandé au bot du support client les conditions dans lesquelles Air Canada rembourse les billets d'avion achetés en urgence lorsqu'un proche décède. Or, le bot a répondu en hallucinant une politique de remboursement qui n'existe pas.
Air Canada a proposé un bon d'achat de 200 dollars canadiens à son client, qui l'a refusé et a porté l'affaire devant un tribunal. Air Canada a combattu la plainte, en argumentant que le client aurait dû se référer aux pages expliquant la politique de remboursement plutôt qu'aux propos du bot. Le juge n'a manifestement pas été réceptif à l'argument, considérant que les propos du bot ont la même valeur juridique que les pages rédigées par des humains.
Suite à ce jugement, Air Canada a semble-t-il rapidement arrêté son bot, dont la mise en place a pourtant été coûteuse. Le bot avait pour objectifs de diminuer les coûts du service client et d'améliorer la qualité du service rendu.
De mon point de vue, ce qui est intéressant dans cette anecdote est la confiance déraisonnable qu'Air Canada a accordé à son bot. Il est documenté, y compris dans la littérature scientifique, que les IA basées sur des large language models comme ChatGPT sont susceptibles d'hallucinations. Elles ont tendance à inventer des informations qui n'existent pas. Or, Air Canada a semble-t-il fait comme si cette limite, pourtant documentée, n'existait pas, ou était suffisamment mineure pour ne pas poser de problème.
Sur Threads, Gergely Orosz évoque une anecdote similaire dans ces deux posts.
I enjoy hearing companies use GenAI / LLMs as experiments (that can fail!) to improve developer productivity.
Lately, I'm hearing more stories of even large companies where leadership is treating it as a (desperate) solution that must succeed in increasing productivity.
Like there's ~$10B company, losing money big time, where they are pushing devs to dump what they know into the wiki; and hope their internal LLM can scoop it up and e.g. launch new features in new regions, autonomously, and without the need to have a dev involved.
Ugh.
En français :
J'aime bien entendre les entreprises utiliser les IA génératives / les LLM comme des expérimentations (qui peuvent échouer !) pour améliorer la productivité des développeurs.
Dernièrement, j'entends de plus en plus d'histoires de grandes entreprises dont les dirigeants traitent les IA génératives comme une solution (désespérée) qui doit réussir à tout prix à améliorer la productivité.
Par exemple, il y a une entreprise de 10 milliards de dollars qui perd beaucoup d'argent et qui pousse les développeurs à déverser tout ce qu'ils savent dans le wiki, en espérant que leur LLM interne puisse récupérer ces informations et, par exemple, lancer de nouvelles fonctionnalités dans de nouvelles régions [du monde], de manière autonome et sans avoir besoin d'impliquer un développeur.
Ugh.
Quiconque ayant déjà demandé à une IA générative de générer du code informatique sait que le code généré doit être revu méticuleusement. Souvent, c'est du code qui ressemble à du code qui tourne, mais qui ne tourne pas. Ou c'est du code qui tourne, mais qui ne fait pas ce qu'il est censé faire.
Comme pour Air Canada et son bot de service client, croire qu'une technologie aussi sujette à halluciner puisse servir à développer de nouvelles fonctionnalités sans intervention humaine relève de la pensée désidérative. Les IA génératives seront peut-être capables d'écrire du code fiable à 100 %, ou de ne pas halluciner des politiques de remboursement qui n'existent pas. Mais dans sa forme actuelle, la technologie n'en est pas capable.
Comme je l'écrivais l'été dernier, les IA génératives méritent mieux que des paniques morales.
Mais elles ne méritent pas non plus d'être traitées comme des solutions miracles, en oubliant leurs limites pourtant largement documentées. Le risque est alors de commettre des erreurs parfois coûteuses, pourtant faciles à éviter. Je présume qu'Air Canada ne sera pas la seule organisation à prendre ce genre de décision.
J'apprends sur Bluesky que le psychologue et économiste américano-israélien Daniel Kahneman est décédé à l'âge de 90 ans.
Au cours de sa longue carrière scientifique, Daniel Kahneman a contribué à montrer que les mécanismes psychologiques influencent substantiellement les décisions humaines, dont les biais cognitifs. Psychologue de formation, ses travaux ont participé à fonder l'économie comportementale, une branche de la science économique à la frontière avec la psychologie.
Il a reçu le Prix Nobel en 2002.
Mes condoléances à sa famille ainsi qu'à ses proches.
En juillet 2023, le Center for Countering Digital Hate (CCDH), une association luttant contre la haine en ligne, a publié une série de rapports prétendant que X, anciennement Twitter, ne modère pas, ou très peu, certains discours de haine. En réponse, Elon Musk a annoncé que X allait porter plainte contre le CCDH, au prétexte que les rapports seraient fallacieux et destinés à nuire à X en faisant fuir les annonceurs.
Je me permets de noter que le comportement dérangé de Elon Musk, le fait qu'il propage constamment des théories conspirationnistes et des idées d'extrême-droite, et le délabrement de la plateforme depuis qu'il a racheté Twitter en octobre 2022, sont des explications sans doute convaincantes à la fuite des annonceurs. Mais là n'est pas le sujet.
Le juge fédéral Charles R. Brayer a rendu son jugement aujourd'hui : la plainte de X est classée sans suite (viaBest of Dying Twitter sur Threads). En parcourant la décision du juge, la décision n'a semble-t-il pas été difficile à prendre…
Pour le juge, il ne fait aucun doute que l'objectif de la plainte de X n'était pas de tenter de faire réparer un dommage que le CCDH aurait causé à X, mais de faire taire le CCDH — et potentiellement, les autres groupes ou individus susceptibles de critiquer la plateforme. Pour le juge, l'objectif de la plainte était de nuire à la liberté d'expression du CCDH. On notera l'ironie de la situation : alors que Elon Musk se présente comme un défenseur de la "liberté d'expression", un juge classe sans suite la plainte de son entreprise parce que l'objectif de la plainte est de… limiter la liberté d'expression d'un tiers.
D'un point de vue juridique, les procédures destinées à faire taire les critiques par l'intimidation, ou en forçant leurs auteurs à des dépenses d'avocat considérables, s'appellent des procédures bâillons (SLAPP en anglais). Or, la Californie a des lois qui protègent la liberté d'expression contre les procédures bâillons. Si j'ai bien compris la décision du juge, c'est au titre de l'une de ces lois qu'il a classé sans suite la plainte de X.
Pour finir, je vous propose la pépite avec laquelle le juge introduit sa décision :
Sometimes it is unclear what is driving a litigation, and only by reading between the lines of a complaint can one attempt to surmise a plaintiff’s true purpose. Other times, a complaint is so unabashedly and vociferously about one thing that there can be no mistaking that purpose. This case represents the latter circumstance. This case is about punishing the Defendants for their speech.
En français :
Parfois, il n’est pas clair ce qui motive une procédure, et ce n’est qu’en lisant entre les lignes d’une plainte que l’on peut essayer de deviner le véritable objectif d’un plaignant. D’autres fois, une plainte est si éhonteusement et si bruyament centrée sur un seul élément qu’il ne peut y avoir aucun doute sur son objectif. Cette affaire représente la dernière situation. Cette affaire vise à punir le défendeur [le CCDH] pour ses propos.
Si le détail de la décision vous intéresse, vous trouverez le fichier PDF ci-dessous. Notez cependant qu'il s'agit d'un long document, qu'il est technique, et qu'il nécessite des compétences pointues en droit américain pour être correctement compris.
D'après des données compilées par le Washington Post, Donald Trump utilise des propos de plus en plus radicaux dans ses discours pour décrire les émeutiers qui ont attaqué le Capitole le 6 janvier 2021.
Après les avoir qualifiés de "prisonniers politiques", ce qu'ils ne sont pas, Donald Trump appelle désormais les émeutiers des "otages", ce qu'ils ne sont pas non plus.
En plus de ces qualifications fallacieuses, Donald Trump promet également une amnistie des émeutiers.
En plus de l'évident problème moral que pose la rhétorique de Donald Trump, la radicalisation de son discours est sans doute une mauvaise stratégie politique. J'ai vu passer au moins deux sondages récents qui montrent qu'une large majorité des américains condamnent l'émeute, ce qu'illustre la Figure 2.
Pire, la Figure 3 montre que la majorité des sympathisants républicains désapprouvent l'émeute. Y compris les sympathisants MAGA ("Make America Great Again"), qui sont pourtant les sympathisants républicains les plus alignés sur Donald Trump.
Un second sondage, que je n'arrive pas à retrouver, montrait que seulement un tiers des sympathisants républicains avaient une vision positive des émeutiers (il me semble que la question posée était "diriez-vous que les personnes ayant participé au 6 Janvier sont des patriotes ?").
Les émeutiers du Capitole sont particulièrement impopulaires dans l'électorat américain. Les défendre comme le fait Donald Trump va à l'encontre de l'opinion publique, ce qui pourrait coûter cher dans les urnes. Le Parti républicain continue par exemple de payer très cher la suppression de la protection fédérale de l'avortement par la Cour Suprême dont il est à l'origine.
Les propos de Donald Trump sont d'autant moins une bonne stratégie politique que les démocrates ont tout intérêt à utiliser sa rhétorique contre lui dans leur communication. Et compte tenu de l'impopularité des émeutiers dans l'opinion publique américaine, on peut se dire que la stratégie sera probablement efficace.
Sur Bluesky, le CNES a partagé une spectaculaire photographie du Taj Mahal, prise depuis l'espace par l'un des deux satellites Pléiades.
Le Taj Mahal en Inde, observé par un satellite Pléiades à près de 700 km d'altitude ! Ce mausolée de marbre blanc est considéré comme un joyau de l'architecture moghole. La longue bande noire située au nord du bâtiment est un méandre de la rivière Yamuna.
Sensor Tower a récemment publié des données sur le nombre d'utilisateurs quotidiens actifs de l'application mobile de X, anciennement Twitter. Les données montrent qu'aux États-Unis, le nombre d'utilisateurs quotidiens actifs de l'application mobile a diminué d'un peu moins de 25 % depuis que la plateforme a été rachetée par Elon Musk.
Au niveau mondial, les données de Sensor Tower montrent une baisse du nombre d'utilisateurs quotidiens actifs de X de 15 %.
La Figure 1 montre une tendance générale à la baisse : les applications mobiles de TikTok et Instagram voient également le nombre d'utilisateurs quotidiens actifs diminuer. Pour autant, X est la plateforme qui connaît, et de loin, la baisse la plus importante. La baisse s'est accélérée à l'été 2023, lorsque Elon Musk a renommé Twitter en X.
Bien qu'il ne s'agisse pas d'une variable directement comparable à celle mesurée par Sensor Tower, X prétend avoir 250 millions d'utilisateurs quotidiens actifs. Si la donnée est vraie, elle montre une stagnation depuis que Elon Musk a racheté la plateforme : Twitter rapportait à l'époque avoir 258 utilisateurs quotidiens actifs monétisables (qui est encore une variable différente).
À ma connaissance, les seules données qui ne montrent pas une diminution substantielle du nombre d'utilisateurs de X sont celles de X, de Elon Musk et de Linda Yaccarino.
Sans dire qu'elles sont nécessairement fausses, de mon point de vue, les données publiées par X ne sont pas crédibles. Dans la mesure où l'entreprise n'est plus cotée en bourse, elle ne prend aucun risque juridique à publier des données manipulées, voire fausses. Les données publiées par X vont à rebours de toutes les autres. Elon Musk comme Linda Yaccarino sont réputés pour tordre la réalité pour la faire correspondre à ce qu'ils aimeraient qu'elle soit. Enfin, les anecdotes montrant que des communautés entières ont quitté la plateforme s'accumulent.
Pour ma part, le nombre d'abonnés à mon compte Twitter francophone @EcoSceptique a commencé à diminuer depuis octobre 2022. Depuis 2016, je n'ai jamais connu un tel phénomène.
Pour finir, je serais curieux d'avoir d'autres données sur l'activité sur la plateforme que celles mesurant les utilisateurs actifs.
Par exemple, sur Mastodon, le nombre d'utilisateurs mensuels actifs diminue (Figure 3a), ce qui pourrait laisser penser que la plateforme devient une sorte de ville fantôme. Or, le nombre de publications se maintient à un niveau élevé (Figure 3b), ce qui fait augmenter le nombre moyen de publications par utilisateur mensuel actif et contredit l'hypothèse de la ville fantôme.
En admettant que les données sur le nombre d'utilisateurs publiées par X, Elon Musk et Linda Yaccarino soient vraies, que disent les autres données d'activité comme le nombre de publications quotidiennes ou mensuelles ? Si j'avais à parier, je suppose que ces dernières montrent, elles aussi, une réduction de l'activité sur X.