« Je n'avais pas envie de contribuer à un personnage existant, qui fait d'ailleurs lui-même référence à l'un de mes propres personnages. » C'est ainsi que Kurt Russell explique son refus de devenir la voix de Solid Snake, personnage très inspiré de son propre Snake Plissken, avant de continuer : « Au lieu de ça, je préfère chercher du nouveau, me demander comment on peut créer un autre personnage aussi marquant plutôt que d'exploiter un filon qui existe déjà. » Voilà une belle preuve d'intégrité artistique de la part de quelqu'un qui a joué dans Tango et Cash. LFS.

Stéphane Picq est l'un des plus grands compositeurs français de musique de jeu vidéo, c'est un fait. Malgré cela, il n'a pas remarqué que les URL de Bandcamp n'acceptent pas les caractères accentués et que la sienne est donc stphanepicq.bandcamp.com, preuve que même les meilleurs peuvent faire des erreurs. On lui pardonne, car c'est justement sur ce Bandcamp qu'il a posté le mois dernier la version remastérisée de sa BO de Dune (Cryo, 1992), que les gens qui ont tort considèrent comme son chef-d'œuvre. Les vrais sachant bien évidemment que c'est celle qu'il a réalisée pour KGB (Cryo, 1992 aussi, ça ne chômait pas à l'époque). LFS.

Dégagé lors du vaste plan de licenciements qui a récemment frappé Activision Blizzard (voir la news « Bloody January »), le PDG de Blizzard Mike Ybarra va être remplacé par Johanna Faries. Son CV est intéressant, puisqu'elle dirigeait depuis 2018 la branche « e-sports » de Call of Duty chez Activision et qu'avant de débarquer dans le jeu vidéo elle officiait comme cadre à la ligue nationale de football américaine. Un parcours, on le voit, entièrement consacré au jeu vidéo de qualité. LFS.

D’après la légende (c’est comme ça qu’on appelait autrefois les théories du complot), il existe un cercle magique, un alignement parfait qui, lorsqu’il est accompli, rend possibles tous les miracles. Et cet alignement, en confiant la réalisation d’un nouveau jeu Indiana Jones à MachineGames, je crois bien que Bethesda l’a réalisé.

Si, côté cinéma, la carrière de l’homme au chapeau mou et au fouet encore plus mou est une longue chute dans le vide depuis des débuts glorieux jusqu’à des navets innommables, son parcours dans le jeu vidéo est plus chaotique. Après une décennie de tâtonnements, il a été la star de plusieurs chefs-d’œuvre, avant de se planter au moment même où il avait tout pour réussir. Penchons-nous au chevet du professeur Jones pour comprendre pourquoi, comme beaucoup d’universitaires, il n’a pas eu la carrière qu’il méritait.

Quelle ne fut pas ma surprise, en arrivant à la rédac l’autre jour, de découvrir que le meuble derrière mon bureau avait été déplacé. « J’en avais besoin pour le studio Twitch », s’est justifié Monsieur Chat, aveugle au traumatisme psychologique qu'il venait de causer. Car nous sommes ainsi, nous, les vieillards : nous aimons quand les choses ne changent pas trop. Or, les développeurs de Graven, qui auraient pu se contenter de pondre un Hexen bis qui aurait satisfait tous les seniors, ont voulu innover. Grave erreur.

C'est quand même fou qu’à notre époque où tout a été gamifié, du travail aux tâches ménagères, personne n’ait jamais pensé à gamifier la roulette russe, laquelle est pourtant « un jeu de hasard » à en croire Wikipédia, dont la neutralité du style ferait passer une notice de montage pour du Thomas Bernhard. Avec Buckshot Roulette, c'est maintenant chose faite.

Bien sûr, vous vous en moquez parce que vous jouez sur PC et vous ne pensez qu'à votre tronche, mais sachez que les nintendophiles (c'est ainsi qu'on les qualifie dans le DSM-5) sont fort malheureux. Les pauvres viennent en effet d'apprendre que la remplaçante de la Switch, astucieusement baptisée Switch 2, n'arrivera dans nos échoppes qu'en mars 2025, ceci afin d'éviter de courir le risque d'une « pénurie de composants », dixit Monsieur Nintendo. Les consoleux seront toutefois confortés par cette bonne nouvelle : d'après une rumeur persistante, une nouvelle Xbox devrait arriver dès cet été. Elle sera similaire aux Xbox Series actuelles, sauf qu'elle coûtera un peu moins cher, qu'elle sera blanche et qu'elle ne disposera pas d'un lecteur optique. On n'arrête pas le progrès. LFS.

D’après Circana, boîte spécialisée dans les études de marché, les acheteurs de consoles sont de plus en plus vieux. Plus précisément, car que serait une étude de marché sans chiffres, entre 2020 et 2024 la part de consoles achetées par des 18-24 ans serait passée de 15 à 7 %, tandis que sur la même période la part des achats réalisés par des gens âgés de 55 ans et plus augmentait de 17 à 23 %. Plusieurs hypothèses sont proposées, car que serait une étude de marché sans hypothèses : attachement aux consoles de la génération qui a grandi avec une NES ou une Master System, consoles de salon de plus en plus achetées par les darons pour leurs enfants, ou encore, plus intéressant, désintérêt de la jeune génération pour ces plateformes, les loupiots ayant tendance à préférer le jeu sur smartphone ainsi que les jeux sociaux sur PC, comme Minecraft ou Fortnite. Le rêve d’ackboo, un monde où les jeunes préfèrent le PC aux consoles, aura donc fini par se réaliser. Sauf qu’au lieu de jouer à Hearts of Iron, ils jouent à Roblox. LFS.

L’argent salit toutes les belles choses. Après le rock, le punk, le post-punk et le post-post-punk, le hacking de Doom vient de rejoindre la longue liste des contre-cultures récupérées par les grosses mains invisibles du capitalisme. Si jusqu’ici réussir à faire tourner Doom sur des plateformes de plus en plus exotiques ou absurdes était un jeu innocent d’ingénieurs et de gros nerds désœuvrés, cette fois-ci, et pour la première fois, une entreprise vient de s’y coller. En avril prochain, les tondeuses-robots de marque Husqvarna recevront une update officielle permettant de jouer à Doom sur leur écran de contrôle. Non content de salir à jamais ce qui n’était qu’un jeu innocent, ces gros cochons ont de plus joué les gros rapiats, puisque le patch comprendra uniquement la version shareware du jeu. C’est qu’ils n’allaient pas non plus débourser de l’argent, les bougres. LFS.

Vous vous souvenez sans doute qu’en décembre dernier, Twitch avait annoncé cesser ses activités en Corée du Sud, annonce qui avait à l’époque semblé très curieuse quand on sait l’importance du jeu vidéo dans ce pays, un peu comme si on apprenait que la FIFA cessait ses activités au Brésil. À l'origine de cette décision, le coût prohibitif de la bande passante dans le pays de Samsung et de la chirurgie esthétique : Twitch (qui appartient à Amazon, entreprise à la trésorerie toujours précaire) avait d’ailleurs commencé par réduire la résolution des streams coréens à 720p afin de limiter la facture. C’est en raison de cette baisse de qualité, ainsi que pour l’interruption sans préavis de ce qui était considéré comme un service de VoD, que la commission des télécommunications sud-coréenne vient de présenter à Twitch une amende de, tenez-vous bien, 320 000 dollars. Autant vous dire que si demain vous apprenez qu’Amazon a fait faillite, vous saurez qui en est responsable. LFS.

« Il n’y aura jamais de suite à mon jeu et c’est très bien comme ça. » Ce n’est pas Notch qui a prononcé cette phrase en finissant sa troisième boîte de Valium mais Alexander Karpazis, directeur créatif de Rainbow Six Siege. Critiquant ces jeux « qui enchaînent les suites mais ont complètement lâché l’affaire » tout en précisant qu’il ne « donnerait pas de noms » pour ne pas faire de peine à Call of Duty et à Overwatch, il explique dans un argumentaire ma foi plutôt convaincant qu’un game as a service comme son jeu n’a pas besoin de suite et qu’il peut durer « pour toujours » tant que les équipes et les joueurs seront au rendez-vous pour le renouveler. Neuf ans après la sortie de Rainbow Six Siege, on a envie de lui donner raison et de ravaler un peu nos critiques contre les GAAS, qui après tout valent sans doute mieux que les suites sans âme bricolées pour ramener des thunes. LFS.

Pendant que vous (et moi, hein, on ne va pas se mentir) passons nos journées à nous tourner les pouces dans nos bureaux chauffés d’employés du tertiaire, il y en a qui bossent vraiment. Par exemple la community manager d’Arrowhead qui, débordée elle aussi par le succès de Helldivers 2, a envoyé tellement de DM de support technique à des joueurs coincés dans les files d’attente que Discord a fini par la ban, persuadé qu’il s’agissait d’un bot. LFS.

D’après plusieurs sources plus concordantes qu’un chant polyphonique corse, des versions « pre-release » Android et PC des Sims 5 se baladeraient dans la nature. C’est ballot pour Electronic Arts et aussi pour nous, car le moins qu’on puisse dire est que les dataminers n’ont pas tiré grand-chose de cette version. Tout juste apprend-on que la version PC utilisera la protection anti-copie Denuvo (probablement pour protéger les DLC, la version de base du jeu étant cette fois-ci free-to-play) et que son moteur 3D ne sera pas Frostbite, comme on aurait pu s’y attendre, mais l’Unreal Engine. Écoutez oui je sais ce n’est pas terrible comme scoop mais dites-vous que vous pourriez être en train de faire quelque chose d'encore plus ennuyeux, je ne sais pas, vous pourriez être vraiment en train de jouer aux Sims. LFS.

Je n'avais jamais compris l'opéra. Oh, j'y étais allé une poignée de fois dans ma vie et j'avais plutôt apprécié le spectacle (pour la même raison que j'apprécie Abba, Queen ou Devin Townsend – en musique comme ailleurs, j'aime les hyperboles) mais je continuais à ne pas trop voir à quoi cela rimait. Cela restait à mes yeux des sortes de comédies musicales pour bourgeois, divertissantes mais dont le génie m'échappait.

Tel un monstrueux hybride entre Père Noël et Père Fouettard qui distribuerait d'une main des joujoux et des films avec Chris Pratt et des coups de martinet de l'autre, monsieur Nintendo vient d'annoncer attaquer en justice Tropic Haze, créateur de l'émulateur Switch Yuzu, qui pourtant existe depuis un bon bout de temps sans déranger personne. LFS.

En attaquant le test de Dark Forces Remaster, je m'attendais à un boulot rapide, hop hop, on rend un avis sur le remake d'un chouette jeu d'autrefois et on passe à la suite (aller manger un morceau). J'étais loin de me douter que ce qui n'aurait dû être qu'une petite journée de travail ordinaire allait me faire perdre toutes mes certitudes sur mon métier, et même sur la façon dont le cerveau perçoit les images.

Depuis que Microprose, tel un phénix qui aurait mangé de la viande avariée, est rené de ses cendres pour vomir sur le monde un flux continu de jeux de guerre, la foule des amateurs de simulateurs de vol (foule modérée, qui tiendrait sans mal dans les gradins de la MJC de Guéret) rêve du retour des jeux Microprose de la grande époque. Les développeurs de Nuclear Option, eux, ont eu une idée différente : s’inspirer de l’autre grand nom de la simu' des années 1990 : Novalogic.

Cela fait longtemps que LinkedIn est un acteur majeur du jeu vidéo, via la quantité incroyable de leaks qu'il procure aux journalistes en manque de scoops, qui n'ont qu'à se baisser et regarder les offres d'annonces des divers studios pour savoir à quoi va ressembler leur prochain projet. C'est donc sans surprise (bon, ok, avec un peu de surprise quand même) qu'on apprend que la plateforme préférée des gens carriéristes et de ceux qui font semblant de l'être de peur de se faire virer va bientôt proposer des jeux. Pas des AAA à gros budget, attention, plutôt des puzzle games qui « encourageront le réseautage et les conversations ». Soit probablement l'équivalent middle management des jeux de ferme avec lequel on était jadis spammé sur Facebook, une phrase dont la simple lecture a dû abaisser de deux degrés la température de votre sang. LFS.