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Kimi K2 Thinking, l’IA qui pense et qui agit

12 novembre 2025 à 05:18

Une IA open source, capable de rivaliser avec les meilleurs modèles, entraînée pour seulement quelques millions d’euros ? C’est la révolution Moonshot AI : une prouesse qui balaie les scénarios catastrophes sur le coût énergétique de l’intelligence artificielle.

La start-up chinoise Moonshot AI, soutenue par Alibaba, vient de dévoiler Kimi K2 Thinking, son modèle de langage qui ne se contente pas de répondre, mais qui réfléchit et agit en exécutant de 200 à 300 appels d’outils séquentiellement, grâce à un raisonnement adaptatif et à long terme. Tel un ingénieur, il peut enchaîner les cycles de réflexion, de recherche, de navigation Internet, de développement — en boucle — jusqu’à trouver la solution à un problème complexe.

Comme la plupart des solutions d’IA chinoises, Kimi K2 Thinking est proposé en open source, ce qui va permettre aux autres acteurs de s’en inspirer et de progresser à leur tour. Un cycle vertueux de développement et de partage qui fait l’excellence et la fertilité de l’IA chinoise et que pratiquement aucune société américaine n’applique, sinon sur de petits modèles parfois destinés à faire de la communication plutôt qu’a un usage réel.

Ici, le modèle compte 1 000 milliards de paramètres : il rivalise donc en taille avec les plus grands opus des géants américains OpenAI, Google et Anthropic. Mais si la taille est une métrique, la performance en est une autre — et c’est là que Kimi K2 Thinking fait fort, en battant assez largement ses concurrents payants dans de nombreux benchmarks de raisonnement, notamment ceux qui n’impliquent pas d’étapes de programmation.

Mais ce n’est pas tout. Moonshot AI, loin des élucubrations actuelles sur les gigadatacenters pour l’entraînement de l’IA, qui consommeraient l’équivalent de la production d’une tranche complète de centrale nucléaire (la France en possède 56), annonce un coût d’entraînement record de 4,6 millions de dollars, contre des sommes des dizaines de fois plus importantes chez ses concurrents américains. Ce chiffre ne concerne que la puissance de calcul nécessaire pour entraîner le modèle, pas les salaires des ingénieurs, ni la collecte de données ou les autres frais de développement.

Cette prouesse est obtenue grâce à une astuce intelligente : Kimi K2 Thinking est entrainé à partir de son petit frère Kimi K2 (Instruct – modèle sans raisonnement) avec une précision ultra-réduite (QAT 4 bits), ce qui divise, sans perte notable de qualité, jusqu’à quatre fois la mémoire et les calculs requis. De plus, il n’active à chaque utilisation que quelques experts de 32 de ses 1 000 milliards de paramètres (architecture dite Mixture of Experts (MoE)). C’est le premier modèle de raisonnement à utiliser le QAT et le MoE, ce qui le place aussi premier à offrir un coût d’inférence aussi compétitif avec un usage plus rapide.

Puisqu’il est gratuit, combien cela vous coûterait-il de faire tourner cet ingénieur maison 24/7 ? Le ticket d’entrée, qui ne cesse de baisser, est d’environ 200 000 euros pour le serveur capable de s’y mettre. La compétition avec l’humain se rapproche.

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La construction du Pont du Gard, un travail de Romain

12 octobre 2025 à 05:24

Ils n’avaient ni ordinateurs, ni béton armé, ni lasers. Ils ne connaissaient même pas le zéro. Pourtant, au Ier siècle, les Romains ont bâti un aqueduc de 50 km, avec une pente au quart de cheveu et un ouvrage qui défie encore le temps : le Pont du Gard. 

Quand l’eau devient civilisation

Cette prouesse technique est aussi un manifeste. Car du Pont du Gard à nos centrales nucléaires, une civilisation se définit par ce qu’elle ose construire.
Pourtant, au Ier siècle de notre ère, Nîmes ne manquait pas d’eau. La source de la Fontaine, à partir de laquelle furent bâtis les jardins emblématiques de la ville au XVIIIᵉ siècle, et de nombreux puits alimentaient déjà la cité, même en période d’étiage. Ce qui n’empêcha pas les élites locales de souhaiter doter l’orgueilleuse cité d’un aqueduc. Ce choix ne répondait pas seulement à un besoin pratique, mais à une ambition politique et culturelle. Dans l’Empire romain, disposer d’un aqueduc signifiait rejoindre la « civilisation des eaux » : l’abondance pour les fontaines, l’hygiène par le nettoyage permanent des égouts, la sociabilité des thermes. L’aqueduc incarnait l’entrée dans un mode de vie romain, où l’eau n’était plus une ressource rare, mais un élément structurant du confort urbain et de la grandeur collective.

Cette décision illustre combien les infrastructures étaient déjà pensées comme des marqueurs de civilisation. À travers elles, une cité pouvait se hisser au niveau des plus illustres villes romaines et afficher son appartenance au monde impérial. L’eau ne servait pas seulement à boire, elle servait à être romain.

Le chantier pharaonique des Gaulois romanisés

Conduire l’eau de la source d’Eure, près d’Uzès, jusqu’à Nîmes représentait un défi technique et logistique : tracé sinueux de cinquante kilomètres, franchissement du Gardon par un pont monumental, percées en tranchées et en tunnels. Un chantier pharaonique. Plus de onze millions de pierres taillées furent assemblées, vingt-cinq mille tonnes de chaux produites dans des fours le long du parcours, des milliers de mètres cubes de sable et de gravillons acheminés.

Ce n’étaient pas des légions désœuvrées ni une armée d’esclaves qui bâtirent l’ouvrage, mais des entreprises spécialisées, réparties par lots. On y trouvait des maçons, des tailleurs de pierre, des charpentiers pour les échafaudages, des charretiers pour le transport, et même, pour soulever les blocs, des grutiers utilisant les célèbres « cages d’écureuil » : un treuil actionné par une grande roue en bois, de trois à six mètres de diamètre, dans laquelle un homme marchait comme un hamster dans sa roue. La construction du pont lui-même dura environ cinq ans — à peine trois fois moins que pour aboutir à la déclaration d’utilité publique de l’A69…

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