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Zipline : les drones qui sauvent des vies !

30 avril 2025 à 16:04

En Afrique, une startup californienne livre par drone, sang, vaccins et médicaments dans des villages isolés, sauvant des milliers de vies. Zipline prouve que l’innovation et la croissance économique peuvent transformer la réalité quotidienne des plus démunis.

Imaginez : une jeune mère, épuisée par un accouchement compliqué, perd soudain du sang en abondance. À des kilomètres de l’hôpital le plus proche, chaque minute compte. Habituellement, c’est une situation critique, souvent fatale. Mais aujourd’hui, dans un village rwandais isolé, une petite boîte transportée par un drone fend l’air et atterrit délicatement aux portes de la clinique. À l’intérieur : des poches de sang prêtes à sauver la vie de la jeune femme. 

Voilà un exemple concret de la révolution induite par la technologie de Zipline. Au Rwanda, au Ghana, au Kenya, ou encore au Nigeria, ces drones font quotidiennement des livraisons de produits indispensables en un temps record.

Comment fonctionne la technologie de Zipline ?

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Des drones qui sauvent des vies

Depuis ses débuts en 2016, Zipline cumule les résultats impressionnants là où ses drones interviennent : 67 % de réduction du gaspillage des produits sanguins, 51 % de baisse de mortalité maternelle liée aux hémorragies post-partum, et 44 % de diminution des occasions manquées de vaccination dans les zones desservies. Avec plus de 20 millions de doses de vaccins livrées à un coût remarquablement faible – seulement 0,66 $ par enfant entièrement vacciné – Zipline contribue à l’accès équitable aux soins médicaux.

Ces drones ne font pas que sauver des vies, ils transforment le quotidien de communautés isolées. Au Ghana, une étude récente, menée conjointement par Zipline et le Ghana Health Service, montre une chute spectaculaire de 56 % de la mortalité maternelle dans les hôpitaux desservis par Zipline. Désormais, femmes enceintes et familles savent qu’en cas d’urgence, le médicament ou la poche de sang arrivera à temps. « Maintenant, je sais qu’ils auront ce dont j’ai besoin, et je me sens en sécurité », confie une jeune mère ghanéenne après avoir bénéficié d’un traitement d’urgence efficace grâce à Zipline, comme le rapporte le blog officiel de l’entreprise.

Une révolution médicale par les airs

Zipline participe également à des efforts de prévention. Au Kenya, des drones apportent discrètement des tests et des médicaments contre le VIH à des jeunes souvent trop embarrassés pour franchir les portes d’une clinique. Résultat ? Plus de 105 000 d’entre eux ont déjà bénéficié de tests anonymes et de conseils essentiels, transformant radicalement leur approche des soins médicaux. « Je peux me faire tester facilement, sans jugement, et apprendre à me protéger »,  témoigne Terri, une jeune Kényane (ibid).

Au Nigeria, les petits, autrefois éloignés des campagnes de vaccination, reçoivent désormais les doses essentielles directement dans leurs villages reculés. Un progrès colossal dans un pays qui compte le plus grand nombre d’enfants non vaccinés d’Afrique. Grâce à ces livraisons, des millions de familles n’ont plus à craindre les maladies pour lesquelles des vaccins existent.

Au Ghana, le système Zipline est considéré comme l’intervention la plus rentable jamais mise en place pour améliorer la couverture vaccinale, atteignant même des régions traditionnellement isolées par une logistique terrestre lente et complexe. En témoigne une récente étude indépendante qui confirme l’efficacité et la rentabilité des drones de Zipline, faisant économiser des millions en évitant des maladies coûteuses à traiter, comme la méningite ou la tuberculose.

Zipline change également la donne au regard de l’accès aux soins pour les maladies chroniques, notamment au Rwanda, où des drones livrent directement aux patients diabétiques l’insuline nécessaire, évitant ainsi les déplacements coûteux et longs jusqu’aux centres de santé. Cette initiative a permis à des milliers de malades de gérer efficacement leur traitement à domicile.

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La livraison par drone arrive à Dallas aux États-Unis

Au-delà de son utilité prouvée dans les programmes humanitaires et médicaux en Afrique, la startup Zipline vient de déployer son système de livraison par drone dans la métropole de Dallas, marquant son premier pas dans une grande zone urbaine américaine. Depuis un supercentre Walmart, ces drones de nouvelle génération peuvent désormais livrer plus de 65 000 articles différents en moins de 2 minutes pour la plupart des commandes, soit 10 fois plus rapidement qu’une livraison en voiture, tout en réduisant embouteillages et pollution dans les quartiers résidentiels.

Les drones de nouvelle génération « P2 », plus silencieux et capables de transporter 3 fois plus de marchandises que leurs prédécesseurs, suscitent des réactions enthousiastes, certains clients allant jusqu’à envisager de déménager pour se rapprocher des zones desservies. Mais ce succès en Occident pourrait-il détourner Zipline de sa mission initiale ? Le risque existe de voir cette expansion commerciale faire passer au second plan la mission initiale : l’accès aux soins médicaux et humanitaires, vitaux pour des milliers d’Africains.

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Les super-pouvoirs des NGT

24 février 2025 à 10:17

On dit qu’ils vont révolutionner l’agriculture. Au point que 1000 scientifiques, dont 35 Nobel, ont supplié le parlement de les autoriser. Mais c’est quoi, ces fameux NGT ? Et quels sont leurs super-pouvoirs ?

Le principe des OGM classiques ? Transférer un gène d’un organisme vers un autre, d’où leur nom, « transgéniques ». Par exemple, le maïs BT a reçu d’une bactérie naturellement présente dans le sol la capacité de produire son propre insecticide.

Les NGT, eux, utilisent la technique qui valut à Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna le prix Nobel de chimie, les « ciseaux moléculaires » CRISPR-Cas9, qui permettent de modifier précisément la génétique d’une plante sans introduire de gènes extérieurs. Ce sont donc bien des Organismes Génétiquement Modifiés, dans le sens où l’homme est intervenu, mais pas transgéniques. Ils pourraient apparaître spontanément dans la nature, avec une probabilité plus ou moins importante, par mutation ou par croisements successifs.

Emmanuelle Charpentier, « Électron Libre »

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Pour comparer aux anciennes techniques de sélection, imaginons 3 dés. Il y a deux façons d’obtenir un triple 6 : les lancer et laisser faire le hasard, ou les poser directement sur la bonne face. On gagne beaucoup de temps, mais il faut que ce soit autorisé par les règles du jeu.

Car les fruits et les légumes que nous consommons ont tous été lentement modifiés génétiquement. Ils sont à des années-lumières de leur état d’origine naturel. Chaque grain de maïs, par exemple, était piégé à l’intérieur d’une coque non comestible aussi résistante qu’une coquille de noix et les épis étaient beaucoup plus petits. Aujourd’hui, les grains sont nus et restent longtemps sur l’épi. Dans la nature, ces caractéristiques les rendraient plus vulnérables aux oiseaux qui se nourrissent des graines. Pour notre alimentation, c’est au contraire une avancée majeure.

Les choux actuels, brocoli, kale, vert ou de Bruxelles sont tous issus d’une même plante, sur laquelle il n’y avait pas grand-chose à manger. On pourrait lister tous les légumes présents dans notre assiette : aucun n’existerait sous cette forme sans des siècles d’intervention humaine.

Pour créer un NGT, il faut avoir étudié précisément les caractéristiques d’une plante et identifier le gène intéressant. On peut alors aller plus loin et plus vite que la sélection classique, et de manière très précise. Pour agir sur 3 points essentiels : diminuer les besoins d’engrais et de pesticides, améliorer la qualité de notre alimentation et adapter les cultures au changement climatique.

Les premières applications existent et sont déjà commercialisées à travers le monde. Elles se concentrent sur la qualité nutritionnelle des aliments, comme une tomate enrichie en antioxydants ou un soja au profil d’huile plus favorable. Les possibilités semblent infinies. Des plantes que l’homme a cessé de cultiver pourraient même réapparaître sur nos étals.

Diminuer les pesticides

Pour les cultures les plus courantes, comme le blé, les chercheurs s’efforcent d’améliorer ou de préserver les rendements tout en réduisant l’usage d’engrais et de pesticides. Cet enjeu est crucial : avec une population mondiale croissante, augmenter la productivité par hectare est essentiel pour éviter d’empiéter sur les terres préservées pour la nature. Actuellement, la déforestation est responsable de 50 % de la perte de biodiversité, bien plus que le réchauffement climatique (6 %).

Les plus grandes menaces
pour la biodiversité

Source : Living Planet Report

Des chercheurs ont ainsi trouvé un moyen de réduire la quantité d’engrais azotés nécessaires à la culture des céréales. D’autres sont sur la bonne voie pour remplacer les pesticides. Des céréales résistantes à un virus de type « Jaunisse », transmis par les insectes, ont notamment été développées. Jusqu’en 2018, les néonicotinoïdes étaient un moyen de lutte efficace. Depuis leur interdiction, les agriculteurs doivent appliquer plusieurs insecticides. Obtenir des variétés tolérantes aux virus serait un moyen efficace de limiter leur utilisation.

D’autres NGT permettent de se passer de fongicides, ces pesticides qui empêchent le développement de champignons. Comme le blé immunisé contre l’oïdium, qui a été approuvé le 5 mai 2024 par les autorités chinoises.

Quel bilan pour les OGM ?

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Améliorer notre alimentation

Les NGT peuvent aussi nous aider à mieux nous nourrir, pour un meilleur prix, en alliant rendement et qualité nutritionnelle. Une farine blanche contenant 3 fois plus de fibres, autant qu’une farine complète, a été développée aux États-Unis. Le manque de fibres dans notre alimentation est vu comme une des causes de cancer liées à notre mode de vie. En Angleterre, des essais portent sur des blés moins riches en Acrylamide, un composant qui s’avère cancérigène en cas de surcuisson. 

S’adapter au changement climatique

Un des principaux axes de développement est évidemment l’adaptation des cultures au réchauffement climatique. Éviter les pénuries ou les trop grandes augmentations de prix en cas de mauvaises récoltes est un des enjeux majeurs des prochaines décennies. Des plants de blé aux racines plus longues ont par exemple été conçus pour être plus résistants à la sécheresse. De nouvelles conditions qui amènent parfois les agriculteurs à privilégier des variétés moins productives, plus chères et consommatrices de terres. L’édition génomique permet de concilier les deux. Et de se protéger des aléas.

En Europe, un assouplissement encore fragile ?

Le Parlement européen a voté pour assouplir les règles sur les plantes créées avec les Nouvelles Techniques Génomiques. Malheureusement, certains amendements risquent de freiner leur adoption.

Les NGT ne pourront pas être utilisées en agriculture biologique, alors qu’elles pourraient réduire le recours aux pesticides. C’est d’autant plus surprenant que l’agriculture bio utilise depuis longtemps des variétés issues de la mutagenèse aléatoire (provoquée par des radiations ou des produits chimiques). Les variétés modernes d’orge de printemps, de tournesols oléiques ou même le pamplemousse rose sont issus de cette technique, qui a prouvé ses avantages pour l’environnement et les consommateurs.

La législation distingue deux types de NGT : les NGT1, qui subissent des modifications génétiques mineures, similaires à la sélection conventionnelle, et sont exemptées des règles les plus strictes, et les NGT2, issus de modifications plus complexes. Ces derniers devront être identifiés par un étiquetage spécifique. Une mesure qui pourrait être exploitée par les « marchands de peur », qui préfèrent l’émotion au consensus scientifique. Alliée aux exigences spécifiques de surveillance et de traçabilité, cette obligation pourrait pénaliser les petites entreprises qui veulent les développer ou les utiliser.

Limiter le potentiel des NGT, c’est augmenter le coût de l’alimentation pour les Européens, réduire la compétitivité des agriculteurs, renoncer à des solutions écologiques et fragiliser notre sécurité alimentaire. Un progrès a été fait. Espérons que certains détails et l’instrumentalisation des peurs par certains activistes ne ruinent pas les immenses bénéfices attendus.

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