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Sortie de LyX 2.4

Revenons sur les nouveautés de LyX 2.4 à l’occasion de la sortie de la 2.4.2, qui apporte son lot de correctifs.

LyX est un éditeur de documents WYSIWYM (what you see is what you mean) prévu pour l’environnement TeX et disponible sous licence GPL. Contrairement à Word ou LibreOffice, par exemple, l’utilisateur ne voit pas directement à l’écran le même résultat que s’il imprimait le document (WYSIWYG). Ce mécanisme est voulu, car TeX impose de « compiler » les documents avant de les visualiser : LyX permet donc de visualiser la sémantique du document avant d’en générer un PDF.

La version 2.4 est sortie le 1er juin 2024 et apporte un grand lot de nouveautés, après six ans de développement. Cette version est constituée de 8700 commits par 40 personnes et a permis de fermer 800 problèmes connus.

Logo Lyx

Fenêtre principale de LyX

Parmi les changements principaux, LyX utilise désormais UTF-8 en interne pour la représentation des documents, une évolution qui suit de près LaTeX, qui a fait le même mouvement en 2018 (bien après les moteurs modernes comme XeTeX ou LuaTeX).

Au niveau de l’interface graphique, les thèmes sombres fonctionnent bien mieux qu’avant, notamment au niveau de l’éditeur de formules. Pour Windows, le thème Fusion de Qt est nécessaire pour obtenir une interface sombre.

Au niveau des exports vers d’autres formats que des dérivés de TeX, LyX 2.4 génère désormais du XHTML 5 (c’est-à-dire du HTML5 mais lisible comme du XML). La sortie DocBook a été entièrement réécrite, de telle sorte qu’elle s’utilise désormais sur la majorité des types de documents LyX (à l’exception notable des présentations Beamer). Précédemment, seuls des documents suivant un modèle spécifique à DocBook pouvaient être exportés en DocBook, mais pas en LaTeX : maintenant, un même document pourra être exporté en DocBook et LaTeX. Cette sortie DocBook a aussi été l’occasion d’implémenter une sortie en ePub 3 (utilisant DocBook et les outils standard de DocBook pour convertir un document en ePub 3).

Le développement de LyX se poursuit activement, avec la branche 2.5 en préparation parallèlement aux mises à jour de la branche 2.4. Les améliorations et corrections en cours sont détaillées dans le système de suivi du projet, accessible au public.

Il est remarquable de noter que LyX, lancé initialement en 1995, approche bientôt de ses 30 ans d'existence. Cette longévité témoigne de la qualité et de l'utilité durable de ce logiciel. Il n'a jamais cessé d'évoluer pour répondre aux exigences de ses utilisateurs, en particulier dans le domaine de l'édition scientifique et académique.

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Calligra : laquelle choisir ? notre comparatif secret (il sera aussi question de formats)

Plutôt qu’un comparatif entre Calligra, une présentation rapide de la suite bureautique de KDE s’impose. Une suite qui vient de passer en version 4 après quelque chose comme quatre ans de stase. Comparer la petite suite Calligra à LibreOffice serait assez injuste. Néanmoins cette présentation des quatre logiciels qui la forment ne peut pas faire complètement l’impasse dessus. Et, notamment, mais pas uniquement, à cause des formats de fichier et de leur compatibilité entre les deux suites bureautiques libres.

Ne faites pas attention au titre qui a été plus ou moins suggéré à titre de plaisanterie dans ce commentaire.

Le panneau de démarrage de Calligra

Sommaire

Calligra, vingt-six ans déjà

Les débuts de Calligra remontent, d’après « l’À propos de Calligra » à 1998. Au départ, sous le nom de KOffice. Elle n’adoptera ce nom de Calligra suite qu’en 2010. La dernière version de Koffice, numéro 2.3.3 est sortie en 2011.

En 2020, Calligra sort une version 3.2.1. Puis, plus rien jusqu’au 27 août 2024 où un développeur KDE, Web et QML, Carl Schwan, annonce la sortie de la version 4.0 (en). Pour cette nouvelle version, il a essentiellement d’une part complètement porté l’Api de QT6 à KF6, d’autre part revu l’interface utilisateur.

Dans sa présentation de la suite, KDE indique que Calligra s'appuie sur KDE, une architecture d’applications puissante. On verra plus tard que ce n’est pas sans conséquence.

Les formats de fichier natifs de Calligra sont les formats ODF. Un choix que KDE explique dans la vue d’ensemble des fonctions de Calligra :

Il est d’une importance majeure pour toute suite bureautique d’adhérer à des standards établis. Surtout au niveau du format de fichier pour permettre l’échange de documents avec d’autres suites bureautiques de manière transparente. Cela évite également les formats propriétaires, ce qui est particulièrement important pour les entreprises et pour les particuliers.

Le traitement de texte Kword aura d’ailleurs été le premier logiciel de traitement de texte à prendre en charge le format ODF qui est sorti en 2005.

Quelques mots sur la suite

Calligra comporte quatre logiciels :

  • Karbon, l’application de dessin vectoriel,
  • Calligra Sheets, le tableur,
  • Calligra Stage, le logiciel de présentation,
  • Calligra Words, le traitement de texte.

Il y a, en outre, un panneau de démarrage, Calligra, qui figure en illustration de la dépêche. En cliquant sur une des icônes, on ouvre l’application concernée. Chaque application propose de choisir entre un document récent, un document personnalisé ou un modèle ou type de modèle.

Les quatre applications de la suite bureautique Calligra.

Ensuite, tous les logiciels de la suite ont la même logique : une barre de menu et (optionnellement) des barres d’outils en haut, et sur les côtés, à droite ou à gauche selon la configuration, une barre latérale qui sert quasiment pour tout.

La configuration de l’emplacement de la barre latérale se fait par un clic droit dessus. Il est possible d’indiquer par la même occasion si on veut que les icônes des panneaux latéraux soient assorties de texte ou non. Les choix que j’ai fait dans les captures d’écran sont différents de ceux de la note de blog de Carl Schwan.

Barre latérale
Configuration de l’emplacement de la barre latérale.

Par défaut, les barres d’outils, qui, au demeurant, comportent très peu d’éléments, ne sont pas affichées. Il y en a deux : Éditer qui affiche les boutons Défaire et Refaire (et c’est tout) et Fichier qui permet d’afficher ou non les panneaux. Dans les captures d’écran de cette dépêche, elles sont toutes deux affichées. Pour les avoir à l’écran : Paramètres > Barres d’outils affichées.

Barres d’outils affichées
C’est aussi à ce niveau qu’on configure la vérification orthographique et la correction automatique.

On peut, évidemment, créer des modèles (formats OTF) avec chacune des quatre applications de la suite bureautique et exporter le fichier au format PDF. Les polices des fichiers générés en PDF sont complètement intégrées, ce qui en fait des documents assez lourds.

Karbon, dessin vectoriel

Si le format natif de Karbon est l’ODG, il peut enregistrer aussi aux formats WMF, JPEG, PNG et SVG. C’est un logiciel assez facile à utiliser, moyennant un temps d’apprentissage, et dont l’interface peut rappeler celle de Draw avec sa barre d’outils de dessin à gauche.

Karbon

Karbon ouvre très bien les fichiers SVG simples, mais, dès qu’il y a des dégradés, des motifs ou des images matricielles incorporées, le résultat est moins bon.

Karbon et les images SVG
À gauche la version originale dans Inkscape, à droite la version ouverte dans Karbon. Le manchot est plus petit, l’effet de dégradé de ses lunettes a disparu et le fond de l’œuf est complètement pixelisé.

Calligra Sheets : tableur de son métier

Le tableur de Calligra est le seul à proposer plusieurs catégories de modèles, tous en anglais. Il est assez peu traduit par rapport à ses collègues. Ainsi, dans Calligra Words, on a un « Gestionnaire de styles, quand, dans Sheets, c’est un « Style Manager ». Il fonctionne comme n’importe quel autre tableur. La modification d’un diagramme dans Calligra Sheets est très facile, mis à part le fait qu’il ne semble pas qu’on puisse en changer les couleurs.

L’interface de Calligra Sheets

Outre l’ODS, il peut enregistrer aux formats : Kspread (ancien format de la suite Koffice), CSV, LibreOffice Calc spreadsheet (qui est aussi de l’ODS), feuille de calcul Gnumeric, Html et TeX.

Calligra Stage, présentation

Le logiciel de présentation Calligra Stage est le seul à proposer plusieurs modèles, certains avec une, d’autres avec deux pages maître dont un sympathique modèle avec un manchot : « Pingouin curieux ». Il peut être déconcertant de prime abord quand on part d’un « écran vide » ou « 16:10 » parce que ce qui apparaît c’est un espace complètement vide sans zone pré-configurée. Mais, si on clique sur la première icône du panneau latéral, on accède à plusieurs « Styles » de diapositives qui ont ces zones.

Manchot curieux

Calligra Stage n’enregistre qu’au format ODP.

Calligra Words, traitement de texte

Calligra Words ne propose que quatre modèles dont un très désuet modèle de fax et un modèle de « lettre professionnelle » qui n’est qu’une page vide avec des grandes marges. Il est possible, en théorie, d’ajouter des entêtes et des pieds de page avec des champs de type numéro de page ou titre du document, troisième icône du panneau latéral en partant du haut. Mais il y a un bug d’affichage car rien n’apparaît, alors qu’on les voit quand on ouvre le fichier dans Writer. On peut insérer des notes sans possibilité de naviguer de l’appel de note vers la note et vice-versa. Au même endroit, il est possible d’ajouter simplement une citation ou une bibliographie, mais pas de table des matières ni d’index.

L’espace de travail de Calligra

Calligra Words enregistre aussi aux formats : document Word 2007, Electronic book document, Plain texte document, livre numérique Mobipocket, Text Plain Wiki Format et HTML. C’est, à mon avis, de tous les logiciels de la suite, celui qui a le plus mal vieilli.

Limites et (in)compatibilités

Il ne s’agit pas de relever les fonctionnalités, souvent gourmandes en ressources de développement, manquantes par rapport à d’autres suites bureautiques développées par des équipes nettement plus étoffées.

Sans Plasma, ça fonctionne moins bien

La grosse limite de Calligra est le fait qu’elle est développée pour bien s’intégrer à KDE. Ce qui aboutit à ce qu’avec la version Flatpak et un environnement bureau qui n’est pas KDE (ici XFCE), Calligra Words ne peut pas faire de vérification orthographique dans une autre langue que l’anglais. Alors que la même version fonctionne bien sur ce plan dans un environnement de bureau Plasma. On peut imaginer que cela fonctionnerait mieux si la version était empaquetée pour la distribution.

Calligra ne trouve pas non plus les polices ajoutées dans le dossier .fonts dans un cas alors qu’il les trouve quand la session de bureau est Plasma. Un autre défaut : on ne peut pas ajouter de caractère « spécial » en utilisant les combinaisons de touches Ctrl + Maj + U ou Alt + X. Calligra Words ne permet pas, par exemple, d’avoir des chevrons typographiques : « », même avec Plasma.

Formats et compatibilité

Petit rappel historique du format ODF. La version 1.0 du format sort en mai 2005, suivie, en février 2007, de la version 1.1. Quatre ans plus tard, en mars 2011, la version 1.2 pointera le bout de ses octets, puis, en juin 2021, le consortium OASIS qui gère la norme, accepte la version 1.3 adoptée par LibreOffice avec les versions 7. À l’heure actuelle, la version 1.4 est en cours de travail. LibreOffice est en train de travailler à la prise en charge de cette version avec la première étape, la budgétisation (en).

Le format ODF de Calligra Suite est donc, compte tenu du fait que le travail sur cette version n’a pas été axé sur la prise en charge de l’ODF, probablement 1.2 ou 1.1. Cela a des conséquences si on veut échanger des fichiers entre, notamment, les suites LibreOffice et Calligra ou, encore, utiliser des modèles récupérés sur le site des extensions et modèles (en) de LibreOffice.

Quelques-uns des problèmes que j’ai pu relever. Le plus ennuyeux, c’est quand on perd l’information définitivement dans Calligra.

Avec Karbon, si on veut ouvrir un fichier ODG généré dans Draw, avec des formes converties en « Corps de révolution 3D », en 3D ou avec un dégradé radial, les deux premières disparaissent définitivement. Et, quand on veut ouvrir le fichier, qu’on aura enregistré dans Karbon, le dégradé de la seule forme conservé n’est plus pareil. Ce dernier fait est, je pense, lié à la gestion des couleurs et aux palettes disponibles dans l’une et l’autre suite.

Calligra Sheets ne comprend pas bien les plages et expressions nommées, une fonctionnalité que possède le logiciel. C’est un problème que j’avais déjà constaté dans OpenOffice il y a un paquet d’années. En conséquence, il affiche une erreur #VALEUR! dans les cellules. Si on ré-ouvre le fichier sauvegardé dans LibreOffice, c’est fichu. Si mes souvenirs sont exacts, à l’époque quand j’avais signalé ce problème de LibreOffice vers OpenOffice, il m’avait été répondu que c’est probablement dû à une question de version d’ODF.

Sans surprise, les dégradés entre les logiciels de présentation des deux suites bureautiques libres, Calligra Stage et Impress, sont interprétés différemment. Sans surprise aussi, Calligra Stage affiche plus ou moins bizarrement les formes qu’il n’a pas été programmé pour comprendre. Mais on peut les retrouver correctement dessinées à l’ouverture dans Impress. Vous pouvez faire un test, si vous voulez, avec le modèle Tons pastels. En revanche, les dimensions, comme pour le cas du manchot dans Karbon, ne sont pas toujours respectées. Et une présentation créée dans Stage et ouverte dans Impress peut assez considérablement varier d’allure, notamment la taille et la couleur des caractères.

Deux versions d’une même présentation
En haut la version originale créée avec Karbon. En bas, ouverte dans Impress : l’arrière-plan dégradé de bleus, s’est transformé en dégradés de noir au blanc, et le texte a changé d’allure.

Quant à Calligra Words, il regroupe toutes les images ancrées au paragraphe au début du document et ne garde pas forcément la mise en page. Pire, s’il y a des variables dans le document, elles disparaissent définitivement corps et âmes, il y a donc une sérieuse perte d’information. Sans négliger ce bug de non affichage des champs compris pourtant par Calligra Words.

Suggestion et demande

Il y a quelques années, je trouvais Calligra vraiment sympathique. Quelques années après, la suite est toujours sympathique, mais, quatre ans sans maintenance ni évolution dans un secteur où ça bouge, ça se fait sentir.

Utiliser ou pas Calligra ? À mon avis (à moi, personnellement), peut-être pas si on n’a pas Plasma comme environnement de bureau. Sûrement pas, toujours à mon avis à moi, si on doit travailler des fichiers qui viennent d’ailleurs à cause des histoires de format. Sauf si lesdits fichiers sont très simples. Si vous voulez utiliser des modèles du site des Extensions et modèles (en) de LibreOffice, j’aurais tendance à vous suggérer de regarder la compatibilité des modèles avec les versions de LibreOffice, de ne pas aller plus loin que les versions 6 incluses et d’opter pour des modèles simples.

Cela dit, Karbon est vraiment un chouette logiciel. Si sa prise en mains vous est plus facile pour le dessin vectoriel que celle de Draw ou d’Inkscape, ne pas hésiter. Et sa palette de couleurs est très bien.

D’ailleurs, puisqu’on parle de la palette de couleurs de Karbon, quelqu’un sait comment la récupérer ? Je pourrais l’ajouter à mon LibreOffice et à mon Inkscape. Merci d’avance.

Et si vous voulez un tutoriel un peu plus complet sur la prise en mains de Calligra, c’est par là.

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