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Fouillez en direct un site paléontologique depuis l’Argentine !

6 octobre 2025 à 08:02

Après le succès de la diffusion en direct d'une expédition marine, le Conseil national d’investigation scientifique et technique (CONICET) remet le couvert et diffusera durant du 6 au 10 octobre 2025, en live, une fouille archéologique menée par des paléontologues. Le site de fouille sera situé dans la province du Río Negro, située en Patagonie, dans le sud de l'Argentine. C'est une zone connue pour avoir déjà délivré des fossiles de dinosaures.

Mars, la quête de la vie

3 octobre 2025 à 02:37

Trouver de la vie ailleurs… Une incroyable découverte, passée presque inaperçue dans le tumulte de la rentrée politique, a relancé ce vieux rêve, à quelques millions de kilomètres de nous, sur cette planète rouge qui fascine l’humanité depuis l’invention de la lunette astronomique.

Été 1877. Les conditions d’observation sont idéales. L’astronome italien Giovanni Schiaparelli scrute la planète rouge lorsqu’il croit distinguer un réseau de lignes géométriques. Intrigué, il tente de les schématiser et les baptise « canali », c’est-à-dire « canaux » en italien.

Lorsqu’il prend connaissance de ces travaux, son collègue américain Percival Lowell brûle d’enthousiasme. Car pour lui, ces lignes sont la signature indiscutable d’une civilisation extraterrestre. Porté par sa conviction, il fonde en 1894 son propre observatoire, dédié à l’étude de Mars et de ses mystérieux « canaux ». Et il ne se contente pas d’observer. Il médiatise ses certitudes, fascine le public et impose l’idée que Mars est habitée.

Peu importent les mises en garde des astronomes sceptiques, qui soupçonnent une simple illusion d’optique. Le récit s’installe, gagne l’opinion, et inspire bientôt des œuvres majeures de science-fiction, comme La Guerre des Mondes de H.G. Wells. Le mythe des « Martiens » venait de naître.

Le mystère de la vie

Il faudra attendre 1909 pour que la fable des « canaux martiens » s’effondre. Cette année-là, l’astronome franco-grec Eugène Antoniadi profite de conditions exceptionnelles et de la puissante lunette de l’Observatoire de Meudon. Son verdict est sans appel : aucune ligne droite sur Mars, seulement des formations diffuses, irrégulières, naturelles. Qu’importe, la machine est lancée. Mars est entrée dans l’imaginaire scientifique et populaire, et elle n’en sortira plus.

Peu à peu, au fil de la première moitié du XXe siècle, l’idée d’une civilisation martienne s’effrite. Les images de plus en plus nettes de la planète révèlent un monde désertique, bien loin de l’oasis de vie que l’on avait imaginée. Pourtant, une conviction demeure : Mars pourrait malgré tout abriter des organismes plus discrets.

Car la vie ne se limite pas aux êtres intelligents. Elle peut exister sous des formes bien plus simples, presque invisibles. Définir la vie est un défi, à la fois scientifique et philosophique, mais on peut toutefois la résumer comme un système organisé, capable de s’entretenir grâce à un métabolisme, et de se reproduire. Une cellule rudimentaire, avec une membrane, un liquide interne et un brin d’ARN, c’est déjà de la vie. Alors, pourquoi n’en trouverait-on pas sur Mars, même si sa surface paraît aride, bombardée de météorites et hostile à première vue ?

D’autant que Mars coche toutes les cases au départ. Les biologistes en conviennent, pas de vie sans eau liquide, ce milieu réactif idéal où s’enchaînent les réactions métaboliques. Or Mars est la seule planète, avec la Terre, à se situer dans la « zone habitable » de notre système : ni trop près du Soleil, ni trop loin, juste à la bonne distance pour que l’eau puisse rester liquide.

Et même si découvrir une forme de vie primitive sur Mars ne serait pas aussi spectaculaire que de croiser de « petits hommes verts » ambassadeurs d’une civilisation extraterrestre, ce serait déjà une révolution scientifique. Car cela signifierait que l’apparition de la vie n’est pas une anomalie rarissime. Si elle a émergé deux fois, sur deux planètes voisines d’un même système solaire, alors elle doit pulluler ailleurs dans l’Univers. Et qui dit vie fréquente dit, par extension, civilisations évoluées probablement nombreuses. De surcroît, étudier d’éventuelles bactéries martiennes offrirait un éclairage unique sur nos propres origines, encore très mystérieuses.

Vénus, une atmosphère d’enfer

J’approfondis

Un problème de taille

Pourtant, dès la fin des années 1950, un doute s’installe. L’atmosphère martienne pourrait être trop ténue pour permettre la présence d’eau sous la forme liquide. Les premières estimations laissent penser que la pression serait très faible. Or, en dessous de 6,11 mbar — la fameuse pression du « point triple » de l’eau, là où les trois états peuvent coexister — l’eau passe directement de la glace à la vapeur, et inversement.

La confirmation tombe en 1965 avec le lancement de la sonde Mariner 4. L’humanité découvre pour la première fois les paysages martiens, aussi arides et désertiques que les scientifiques le redoutaient. Mais surtout, ses capteurs livrent un verdict implacable : la pression atmosphérique n’est que de 6 mbar. Juste en dessous du seuil fatidique. Le couperet tombe, à la surface de Mars, l’eau liquide est physiquement impossible.

Pourquoi une atmosphère aussi fine ? À cause de la petite taille de la planète. Avec un diamètre deux fois plus petit que celui de la Terre, Mars s’est refroidie trop vite, jusqu’à se figer entièrement. Contrairement à la Terre, plus massive, qui conserve un noyau partiellement liquide. Et c’est ce bouillonnement métallique interne qui, chez nous, génère un champ magnétique protecteur. Mars, elle, en est dépourvue. Ainsi, sans magnétosphère pour dévier les particules ioniques, son atmosphère a été lentement érodée par le vent solaire.

Et si l’espoir gravitait autour des géantes gazeuses ?

J’approfondis

Autrement dit, si Mars avait eu la taille de la Terre ou de Vénus, l’histoire aurait sans doute été différente. Mais dans l’état actuel des choses, l’idée de trouver une forme de vie à sa surface s’éloigne… 

Les nodules de l’espoir

Il reste pourtant une dernière carte à jouer. Car si aujourd’hui la vie en surface semble compromise, il n’en a probablement pas toujours été ainsi. Les sondes ont détecté dans les roches martiennes les traces d’un ancien champ magnétique, preuve que la planète possédait bel et bien une magnétosphère jusqu’il y a 3,7 milliards d’années.

En conséquence, à l’époque, l’atmosphère devait être plus épaisse qu’aujourd’hui, assez pour maintenir de l’eau liquide en surface. Par ailleurs, les indices topographiques abondent : anciens canyons, deltas, lits de lacs, roches sédimentaires stratifiées… Il semble avéré que Mars ait connu une longue période — près de 800 millions d’années — où les conditions semblaient favorables à l’émergence de la vie. Était-ce suffisant ? C’est précisément ce que tentent d’élucider les rovers actuels.

Traces d’écoulement sur la surface martienne – © ESA / DLR / FU Berlin (G. Neukum)

Car la vie laisse des traces. Parfois directes, comme la fossilisation dans les roches. Parfois indirectes, à travers ce qu’on appelle des biosignatures : molécules organiques, minéraux particuliers ou textures caractéristiques des métabolismes biologiques. Et c’est peut-être bien ce que Perseverance vient de révéler.

Son terrain de chasse : le cratère Jezero, ancien lac martien riche en sédiments argileux, parfaits pour piéger des restes biologiques. C’est là, dans la vallée de la Neretva, au sein d’une formation baptisée Bright Angel, que le rover a foré d’anciennes couches de boue fossilisée jusqu’à découvrir… de minuscules nodules riches en fer et en phosphore, entourés de carbone organique.

Nodules riches en vivianite et en greigite – © NASA / JPL-Caltech / MSSS

Du carbone organique d’origine abiotique, on sait que c’est possible. Mais la composition de ces nodules intrigue : ils semblent faits de deux minéraux, la vivianite (phosphates de fer) et la greigite (sulfures de fer). Or, ces minéraux résultent de réactions d’oxydo-réduction très spécifiques. Théoriquement, elles peuvent se produire sans intervention biologique… mais seulement dans des conditions environnementales très contraignantes, et difficiles à reconstituer ici. L’autre hypothèse, bien plus séduisante, est que ces réactions auraient été catalysées… par des micro-organismes. Un scénario crédible, puisqu’on observe sur Terre des nodules similaires produits par l’action de bactéries.

Les chercheurs restent toutefois prudents. Pour trancher, il faudra rapatrier et analyser directement les échantillons sur Terre. C’est tout l’enjeu du programme Mars Sample Return (MSR). Mais ce projet titanesque se heurte à la réalité. Le plan initial, trop lent et trop coûteux (11 milliards de dollars pour un retour vers 2040), a été abandonné. La NASA planche sur d’autres solutions, avec possiblement l’appui du secteur privé — SpaceX et Blue Origin en tête — pour accélérer la cadence. Mais l’avenir du programme reste suspendu aux arbitrages politiques : l’administration Trump évoque même la possibilité de couper son financement pour privilégier les missions habitées, notamment vers la Lune.

En somme, les indices d’une vie passée sur Mars n’ont jamais été aussi solides, mais il faudra encore patienter — et peut-être affronter quelques batailles politiques — avant de lever le voile sur l’un des mystères les plus fascinants de notre système solaire.

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Découvrez les secrets des dinosaures en assistant en direct à une fouille paléontologique en Argentine

29 septembre 2025 à 15:18

Après le succès de la diffusion en direct d'une expédition marine, le Conseil national d’investigation scientifique et technique (CONICET) remet le couvert et diffusera durant le mois d'octobre 2025, en live, une fouille archéologique menée par des paléontologues. Le site de fouille sera situé dans la province du Río Negro, située en Patagonie, dans le sud de l'Argentine. C'est une zone connue pour avoir déjà délivré des fossiles de dinosaures.

Le robot : notre prochain compagnon ?

27 septembre 2025 à 04:08

Chef cuisinier, majordome, concierge personnel et confident, il fera nos courses, notre ménage et révolutionnera votre quotidien. Pendant que l’Occident imagine le robot humanoïde comme un super-ouvrier sans affect, à même de remplacer l’homme dans nos usines ou nos hôpitaux, la Chine joue une tout autre partition. Sans tabou et avec une ambition dévorante, elle prépare déjà le robot-compagnon qui s’intégrera dans tous nos foyers.

2030 : une journée ordinaire de Lyon à New York

Lyon, 7 h 00. Léo le robot commence sa journée. Il connaît par cœur les us et coutumes, comme les désirs et exigences de sa nouvelle famille. Il accepte sans broncher le prénom dont on l’a affublé. Sans doute est-ce le patronyme qui lui convient. Qu’importe : l’heure n’est pas à l’introspection, mais à l’action. Il entre doucement dans les chambres et ouvre les volets pour laisser entrer la lumière naturelle. La meilleure manière de réveiller les humains doucement, sans brutalité. Pour la petite Julia, il lance la préparation d’un chocolat chaud. Puis s’active devant la machine à café et le grille-pain pour satisfaire le reste de la maisonnée. L’arôme se répand dans la cuisine… Pendant que la famille se lève, il dresse la table du petit-déjeuner, s’assurant qu’il reste également une bouteille de lait en réserve pour le retour de l’école de Julia et de son frère, Max. Parfois, les matinées sont agitées, des conflits éclatent. Alors, il reste en retrait, silencieux. Les êtres humains sont moins dociles que lui.

8 h 30. Les enfants et les parents sont partis. Léo entame alors ses tâches domestiques. Il débarrasse la table, remplit le lave-vaisselle, puis passe l’aspirateur. Mais son rôle va bien au-delà du simple nettoyage et du ménage. Il accède aux données du réfrigérateur connecté qui fait office de garde-manger intelligent, en conservant un inventaire du contenu des placards. Il croise ces informations avec le calendrier partagé de la famille. Sébastien a un dîner d’affaires mardi, les enfants mangent à la cantine et des amis sont invités samedi soir…

10 h 00. Il élabore ensuite une proposition de menus pour chaque jour de la semaine, en tenant compte des préférences alimentaires et des éventuelles allergies des uns et des autres. Une notification est envoyée sur le smartphone des parents, accompagnée d’une demande de validation de la commande. Un simple clic suffit et les instructions sont transmises au supermarché en ligne pour une livraison prévue à 16 h 00. Le luxe n’est plus seulement question d’espace et de confort intérieur. Il se manifeste désormais aussi par le gain de temps et la libération de la charge mentale des parents.

16 h 15. Le livreur sonne à la porte. Un robot, lui aussi. Léo réceptionne les courses, vérifie la commande, puis range chaque article à sa place avec une précision millimétrique. Il profite de ce moment pour aller retirer le courrier et gérer les éventuels colis.

New York, 11 h 00. Depuis quelques semaines, la vie de Nonna Nunzia, grand-mère italienne de 85 ans, immigrée en 1948, n’est plus la même. Ses enfants, dont la réussite l’emplit de fierté, lui ont offert un robot humanoïde. Une folie ! Les premiers jours, elle a eu un peu peur de « la bête ». Il faut dire qu’Antonio – son nouveau compagnon de puces et de circuits – est imposant, avec son mètre quatre-vingts et ses reflets métalliques. Mais la greffe a vite pris. Et surtout, il l’aide à économiser sa jambe droite et son dos souffrants. Et aussi à prendre soin de sa santé grâce à l’option health monitoring dont il est équipé. Elle permet à Antonio d’être en liaison permanente avec les appareils connectés de la maison (matelas, toilettes, montre captant les données vitales de sa porteuse), de surveiller l’hydratation de Nunzia et son niveau d’activité physique minimal requis au quotidien. Mais ce matin, nulle question sanitaire. Le moment est aux réjouissances culinaires dont Nonna Nunzia est friande. Il propose d’activer son mode NAIL (Not Another Imitation Learning), pour apprendre et reproduire la recette du jour, la partager avec la famille de Nunzia et avec les internautes détenteurs de l’option. Aujourd’hui, elle a envie de confectionner ses « Pasta alla Turiddu di Nonna Nunzia ». Son secret ? Faire revenir les tomates dans le vinaigre balsamique avec une cuillère de miel… Elle déroule les éléments de sa recette, permettant à Antonio de les enregistrer et de les analyser. Le plat à peine terminé, son mode de préparation est déjà partagé avec les autres robots du groupe « famille ». Quant aux utilisateurs possédant des robots disposant du mode NAIL, ils pourront l’acheter sur la marketplace dédiée. « OK Nunzia, WE NAILED IT ! » s’exclame Antonio. [« On l’a eue, cette recette ! »]

Lyon, 18 h 30. Tout le monde est rentré à la maison… Changement de programme pour ce soir, Julia et Max veulent manger italien. Sébastien, le quadragénaire heureux propriétaire de Léo, demande à celui-ci quelques suggestions de recettes avec les ingrédients déjà en stock. Léo parcourt la marketplace de recettes et en propose plusieurs à Sébastien. Une retient son attention : Pasta alla Turiddu di Nonna Nunzia. Pâtes, aubergines, oignons, ail, tomates… C’est acté, Sébastien valide le téléchargement du scénario sur le robot pour 1,50 €. Si elle plaît, il pourra désormais refaire cette recette à volonté. Le robot demande s’il doit exécuter la recette en mode hybride (le robot fait le commis et Sébastien s’occupe des cuissons) ou en mode délégation totale. Toute la famille veut profiter d’un peu de repos après cette longue journée : Léo sera seul en cuisine ce soir.

New York, 20 h 40. L’Europe dort, mais alors que Nunzia commence à piquer du nez devant son poste de télé, Antonio lui propose de lui faire un rapport sur le succès de sa recette enregistrée quelques heures plus tôt : « Elle a été téléchargée 20 fois aujourd’hui. Tu as gagné 10 dollars et obtenu une note moyenne de 4,2 étoiles sur 5. » Nunzia sourit… Elle ne pensait pas devenir influenceuse cuisine à 85 ans. Voilà une bonne journée, merci Antonio. 20 h 47, il lui lit un message vocal de son petit-fils reçu à l’instant au travers de la messagerie inter-robot : « Merci Nonna pour ta recette ! J’ai hâte de l’essayer, on t’embrasse. Bonne soirée. »

Revenons à la réalité

Cette vision, certes ici encore légèrement fictive, qui relevait de la science-fiction il y a peu, est devenue une feuille de route de San Francisco à Shanghaï, avec un centre de gravité penchant vers la dernière cité mentionnée. Alors que le robot Optimus d’Elon Musk est annoncé à plus de 20 000 dollars, les modèles chinois sont déjà présentés dans une fourchette de 6 000 à 16 000 dollars. La stratégie est claire et rappelle celle de DJI, leader incontesté des drones : inonder le marché avec un matériel de qualité à prix raisonnable pour imposer un standard mondial.

Ce schisme n’est pas seulement philosophique, il est profondément économique. Si le robot à usage professionnel et sa maintenance se vendent plus cher à l’unité, garantissant des marges confortables sur chaque contrat, le modèle avec un hardware low-cost, abonnement et marketplace, calqué sur celui des smartphones, vise une tout autre échelle. Le robot n’est que le cheval de Troie. La véritable mine d’or réside dans la marketplace, un écosystème où s’échangeront scénarios ou compétences et abonnements à des services ou capacités premium. Ce sont les importants volumes de ventes additionnelles générés par ces micro-transactions qui créeront les futurs Apple et Google, des géants contrôlant à la fois le matériel et le système d’exploitation de notre quotidien. La voie est toute tracée, et elle ne mène pas à l’usine, mais directement à notre salon.

Reste la question du logiciel, historiquement considéré comme le talon d’Achille de l’ingénierie chinoise. Cet obstacle est en passe d’être largement dépassé. Grâce à ses avancées fulgurantes, l’IA aide désormais les développeurs chinois à générer du code plus performant et des interfaces plus intuitives, comblant leur retard à une vitesse phénoménale. La boucle est bouclée : l’IA développe le logiciel du robot, lui-même propulsé par l’IA.

La course aux « modèles de fondation pour la robotique » est lancée. En se focalisant sur le foyer en parallèle de l’usine, la Chine ne se contente pas de viser un marché plus grand ; elle cherche à redéfinir notre rapport à la technologie, à la famille et même à la transmission des savoirs. Loin d’un simple gadget, ce robot-compagnon est un projet de société. Une proposition constructive à laquelle l’Europe ferait bien de réfléchir pour ne pas devenir simple consommatrice d’un futur imaginé par d’autres.

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Pénurie d’organes : l’espoir des xénogreffes

15 septembre 2025 à 04:58

Six mois sans dialyse grâce à un rein de porc génétiquement modifié.
Les xénogreffes peuvent-elles résoudre la pénurie d’organes ? L’an dernier, en France, plus de 850 personnes sont mortes faute de greffon. 22 500 étaient sur liste d’attente.

L’histoire de la transplantation d’organes est marquée par les rêves, les audaces et les échecs de plusieurs générations de médecins : un corps humain vivant grâce à un organe d’une autre espèce. Aux États-Unis, un patient de 67 ans survit depuis plus de six mois sans dialyse grâce à un rein de porc génétiquement modifié, un exploit qui fascine la communauté médicale. C’est la première fois qu’un greffon porcin fonctionne aussi longtemps chez un humain vivant. L’organe provient d’un animal dont le génome a été profondément modifié : plusieurs gènes responsables du rejet hyperaigu ont été supprimés, d’autres gènes humains ajoutés pour limiter l’inflammation et les complications de coagulation, et les rétrovirus endogènes porcins ont été désactivés pour réduire le risque infectieux. Cette réussite ouvre un espoir pour les milliers de patients en attente d’un rein. Elle marque une étape après de nombreuses tentatives moins fructueuses, mais rappelle aussi les obstacles qu’il reste à surmonter.

Les premiers essais de xénogreffes remontent au début du XXᵉ siècle : en 1906, à Lyon, le chirurgien français Mathieu Jaboulay implante un rein de chèvre puis de porc à deux patientes en insuffisance rénale terminale. Les greffons ne survivent que quelques jours, mais ces interventions sont les premières de leur genre. Dans les années 1960, l’Américain Keith Reemtsma, à l’université de Tulane, greffe des reins de chimpanzé à une dizaine de patients. Une femme, institutrice de 23 ans, survit neuf mois, retourne même travailler pour un temps, avant de décéder soudainement. L’autopsie révèlera que les reins de chimpanzé ne présentaient aucun signe de rejet.

La même époque voit des essais de greffes cardiaques animales : en 1968, le Dr Denton Cooley implante un cœur de mouton chez un homme de 48 ans qui décède en deux heures ; l’année suivante, à Lyon, l’équipe du Pr Pierre Marion tente sans succès un cœur de chimpanzé. En 1984, à l’université de Loma Linda en Californie, un cœur de babouin est greffé à une petite fille connue sous le nom de « Baby Fae », qui survit 21 jours et devient l’icône des xénogreffes et des questions éthiques qui en découlent.
En 1992, le Pr Thomas Starzl, pionnier de la transplantation hépatique, greffe un foie de babouin à un patient en insuffisance terminale ; la survie est de 70 jours, record pour une xénogreffe de foie. Plus récemment, en 2022, l’université du Maryland réalise la première transplantation d’un cœur de porc génétiquement modifié chez un patient en phase terminale : le greffon fonctionne deux mois avant un rejet fulminant. Ces expériences ont permis de mieux comprendre l’immunité, la physiologie et les risques infectieux, mais ont aussi montré combien il reste difficile de parvenir à des greffes durables et sûres.

L’ère des porcs « humanisés »

Aujourd’hui, nous entrons peut-être dans une nouvelle ère. Les porcs « humanisés » utilisés pour la transplantation ne ressemblent plus à ceux de l’époque de Jaboulay : leur ADN est édité pour supprimer les principaux antigènes déclenchant un rejet immédiat et massif (le rejet hyperaigu). D’autres modifications rendent leurs organes plus compatibles avec la physiologie humaine.

Malgré ces avancées, plusieurs défis demeurent. Le rejet par les anticorps reste possible, même après ces corrections génétiques, car le système immunitaire peut encore identifier des différences subtiles. À cela s’ajoutent des incompatibilités physiologiques : un rein de porc ne gère pas exactement la coagulation sanguine comme un rein humain, et il ne produit pas l’urine de la même manière, ce qui complique l’intégration. Un autre enjeu majeur est le risque infectieux. Même si l’élevage sous haute surveillance réduit fortement ce danger, il existe toujours la possibilité de transmission de virus porcins ou de rétrovirus intégrés dans le génome du porc, appelés rétrovirus endogènes. Enfin, les immunosuppresseurs modernes — indispensables pour empêcher le rejet — ont rendu ces essais possibles. Mais leur utilisation prolongée fragilise l’organisme : risque accru d’infections, de cancers, et d’effets toxiques sur différents organes. C’est, encore aujourd’hui, l’une des limites majeures de cette approche.

Des organoïdes à la bio-impression 3D

Les xénogreffes ne sont pas la seule piste pour répondre à la pénurie d’organes. Des chercheurs travaillent par exemple sur les organoïdes rénaux, de petits « mini-reins » cultivés à partir de cellules souches pluripotentes, qui pourraient un jour remplacer une partie d’un rein défaillant. D’autres explorent les matrices acellulaires : on retire toutes les cellules d’un organe animal pour ne conserver que son échafaudage biologique, que l’on recolonise ensuite avec des cellules humaines afin d’obtenir un organe plus compatible. La bio-impression 3D, encore au stade expérimental, vise quant à elle à fabriquer couche par couche des tissus vivants capables de remplir certaines fonctions. Enfin, une autre stratégie cherche à induire une tolérance immunologique : plutôt que de bloquer le rejet à coups de médicaments, il s’agit de « rééduquer » le système immunitaire, en combinant une transplantation d’organe avec une greffe de moelle osseuse pour que l’organisme considère l’organe greffé comme le sien.

Prudence néanmoins : l’exemple récent montre que la xénogreffe peut prolonger une vie de manière encore anecdotique lorsqu’aucune autre option n’est disponible, mais elle n’est pas encore prête à remplacer la greffe humaine standard. L’enjeu est de proposer à chaque patient une solution fiable, sûre et durable et, pour cela, la recherche doit se poursuivre sur plusieurs fronts.

En attendant, la pénurie d’organes continue d’interroger notre solidarité. Huit Français sur dix se déclarent favorables au don après leur mort. Mais, en pratique, l’opposition des proches au moment du décès va souvent à l’encontre de cette volonté.

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Stanford vs Neuralink : la guerre des implants

8 septembre 2025 à 11:22

Les interfaces cerveau-machine (ICM) font parler d’elles, avec deux projets phares : l’implant de l’Université Stanford, qui traduit les pensées en paroles, et celui de Neuralink, porté par Elon Musk, qui vise à connecter le cerveau aux machines. Si les deux partagent des ambitions médicales, leurs approches, technologies et implications divergent. Comparatif…

Origines et objectifs

Stanford : lancé dans le cadre du projet BrainGate 2, l’implant de Stanford, dévoilé en 2025, se concentre sur la restauration de la parole pour les personnes paralysées, comme celles atteintes de la maladie de Charcot ou victimes d’AVC. Il cible le cortex moteur pour capter les intentions de parole et les traduire via une IA entraînée sur des milliers d’heures de données cérébrales.

Neuralink : fondée en 2016 par Elon Musk, Neuralink ambitionne plus large : initialement, restaurer la motricité et la communication pour les paralytiques. Mais à terme, elle vise à fusionner l’humain avec l’IA, voire à permettre de contrôler des interfaces externes par la pensée ou de restaurer la vision. Son premier essai humain a eu lieu en janvier 2024, avec quatre ans de retard néanmoins.

Fonctionnement

Stanford : l’implant utilise une centaine de microélectrodes insérées dans le cortex moteur pour capter les signaux neuronaux liés à la parole. Une IA décrypte ces signaux en mots, atteignant 74 % de précision sur un vocabulaire de 125 000 mots. Un mot de passe mental sécurise l’activation, avec 98 % de fiabilité.

Neuralink : baptisé Telepathy, c’est un dispositif de la taille d’une pièce de monnaie, implanté dans le crâne avec 64 fils ultrafins (1 024 électrodes) insérés dans le cortex par un robot chirurgical. Il capte les signaux neuronaux pour contrôler des appareils (curseur, clavier) via Bluetooth. Les premiers résultats montrent une détection prometteuse des « pointes neuronales ». Neuralink travaille aussi sur une nouvelle génération d’implants avec jusqu’à 16 000 électrodes, ce qui pourrait accroître sa précision pour de futures applications.

Résultats probants

Stanford : en août 2025, une patiente tétraplégique a retrouvé une voix synthétique imitant la sienne, avec un débit de 62 mots par minute, proche d’une conversation naturelle. D’autres tests ont permis de décoder des pensées spontanées.

Neuralink : en 2024, Noland Arbaugh, tétraplégique, a contrôlé un curseur et joué aux échecs par la pensée, décrivant l’expérience comme « intuitive ». Un second patient, implanté en août 2024, utilise l’implant pour jouer à des jeux vidéo et concevoir en 3D. Cependant, des problèmes de rétraction des fils ont affecté le premier patient.

Limites et défis

Stanford : l’implant nécessite une chirurgie invasive, avec risques d’infection ou de rejet. La précision de l’IA reste imparfaite, et le système demande un entraînement long. Sa portée est limitée à la parole pour l’instant.

Neuralink : la rétraction des fils, observée chez le premier patient, a réduit le nombre d’électrodes fonctionnelles de 85 %, impactant la performance. Les tests sur animaux (singes, cochons) ont soulevé des inquiétudes éthiques, avec des rapports de complications graves (paralysie, infections). La transparence limitée de Neuralink est critiquée, les annonces venant souvent de Musk, sans données scientifiques publiques.

Dangers éthiques

Stanford : les risques incluent le piratage des données neuronales et l’accès non autorisé aux pensées. Les chercheurs insistent sur la nécessité de « neurorights » – droits à l’inviolabilité mentale – pour protéger l’intimité mentale.

Neuralink : les ambitions d’Elon Musk (fusion avec l’IA, contrôle total par la pensée) font craindre une surveillance accrue ou une inégalité d’accès. Les controverses sur les tests animaux et le manque de transparence renforcent les doutes sur la sécurité et l’éthique.

Verdict

Stanford excelle dans la précision pour restaurer la parole, avec une approche académique rigoureuse, mais reste focalisé sur un usage médical. Neuralink, plus ambitieux, vise une révolution technologique, voire transhumaniste, mais sa fiabilité technique et éthique est questionnée. Les deux projets repoussent les limites du possible, mais soulèvent des questions brûlantes sur la vie privée et l’avenir de l’humanité.

Voir : L’implant qui fait parler la pensée !

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Copier la nature pour révolutionner le monde : c’est quoi le biomimétisme ?

22 août 2025 à 15:37

Et, si la nature avait un coup d'avance sur nous, les êtres humains ? Certains vous diront que c'est impossible, d'autres penseront que c'est évident. Pourtant, notre espèce, aussi puissante qu'elle pense être, s'inspire bel et bien de notre Terre pour résoudre certains de ses problèmes. Ce concept s'appelle le biomimétisme et depuis plusieurs années, les scientifiques et ingénieurs de nombreux secteurs le mettent en application pour solutionner des difficultés en tous genres de notre quotidien.

À 4 000 mètres sous l’eau, ces photos spectaculaires dévoilent un monde inconnu

21 août 2025 à 16:24

C'est la fin de l'expédition sous-marine qui a exploré les profondeurs de l'océan Pacifique en Argentine. Qu'ont découvert les scientifiques ? Près de 40 nouvelles espèces et une biodiversité extrêmement riche. Les 200 heures d'images d'une qualité exceptionnelle occuperont les scientifiques pendant longtemps.

Que fait cette roche en forme de corail sur Mars ?

21 août 2025 à 12:47

Le rover Curiosity de la Nasa a découvert une roche en forme de corail. Forgée depuis des siècles, la roche a été photographiée par le robot martien avec 2 caméras différentes, complémentaires dans leurs analyses.

L’humanité va-t-elle vaincre de justesse les super-bactéries ?

6 août 2025 à 20:51

La peste. Et si cette terrible maladie infectieuse revenait, plus résistante que jamais ? Face à cette menace, et à d’autres plus terribles encore, la pandémie de Covid-19 a offert une arme redoutable : l’ARN messager.

Le monde oublie trop souvent certains de ses plus grands héros. En janvier 1897, la peste ravage Byculla, un quartier de Bombay bâti sur d’anciens marécages. Dans un laboratoire de fortune, le docteur ukrainien Waldemar Haffkine s’administre un avant-goût du bacille Yersinia pestis.

Il n’est est pas à son coup d’essai : 4 ans plus tôt, il vaccinait 25 000 indiens contre le choléra, malgré la méfiance des populations locales, qui l’accusent de mener des expérimentations pour le pouvoir colonial. A Calcutta, un fanatique religieux musulman tente même de le poignarder à la gorge. Il s’en sort avec de simples blessures, et refuse de quitter son poste. Affaibli par la malaria, il doit pourtant retourner en France quelques mois plus tard. 

Mais, très vite, il repart affronter cette nouvelle épidémie qui décime la péninsule indienne. Après ses premiers tests sur des lapins et des chevaux, puis, donc, sur lui-même, il inocule son nouveau vaccin à des volontaires de la prison voisine. Tous survivent. Les sept détenus du groupe-contrôle, eux, meurent les uns après les autres.

Pour la première fois dans l’histoire, on apprivoise la « peste ».

La peste, un retour possible ?

Depuis, cette maladie semble reléguée au rang de souvenir, cantonnée à quelques foyers en Afrique et en Asie centrale. Mais la menace persiste. Si les antibiotiques (streptomycine, gentamicine, doxycycline, fluoroquinolones) ont permis de sauver des vies, la découverte en 1995 de souches de Y. pestis multirésistantes a mis en garde contre un possible retour en force du bacille.

Heureusement, un nouvel espoir apparaît. Héritée de la lutte contre la COVID-19, la technologie de l’ARN messager est aujourd’hui exploitée pour neutraliser la forme pulmonaire de la peste. En encapsulant deux protéines clés de la bactérie dans des nanoparticules lipidiques, une équipe israélienne vient d’obtenir 100 % de protection chez l’animal, après seulement deux injections. Cette avancée repose sur la capacité unique de l’ARNm à activer à la fois la réponse humorale et la réponse cellulaire. La première produit des anticorps pour neutraliser les agents pathogènes à distance, dans les liquides du corps (sang, lymphe, etc.). La seconde mobilise des cellules immunitaires, comme les lymphocytes T, qui vont reconnaître et détruire directement les cellules infectées. Cela ouvre la voie à des vaccins « plug-and-play », adaptables en quelques semaines seulement.

Lutter contre les “super-bactéries” résistantes aux antibiotiques

Cette technologie est une révolution. Car si la peste reste un risque, c’est surtout la menace globale des « super-bactéries » qui inquiète. A force d’y être exposées, ces bactéries résistent aux antibiotiques. Un phénomène naturel amplifié par leur usage excessif. Dans le monde, leur consommation continue de croître, malgré un recul dans certains pays comme la France depuis le début du siècle. Aujourd’hui, c’est  l’un des plus grands dangers sanitaires mondiaux.

Ainsi, la typhoïde XDR, résistante à presque tous les antiobiotiques de première ligne, est apparue au Pakistan en 2016. Depuis, elle a été exportée via les voyageurs vers le Royaume-Uni, les États-Unis, le Canada, et plusieurs pays d’Europe et d’Asie

En 2022, environ 410 000 personnes ont développé une tuberculose résistante à l’isoniazide et à la rifampicine, notamment en Inde, en Chine, en Russie et en Afrique du Sud, mais aussi dans certaines républiques d’Asie centrale et d’Europe de l’Est.

L’Organisation mondiale de la santé tire la sonnette d’alarme :  l’antibiorésistance est la « peste » du XXIᵉ siècle, responsable de plus d’un million de morts chaque année.

Y mettre un terme pourrait réduire drastiquement la mortalité liée aux infections, alléger la pression sur les hôpitaux et limiter la propagation de clones résistants. La plateforme ARNm offre des perspectives inédites : un ciblage vaccinal plus précis, un moindre recours aux antibiotiques, et la possibilité de freiner l’émergence de nouveaux variants bactériens. 

Sous la présidence de Donald Trump, les vaccins ARNm sont remis en cause par le Ministre de la santé, l’antivax Robert Kennedy Jr.. Leur développement pourrait pourtant permettre de sauver l’humanité de nouvelles pandémies mondiales. Nul doute que Haffkine en aurait rêvé.

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