Pourquoi la première gigafactory française d’électrolyseur est en difficulté financière
Pendant un temps considéré comme l’une des solutions clés de la décarbonation, en particulier pour le secteur des transports, l’hydrogène vert peine à s’imposer du fait de coûts de production trop élevés. De nombreux industriels qui se sont lancés dans l’aventure en font les frais.
L’année commence mal pour McPhy Energy, fabricant français d’électrolyseurs. L’entreprise a pourtant inauguré, il y a à peine 6 mois, sa gigafactory d’électrolyseurs du côté de Belfort. Mais malgré ce nouvel outil de production de taille, le carnet de commandes peine à se remplir. Ainsi, alors que l’entreprise avait annoncé, fin octobre, un chiffre d’affaires compris entre 18 et 22 millions d’euros pour l’année 2024, celui-ci vient d’être révisé à hauteur de 11 millions d’euros seulement.
Selon McPhy Energy, ces chiffres seraient principalement liés à la résiliation de son ancienne activité de stations de recharges, cédé un peu plutôt dans l’année, ainsi qu’au report du projet Djewels. Ce dernier devrait comprendre la production de 20 MW d’électrolyseurs pour un site de production d’hydrogène vert aux Pays-Bas. Mais l’accord final a été repoussé à début 2025. Sur le premier semestre 2024, McPhy Energy enregistrait un résultat net de -32 millions d’euros.
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Qu’elle se rassure, l’entreprise McPhy Energy n’est pas toute seule. En réalité, c’est toute la filière de l’hydrogène vert qui souffre. Selon une récente étude publiée dans Nature Energy, seuls 10 % des projets de production d’hydrogène vert sont dans les temps. Les auteurs de cette étude ont analysé 190 projets annoncés entre 2020 et 2023, qui devaient être opérationnels en 2023. Sur les 4,3 GW totaux, seuls 0,3 GW ont été mis en service ! Toujours selon les auteurs de cette étude, la principale cause de ces échecs serait le coût trop élevé de l’hydrogène vert.
En France, le gouvernement avait fléché 680 millions d’euros d’aides pour l’année 2024. Finalement, aucune de ces aides n’aurait été versée du fait de l’instabilité politique, mais également du manque de demande industrielle. Pour 2025, seul un appel d’offres destiné à financer des projets a été lancé par l’ADEME.
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Heureusement, dans cette incertitude ambiante, une entreprise surnage : Lhyfe. La startup, connue pour son électrolyseur flottant qui bat les flots au large du Croisic, continue sa croissance. Elle vient d’annoncer pouvoir garantir la traçabilité de son hydrogène vert grâce à un accord avec Atmen. Chaque livraison d’hydrogène vert pourra désormais être accompagnée d’un passeport numérique, dont la précision est supérieure aux exigences européennes actuelles. Désormais, l’entreprise vise à obtenir la certification RFNBO (Renewable Fuels of Non-Biological Origin), qui définit les critères que doivent respecter les carburants renouvelables d’origine non biologiques pour être comptabilisés dans les objectifs climatiques européens.
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