Vue normale

Reçu aujourd’hui — 23 octobre 2025De tout et de rien

Le crash d'AWS en a empéché certains de dormir

23 octobre 2025 à 11:01
Peut-on s'arrêter deux minutes sur le ridicule absolu de ces objets "connectés" vendus comme "intelligents" alors qu'ils sont très très cons ?
Et ce n'est pas le premier cas.
Le lave-linge qui envoie des giga-octets de données par semaine ; Le congélateur qui cesse de congeler parce qu'un certificat a expiré ; Les ampoules connectées qui ne s'allument plus parce que le fabricant a fermé ses serveurs ; La porte de garage qui refuse de s'ouvrir parce que le constructeur n'est pas content d'un mauvais avis que vous avez laissé sur leur produit.

DE.
LA.
MERDE.

Je ne veux pas d'objets connectés chez moi.
(Permalink)

En Chine, le pouvoir censure les internautes «trop pessimistes» sur les réseaux sociaux | Slate.fr

23 octobre 2025 à 09:24
Le bonheur à la Chinoise c'est "IL EST INTERDIT DE DIRE QU'ON EST MALHEUREUX".

(Et il y a un parallèle à faire avec Trump qui déclare que l'anti-capitalisme est une forme de terrorisme et que c'est anti-américain : https://time.com/7322106/trump-nspm-7-domestic-terrorism/)
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ROG Xbox Ally runs better on Linux than the Windows it ships with — new test shows up to 32% higher FPS, with more stable framerates and quicker sleep resume times | Tom's Hardware

23 octobre 2025 à 06:23
Ça commence à se voir (et pas qu'une seule fois) que Linux permet d'avoir de meilleures performances que Windows dans les jeux.
Des tests avaient déjà été effectués sur une console portable Legion.
Ce genre de test se fait souvent sur les consoles portables, parce qu'elles ont moins de puissance que les PC, ce qui rend les différences plus visibles, mais croyez bien que c'est la même chose sur PC.
(Permalink)

Méga-canal, méga-opportunité ?

23 octobre 2025 à 04:15

On se souvient encore des méga-manifestations contre les méga-bassines, des cris d’alarme autour du méga-tunnel transalpin ou encore de la fameuse méga-ferme des 1000 vaches, stoppée net par la fronde écologiste. Et voilà qu’un nouveau méga-projet entre en scène : un méga-canal, censé relier la Seine à l’Escaut, deux grands bassins économiques du nord de l’Europe. Des méga-problèmes en vue ? Ou une méga-opportunité ?

Au nord, le bassin de l’Escaut : véritable carrefour logistique et industriel de l’Europe septentrionale. Centré sur le port d’Anvers – le deuxième plus important du continent – il se distingue par une forte densité industrielle et un réseau de voies navigables profondes et larges, permettant une logistique fluviale de grande capacité. Autant de caractéristiques qui en font la principale interface du fret maritime européen.

Au sud, le bassin de la Seine, cœur battant de l’économie française. C’est là que se concentrent la production, la consommation et les échanges, avec Paris et sa région comme moteurs. Grâce au système portuaire HAROPA, véritable porte d’entrée maritime du pays, les conteneurs venus du monde entier remontent vers la capitale, tandis que les céréales françaises prennent le large vers l’exportation.

Entre les deux ? Des échanges commerciaux considérables, soutenus essentiellement par le transport routier, notamment via l’autoroute A1. Il existe bien un canal – le canal du Nord – mais sa capacité ne permet pas le passage de grands convois fluviaux. Conçu pour des péniches d’à peine 400 tonnes, il ne peut accueillir les convois modernes, dix fois plus lourds, qui sillonnent déjà le nord de l’Europe. Le trafic y avance donc au ralenti, trop lent et trop coûteux pour concurrencer la route. D’où l’idée du Canal Seine-Nord Europe (CSNE) : une version grand gabarit de 107 km, pensée pour remettre la voie d’eau au cœur du fret du XXIᵉ siècle.

© SCSNE

Mais voilà que le projet entre à son tour dans le collimateur de l’écologie militante. Le 11 octobre dernier, plus d’un millier de manifestants se sont retrouvés dans l’Oise pour dire « non » au méga-canal. Parmi eux, les Soulèvements de la Terre et l’association historique « Mégacanal, non merci ! ». Une mobilisation qui vient clore plusieurs mois d’actions, réunissant les figures familières de la contestation écologique : Extinction Rebellion, Greenpeace, la Confédération paysanne ou encore Attac. Comme un air de déjà-vu…

Des méga-impacts sur la biodiversité ?

« J’avais une forêt devant chez moi. Ils ont absolument tout détruit. Ça me donne envie de chialer », lâche un manifestant. Difficile de ne pas comprendre sa colère : un chantier de cette ampleur laisse forcément des traces. Car si l’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, on ne creuse pas un méga-canal sans bousculer des écosystèmes.

Les chiffres donnent le vertige : 107 km de long, 54 m de large, 4,5 m de profondeur… et 74 millions de m³ de terre déplacée ! L’étude d’impact est claire : la construction du canal et la gestion des déblais bouleverseront 222 hectares de forêts, 240 hectares de zones humides et plus de 2 400 hectares de terres agricoles. Le tracé traverse au passage six zones naturelles d’intérêt écologique (ZNIEFF) de type 1, trois de type 2 et deux sites Natura 2000. Autant dire que la biodiversité n’en sortira pas indemne.

Mais avant de crier au désastre, prenons un peu de recul. Après tout, les 240 hectares de zones humides concernées ne représentent que 2 % de celles de la plaine alluviale de l’Oise moyenne, et les forêts touchées à peine 0,2 % des surfaces boisées du département. Quant aux terres agricoles, les pertes s’élèvent à 0,6 % des surfaces cultivées locales. En clair, l’impact existe, mais il reste contenu à l’échelle du territoire.

Et surtout, le projet ne laisse pas ces dégâts sans réponse. Pour limiter la fragmentation des milieux, une cinquantaine de passages à biodiversité sont prévus. De plus, des rampes et escaliers seront aménagés sur les berges pour éviter que la faune ne se retrouve piégée.

Passage à biodiversité ©SCSNE-ONE-AEI

Mieux encore, des compensations massives sont planifiées : 463 hectares de zones humides seront créés ou restaurés, notamment dans la vallée alluviale de l’Oise. D’anciennes gravières seront réaménagées en habitats aquatiques, des cours d’eau restaurés – comme la source de la Tortille – et des berges lagunées aménagées.

Berges lagunées ©SCSNE-PIXXIM

Côté forêts, le projet prévoit de replanter près de trois fois la surface détruite, en y ajoutant des haies le long des berges pour renforcer les corridors écologiques. Bref, les promoteurs du canal ne se contentent pas de réparer : ils affichent la volonté de compenser les impacts, voire d’améliorer la biodiversité locale. Reste à savoir combien de temps il faudra pour que la nature retrouve son équilibre.

De méga-perturbations du cycle de l’eau ?

26 millions de mètres cubes. L’équivalent de plus de quarante mégabassines de Sainte-Soline. Forcément, ça fait réagir : tout ce volume d’eau pour un seul canal ? Mais rassurons-nous : en matière de gestion de l’eau, ce n’est pas tant la quantité qui compte que le moment et l’endroit où elle est prélevée.

Ici, l’eau ne sera pas pompée dans les nappes phréatiques, mais simplement dérivée de grands cours d’eau qui, de toute façon, se jettent dans la mer. Et contrairement à l’ancien Canal du Nord, le nouveau sera en grande partie étanche. Fini donc le drainage souterrain qui faisait baisser les niveaux d’eau. Les rares tronçons non étanchéifiés se situeront dans des zones argileuses ou crayeuses, où les échanges avec le sous-sol restent minimes. Ironie du sort : en remplaçant l’ancien canal, le projet devrait même remonter localement certains niveaux piézométriques.

La méga-bassine du méga-canal

J’approfondis

Seule ombre au tableau : cette modification du régime hydrique affectera tout de même quatre captages d’eau potable et cinq forages agricoles. Mais là encore, des mesures sont prévues : sécurisation, approfondissement ou déplacement de ces points de captage, histoire que personne ne soit privé d’eau au robinet.

Des méga-émissions de gaz à effet de serre ?

Un méga-canal, c’est forcément un méga-chantier. Et qui dit chantier dit pelleteuses, bétonnières et ciment à la tonne. Forcément, ça pèse sur le bilan carbone : plus de 2,8 millions de tonnes de CO₂ émises rien que pour la phase de construction.

Mais avant de crier au scandale climatique, rappelons l’objectif du projet : le report modal. Autrement dit, transférer une partie du fret de la route vers la voie d’eau. Or, un convoi fluvial, c’est jusqu’à quatre fois moins d’émissions qu’une file de camions. En conséquence, le canal devrait atteindre la neutralité carbone en une dizaine d’années, puis générer un bénéfice net de 56 millions de tonnes de CO₂ d’ici 2070 — soit l’équivalent de deux années de transport routier national.

Et ce n’est pas tout : moins de camions, c’est aussi moins de particules fines, moins de bruit et moins de routes saturées. Bref, un chantier lourd… pour un allègement durable.

Un projet méga-pharaonique ?

Le Canal Seine-Nord Europe, c’est un projet titanesque. Et dans un contexte de déficit public, la question du « combien ça va nous coûter ? » est légitime. D’autant que le budget initial, fixé à 4,2 milliards d’euros, a vite explosé. La Cour des comptes européenne pointait dès 2020 une hausse de 199 % — soit 3,3 milliards de plus que prévu, le plus gros débordement parmi les grands projets audités.

Mais depuis, de l’eau a coulé sous les ponts : le montage financier a été entièrement revu, le pilotage simplifié et les coûts optimisés. Tracé allégé, ouvrages réduits, déblais mieux gérés. Résultat : la facture reste élevée — 5,1 milliards pour la construction — mais plus réaliste. En ajoutant les investissements connexes (ports, plateformes multimodales, raccordements), le total grimpe à 8 milliards d’euros, chiffre largement relayé par les opposants.

Sauf que cet argent ne s’évapore pas : c’est un investissement. Pendant la décennie de travaux, 13 000 emplois seront créés, principalement dans les entreprises locales du BTP et les bureaux d’études. Et une fois le canal opérationnel, c’est un tout autre monde économique qui s’ouvrira : davantage de transport fluvial, donc moins de coûts logistiques, moins de carburant brûlé et plus de compétitivité pour les filières exportatrices. À terme, 50 000 emplois pourraient en découler, en France comme en Europe.

L’étude d’impact chiffre la valeur actuelle nette (le gain global sur 50 ans) à 8,4 milliards d’euros pour la France et 11,6 milliards à l’échelle européenne. On pourrait critiquer les hypothèses de trafic, souvent jugées optimistes, mais même en restant prudent, le projet reste rentable. D’après nos calculs, même si le transit était divisé par deux par rapport aux prévisions, le canal dégagerait encore un bénéfice. Il faudrait une erreur d’un facteur trois, ou une explosion majeure des coûts, pour que la balance vire au rouge.

Et encore : le calcul ne prend pas en compte la nouvelle valeur du carbone. L’étude se base sur un prix de 32 €/t de CO₂ (celui de 2010). Or, aujourd’hui, on parle de 256 €/t, selon le Haut-Commissariat à la Stratégie et au Plan. Avec cette mise à jour, le bénéfice carbone pourrait grimper à plus de 14 milliards d’euros, rendant le projet rentable dans presque tous les scénarios — même les plus pessimistes.

Alors, trop cher, le méga-canal ? Pas forcément. Et il est savoureux de voir certains écologistes s’inquiéter soudain de rentabilité économique, eux qui, d’ordinaire, jugent les projets à l’aune de leurs vertus climatiques plutôt que de leurs bilans comptables.

Rhin-Ruhr, la prospérité économique au fil de l’eau

J’approfondis

La méga-peur des méga-projets

Les mégabassines de Sainte-Soline, le tunnel Lyon–Turin et maintenant le canal Seine–Nord Europe : trois projets titanesques qualifiés tour à tour d’aberrations écologiques. Trois projets qui, pourtant, pourraient bien représenter une véritable plus-value environnementale. Car lorsqu’on prend la peine d’aller au-delà des slogans, le scandale n’est pas toujours là où on le croit.

Mais que combattent vraiment leurs opposants ? Défendent-ils sincèrement la nature, ou s’opposent-ils à un modèle de société qu’ils rejettent — celui du progrès, de l’innovation, de la croissance ? À moins qu’ils ne cherchent simplement des symboles tangibles à abattre pour fédérer autour d’eux et faire avancer leur agenda politique. Ou, plus profondément encore, expriment-ils une angoisse collective face à un futur qu’ils perçoivent comme hors de contrôle ?

Après tout, qui a décrété qu’un méga-projet ne pouvait pas être, aussi, une méga-opportunité pour l’avenir ?

L’article Méga-canal, méga-opportunité ? est apparu en premier sur Les Électrons Libres.

Reçu hier — 22 octobre 2025De tout et de rien

La sûreté-criticité est une discipline qui vise à prévenir les accidents de #criticité lors de la manipulation ou du transport de matières fissiles.

EDP Sciences @edpsciences.bsky.social posted:
La sûreté-criticité est une discipline qui vise à prévenir les accidents de #criticité lors de la manipulation ou du transport de matières fissiles.
Entre physique #nucléaire, ingénierie et #sûreté, ce livre est le premier en français qui en offre un éclairage exhaustif.
Plus d'info: bit.ly/4mnDFJO

Pastor who raged about kids seeing Pride flags arrested for child abuse - LGBTQ Nation

22 octobre 2025 à 06:09
Il y a une *foutue* quantité d'homophobes qui se trouvent en fait être des pédophiles. Je vois passer ce genre de news pratiquement une fois par semaine en ce moment.
Pourquoi ? Je sais pas, ils essaient de détourner l'attention et d'utiliser la lutte "anti-woke" pour se présenter en étalon de la moralité ?
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“L’empreinte matérielle” : L’indicateur qui prend les bananes pour de l’uranium

22 octobre 2025 à 05:22

Après la longue interview que nous a accordée Hannah Ritchie, pour le lancement en France de son livre Première génération, nous publions notre traduction de son dernier article, sorti hier sur le site Our world in data.
(Titre original : « L’utilisation des ressources compte, mais l’empreinte matérielle est une mauvaise méthode pour la mesurer »)

Additionner le poids de matériaux très différents ne nous informe pas sur leur rareté, leurs impacts environnementaux ou socio-économiques.

Qu’ont en commun une tonne de pommes de terre, de gravier, de charbon et de cuivre ? Pas grand-chose, si ce n’est qu’ils pèsent tous le même poids et qu’ils sont considérés de manière identique par un indicateur appelé « empreinte matérielle ».

Cette empreinte matérielle additionne le poids de toutes les ressources utilisées par une économie. Ainsi, si l’empreinte matérielle d’un pays est de 60 millions de tonnes, cela signifie qu’il extrait 60 millions de tonnes de « matières » par an. Cela inclut à la fois les ressources non renouvelables comme les métaux et les combustibles fossiles, et les ressources « renouvelables » comme les cultures et le bois. La rareté ou l’impact environnemental des différentes ressources n’est pas prise en compte, de sorte que chaque kilogramme de l’une est considéré comme aussi important que chacun d’une autre.

Certains lecteurs ne connaissent peut-être pas cet indicateur, mais il gagne en popularité dans les débats environnementaux et les politiques internationales. Il figure parmi les outils clés des Objectifs de développement durable des Nations Unies, ce qui explique pourquoi nous présentons des graphiques à ce sujet. Il est mesuré par habitant et illustré dans le graphique ci-dessous. Il est également utilisé dans l’indice des pressions planétaires du Programme des Nations Unies pour le développement, et de nombreux rapports de l’OCDE, des agences européennes et d’autres organisations s’y réfèrent.

Cependant, pour les raisons que je développerai dans cet article, je considère que cet indicateur est peu pertinent pour évaluer la durabilité de l’utilisation des ressources ou ses impacts environnementaux. Loin de nous aider à relever nos plus grands défis environnementaux et liés aux ressources, il risque au contraire d’en brouiller notre compréhension et de détourner notre attention des enjeux les plus urgents.

L’utilisation des ressources importe — mais l’empreinte matérielle n’explique pas pourquoi

Il y a au moins trois raisons pour lesquelles nous devrions mesurer et surveiller notre utilisation des ressources :

1. Pour savoir si nous risquons d’épuiser une ressource particulière.

Si nous risquons d’épuiser les réserves mondiales de cuivre, de cobalt ou de lithium, il est crucial de le savoir. Pour cela, nous devons connaître la quantité de chaque matériau spécifique que nous utilisons et ce qu’il reste en réserve. Cela signifie suivre la consommation annuelle de cuivre, de cobalt ou de lithium, ainsi que l’état des stocks mondiaux. Ces informations existent et sont publiées par des organisations comme l’US Geological Survey ou le British Geological Survey, et nous en présentons une grande partie sur notre site, Our World in Data. Il en va de même pour les écosystèmes naturels ou les populations que nous exploitons. Par exemple, si nous nous préoccupons de l’épuisement du thon rouge de l’Atlantique, il faut examiner combien nous en pêchons, combien il en reste et à quelle vitesse ces populations se régénèrent. Notre équipe fournit également des données sur la pêche et l’épuisement d’espèces spécifiques. Regrouper le poids du thon avec celui du bois, du charbon ou du gravier dans un seul indicateur ne permet pas de comprendre la rareté de chacun de ces éléments.


2. Pour évaluer l’impact environnemental de l’extraction et de la consommation des ressources.

L’exploitation minière consomme des terres, bouleverse les paysages et peut engendrer de la pollution. L’utilisation des combustibles fossiles produit des émissions de carbone et de la pollution atmosphérique. La production de bœuf contribue à la déforestation et à la perte de biodiversité. Ces impacts sont cruciaux à surveiller (nous en traitons la plupart, voire tous, sur Our World in Data). Cependant, l’empreinte matérielle nous renseigne peu sur ces effets environnementaux. Produire une tonne de gravier n’a pas le même impact qu’une tonne d’uranium ou de porc.

3. Pour mesurer les conséquences socio-économiques de l’extraction et de la consommation des ressources.

L’exploitation minière peut être liée à des conditions de travail dangereuses et certaines chaînes d’approvisionnement maltraitent les travailleurs. Cependant, l’empreinte matérielle ne nous aide ni à repérer ni à améliorer ces situations. Par exemple, l’extraction du cobalt et de l’or est souvent associée à des conditions de travail déplorables dans des pays comme la République démocratique du Congo, mais l’empreinte matérielle ne le reflète pas. En réalité, ces minéraux précieux sont extraits en quantités relativement faibles, si bien qu’ils pèsent à peine dans l’empreinte matérielle d’une économie entière. De même, certaines des pratiques d’exploitation les mieux documentées concernent les chaînes d’approvisionnement textiles. Pourtant, en termes d’empreinte matérielle, les vêtements ont une « intensité matérielle » très faible, ce qui, selon cet indicateur, pourrait faire passer leur achat pour une dépense plus « responsable ».

L’utilisation des ressources est cruciale pour ces raisons, mais l’empreinte matérielle, au mieux, les reflète imparfaitement et, au pire, en dissimule les impacts les plus graves.

La majorité de l’empreinte matérielle de l’Union européenne provient des minéraux non métalliques et de la biomasse.

Le graphique ci-dessous détaille cette répartition : plus de 70 % se compose de biomasse (nourriture et bois pour l’industrie et la construction) et de minéraux non métalliques (essentiellement pour la construction et les infrastructures). Cette prédominance devrait immédiatement alerter.

Une tonne de gravier n’a pas le même impact environnemental qu’une tonne d’uranium ou de porc. La biomasse, si elle est gérée durablement, est renouvelable. Les pommes de terre, tomates ou blé cultivés aujourd’hui peuvent être replantés l’année prochaine. Sur le long terme, la variation nette de la biomasse produite est souvent nulle, contrairement aux ressources non renouvelables qui s’épuisent. Comparer leur poids à celui des combustibles fossiles ou des minéraux non renouvelables n’a pas beaucoup de sens.

Les minéraux non métalliques, comme le gravier, qui dominent l’empreinte matérielle de l’Europe, ne sont pas sans impact environnemental. L’extraction de matériaux tels que le sable peut dégrader les écosystèmes, perturber les lits des rivières et compromettre les défenses naturelles contre les inondations. Leur impact reste toutefois bien moindre que celui des autres catégories. Selon l’Agence européenne pour l’environnement : « Les minéraux non métalliques constituent une large part de l’empreinte matérielle totale, mais leur impact environnemental et climatique est inférieur à celui des métaux et des combustibles fossiles, car ils sont principalement composés de matériaux inertes comme le gravier ou le calcaire. »

Si une empreinte matérielle élevée est jugée problématique, la logique voudrait de réduire l’usage de sable, gravier, bois et calcaire. Cela aurait pourtant un impact limité sur les contraintes de ressources et les effets environnementaux et sociaux les plus importants, comparé à la réduction des combustibles fossiles et de certains minerais métalliques, bien que ces derniers soient extraits en moindre quantité.

Le logement et l’alimentation génèrent la majeure partie de l’empreinte matérielle de l’UE

Étant donné que les minéraux non métalliques et la biomasse prédominent dans cette empreinte, il est logique que le logement et l’alimentation aient finalement l’impact le plus significatif.

Le graphique ci-dessus illustre cette répartition : le logement représente 52 % de l’empreinte matérielle totale, et l’alimentation 19 %. Ensemble, ces deux secteurs constituent près des trois quarts de l’empreinte matérielle. La majorité provient des minéraux non métalliques, comme le gravier et le sable, et principalement des cultures destinées à l’alimentation. En comparaison, les biens souvent jugés « non essentiels », tels que les voitures, les objets ménagers et les vêtements, ont une contribution marginale.

Il est intéressant de lire l’analyse de l’Agence européenne pour l’environnement sur les implications politiques de cette répartition. Concernant le logement, elle affirme : « L’empreinte matérielle élevée du secteur rend impossible toute réduction notable sans transformer notre manière de construire. Pourtant, limiter l’extraction des minéraux non métalliques présente un intérêt environnemental limité. » En conséquence, réduire fortement notre empreinte matérielle exige de repenser les matériaux de construction ou la taille des logements, mais les bénéfices environnementaux restent faibles. Encore une fois, cela soulève la question suivante : pourquoi en faire le point central de l’action s’il y a si peu d’avantages ?

Pour l’alimentation, les implications politiques restent également vagues : « Le potentiel de réduction significative de l’empreinte matérielle du secteur alimentaire est limité, car il repose sur des produits essentiels aux sociétés. Toutefois, modifier les régimes alimentaires et mieux gérer les déchets alimentaires peuvent contribuer à la réduire. »

Nous avons besoin de nourriture pour manger, donc en limiter substantiellement la production est difficile. Deux solutions évidentes émergent : diminuer les déchets alimentaires et adopter des régimes plus végétariens, moins intensifs en ressources, car ils évitent la production d’aliments pour animaux. Ces recommandations, solidement étayées, ont été largement abordées dans mes écrits précédents.

Ce qui est crucial ici est que nombreuses raisons justifient déjà ces changements : l’alimentation contribue pour un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre, occupe la moitié des terres habitables, entraîne une consommation massive d’eau, pollue les ressources hydriques, accélère la perte de biodiversité et provoque la déforestation. En outre, plus de 70 milliards d’animaux terrestres sont élevés et abattus annuellement pour l’alimentation. Adopter des régimes plus végétariens et réduire les déchets alimentaires atténuerait ces impacts.

Parmi tous les arguments en faveur de ce changement, l’empreinte matérielle est le moins convaincant. En termes de durabilité, il est difficile de justifier pourquoi le poids du blé, du maïs ou des lentilles cultivés devrait m’inquiéter davantage que la destruction des écosystèmes, l’abattage des forêts, l’élevage d’animaux dans des conditions cruelles ou la pollution des rivières. 

Les biens de « luxe », souvent associés à la surconsommation, affichent généralement une empreinte matérielle relativement faible.

Une justification courante de la mesure des empreintes matérielles est que beaucoup d’entre nous surconsomment et doivent réduire cette consommation. À mon niveau personnel, je suis également très consciente de ma consommation. Je réfléchis soigneusement à ce que j’achète et à son impact. Je porte encore des vêtements qui datent de nombreuses années, et je garde mon téléphone portable aussi longtemps que possible.

Lorsque j’en parle à d’autres, ils mentionnent souvent les mêmes articles et industries : la technologie grand public et la « fast fashion » dominent l’attention.

Étonnamment, examiner l’empreinte matérielle n’incite pas à réfléchir minutieusement sur ces achats. Le graphique ci-dessous présente la répartition de la consommation matérielle de l’UE par produit final. Et ces biens de consommation ne représentent qu’une infime partie de l’empreinte totale.

Les textiles et vêtements, incluant les chaussures et les autres types de textiles, constituent seulement 1 % de l’empreinte matérielle totale. Les ordinateurs et l’électronique grand public en représentent 0,8 %, et les produits en caoutchouc et plastique, à peine 0,2 %. Réduire drastiquement l’usage des biens associés à la surconsommation modifierait marginalement l’empreinte matérielle. Je constate que la plupart des gens l’ignorent.

L’empreinte matérielle conduit à édicter des recommandations politiques contre-intuitives que de nombreux écologistes rejetteraient catégoriquement. L’Agence européenne pour l’environnement déclare : « Les services consomment le moins de ressources par euro dépensé, suivis des vêtements et des biens ménagers. Ainsi, les habitudes de consommation influencent directement l’empreinte matérielle de l’UE, et promouvoir des dépenses moins intensives en ressources constitue un moyen de la réduire. »

Dépenser davantage dans les services plutôt que dans des biens physiques est logique pour réduire l’empreinte matérielle. Cependant, les vêtements et les biens ménagers ayant aussi une faible intensité en ressources, augmenter les dépenses en vêtements, télévisions, téléphones ou autres produits similaires pourrait paradoxalement également diminuer cette empreinte.

Conseiller de « dépenser davantage en vêtements et iPhones » pour réduire son empreinte environnementale est une idée que je n’ai jamais entendue, et que je ne recommanderais pas. Pourtant, c’est ce que sous-entend l’Agence européenne pour l’environnement en proposant de « promouvoir des dépenses moins intensives en ressources ». Cette conclusion découle directement des données de l’empreinte matérielle.

La durabilité ne se résume pas aux empreintes carbone : nous devons analyser bien d’autres impacts environnementaux

L’une des motivations initiales pour mesurer les empreintes matérielles était d’élargir la notion de durabilité au-delà de la simple question des émissions de CO2. Une préoccupation que je partage. Mon livre traite d’ailleurs de sept problèmes environnementaux distincts, dont le changement climatique n’est qu’un élément parmi d’autres. Toutefois, additionner le poids des différentes ressources que nous utilisons n’est pas la meilleure approche pour appréhender ces enjeux.

J’ai consacré de nombreux articles à la mesure de la durabilité sous ses multiples facettes, bien au-delà des seules émissions de carbone. Chez Our World in Data, nous avons délibérément conçu une section environnementale très complète (voir la liste des thèmes ci-dessous). Nous y abordons l’usage des terres et de l’eau, l’eutrophisation, la déforestation, la surutilisation des engrais, l’érosion de la biodiversité, le gaspillage alimentaire, et bien d’autres questions encore.

L’utilisation des ressources est une question cruciale, et nous devons surveiller attentivement des problèmes comme le risque d’épuisement de certains matériaux ou les impacts miniers et socio-économiques liés à leur extraction. Nous disposons de nombreux leviers pour rendre nos économies plus sobres en matière et passer d’un modèle d’extraction linéaire à une approche plus circulaire, fondée sur la réutilisation. J’ai déjà évoqué cette opportunité dans le contexte de la transition des énergies fossiles vers les énergies bas carbone. Toutefois, additionner le poids de matériaux très différents ne nous renseigne ni sur leur rareté, ni sur leurs impacts environnementaux ou socio-économiques.

De nombreux indicateurs permettent de mieux saisir ces impacts négatifs. Si nous craignons une pénurie de cuivre, suivons les volumes consommés et les réserves disponibles. Si ce sont les conséquences environnementales et sociales de l’exploitation minière qui nous préoccupent — consommation d’eau, pollution, exploitation dans les chaînes d’approvisionnement —, mesurons-les directement. Or, l’empreinte matérielle peut justement masquer ces problèmes, car les minerais métalliques et les combustibles fossiles ne représentent qu’une faible part du total dans des régions comme l’UE.

Malgré ses nombreuses limites, l’empreinte matérielle repose sur des données individuelles très utiles. Pour la calculer, les chercheurs recensent les tonnes de cuivre, d’or, de cobalt, de gravier, de bois ou de thon de l’Atlantique extraites ou prélevées. Ces données brutes sont précieuses et permettraient de cibler des défis spécifiques. Le problème surgit lors de leur agrégation en un chiffre unique.

Comparer les quantités de ressources dans un cadre commun peut s’avérer instructif. Connaître les besoins miniers des différentes sources d’énergie aide à mieux saisir les implications de la transition énergétique. De même pour les cultures nécessaires à différents régimes alimentaires (alimentation animale incluse). Savoir combien d’uranium le monde consomme annuellement est utile. En revanche, créer un indicateur traitant l’uranium comme les bananes ne l’est pas.

Remerciements

Merci à Max Roser et Edouard Mathieu pour leurs précieux commentaires et suggestions sur cet article et ses visualisations.

Hannah Ritchie (2025) – « Resource use matters, but material footprints are a poor way to measure it » est publié sur OurWorld Data.org.

L’article “L’empreinte matérielle” : L’indicateur qui prend les bananes pour de l’uranium est apparu en premier sur Les Électrons Libres.

Reçu avant avant-hierDe tout et de rien

Bridge returned error 0! (20382)

See https://curl.haxx.se/libcurl/c/libcurl-errors.html for description of the curl error code.

Details

Type: HttpException
Code: 0
Message: cURL error Resolving timed out after 5000 milliseconds: 28 (https://curl.haxx.se/libcurl/c/libcurl-errors.html) for https://public.api.bsky.app/xrpc/app.bsky.actor.getProfile?actor=did%3Aplc%3Atoudj53egawswz2ypw3zyn2u
File: lib/http.php
Line: 182

Trace

#0 index.php(73): RssBridge->main()
#1 lib/RssBridge.php(39): RssBridge->{closure}()
#2 lib/RssBridge.php(37): BasicAuthMiddleware->__invoke()
#3 middlewares/BasicAuthMiddleware.php(13): RssBridge->{closure}()
#4 lib/RssBridge.php(37): CacheMiddleware->__invoke()
#5 middlewares/CacheMiddleware.php(44): RssBridge->{closure}()
#6 lib/RssBridge.php(37): ExceptionMiddleware->__invoke()
#7 middlewares/ExceptionMiddleware.php(17): RssBridge->{closure}()
#8 lib/RssBridge.php(37): SecurityMiddleware->__invoke()
#9 middlewares/SecurityMiddleware.php(19): RssBridge->{closure}()
#10 lib/RssBridge.php(37): MaintenanceMiddleware->__invoke()
#11 middlewares/MaintenanceMiddleware.php(10): RssBridge->{closure}()
#12 lib/RssBridge.php(37): TokenAuthenticationMiddleware->__invoke()
#13 middlewares/TokenAuthenticationMiddleware.php(10): RssBridge->{closure}()
#14 lib/RssBridge.php(34): DisplayAction->__invoke()
#15 actions/DisplayAction.php(54): DisplayAction->createResponse()
#16 actions/DisplayAction.php(89): BlueskyBridge->collectData()
#17 bridges/BlueskyBridge.php(163): BlueskyBridge->getProfile()
#18 bridges/BlueskyBridge.php(606): getContents()
#19 lib/contents.php(79): CurlHttpClient->request()
#20 lib/http.php(182)

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Version: 2025-08-05 (git.master.ca8a17c)
OS: Linux
PHP: 8.2.29

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mruac

Windows 11 : Microsoft colmate en catastrophe des problèmes liés aux correctifs d’octobre - Next

21 octobre 2025 à 14:50
De plus en plus de problème avec les mises à jour Windows 11.
Peut-être la conséquence de tout faire avec de l'IA ?
<mode chieur>En tous cas, je suis bien content d'être sous Linux. C'est d'une stabilité remarquable. </mode chieur>
(Permalink)

On parle d'un réacteur dont les seuls usages sont la recherche et la médecine dans un pays très hostile au nucléaire. Et plus précisément, on parle de...

Tristan K. @tristankamin.bsky.social posted:
On parle d'un réacteur dont les seuls usages sont la recherche et la médecine dans un pays très hostile au nucléaire. Et plus précisément, on parle de recycler les matières nucléaires qui en sont issues et de conditionner correctement les déchets.

actu.fr/normandie/ch...

Orano la Hague : un nouveau convoi nucléaire débarque à Cherbourg, cette fois en provenance d’Australie
(actu.fr) Le Pacific Grebe vient de faire escale, mardi 21 octobre 2025, au port de Cherbourg. À son bord du combustible nucléaire usé en provenance d’un centre de recherche australien.
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