Vous avez été très nombreux à m’envoyer le lien vers le financement participatif de l’Open Printer. Cette imprimante papier étant assez surprenante dans son approche comme dans son esthétique, elle a semble-t-il, interrogé beaucoup d’entre vous.
Il faut dire que les deux mots sont historiquement assez antinomiques. « Open Printer » c’est un peu comme « gentil dictateur » ou « fantôme incarné », cela ne colle pas bien ensemble. Quand on parle d’imprimante classique sur Minimachines, c’est souvent pour parler des dérives des marques qui les fabriquent et qui les enferment toujours plus dans un système absolument étanche. L’exact inverse de tout ce qui est « Open » donc. On parle de DRM, d’incompatibilité, de composants et de consommables protégés et d’obsolescence programmée. Associer « Open » et « Printer » revêt presque un caractère sacrilège et pourtant, c’est bien ce qui est proposé ici en financement participatif.

Le projet est simple, proposer au public une imprimante ouverte et libre, constructible, réparable et dont les consommables ne soient pas liés à une marque tierce. Cela parait évident mais c’est un vrai défi à relever. Sur le papier, cela ne semble avoir que des avantages. On retrouve une imprimante couleur capable de manger aussi bien des formats A4 que A3. Il sera également possible de lui donner à imprimer en longueur avec du papier en rouleau. La définition est plus que correcte avec du 600 PPP en noir et blanc et jusqu’à 1200 PPP en couleur. Pour parvenir à ce résultat, l’imprimante se base sur une tête d’impression HP 302 massivement disponible sur le marché. L’encre peut être de n’importe quel type adapté, il suffira de remplir une cartouche pensée pour être rechargée. Une solution qui permettra de changer facilement la tête d’impression en cas de pépin et qui évitera d’acheter de l’encre coutant au millilitre autant qu’un parfum de luxe.

La connexion à l’imprimante pourra se faire de manière classique via un port USB type-C qui se branchera à la carte Raspberry Pi Zero 2W qui servira de cerveau à l’Open Printer. L’appareil profitera de la connexion Wi-Fi de la carte pour recevoir des documents distants sans fil. Un port USB Type-A permettra également de lancer une impression en direct en connectant une clé USB et en contrôlant le tout avec un petit écran de 1.47 pouces en 320 x 172 pixels grâce à une molette de navigation. Un détail qui me fait d’ailleurs penser aux premières imprimantes 3D avant l’arrivée des petits écrans tactiles. Le tout mesurera 50 cm de large pour 10 cm de profondeur et 11 cm de hauteur. Un format qui permet d’accrocher l’Open Printer au mur pour gagner de l’espace.

Si on considère l’ensemble de ces éléments et le fait que l’objet soit documenté en format Open Source via un format Creative Commons 4.0, on a là un projet à l’étendue absolument considérable. Il faut se souvenir que les toutes premières imprimantes 3D accessibles du marché ont été fabriquées par des passionnés qui ont développé des logiciels Open Source et assemblé du matériel disponible à la vente pour tout un chacun. Soit exactement le schéma repris ici par ce projet Open Printer. Petit à petit, le foisonnement d’idées des internautes et la mise en commun des compétences de milliers d’ingénieurs et de programmeurs a fini par produire des imprimantes 3D, des protocoles et des développements de haut niveau. Un microprogramme comme Klipper est un développement libre, Open-Source qui anime le cœur de nombreux modèles d’imprimantes 3D aujourd’hui.
Ma toute première imprimante 3D, une Anet A8, nécessitait un temps de montage et de calibration démentiel.
Aujourd’hui les imprimantes 3D sont Plug’n’Play dès la sortie du carton
La suite, on la connait. L’émulation du libre a conduit des entreprises à développer leurs propres modèles d’impression 3D en s’appuyant plus ou moins sur les développements libres. Créant un foisonnement d’idées et de solutions tel que des progrès incroyables ont été portés en quelques années. L’impression 3D qui était un loisir pour passionnés fortunés ayant beaucoup de temps libre il y a 10 ans est désormais une pratique accessible et facile aujourd’hui.
A la lecture de la fiche technique de l’Open Printer, un détail a retenu mon attention. Le fait que le projet ne présente aucune vidéo de fonctionnement ni aucun détail sur la vitesse d’impression proposée par l’imprimante. Je suppose que l’impression d’une page ne doit pas être des plus rapide. Le détail du tarif de l’engin n’est pas non plus spécifié. Cela me chiffonnait au départ et puis je me suis posé dans la perspective de l’impression 3D. Les prix du début ont fondu très rapidement. La vitesse d’impression a également explosé. Ce qui prenait 4 heures à imprimer à ma toute première imprimante ne prend plus que 15 minutes à la toute dernière arrivée au labo.
Si Open Printer crée le même genre de mouvement de fond. Si cette imprimante Open Source est le premier domino d’un long jeu de développement et d’améliorations techniques. Il y a fort à parier que dans quelques années des kits de constructions d’imprimantes similaires soient disponibles sur le marché. Un constructeur tiers pourra très bien développer une tête d’impression sur-mesures. Un autre des kits d’alimentation en encre ou un jeu de moteurs plus rapides. Des internautes pourront proposer des formats encore plus grands pour imprimer sur du A2, par exemple, ou pour imprimer des plans ou des affiches. On peut même imaginer que d’autres constructeurs se mettent à développer des modèles basés sur le même principe comme cela a été fait dans le monde de l’impression 3D. Et tout cela serait une excellente nouvelle pour les consommateurs. Un peu moins pour les marques qui proposent depuis toujours des imprimantes à 50€ pour se rattraper ensuite sur la durée avec des kits d’encre à 35€…
Open Priner sur Crowd Supply
Open Printer : une imprimante papier Open Source sous RPi © MiniMachines.net. 2025