La Cour pénale internationale va abandonner Office au profit d’openDesk
Fart of the deal
 
Après plusieurs sanctions imposées par les États-Unis, la Cour pénale internationale s’apprêterait à signer un contrat avec la société allemande Zendis en vue d’un déploiement de la solution openDesk, pour remplacer la suite Office de Microsoft.
L’information a été révélée par le média allemand Handelsblatt. Osvaldo Zavala Giler, greffier de la CPI et responsable de l’informatique, a confirmé à demi-mot l’information : « Compte tenu des circonstances, nous devons réduire les dépendances et renforcer l’autonomie technologique de la Cour. »
Portée symbolique
Les travaux envisagés ne marqueraient pas par leur ampleur : avec 1 800 postes, la Cour pénale internationale ne détient pas une vaste infrastructure. En revanche, comme relevé par Handelsblatt, la portée symbolique du changement n’échappera à personne, les questions sur la souveraineté s’intensifiant, particulièrement en Europe.
Les « circonstances » évoquées par Osvaldo Zavala Giler sont en effet les fortes tensions avec les États-Unis depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. Le président américain avait ainsi annoncé des sanctions en février dernier contre la CPI pour avoir lancé des enquêtes contre Israël pour crimes de guerre.
En mai, on apprenait que le compte e-mail de Karim Khan, procureur de la CPI, avait été supprimé par Microsoft. Interrogée devant le Sénat américain le mois suivant, l’entreprise avait nié.
En aout, c’était au tour de Nicolas Guillou, juge français à la Cour pénale internationale, et de plusieurs autres magistrats de faire les frais de ces sanctions, avec une coupure de tous les services numériques par Microsoft. Le juge avait indiqué que ce type de sanction touchait habituellement « des membres d’Al Qaïda, de Daech, de groupes mafieux, des dirigeants de régimes dictatoriaux ».
Nécessaire mais pas suffisant
Sur la migration vers openDesk, Microsoft s’est montrée laconique : « Nous apprécions notre relation client avec la Cour pénale internationale et pensons que rien n’affectera notre capacité à poursuivre notre collaboration à l’avenir ». Zendis, de son côté, n’a pas répondu aux sollicitations d’Handelsblatt.
Mais même si cette transition se fait, il faudra au minimum plusieurs mois pour aboutir à un changement effectif. De plus, comme souligné par Handelsblatt, le remplacement d’Office n’est qu’une partie du problème. Si les sanctions des États-Unis s’intensifient, toutes les entreprises américaines pourraient se voir interdire la moindre relation commerciale avec la CPI, tout comme les forces de l’ordre pourraient cesser tout envoi d’informations. Le fonctionnement de la Cour en serait largement affecté.