L’aluminium brûle dans l’air. Ce phénomène est bien connu des industriels qui travaillent avec des poudres de ce métal, qui, dans certaines conditions, sont susceptibles de s’enflammer, voire d’exploser – il s’agit du phénomène dit de pyrophoricité. Mis en contact avec de l’eau, l’aluminium produit également de la chaleur, mais aussi de l’hydrogène. Chaleur et hydrogène, voilà des ressources intéressantes dans le cadre de la transition énergétique. Et cela n’a pas échappé à la startup dont nous allons parler dans cet article.
La réaction chimique de l’aluminium et de l’eau est à la base du concept de la startup Found Energy, basée à Boston, aux États-Unis. Celle-ci récupère des déchets d’aluminium, les place dans un réacteur de sa conception, de façon à produire de la chaleur et de l’hydrogène, destinés à des procédés industriels. Et ces déchets d’aluminium peuvent provenir des rebuts d’usines, ou simplement de déchets du quotidien, comme une simple canette.
Il y a une subtilité dans le procédé de Found Energy. Lorsqu’il est oxydé par l’air ou par l’eau, l’aluminium forme des hydroxydes d’aluminium ou de l’alumine, lesquels bloquent la progression de l’oxydation. C’est la raison pour laquelle, dans notre quotidien, les objets en aluminium ne s’enflamment pas facilement. Pour contourner cette difficulté, la startup utilise un catalyseur dont la composition reste secrète, et qui est décrit comme « un métal liquide à bas point de fusion qui n’est pas le mercure ».
La startup commence tout juste son développement à l’échelle industrielle. Le réacteur de Found Energy équipera bientôt une usine du sud-est des États-Unis (dont l’identité n’a pas encore été divulguée), et utilisera les déchets d’aluminium de cette usine pour ensuite l’alimenter en chaleur et en hydrogène.
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Vers un « vecteur aluminium » ?
Le concept est susceptible d’une large généralisation – tout du moins en théorie. La densité énergétique de l’aluminium est en effet deux fois plus importante que celle de l’essence, par exemple. Il est ainsi envisageable de l’utiliser comme vecteur énergétique pour une large palette d’applications, le chauffage ou la mobilité. C’est le concept des « combustibles métalliques ». Dans un tel schéma, l’aluminium serait produit à partir de ses oxydes et de sources d’énergie bas-carbone, et par des procédés eux-aussi bas-carbone. Il serait utilisé ensuite dans ses applications énergétiques, qui le ramènerait à l’état d’oxyde. Lequel serait à nouveau converti en aluminium métallique par ces mêmes procédés. Une boucle de recyclage, qui définit ainsi un vecteur énergétique.
Il va de soi qu’une telle « économie aluminium » n’apparaîtra pas demain. Toutefois, les développements de Found Energy nous en rapprochent. Rappelons au passage qu’en 2016, Peugeot avait financé une thèse visant à stabiliser une flamme poudre d’aluminium-air, avec en ligne de mire la conception d’un moteur automobile à combustible métallique.
L’article Faire le plein de sa voiture avec de la poudre d’aluminium ? Ce sera possible selon cette startup est apparu en premier sur Révolution Énergétique.