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L’onde de choc de l’assassinat de Charlie Kirk se propage en ligne et hors ligne

16 septembre 2025 à 15:44
McCarthyism all over again (but make it international)
L’onde de choc de l’assassinat de Charlie Kirk se propage en ligne et hors ligne

D’un vice-président transformé en podcasteur à une eurodéputée harcelée, l’assassinat de Charlie Kirk alimente autant la violence ultra-conservatrice aux États-Unis que les thèses extrême-droitières de ce côté-ci de l’Atlantique.

Animation du « Charlie Kirk Show » par le vice-président des États-Unis J.D. Vance, menaces de mort contre l’eurodéputée Nathalie Loiseau après que celle-ci s’est opposée à la tenue d’une minute de silence au Parlement européen… Aux États-Unis comme en Europe, l’assassinat de l’activiste d’extrême-droite Charlie Kirk à l’université de Utah Valley, le 10 septembre, crée des remous numériques et politiques d’une rare ampleur.

Dans les heures qui ont suivi l’assassinat par balle de Charlie Kirk, 31 ans, Donald Trump avait déjà donné le ton. Sur son réseau Truth Social, le président des États-Unis avait écrit : « Personne ne comprenait mieux la jeunesse des États-Unis d’Amérique que Charlie ». Quelques jours plus tard, Donald Trump accusait la « gauche radicale » d’avoir contribué à son décès. Mais un nouveau seuil vient d’être franchi, tant sur le fond que dans la forme, avec la récente performance de J.D. Vance.


Depuis la Maison Blanche, le vice-président des États-Unis a pris le micro pour animer un épisode du « Charlie Kirk show », en mémoire de cet ami proche, dont il a accompagné le cercueil vers Phoenix, jeudi dernier. Installé dans l’Eisenhower executive office, J.D. Vance a multiplié les références bibliques et ouvertement nommé des ennemis, en l’occurrence les « gens de gauche », mais aussi les « antifas » (antifascistes), qu’il souhaite désigner comme organisation terroriste quand bien même il s’agit de groupuscules éclatés plutôt que d’un groupe défini.

À ses côtés, le communicant et icône des suprémacistes blancs Stephen Miller a renchéri, se déclarant prêt à poursuivre les organisations de gauche pour terrorisme et ciblant des catégories professionnelles entières, employés fédéraux, infirmières, professeurs. Les deux hommes ont globalement rangé dans une même catégorie rejet des idées de Kirk, mauvais goût propre à toute une sous-culture numérique, et incitation au meurtre.

Égérie de la droite « la plus radicale » 

Mais qui était Charlie Kirk ? Quand bien même l’homme gravitait dans les cercles de Donald Trump et J.D. Vance, il n’était, en réalité, pas connu de toute la jeunesse des États-Unis. Son public était plutôt composé d’une population républicaine, pro-MAGA, et proche de l’extrême-droite américaine, souligne le chercheur associé à l’IRIS Romuald Sciora auprès de RFI.

En 2012, alors âgé de 18 ans, le garçon avait créé l’ONG Turning Point, un projet dédié à diffuser des idées conservatrices dans les universités à tendances progressistes. Créé pour promouvoir « les principes de la responsabilité fiscale, des marchés libres et d’un gouvernement limité » auprès des plus jeunes, le projet compte désormais des émanations dans plus de 850 établissements d’enseignement supérieur.

L’une des marques de fabrique de Kirk, aussi visible sur ses réseaux sociaux qu’audible dans son podcast quotidien, consistait à débattre avec des étudiants sur des sujets comme le changement climatique, les valeurs familiales ou les armes, à la possession desquelles lui-même se déclarait favorable.

« Égérie de la droite la plus radicale », pour reprendre les mots de Romuald Sciora, Kirk cultivait publiquement, aux côtés de sa femme Erika Kirk, son christianisme évangélique. Militant anti-avortement, il a par ailleurs participé à l’affrètement de bus pour attaquer le Congrès des États-Unis, en janvier 2021.

Des memes internet sur les balles de l’assassin

Les idées défendues par Charlie Kirk ont fait de sa mort un nouveau foyer de la radicalisation politique qui traverse les États-Unis. Dans les heures qui ont suivi le coup de feu fatal, rumeurs et hypothèses sur les motivations de l’assassin se sont répandues en ligne bien plus vite et probablement bien plus loin que les faits, alimentée par des personnalités aussi en vue – politiquement et algorithmiquement – qu’Elon Musk. Avant même que le décès de l’activiste ne soit confirmé, celui-ci a déclaré : « la gauche est le parti du meurtre ».

En ligne et dans les médias, plusieurs thèses ont été étudiées pour comprendre le geste du tueur, à commencer par celles d’un supposé soutien aux droits des personnes LGBT ou d’une appartenance à une mouvance d’extrême-gauche. L’hypothèse s’appuyait sur les phrases retrouvées gravées sur les balles, tirées ou non, du tueur.

Ces dernières sont, en réalité, difficiles à analyser sans se plonger dans divers pans de la culture web – régulièrement présents dans les épisodes meurtriers des dernières années, de l’attentat de Christchurch diffusé en ligne à l’assassinat du CEO de UnitedHealthcare Brian Thompson, pour lequel Luigi Mangione avait gravé « deny », « defend » et « depose » sur ses balles.

Press conference announces that the shooter's bullets said: Fired bullet: "Notices bulges owo whats this?" Other unfired cases: "hey fascist! Catch! Uparrow, right arrow, three downarrow" "O bella ciao, bella ciao, ciao, ciao" "If you read this you are gay lmao"

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— Erin Reed (@erininthemorning.com) 12 septembre 2025 à 16:11

Dans le cas des munitions utilisées pour tuer Charlie Kirk, la citation « Oh bella ciao, bella ciao, bella ciao ! », par exemple, peut certes être lue comme une référence au chant italien antifasciste de la Seconde Guerre mondiale, mais elle est depuis passés dans la pop culture, notamment via son usage récurrent dans la série Netflix La Casa de Papel.

Le morceau a même été intégré à une playlist partagée par le groupe d’extrême-droite Groypers, qui revendique un nationalisme chrétien et est mené par le militant suprémaciste, antisémite et masculiniste Nick Fuentes. Ce dernier s’en est régulièrement pris à Charlie Kirk et à tout autre soutien de Donald Trump qu’il jugeait trop modéré, mais il conteste toute association de sa personne ou de son groupe avec le meurtre.

La phrase « Hey, fascist! Catch! ↑ → ↓↓↓ », de son côté, inclut la suite de symboles nécessaires pour exécuter l’un des coups spéciaux « les plus destructeurs » du jeu Helldivers 2, relève Polygon. Outre le fait d’être clairement homophobe, une autre phrase, « if you read this you are gay LMAO » relève de son côté des logiques de piégeage et d’autres trolling en ligne, à la manière des rickrolls, ces liens qui renvoient les internautes inattentifs vers la vidéo de la chanson « Never Gonna Give You Up ».

De la thèse de l’assassin de gauche à la chasse aux critiques de Kirk

Interpellé 33 heures après les faits, le tireur de 22 ans, Tyler Robinson, est en réalité loin d’avoir le profil du militant d’extrême-gauche, supposément démocrate et/ou défenseur des droits des personnes LGBT décrit par les ténors du camp conservateur.

Élevé dans une famille de la classe moyenne blanche et conservatrice des États-Unis, comme le décrit Le Monde, Robinson est le fils d’un couple encarté au parti républicain et a grandi avec deux frères et sœurs dans la banlieue de Saint George, une ville essentiellement conservatrice. Peu disert sur les questions politiques, il avait en revanche déjà exprimé sa détestation de Charlie Kirk.

Tyler Robinson n’est lui-même affilié à aucun parti. Plusieurs analystes soulignent sa fréquentation d’espaces profondément nihilistes et violents du web, évoquant sa potentielle proximité avec une mouvance émergente de terrorisme « dépourvu de la dimension politique ou idéologique qui anime les attaques extrémistes classiques », comme le détaille l’Institute for Strategic Dialogue. D’autres soulignent néanmoins la percolation entre ces tendances apparemment dépourvues de projets politiques et d’autres espaces numériques aux thématiques néonazies bien identifiées, dont le mouvement Terrorgram.

D’anciens opposants à Charlie Kirk utilisent d’ailleurs déjà sa mort pour tenter de radicaliser toujours plus d’internautes, relève Wired.

Violences accrues et instrumentalisation jusqu’en Europe

Loin de conduire à la moindre évolution des discours, l’interpellation de Tyler Robinson n’a été suivie que par une surenchère de violences de la part du camp conservateur états-unien. Alors que la défense de la liberté d’expression était brandie par plusieurs d’entre eux, des journalistes et divers autres internautes ayant critiqué les positions de Charlie Kirk ou s’étant exprimé sur sa mort – dans certains cas pour la célébrer – se sont retrouvés licenciés, après que des activistes d’extrême-droite se sont coordonnés pour les repérer et les dénoncer à leurs employeurs.

En parallèle, plusieurs universités historiquement noires ont reçu des menaces terroristes, les obligeant à organiser des confinements. De même, alors qu’un néo-nazi de 19 ans a été arrêté pour avoir menacé de perpétrer un « assassinat de masse » de minorités, plusieurs représentants démocrates ont reçu des menaces ou été obligés de suspendre leurs activités après des alertes à la bombe.

Alimenté par l’accès simplifié aux armes à feu et la promotion de contenus extrêmes par les réseaux sociaux, l’épisode pourrait ouvrir aux États-Unis un épisode de violences politiques plus grave encore que celui des années 1960, pendant lesquelles John F. Kennedy et Marthin Luther King avaient été assassinés.

En Europe, divers appels à honorer la mémoire du militant d’extrême-droite ont été formulés, dans un étonnant deux poids deux mesures pour qui compare la réception de ce drame à celle de l’assassinat de Melissa Hortman. Représentante démocrate à la Chambre du Minnesota, cette dernière a été abattue avec son mari et son chien, chez elle, le 14 juin 2025, par un militant anti-avortement.

Précisant que la mort de Charlie Kirk était un « crime odieux », l’eurodéputée Renew Nathalie Loiseau n’en a pas moins refusé d’en faire une « icône », alors que ses collègues d’extrême-droite réclamaient une minute de silence au Parlement européen.

Elle indique avoir, elle aussi, reçu des menaces de mort à la suite de ce positionnement, un procédé que la chercheuse Stéphanie Lamy déchiffre comme l’aboutissement d’une opération d’astroturfing, c’est-à-dire visant à faire croire à un réel soutien populaire. Le refus de Nathalie Loiseau a en effet très rapidement été diffusé et amplifié par divers relais bien identifiés de l’extrême droite française en ligne, avant d’être repris par des médias de la sphère Bolloré.

L’onde de choc de l’assassinat de Charlie Kirk se propage en ligne et hors ligne

16 septembre 2025 à 15:44
McCarthyism all over again (but make it international)
L’onde de choc de l’assassinat de Charlie Kirk se propage en ligne et hors ligne

D’un vice-président transformé en podcasteur à une eurodéputée harcelée, l’assassinat de Charlie Kirk alimente autant la violence ultra-conservatrice aux États-Unis que les thèses extrême-droitières de ce côté-ci de l’Atlantique.

Animation du « Charlie Kirk Show » par le vice-président des États-Unis J.D. Vance, menaces de mort contre l’eurodéputée Nathalie Loiseau après que celle-ci s’est opposée à la tenue d’une minute de silence au Parlement européen… Aux États-Unis comme en Europe, l’assassinat de l’activiste d’extrême-droite Charlie Kirk à l’université de Utah Valley, le 10 septembre, crée des remous numériques et politiques d’une rare ampleur.

Dans les heures qui ont suivi l’assassinat par balle de Charlie Kirk, 31 ans, Donald Trump avait déjà donné le ton. Sur son réseau Truth Social, le président des États-Unis avait écrit : « Personne ne comprenait mieux la jeunesse des États-Unis d’Amérique que Charlie ». Quelques jours plus tard, Donald Trump accusait la « gauche radicale » d’avoir contribué à son décès. Mais un nouveau seuil vient d’être franchi, tant sur le fond que dans la forme, avec la récente performance de J.D. Vance.


Depuis la Maison Blanche, le vice-président des États-Unis a pris le micro pour animer un épisode du « Charlie Kirk show », en mémoire de cet ami proche, dont il a accompagné le cercueil vers Phoenix, jeudi dernier. Installé dans l’Eisenhower executive office, J.D. Vance a multiplié les références bibliques et ouvertement nommé des ennemis, en l’occurrence les « gens de gauche », mais aussi les « antifas » (antifascistes), qu’il souhaite désigner comme organisation terroriste quand bien même il s’agit de groupuscules éclatés plutôt que d’un groupe défini.

À ses côtés, le communicant et icône des suprémacistes blancs Stephen Miller a renchéri, se déclarant prêt à poursuivre les organisations de gauche pour terrorisme et ciblant des catégories professionnelles entières, employés fédéraux, infirmières, professeurs. Les deux hommes ont globalement rangé dans une même catégorie rejet des idées de Kirk, mauvais goût propre à toute une sous-culture numérique, et incitation au meurtre.

Égérie de la droite « la plus radicale » 

Mais qui était Charlie Kirk ? Quand bien même l’homme gravitait dans les cercles de Donald Trump et J.D. Vance, il n’était, en réalité, pas connu de toute la jeunesse des États-Unis. Son public était plutôt composé d’une population républicaine, pro-MAGA, et proche de l’extrême-droite américaine, souligne le chercheur associé à l’IRIS Romuald Sciora auprès de RFI.

En 2012, alors âgé de 18 ans, le garçon avait créé l’ONG Turning Point, un projet dédié à diffuser des idées conservatrices dans les universités à tendances progressistes. Créé pour promouvoir « les principes de la responsabilité fiscale, des marchés libres et d’un gouvernement limité » auprès des plus jeunes, le projet compte désormais des émanations dans plus de 850 établissements d’enseignement supérieur.

L’une des marques de fabrique de Kirk, aussi visible sur ses réseaux sociaux qu’audible dans son podcast quotidien, consistait à débattre avec des étudiants sur des sujets comme le changement climatique, les valeurs familiales ou les armes, à la possession desquelles lui-même se déclarait favorable.

« Égérie de la droite la plus radicale », pour reprendre les mots de Romuald Sciora, Kirk cultivait publiquement, aux côtés de sa femme Erika Kirk, son christianisme évangélique. Militant anti-avortement, il a par ailleurs participé à l’affrètement de bus pour attaquer le Congrès des États-Unis, en janvier 2021.

Des memes internet sur les balles de l’assassin

Les idées défendues par Charlie Kirk ont fait de sa mort un nouveau foyer de la radicalisation politique qui traverse les États-Unis. Dans les heures qui ont suivi le coup de feu fatal, rumeurs et hypothèses sur les motivations de l’assassin se sont répandues en ligne bien plus vite et probablement bien plus loin que les faits, alimentée par des personnalités aussi en vue – politiquement et algorithmiquement – qu’Elon Musk. Avant même que le décès de l’activiste ne soit confirmé, celui-ci a déclaré : « la gauche est le parti du meurtre ».

En ligne et dans les médias, plusieurs thèses ont été étudiées pour comprendre le geste du tueur, à commencer par celles d’un supposé soutien aux droits des personnes LGBT ou d’une appartenance à une mouvance d’extrême-gauche. L’hypothèse s’appuyait sur les phrases retrouvées gravées sur les balles, tirées ou non, du tueur.

Ces dernières sont, en réalité, difficiles à analyser sans se plonger dans divers pans de la culture web – régulièrement présents dans les épisodes meurtriers des dernières années, de l’attentat de Christchurch diffusé en ligne à l’assassinat du CEO de UnitedHealthcare Brian Thompson, pour lequel Luigi Mangione avait gravé « deny », « defend » et « depose » sur ses balles.

Press conference announces that the shooter's bullets said: Fired bullet: "Notices bulges owo whats this?" Other unfired cases: "hey fascist! Catch! Uparrow, right arrow, three downarrow" "O bella ciao, bella ciao, ciao, ciao" "If you read this you are gay lmao"

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— Erin Reed (@erininthemorning.com) 12 septembre 2025 à 16:11

Dans le cas des munitions utilisées pour tuer Charlie Kirk, la citation « Oh bella ciao, bella ciao, bella ciao ! », par exemple, peut certes être lue comme une référence au chant italien antifasciste de la Seconde Guerre mondiale, mais elle est depuis passés dans la pop culture, notamment via son usage récurrent dans la série Netflix La Casa de Papel.

Le morceau a même été intégré à une playlist partagée par le groupe d’extrême-droite Groypers, qui revendique un nationalisme chrétien et est mené par le militant suprémaciste, antisémite et masculiniste Nick Fuentes. Ce dernier s’en est régulièrement pris à Charlie Kirk et à tout autre soutien de Donald Trump qu’il jugeait trop modéré, mais il conteste toute association de sa personne ou de son groupe avec le meurtre.

La phrase « Hey, fascist! Catch! ↑ → ↓↓↓ », de son côté, inclut la suite de symboles nécessaires pour exécuter l’un des coups spéciaux « les plus destructeurs » du jeu Helldivers 2, relève Polygon. Outre le fait d’être clairement homophobe, une autre phrase, « if you read this you are gay LMAO » relève de son côté des logiques de piégeage et d’autres trolling en ligne, à la manière des rickrolls, ces liens qui renvoient les internautes inattentifs vers la vidéo de la chanson « Never Gonna Give You Up ».

De la thèse de l’assassin de gauche à la chasse aux critiques de Kirk

Interpellé 33 heures après les faits, le tireur de 22 ans, Tyler Robinson, est en réalité loin d’avoir le profil du militant d’extrême-gauche, supposément démocrate et/ou défenseur des droits des personnes LGBT décrit par les ténors du camp conservateur.

Élevé dans une famille de la classe moyenne blanche et conservatrice des États-Unis, comme le décrit Le Monde, Robinson est le fils d’un couple encarté au parti républicain et a grandi avec deux frères et sœurs dans la banlieue de Saint George, une ville essentiellement conservatrice. Peu disert sur les questions politiques, il avait en revanche déjà exprimé sa détestation de Charlie Kirk.

Tyler Robinson n’est lui-même affilié à aucun parti. Plusieurs analystes soulignent sa fréquentation d’espaces profondément nihilistes et violents du web, évoquant sa potentielle proximité avec une mouvance émergente de terrorisme « dépourvu de la dimension politique ou idéologique qui anime les attaques extrémistes classiques », comme le détaille l’Institute for Strategic Dialogue. D’autres soulignent néanmoins la percolation entre ces tendances apparemment dépourvues de projets politiques et d’autres espaces numériques aux thématiques néonazies bien identifiées, dont le mouvement Terrorgram.

D’anciens opposants à Charlie Kirk utilisent d’ailleurs déjà sa mort pour tenter de radicaliser toujours plus d’internautes, relève Wired.

Violences accrues et instrumentalisation jusqu’en Europe

Loin de conduire à la moindre évolution des discours, l’interpellation de Tyler Robinson n’a été suivie que par une surenchère de violences de la part du camp conservateur états-unien. Alors que la défense de la liberté d’expression était brandie par plusieurs d’entre eux, des journalistes et divers autres internautes ayant critiqué les positions de Charlie Kirk ou s’étant exprimé sur sa mort – dans certains cas pour la célébrer – se sont retrouvés licenciés, après que des activistes d’extrême-droite se sont coordonnés pour les repérer et les dénoncer à leurs employeurs.

En parallèle, plusieurs universités historiquement noires ont reçu des menaces terroristes, les obligeant à organiser des confinements. De même, alors qu’un néo-nazi de 19 ans a été arrêté pour avoir menacé de perpétrer un « assassinat de masse » de minorités, plusieurs représentants démocrates ont reçu des menaces ou été obligés de suspendre leurs activités après des alertes à la bombe.

Alimenté par l’accès simplifié aux armes à feu et la promotion de contenus extrêmes par les réseaux sociaux, l’épisode pourrait ouvrir aux États-Unis un épisode de violences politiques plus grave encore que celui des années 1960, pendant lesquelles John F. Kennedy et Marthin Luther King avaient été assassinés.

En Europe, divers appels à honorer la mémoire du militant d’extrême-droite ont été formulés, dans un étonnant deux poids deux mesures pour qui compare la réception de ce drame à celle de l’assassinat de Melissa Hortman. Représentante démocrate à la Chambre du Minnesota, cette dernière a été abattue avec son mari et son chien, chez elle, le 14 juin 2025, par un militant anti-avortement.

Précisant que la mort de Charlie Kirk était un « crime odieux », l’eurodéputée Renew Nathalie Loiseau n’en a pas moins refusé d’en faire une « icône », alors que ses collègues d’extrême-droite réclamaient une minute de silence au Parlement européen.

Elle indique avoir, elle aussi, reçu des menaces de mort à la suite de ce positionnement, un procédé que la chercheuse Stéphanie Lamy déchiffre comme l’aboutissement d’une opération d’astroturfing, c’est-à-dire visant à faire croire à un réel soutien populaire. Le refus de Nathalie Loiseau a en effet très rapidement été diffusé et amplifié par divers relais bien identifiés de l’extrême droite française en ligne, avant d’être repris par des médias de la sphère Bolloré.

Maintenant que le Data Act est là, qu’est-ce qui change pour les données en Europe ?

16 septembre 2025 à 15:12
Les Acts restent
Maintenant que le Data Act est là, qu’est-ce qui change pour les données en Europe ?

Le Data Act est désormais en application. Avec lui, l’Europe veut transformer la chaine de valeur des données, tout en les libérant. De grandes ambitions, alors que les données sont devenues extrêmement précieuses depuis l’explosion de l’IA. Pour les entreprises, cela doit signaler en outre une simplification dans la gestion de leurs informations entre les prestataires de cloud.

Le Data Act, voté en 2023, est entré en vigueur le 11 janvier 2024 et en application le 12 septembre. Il affiche plusieurs grands objectifs : veiller à ce que les appareils connectés en Union européenne puissent partager leurs données, offrir aux consommateurs plus de possibilités sur le choix des prestataires ou réparateurs en fonction de ces informations, permettre aux industries de récupérer les données présentes dans les équipements spécialisés, laisser les clients changer de fournisseur cloud plus facilement, et enfin interdire les contrats qui pourraient empêcher les partages de données. Pour les particuliers, il s’applique notamment à tout le secteur de l’IoT.

« Le règlement sur les données est conçu pour responsabiliser les utilisateurs, tant les consommateurs que les entreprises, en leur donnant un plus grand contrôle sur les données générées par leurs appareils connectés, tels que les voitures, les téléviseurs intelligents et les machines industrielles. Il jette les bases d’une économie européenne des données équitable, innovante et compétitive », indique la Commission européenne.

Jusqu’à présent, il a surtout été fait référence au Data Act pour sa capacité à chambouler le marché du cloud. Depuis son entrée en application, il est censé empêcher les grandes entreprises de pratiquer des tarifs de sortie des données (egress fees). La volonté de l’Union dans ce domaine est claire : empêcher la rétention des données. Le texte est cependant plus large et induit un changement de paradigme.

Toutes les données non personnelles

Le texte aborde de nombreux autres points et vient s’articuler avec le RGPD, qu’il complète en visant les données non personnelles. Il est possible que les deux règlements entrent en conflit sur des sujets spécifiques, auquel cas le RGPD l’emporte systématiquement, précisait déjà la Commission européenne dans une FAQ publiée en septembre 2024. De même, les autorités de protection des données (comme la CNIL en France) conservent leurs compétences et le Data Act ne remplace pas les législations sectorielles existantes.

Le texte ne vise pas l’intégralité des données. Dans le cadre des objets connectés, de l’industrie ou encore de l’agriculture, il concerne les informations brutes ou pré-traitées. Les données dérivées ou inférées (dans le cadre d’un traitement de type IA) ne sont pas incluses. De très nombreuses catégories de produits sont concernées, jusqu’à la domotique. L’électroménager dit « intelligent » dispose ainsi, par exemple, de données d’utilisation que les utilisateurs européens peuvent vouloir récupérer. Il y a deux conditions : que l’utilisateur dispose d’un droit stable sur le produit (propriétaire ou contractuel de location/bail) et que le produit soit commercialisé dans l’Union européenne.

Le Data Act précise également que ces données doivent être fournies dans un format structuré, couramment utilisé et lisible par machine, avec une qualité équivalente à celle utilisée par le détenteur pour ses propres besoins. La disponibilité en temps réel est requise lorsque cela est pertinent et techniquement réalisable.

Avant même qu’une telle opération prenne place, toutes les entreprises concernées doivent informer leurs clients que cette possibilité existe, et leurs modalités d’accès. Les entreprises peuvent refuser dans deux types de cas : quand la communication des données risque de compromettre la confidentialité des secrets commerciaux ou quand elle pourrait affecter la sécurité des produits. Dans ces cas, elles doivent contacter les autorités compétentes pour les informer, avant d’avertir les utilisateurs. Ces derniers peuvent contester ces conditions devant des tribunaux, les autorités compétentes ou des organismes de règlement des différends.

À noter que si le règlement s’applique à toutes les données non personnelles, certaines catégories spécifiques sont exclues. C’est notamment le cas des infrastructures (routes, aéroports, chemins de fer), des prototypes ainsi que des produits destinés au stockage et/ou au traitement des données.

Le cœur du Data Act


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Fukushima : malgré la vidange d’eau contaminée dans l’océan, les fruits de mer japonais restent conformes

16 septembre 2025 à 15:14

Cela fait maintenant quatorze ans qu’un séisme a causé un accident nucléaire grave sur la centrale de Fukushima. Depuis, le Japon poursuit ses opérations de démantèlement des réacteurs. Et cela fait deux ans que des stocks d’eaux faiblement contaminées sont relâchées dans le Pacifique, avec l’approbation de l’Agence internationale l’énergie atomique (AIEA).

Le traitement des eaux contaminées de Fukushima est une gageure. Car les volumes à traiter sont immenses. Ces eaux proviennent en partie des infiltrations dans la centrale issues des pluies ou de la nappe phréatique, et qui entrent en contact avec des matériaux radioactifs. S’y ajoutent les eaux nécessaires, encore aujourd’hui, à refroidir le cœur fondu des réacteurs. Ces eaux doivent être collectées et stockées.

Le gouvernement japonais a pris des mesures pour limiter la quantité d’eau concernée, par exemple un « mur » de sol gelé, un pompage de la nappe phréatique. De plus, la chaleur résiduelle du combustible a considérablement diminué. Il n’en reste pas moins que les volumes concernés sont importants : plus d’un million de mètres cubes, stockés dans un millier de cuves construites sur le site.

À lire aussi Malgré l’accident de Fukushima, le Japon veut renouer avec l’énergie nucléaire

Le problème du tritium

Ce stockage massif n’est pas pérenne, et les eaux contaminées doivent trouver un exutoire. Le Japon a ainsi construit d’importantes installations dont l’objectif est de les décontaminer en cascade. Un premier étage, constitué des deux systèmes KURION et SARRY, filtrent le césium et le strontium. Un deuxième étage, appelé ALPS (Advanced Liquid Processing System), filtre ensuite 62 autres substances radioactives. Après filtration, la concentration de ces radionucléides est très significativement réduite. Mais il en reste un en particulier : le tritium.

Le tritium est un isotope de l’hydrogène : son noyau contient un proton et deux neutrons. Et c’est un problème de taille : chimiquement, il a le même comportement que l’hydrogène. Il se lie ainsi facilement à l’oxygène pour former de l’eau. Et il est particulièrement difficile de séparer de l’eau « normale » (avec de l’hydrogène) de l’eau constituée de tritium (eau « tritiée »).

À lire aussi Qu’est-ce que l’ilotage d’une centrale nucléaire ?

Le Japon opte pour la dilution

Aujourd’hui, la plupart des eaux ont été traitées. À l’issue de ce processus, il reste donc un très large volume d’eau très faiblement radioactive, mais contenant toujours du tritium. Sa période radioactive est d’environ 12 ans, ce qui implique que la radioactivité baisse lentement. Le Japon a décidé de diluer cette eau dans l’océan Pacifique. Et cette option a été validée par l’AIEA. L’eau tritiée, en effet, est considérée comme peu dangereuse. En premier lieu, elle ne s’accumule pas dans la chaîne alimentaire. De plus, sa radioactivité est faible, inférieure à 1500 Bq/L (Becquerel par litre), et dont très faible par rapport aux normes de l’OMS, à savoir 10 000 Bq/L.

Le Japon a commencé à ses opérations de dilution en 2023. Ces rejets ont rencontré de fortes oppositions internationales. En particulier, la Chine a imposé des restrictions sévères sur l’importation depuis le Japon de produits de la mer dès les premières opérations 2023. Ces mesures ont été partiellement levées depuis, et notamment depuis juin 2025, du fait de l’absence d’anomalies sur ces produits en dépit de contrôles sévères. Les importations depuis les 10 préfectures les plus proches de Fukushima restent toutefois interdites.

Pour aller plus loin, le rapport de l’AIEA est disponible en source ouverte.

L’article Fukushima : malgré la vidange d’eau contaminée dans l’océan, les fruits de mer japonais restent conformes est apparu en premier sur Révolution Énergétique.

Grève du 18 septembre : trains, métros, écoles… le point sur les prévisions de perturbations

Des rassemblements sont attendus, jeudi, pour la journée de grève nationale contre les mesures budgétaires annoncées par l’ex-premier ministre, François Bayrou, en juillet.

© THOMAS SAMSON / AFP

Les directeurs et les enseignants des écoles primaires et maternelles se rassemblent pour protester contre la fermeture de classes primaires à Paris, devant le rectorat de Paris, le conseil régional de l’éducation, le 11 février 2025.

Etats-Unis : le procès de Luigi Mangione, accusé d’avoir tué le patron du premier assureur privé de santé du pays, débutera le 1ᵉʳ décembre

Le jeune homme de 27 ans est soupçonné d’avoir abattu de sang-froid le directeur de UnitedHealtcare, Brian Thompson, 50 ans, à New York, en décembre 2024. Il risque la peine de mort dans une autre procédure menée au niveau fédéral.

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Luigi Mangione, accusé du meurtre du directeur général de UnitedHealthcare, Brian Thompson, quitte la salle d’audience de la Cour suprême de Manhattan, à New York, le 16 septembre 2025.

Violences sexuelles : la délicate question des mineurs auteurs d’infractions

Environ 11 500 mineurs sont mis en cause pour des infractions sexuelles chaque année en France. Un rapport remis à la haut-commissaire à l’enfance éclaire leurs trajectoires et ébauche des propositions pour prévenir le phénomène.

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Compétitivité européenne : Ursula von der Leyen vante des avancées, Mario Draghi alerte sur un retard qui s’accroît

Un an après la publication de son rapport, l’ex-président de la Banque centrale européenne estime que les Vingt-Sept n’ont pas été à la hauteur.

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Donald Trump attendu au Royaume-Uni pour une deuxième visite d’Etat

Avant de quitter la Maison Blanche, le président américain a assuré que l’un des objectifs de ce voyage est d’« affiner » l’accord commercial conclu avec Londres.

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Le président Donald Trump et son épouse, Melania, embarquent à bord d’Air Force One à destination du Royaume-Uni, sur la base d’Andrews, dans le Maryland, le 16 septembre 2025.

Qui est Sibylle Szaggars, la veuve de Robert Redford, de 21 ans sa cadette ?

Ce mardi à son domicile de l’Utah, Robert Redford est décédé à l’âge de 89 ans. Une femme veillait à ses côtés. Une femme qui l’accompagnait depuis près de trente ans.

© Marechal Aurore/ABACA

Robert Redford et Sibylle Szaggars en 2017.

Une troisième embarcation vénézuélienne a été éliminée par les États-Unis, selon Donald Trump

Deux frappes américaines étaient déjà connues contre des embarcations, qui, selon Washington, étaient utilisées pour transporter de la drogue vers les États-Unis.

© Ken Cedeno / REUTERS

Donald Trump le 16 septembre 2025.

Gard : qui était Estelle Méjean, cette pharmacienne «passionnée et discrète», tragiquement poignardée dans son jardin ?

Estelle Méjean-Paoli vivait sa profession avec passion, tout comme la course à pied qu’elle pratiquait assidûment. Autour de sa disparition plane l’incompréhension.

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Estelle Méjean-Paoli, 49 ans, était la mère de quatre enfants

Grèce: une fillette de cinq ans blessée par un loup

L’accident s’est produit vendredi, alors que les autorités sont toujours à la recherche de l’animal en fuite.

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La fillette a été mordue et griffée dans le dos avant que le loup ne s’enfuie. (Image d’illustration).

Italie : une octogénaire tuée par son voisin qui tentait de mettre fin à ses jours en sautant de son balcon

À Milan, une femme est décédée après avoir été brutalement percutée dans la cour de son immeuble par le corps de son voisin qui tentait de mettre fin à ses jours, dimanche 14 septembre.

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Les forces de l’ordre ont d’abord envisagé la piste d’un double suicide, celle d’un couple qui a voulu sauter ensemble.
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