
Le prix de la mémoire n’en fini pas de monter et les constructeurs tirent la sonnette d’alarme. On l’a vu à plusieurs reprises déjà, le tarif des composants des modules DDR4 et DDR5 avait enflé de manière importante. Contraignant plusieurs constructeurs à réagir. D’abord Raspberry Pi puis GMKtec et plus récemment Minisforum.
Sur le marché global, le prix de la mémoire qui grimpe fait tirer la langue à tout le monde. Si les grandes marques ont plus de marges de manœuvres et de meilleurs contrats pour lutter contre cette hausse, elle reste problématique. Une marque internationale comme Dell, Lenovo ou HP, négocie ses tarifs mémoire à l’année, cela l’empêche de profiter au mieux de certaines baisses, mais évite également de subir des flambées tarifaires. Ce type de contrat n’est ouvert qu’aux acteurs majeurs de l’industrie et les petites marques ne peuvent pas en profiter. 
Pour que ce type de contrat existe, il faut que les fabricants de mémoire vive, les fameuses barrettes de DDR5 par exemple, aient eux-mêmes des contrats avec les fabricants de modules mémoire. Et c’est là que la situation se complique. Samsung aurait d’ores et déjà arrêté tout contrat de ce type avec ses clients. Impossible pour le moment de négocier un tarif avec la marque qui est un très grand fabricant mondial de ces composants. Impossible donc de planifier une production stable à un prix moyen, impossible de répercuter cette moyenne pour signer un contrat avec une marque de portables par exemple.
Le problème de cette situation est qu’elle amène à un certain chaos. Si les marques ne savent plus prévoir leurs prix au plus juste, si elles doivent compter avec une mémoire hyper volatile, alors elles ont tendance à amplifier la hausse pour définir leur prix public. Rajouter de la marge sur le tarif pour permettre d’anticiper une éventuelle monter des prix. Quitte à faire de promotions temporaires si cela baisse.

Et la situation pourrait devenir encore plus chaotique encore. Si Samsung poursuit dans cette logique de fin de contrat du prix de la mémoire, c’est qu’il s’apprête à vendre ses composants au plus offrant. C’est ce que souhaitent les entreprises de la tech qui font flamber les prix. En ce moment, la pression vient d’entreprises qui cherchent à monter des super serveurs dédiés à l’IA. Serveurs qui ont des besoins colossaux en termes de stockage, de mémoire, de composants variés et même d’énergie. Ce sont eux qui font grimper les prix. Jusqu’à présent, ces fameux contrats entre les marques de DDR et les fournisseurs de composants avaient permis de limiter la hausse à « seulement » 172%.
Ces fameux contrats étant pour toute la chaine alimentaire du marché une certaine assurance de volume et donc de stabilité. Leur disparition va pousser les enchères toujours plus loin et Samsung, comme tous les autres, va chercher à vendre chaque module à la hausse. Comme les armes financières des acheteurs des entreprises liées à l’IA ont le double avantage d’être d’une puissance quasi sans limites d’une part. Et surtout sans aucun besoin de rentabilité à court terme d’autre part. Ils pourront proposer le double ou le triple de ce que des fabricants d’ordinateurs pourront avancer de leur côté. Car si une hausse du prix de la mémoire sera invisible dans un serveur d’IA. Elle sera évidemment sanctionnée par l’acheteur d’un smartphone, d’un portable ou d’un MiniPC. Personne ne va comprendre pourquoi le produit de 2026 coutera 10, 15 ou 20% plus cher à performances et composants identiques que celui de 2025.

Évidemment, je ne parle pas de l’impact de cette situation sur le prix des composants directs. Dernière roue du carrosse et marché le moins protégé de l’équation. Une marque qui distribue des composants mémoire en magasin pour que les clients finaux puissent mettre à jour ou composer leurs PC aura deux choix. Soit, il s’agit d’une marque comme Samsung qui distribue sa propre mémoire en l’intégrant dans ses barrettes. Et là, il sera directement plus rentable de cesser ou diminuer cette activité pour vendre les composants aux plus offrant en amont de la chaîne au lieu de les distribuer à des revendeurs. Soit c’est une marque d’assemblage de composants tiers qui va prendre de plein fouet la crise. Le tarif des barrettes  de DDR4 et DDR5 en magasin a déjà fait un énorme bon depuis le début de l’année, et cela ne devrait pas tarder. Des marques comme Corsair ou Adata ont largement augmenté leurs tarifs ces derniers mois. Depuis la rentrée scolaire, certains composants mémoire ont pris 20, 30 ou 40% de hausse de tarif.

Tout cela ne devrait pas se calmer, l’ogre IA est là et semble-t-il encore pour longtemps. Il y a peu, Satya Nadella le PDG de Microsoft, expliquait que la société n’avait pas assez d’énergie pour pouvoir brancher tous les composants qu’ils avaient achetés. Que ce manque d’infrastructure énergétique empêchait la société de croitre au rythme qu’ils espéraient. La croissance des Datas Center liés à l’IA a déjà fait augmenter le prix de l’énergie aux US. Des bâtiments entiers sont encore à équiper de composants et les plans des divers acteurs de ce marché prévoient une augmentation encore plus grande de leurs possibilités de traitement d’IA pour les années à venir. De là à planifier qu’ils vont absorber à coup de milliards la majorité des capacités de productions du marché PC, il n’y a pas franchement besoin d’être un génie. Tant que le maitre mot de leur stratégie sera une augmentation de leur puissance de calcul, le marché PC souffrira de ces hausses. Et la mémoire vive pourrait rapidement ne plus être le seul à en souffrir : processeurs et stockage pourraient à leur tour être affectés. Ainsi que tous les appareils embarquant une forme ou une autre de mémoire vive : de la carte graphique à la carte de développement.
Une hausse de 170% du prix de la mémoire DDR en 2025 © MiniMachines.net. 2025