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Reçu aujourd’hui — 8 novembre 2025De tout et de rien

Gel des loyers : miracle social ou bombe à retardement ?

8 novembre 2025 à 06:51

Mercredi 5 novembre, New York a basculé. À 34 ans, Zohran Mamdani, élu du Queens et nouvelle figure de la gauche démocrate, décroche la mairie en promettant un gel immédiat des loyers pour près d’un million d’appartements — dans une ville où le loyer médian dépasse 3 500 dollars. Une mesure radicale… qui, partout, a toujours eu des effets délétères.

Une régulation ancienne

À New York, le logement n’a jamais été un marché totalement libre. Depuis l’après-guerre, deux régimes coexistent : les rent-controlled apartments, vestiges des années 1940, aux loyers quasi figés, rappelant le système de notre fameuse « loi de 1948 » (voir encart) ; et surtout les rent-stabilized apartments, nés en 1969, où les augmentations sont encadrées. Ce second dispositif représente l’essentiel du parc régulé, soit près d’un tiers du marché locatif new-yorkais.

La « loi de 1948 », ou la location… en héritage !

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Chaque année, la Rent Guidelines Board (RGB) — un organe indépendant dont les membres sont nommés par le maire — fixe les hausses autorisées, généralement de l’ordre de 1 à 3 %. Ces décisions, très politiques, reflètent la tension entre propriétaires, qui invoquent la hausse des coûts de maintenance, et locataires, qui dénoncent des loyers devenus insoutenables.

La réforme HSTPA (Housing Stability and Tenant Protection Act), adoptée en 2019, a profondément renforcé ce cadre. Elle a supprimé la plupart des possibilités de sortie du régime stabilisé, limité les hausses après travaux et renforcé la protection contre les expulsions. Résultat : la majorité des logements stabilisés sont désormais « bloqués » dans ce système, tandis que la vacance locative est tombée à 1,4 %, selon un rapport du directeur financier de la ville datant d’avril 2024. Un seuil considéré comme critique.

L’électrochoc Mamdani

Face à cette situation, Zohran Mamdani a bâti sa victoire sur le mot d’ordre « Freeze the rent ». Son projet est clair : geler totalement les loyers du parc stabilisé pendant au moins un an, dès 2026. Il promet aussi de créer un fonds municipal pour compenser les petits propriétaires, financé par un ajustement fiscal sur les grandes sociétés immobilières.

Pour ses partisans, cette mesure répond à une urgence sociale. Près de 50 % des locataires new-yorkais consacrent plus du tiers de leurs revenus au logement, et près d’un sur quatre dépasse les 50 %. La ville l’affirme d’ailleurs dans son rapport déjà cité : « Le coût du logement est devenu la première cause de pauvreté urbaine à New York. »

Pour ses opposants, c’est une mesure aussi symbolique que dangereuse. Les organisations de propriétaires redoutent un effondrement de la rentabilité, un désengagement de l’entretien — déjà problématique — et un ralentissement de la construction neuve.

Le marché new-yorkais fonctionne aujourd’hui comme un système à deux vitesses. Les locataires en logement stabilisé bénéficient d’une sécurité rare, avec des loyers bien inférieurs au marché et une quasi-impossibilité d’expulsion. Mais ce privilège a un revers. Les nouveaux arrivants peinent à trouver un logement, car l’offre est rigide et les appartements stabilisés se transmettent parfois comme un héritage, en plus de poser des problèmes de mobilité sociale et professionnelle. Le Comptroller (le directeur financier) estime à plus de 26 000 le nombre de logements stabilisés vacants depuis 2020, souvent parce que les travaux de mise aux normes sont devenus économiquement dissuasifs.

Un gel total risque d’aggraver cette situation. D’un côté, il sécuriserait les locataires existants. De l’autre, il pourrait désinciter les propriétaires à entretenir ou remettre en location les biens vacants, voire les pousser à contourner le dispositif (via des locations meublées, saisonnières ou des conversions en copropriétés). L’effet mécanique est connu et délétère : la raréfaction de l’offre sur le segment régulé exerce une pression croissante sur le marché libre, où les loyers flambent encore davantage. Une logique déjà observée à San Francisco, Stockholm ou Berlin (voir encart).

Berlin, Stockholm, San Francisco, mêmes causes, mêmes effets

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En France, un encadrement jouant le compromis entre régulation et marché

La France offre un laboratoire instructif de la régulation des loyers à l’échelle locale. Après la suspension du dispositif Duflot en 2017, le gouvernement a réintroduit l’encadrement des loyers par la loi Élan (2018) dans les zones dites « tendues », à titre expérimental. D’abord remis en place à Paris en 2019, il s’est progressivement étendu à Lille, Lyon, Villeurbanne, Bordeaux, Montpellier, et plus récemment à plusieurs communes de Seine-Saint-Denis. Le principe est simple : pour chaque type de bien, un loyer de référence est défini par arrêté préfectoral, calculé à partir des données de l’Observatoire local des loyers. Ce montant peut être majoré de 20 % ou minoré de 30 % selon l’état du logement et sa localisation. En théorie, tout dépassement est sanctionnable, mais en pratique, le contrôle et la mise en conformité demeurent les maillons faibles du système.

L’évaluation conduite en 2024 par l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) — une agence d’urbanisme ayant le statut d’association à but non lucratif — et le Centre d’économie et de sociologie appliquées à l’agriculture et aux espaces ruraux (CESAER) a permis, pour la première fois, de mesurer ses effets à grande échelle. Les conclusions sont contrastées. D’un côté, le dispositif a eu un effet réel sur les loyers les plus excessifs. Les annonces dépassant largement le plafond ont reculé, et le niveau moyen des loyers de relocation a baissé de 3 à 5 % par rapport au marché libre. L’étude souligne aussi que l’information du locataire reste inégale : peu d’entre eux savent qu’ils peuvent exiger un réajustement, et les procédures de recours demeurent complexes. Surtout, la mesure a participé à un mouvement extrêmement grave, ayant vu l’offre locative parisienne se tarir de 73 % entre janvier 2021 et le même mois de 2024. Si les raisons en sont diverses (mise en place d’un nouveau DPE ayant éloigné les passoires thermiques du marché, boom des locations Airbnb dans la perspective des Jeux olympiques, et crise de l’achat conduisant les locataires souhaitant devenir propriétaires à remettre à plus tard leur projet), l’encadrement des loyers a aussi participé du phénomène.

Mais au-delà de ces effets directs, ce principe soulève des enjeux économiques plus profonds. Les professionnels du secteur constatent une rigidification de l’offre locative, notamment dans le segment des petites surfaces, les propriétaires préférant vendre ou louer en courte durée plutôt que de s’exposer à une réglementation jugée contraignante. Selon le rapport de la Cour des comptes de 2023, le dispositif contribue à « stabiliser les loyers dans le parc existant », mais il ne peut « compenser l’insuffisance chronique de l’offre locative, liée à la rareté du foncier et à la lenteur des procédures d’aménagement ». En d’autres termes, l’encadrement protège mais ne produit pas.

Les effets territoriaux sont tout aussi contrastés. À Lille, les rapports de la métropole montrent un respect légèrement supérieur à Paris, mais un impact limité sur le niveau général des loyers. À Lyon et Villeurbanne, la mise en œuvre s’est heurtée à des résistances juridiques et politiques, les préfets ayant tardé à signer les arrêtés. À Bordeaux, le dispositif est encore trop récent pour être évalué, mais les agences locales notent déjà une baisse des offres en location longue durée. Comme toujours, à force de contraintes, certains propriétaires renoncent à louer dans le parc privé, alors même que des dizaines de milliers de logements restent vacants faute de rénovation ou d’incitations suffisantes.

La leçon est claire : l’encadrement, même accompagné d’une politique d’ensemble combinant incitations fiscales à la rénovation, soutien à la construction neuve et régulation des usages alternatifs comme Airbnb, produit non seulement une redoutable contraction du marché, mais aussi une distorsion de concurrence. Il fige les déséquilibres et accentue les inégalités entre locataires protégés et exclus du système. Un autre effet pervers tient à la sélection des heureux élus. À mesure que l’offre se contracte, les bailleurs exigent des dossiers blindés : CDI stable, revenus supérieurs à 3,5 fois le loyer, garant résidant en France, épargne conséquente. En conséquence, les ménages plus modestes ou récemment arrivés sont systématiquement écartés, tandis que les profils les plus aisés décrochent les rares logements encadrés et profitent pleinement du loyer plafonné.

Au fond, la France se trouve dans une position comparable à celle de New York. L’offre reste trop faible, les coûts de production trop élevés et les circuits de rénovation trop lourds. On ne stabilise pas un marché du logement sans investir massivement dans ce qui le nourrit : la construction, la rénovation et la confiance.

Mamdani face au dilemme universel

En gelant les loyers, Zohran Mamdani fait le choix du court terme social contre le moyen terme économique. Le geste est certes fort et symbolique. Il redonne espoir à des millions de locataires étranglés par la hausse du coût de la vie. Mais il ne suffira pas, à lui seul, à résoudre la crise du logement new-yorkaise et pourrait même l’aggraver en figeant les déséquilibres, en asséchant l’offre et en renforçant la fracture entre locataires protégés et exclus du système.

Le maire de New York semble en être conscient : il évoque déjà un programme de densification urbaine autour des lignes de métro et des aides ciblées à la rénovation énergétique. Mais ces chantiers prendront du temps. Et dans une ville où le logement est devenu un symbole de survie autant qu’un bien économique, chaque mois compte.

Justice sociale vs réalité économique

L’encadrement des loyers agit comme un anesthésiant. Il apaise la douleur immédiate, mais ne soigne pas la maladie et l’aggrave souvent. À New York comme à Paris, la tension vient d’un déficit d’offre structurel et d’une concentration croissante des revenus immobiliers. L’histoire du logement, à New York comme ailleurs, rappelle une règle simple : on ne gèle pas un marché sans en payer les conséquences…

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Reçu hier — 7 novembre 2025De tout et de rien

Meta tirerait 10% de ses revenus d’arnaques et de publicités frauduleuses - Next

7 novembre 2025 à 16:05
Mais Google aussi !
Quand j'avais des publicités Google AdSense sur mon site, je passais mon temps - TOUS LES JOURS - à blacklister des site d'arnaque dans la console Google (cf. https://sebsauvage.net/rhaa/index.php?2010/05/12/07/37/24-la-farandole-des-arnaqueurs)
Google et Meta disent vouloir protéger les internautes. En réalité il n'en ont rien à foutre tant que le fric rentre.
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Non, l’IA ne va pas détruire la planète… Au contraire !

7 novembre 2025 à 06:23

Le travail de sape porte ses fruits. À force d’entendre répéter partout que l’intelligence artificielle serait une aberration écologique, une part croissante du public s’en convainc sans chercher plus loin. Pourtant, derrière la peur se cache un outil d’une puissance inédite, capable de réparer, d’optimiser et de verdir bien plus qu’il ne consomme.

Lui est journaliste au Monde, elle a 23 ans et sort d’un échec en fac d’anglais. Lui culpabilise du « bilan carbone » de ses expériences avec Sora ; elle refuse d’en entendre parler : « l’IA détruit la planète ». Deux réactions, deux faces d’une même pièce : celle d’un narratif anti-IA devenu réflexe, nourri d’études fragiles, de comparaisons absurdes et d’une bonne dose de catastrophisme intéressé.

Le faux procès fait à l’IA

En juin 2025, le ministère de l’Éducation nationale publiait un « Cadre d’usage de l’intelligence artificielle » recommandant de ne l’utiliser « que si aucune autre solution moins coûteuse écologiquement ne répond au besoin ». Autrement dit, l’IA est présumée coupable. Cette approche s’appuie sur la notion d’« IA frugale » définie par l’AFNOR en 2024 : une IA sommée de prouver qu’elle ne consomme pas trop avant même qu’on évalue ce qu’elle permet d’économiser. Le doute érigé en principe de précaution administratif.

En février 2025, un collectif d’associations mené par Attac, La Quadrature du Net et la Ligue des droits de l’Homme publiait dans Le Monde une tribune titrée : « L’IA contre les droits humains, sociaux et environnementaux ». On y lisait que l’IA « accélère le désastre écologique », « aggrave les injustices » et « renforce la concentration des pouvoirs », tout en prolongeant « les dynamiques néocoloniales » et en se mettant « au service de projets autoritaires et impérialistes ». Un texte sans données, mais avec un vocabulaire grandiloquent à la hauteur du désastre annoncé. La technologie y est condamnée non pour ce qu’elle fait, mais pour ce qu’elle symbolise : le capitalisme, la productivité, le progrès — bref, tout ce qu’il faut exorciser.

Les médias se sont empressés de relayer cette inquiétude morale. À l’automne, France 2 consacre un reportage à « la soif du numérique qui assèche les sols », reprenant l’idée qu’une requête ChatGPT consommerait un grand verre d’eau. Le chiffre, issu d’une étude américaine non évaluée datant de 2023, a depuis été largement réfuté : elle supposait un refroidissement 100 % à l’eau, en circuit ouvert, y ajoutait l’eau utilisée pour produire l’électricité et confondait eau prélevée (souvent restituée) et eau réellement consommée. Résultat : un calcul gonflé d’un facteur cent, voire mille. En réalité, l’impact d’une requête se mesure en dés à coudre, pas en baignoires. Pas de quoi pleurer des rivières.

Mais qu’importe, la peur se vend mieux que la nuance. La « sobriété numérique » est devenue un marché prospère, avec ses rapports, ses formations et ses audits. Une poignée de consultants s’est spécialisée dans la production de chiffres alarmistes — avant de vendre les solutions censées y remédier. Le comble de l’économie circulaire.

Les faits, rien que les faits

Derrière la panique, les ordres de grandeur racontent une toute autre histoire. En 2023, une requête sur ChatGPT consommait environ trois wattheures ; deux ans plus tard, à peine 0,3 — vingt fois moins qu’un simple expresso. Même à pleine charge, les serveurs d’OpenAI ne tirent que 35 mégawatts, l’équivalent de trois TGV lancés à pleine puissance. Le coût énergétique d’une réponse se résume donc à six minutes d’ampoule allumée.

Quant à l’entraînement des grands modèles, il reste ponctuel et amorti. GPT-4 aurait nécessité une cinquantaine de gigawattheures, soit deux jours de production d’un réacteur nucléaire. Rapporté aux milliards d’utilisations quotidiennes, l’impact unitaire devient infinitésimal.

La consommation d’eau de l’IA ? Une goutte d’eau dans l’océan. Les data centers du monde entier en consomment entre 500 et 700 milliards de litres par an, soit environ 0,015 % de l’eau utilisée sur la planète. L’intelligence artificielle représente moins de la moitié de ce total. Et la tendance est à la baisse : les systèmes de refroidissement en circuit fermé (closed loop) réduisent les prélèvements de plus de 90 %. En France, un arrêté de 2025 interdit désormais l’usage d’eau potable dans ces installations ; neuf nouveaux sites sur dix sont déjà équipés de ces circuits fermés. À Marseille, Google refroidit même ses serveurs avec de l’eau de mer recirculée, restituée sans perte.

La Fake news des 50cl

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L’innovation plus sobre que la sobriété

Pendant que certains se noient encore dans un verre d’eau de 50 centilitres, les ingénieurs, eux, font fondre la consommation. Les modèles récents sont découpés en « experts » et chaque requête n’active que certains d’entre eux ; on ne réentraîne presque jamais un modèle à partir de zéro ; on compresse les réseaux neuronaux, on réduit la précision des calculs, on passe de seize bits à quatre. Dans le même temps, les puces spécialisées ont gagné un facteur mille d’efficacité en quinze ans. Nvidia, Google, Alibaba, Mistral ou DeepSeek multiplient les gains à chaque itération : une simple mise à jour logicielle suffit aujourd’hui à diviser par deux la consommation d’un processeur.

La vraie sobriété n’a donc rien de punitif, elle est technologique. L’IA devient chaque jour plus légère, plus rapide, plus proche de l’utilisateur. Certains modèles tournent déjà sur smartphone. On n’a jamais produit autant d’intelligence avec aussi peu d’énergie.

Héberger plutôt qu’interdire

Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage. C’est précisément au moment où la technologie devient capable d’éteindre la contestation que retentissent les appels les plus vibrants à la restreindre. Le Shift Project, think tank fondé par Jean-Marc Jancovici, recommande ainsi de « limiter le déploiement de l’IA aux usages prioritaires ». Définis par qui, au fait ?

Le rapport prédit un triplement de la consommation mondiale des data centers d’ici 2030, jusqu’à 1 500 TWh. Un scénario au-delà même des prévisions les plus pessimistes de l’Agence internationale de l’énergie, qui situe la fourchette entre 700 et 1 250 TWh.

Surtout, le Shift oublie un détail essentiel : déplacer les infrastructures n’en réduit pas la consommation, il la déplace. Empêcher l’installation de data centers en France, pays dont l’électricité est décarbonée à plus de 90 %, reviendrait simplement à les voir pousser ailleurs, sur des réseaux alimentés au gaz ou au charbon. En 2024, la France a exporté 89 TWh d’électricité ; même si tous les projets annoncés voyaient le jour, les data centers n’en consommeraient que 25 TWh d’ici 2035, soit un peu plus du quart de nos exportations actuelles. Mieux encore : une demande accrue contribuerait à stabiliser le coût du mégawattheure en améliorant le taux d’utilisation du parc nucléaire.

Numériser, c’est décarboner

On reproche souvent à l’IA de trop consommer. On oublie tout ce qu’elle fait économiser. La visioconférence remplace des déplacements professionnels. Les bâtiments intelligents ajustent d’eux-mêmes leur chauffage. Les chaînes logistiques s’affinent, les réseaux se synchronisent, l’agriculture de précision limite l’irrigation et les intrants, la maintenance prédictive prévient les pannes et réduit les rebuts.

Partout où l’intelligence artificielle s’installe, les émissions reculent. Selon l’Agence internationale de l’énergie, les pays les plus numérisés voient leurs rejets de CO₂ baisser depuis près de vingt ans. En France, la consommation de papier et de carton a diminué de 26 % depuis 2000 : la dématérialisation, ici encore, a tenu ses promesses.

Chaque activité virtuelle alimentée par une électricité décarbonée est moins émettrice que son équivalent physique. Numériser les usages, c’est prolonger l’électrification de l’économie ; c’est l’étape suivante, logique et nécessaire, de la transition énergétique.

Dix usages de l’IA qu’on nous cache

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L’Europe, un continent d’avance

Et si, pour une fois, l’Europe ne ratait pas le train de la révolution technologique ? En moins de deux ans, Mistral AI est devenue la première décacorne française, valorisée à 11,7 milliards d’euros. Sa stratégie : l’open source, la transparence et l’efficacité. Hugging Face, avec ses 1,3 million de modèles hébergés et son milliard de requêtes quotidiennes, est déjà rentable. Autour d’eux, DeepL, Synthesia, Wayve, PhysicsX ou Black Forest Labs inventent une IA européenne, sobre, innovante et pragmatique. Encore faut-il que la vertu réglementaire ne se change pas en autocensure industrielle. Une fiscalité trop lourde, un soupçon systématique sur la technologie, et l’Europe reprendra sa place en tribunes.

Réconcilier progrès et planète

L’intelligence artificielle n’est pas l’ennemie du climat, c’est déjà l’un de ses meilleurs alliés. Pendant qu’on se bat sur des chiffres, elle agit. Ses usages environnementaux se déploient dans trois grands domaines : l’énergie et le climat, la biodiversité et les écosystèmes, les ressources et la production. Elle mesure, anticipe, corrige. Elle réduit les gaspillages, rationalise la consommation et nous rend collectivement plus efficaces. Chaque kilowattheure dépensé pour elle en fait économiser bien d’autres ailleurs.

La vraie question n’est pas combien l’IA consomme, mais quelle est sa balance bénéfice-risque. Refuser son essor au nom d’externalités négatives montées en épingle, c’est renoncer à toutes les externalités positives qu’elle rend possibles. Autrement dit, se priver du progrès au nom de la peur qu’il inspire. Ou, plus cyniquement encore, vouloir interdire la solution parce qu’on prospère sur le problème.

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7 novembre 2025 à 06:55
Ce gars a retiré ses applis du cloud pour gérer les serveurs lui-même. Il a divisé par 10 ses coûts par rapport à AWS, multiplié les performances par 2 et s'est débarrassé de la prison d'un vendeur.
Tout le monde voudrait ça pour son business, non ? Que du positif ?

Eh bien non, il s'est pris un gros shitstorm pour avoir critiqué le cloud. Je vois bien ce genre de comportement toxique de la part de la communauté HackerNews dès qu'on critique, au hasard, l'IA, la blockchain, le javascript côté serveur ou les startups avec des projets absurdes. (Et c'est aussi pour ça que j'évite désormais soigneusement de m'exprimer sur HackerNews. Ils ont une puissance de nuisance assez importante. Pour caricaturer (et malgré les remarques parfois intéressantes de la commu) c'est un peu le 4-chan des geeks-startupers.

(via https://shaarli.zoemp.be/shaare/Rk2JAA)
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Reçu avant avant-hierDe tout et de rien

wormhole

6 novembre 2025 à 14:15
Petit rappel sur l'application wormhole : Elle permet de transférer un fichier ou un répertoire d'une machine à une autre. Si les deux machines sont sur le même réseau local, le transfer est direct, sinon ça passe par un relai. Et c'est chiffré de bout en bout.
Il suffit d'installer le paquet "magic-wormhole" (sudo apt install magic-wormhole)

J'ai eu la bonne surprise constater que pour Debian et ses dérivées (Ubuntu, Linux Mint...) ça utilise par défaut un relai chez Debian. Et j'ai eu du 20 Mo/seconde, ce qui n'est vraiment pas trop mal.

⬆️ Pour envoyer: wormhole send <nomdufichier>
Cela va afficher un code du genre "61-applicant-aztec".

⬇️ Pour réceptionner : wormhole receive <code>
(Exemple: wormhole receive 61-applicant-aztec)

et c'est tout.
Le code n'est valide que tant que l'expéditeur est actif. Ce code devient invalide dès la fin du transfer (ou si vous pressez CTRL+C pour interrompre l'expéditeur).

🟡 Notez que sous Android, vous pouvez prendre l'application : https://apt.izzysoft.de/fdroid/index/apk/eu.heili.wormhole
Dans la configuration :
- RendezVous : laissez la valeur par défaut.
- Transit : Entrez tcp://magic-wormhole-transit.debian.net:4001

🟡 Sous le gestionnaire de fichiers Nemo (dans Linux Mint Cinnamon), on peut se faire un raccourci dans le menu contextuel.
Créez le fichier ~/.local/share/nemo/actions/wormhole-send.nemo_action contenant:

[Nemo Action]
Name=📦 Envoyer via wormhole
Exec=wormhole send %F
Selection=s
Extensions=any
Quote=double
Dependencies=wormhole
Terminal=true

puis relancez Nemo (nemo --quit && nemo &)
Vous pouvez alors faire un clic-droit sur un fichier ou un répertoire pour l'envoyer avec Wormhole.
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Windows 11 : désactiver "Afficher d'autres options" du menu contextuel

6 novembre 2025 à 10:01
Si vous en avez marre de ce double-menu clic-droit de Windows 11 et que vous voulez revenir au menu contextuel traditionnel :
reg.exe add "HKCU\Software\Classes\CLSID\{86ca1aa0-34aa-4e8b-a509-50c905bae2a2}\InprocServer32" /f
taskkill /F /IM explorer.exe & start explorer
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Norway reviews cybersecurity after hidden remote-access feature found in Chinese buses - Scandasia

6 novembre 2025 à 09:42
La Norvège possède 1300 bus électriques, dont 850 d'une marque chinoise. Ils ont découvert une carte SIM cachée qui permet au fabricant chinois de désactiver les bus ou les mettre à jour à distance.
Ils considèrent cela comme un risque de sécurité et une faille dans leur souveraineté et ils ont raison.

Ce qui est bien, c'est de se dire que même si la boîte chinoise n'est pas malveillante (on en sait rien), ce contrôle à distance offre une possibilité de piratage.

Et comme dit l'adage "Toute machine est une machine à fumée si on s'en sert suffisamment mal", j'imagine qu'en piratant et reprogrammant les batteries y'a moyen de foutre le feu ou - potentiellement - faire exploser le truc.
(Permalink)

La Haute Autorité de santé dit oui à l’IA, mais pas n’importe comment - Next

6 novembre 2025 à 07:40
"La HAS a publié le 30 octobre un guide pédagogique sur l’utilisation de l’intelligence artificielle générative dans l’ensemble du secteur sanitaire, social et médico-social. L’autorité ne s’oppose pas à cette utilisation, mais elle pointe très vite les deux problèmes majeurs : la sensibilité des données manipulées et la fiabilité des résultats."
(Permalink)

Zohran Mamdani devient le plus jeune maire de New York depuis un siècle, le premier socialiste revendiqué et le premier musulman

6 novembre 2025 à 07:38
Habituellement je m'en fou, mais je ne vais pas vous mentir, avec l'élection du nouveau maire de New-York, je bois du petit lait en imaginant les rageux rager.

- il s'appelle Zohran Mamdani
- il est immigré
- il n'est pas blanc
- il est de confession musulmane
- il est pro-LGBT (https://www.stophomophobie.com/premier-maire-musulman-de-new-york-zohran-mamdani-promet-une-ville-inclusive-pour-les-lgbtq/)
- il a 35 ans.

Tout ce qu'il faut pour faire rager les fachos. Perfect 👌
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Électricité : aux États-Unis, une croissance vraiment inédite ?

6 novembre 2025 à 04:46

Une demande qui explose. Portée par l’essor de l’intelligence artificielle, l’Amérique s’attend à devoir investir comme jamais dans des moyens de production électrique. Mais est-ce vraiment sans précédent ?

On entend partout que la demande d’électricité « explose » aux États-Unis. Le mot revient sans cesse, dans les journaux comme dans les conversations. Il n’y a aucun doute : cette demande va bel et bien croître, et dans de nombreux pays cela a déjà commencé. C’est plutôt une bonne nouvelle, car elle traduit le remplacement progressif des combustibles fossiles par l’électricité, l’un des piliers de la transition énergétique.

Mais beaucoup s’interrogent : les réseaux parviendront-ils à suivre cette croissance ? Cette question m’a intriguée. Cette hausse est-elle vraiment inédite ? Comment les rythmes d’aujourd’hui et de demain se comparent-ils à ceux du passé ? Parle-t-on d’une véritable explosion ou simplement d’une accélération marquée ?

Prenons un peu de hauteur en regardant les chiffres américains.

Le graphique qui suit est une projection classique, de celles que l’on croise dans presque tous les rapports d’instituts, d’analystes ou d’agences énergétiques. Celui-ci vient de McKinsey et date de cette année ; il est donc tout frais. Reste à savoir si ses prévisions sont fiables. Je doute personnellement de l’essor fulgurant de l’hydrogène, et personne ne peut prédire avec certitude la consommation des data centers en 2040. D’autres cabinets proposent des scénarios plus prudents ou plus ambitieux. Considérons néanmoins celui de McKinsey comme une hypothèse raisonnable.

On y voit la demande américaine rester stable tout au long des années 2010, repartir à la hausse ces dernières années et continuer sur cette lancée jusqu’en 2040. McKinsey mise sur une croissance moyenne de 3,5 % par an.

Par rapport aux années 2010, toute progression fait figure de rupture. Mais qu’en était-il avant ?
Le graphique suivant retrace la production d’électricité aux États-Unis depuis 1950. Attention : production et demande ne coïncident pas toujours. La demande peut dépasser la production, ou l’inverse, ce qui influe sur les prix.

Il est parfois difficile de raccorder parfaitement les données historiques et les prévisions. Et que signifiait exactement « demande » en 1950 ou 1960 ? Peu importe : ce qui frappe, c’est que la production est restée quasiment équivalente chaque année depuis 2005, soit quinze à vingt ans de stagnation. En revanche, les cinquante années précédentes montrent une croissance forte et régulière.

Croissance relative de la production d’électricité depuis 1950

Calculons maintenant les taux de croissance annuels, reportés dans le graphique suivant. Dans les années 1950 et 1960, la production progressait de plus de 5 % presque chaque année, souvent proche de 10 %. Il est vrai que la base était minuscule. J’y reviendrai.

Dans les années 1970 et 1980, les taux oscillent entre 3 % et 4 %. Dans les années 1990, ils tombent autour de 2 %. Dans les années 2000 et 2010, la croissance est quasi nulle, hormis les soubresauts de la crise de 2008 et ceux liés à la pandémie de Covid.

Pour simplifier, voici les mêmes données présentées sous forme de variation moyenne annuelle par décennie. Rappelez-vous maintenant le graphique de McKinsey : il tablait sur une croissance de 3,5 % par an jusqu’en 2040. Ce rythme serait certes élevé par rapport aux vingt dernières années, mais il n’aurait rien d’inédit dès lors qu’on prend du recul et qu’on observe les taux de croissance du milieu et de la fin du XXᵉ siècle.

La production d’électricité, en croissance absolue, depuis 1950

Les taux relatifs sont utiles, mais ils masquent le volume réel. Plus le réseau grossit, plus un même pourcentage représente d’énergie supplémentaire.

Le graphique suivant montre l’évolution, en térawattheures ajoutés chaque année depuis 1950. Même avec 8 à 10 % de croissance dans les années 1950 et 1960, la production américaine n’augmentait que de 40 TWh par an. Dans les années 1970, 1980 et 1990, on approchait les 100 TWh. Les années 2000 affichent de forts à-coups, mais aucune tendance durable, du moins jusqu’aux années 2020.

Voici, une fois encore, la variation moyenne annuelle par décennie : elle lisse les à-coups et rend la tendance limpide.

La croissance absolue a atteint son sommet dans les années 1970. Ce qui frappe surtout, c’est la régularité de l’augmentation en térawattheures tout au long de la seconde moitié du XXᵉ siècle. On retrouve exactement la même ligne droite que sur le graphique de la production totale montré plus tôt : avant le plateau des années 2000, la courbe était d’une linéarité remarquable.

Croissance à court terme de la production d’électricité

Et demain, justement ?

Avant de nous projeter dans les années 2030, demandons-nous si la hausse prévue pour 2025 et 2026 a vraiment de quoi nous effrayer. On entend déjà que les réseaux saturent. C’est vrai, mais le problème ne vient pas seulement du volume total : les data centers créent des pointes ultra-localisées, les lignes de transport arrivent à saturation, tandis que les contraintes sur le réseau se multiplient.

Face à l’histoire, cette accélération immédiate est-elle hors norme ? Pas du tout.

Sur le graphique ci-dessous, j’ai reporté les variations annuelles en pourcentage et ajouté les prévisions pour 2025 et 2026. Elles proviennent de l’Energy Information Administration (EIA) et datent de ce mois-ci ; elles sont donc récentes.

La production devrait progresser de 2,5 % en 2025 et de 2,7 % en 2026. Le creux du Covid et le rebond qui a suivi faussent la moyenne de la décennie 2020, mais ces deux chiffres collent parfaitement aux hausses observées en 2022 et 2024. Rien de révolutionnaire, donc.

La demande d’électricité va-t-elle vraiment « s’envoler » à la fin des années 2020 et dans les années 2030 ?

Pour finir, revenons sur les prévisions de McKinsey. Elles tablaient sur 3,5 % de croissance annuelle de 2025 à 2040.

Reportons ce 3,5 % sur le graphique ci-dessous pour la décennie 2030. Pour les années 2020, c’est plus compliqué : la première moitié a été calme, et même les 2,5 % et 2,7 % prévus par l’EIA pour 2025-2026 restent sous la barre des 3 %. Même si les quatre dernières années s’emballent, la moyenne décennale ne dépassera probablement pas 3 %.

Le passage d’une croissance nulle au début des années 2000 à une vraie reprise dans les années 2020-2030 marque bel et bien une rupture. Mais, en rythme relatif, rien d’inédit quand on regarde plus loin dans le temps. Et si ces prévisions se confirment, à quoi ressemblera la croissance en volume absolu ? Voici un graphique pour en donner la mesure. Il est volontairement simplifié — la réalité historique est moins linéaire —, mais je projette une montée progressive jusqu’à 3,5 % en 2030, puis 3,5 % par la suite.

Certes, il y a déjà eu des années où la demande a augmenté de 150 TWh d’un coup. Mais c’était presque toujours un « rattrapage » après une chute brutale observée l’année précédente ; jamais on n’a connu une telle addition, année après année, sans relâche.

En volume brut, les États-Unis (et d’autres pays dans leur sillage) s’apprêtent donc à vivre une période absolument inédite. Pour injecter 150 à 250 TWh supplémentaires chaque année, il faudra construire à tour de bras — et vite.

Article publié le 20 octobre 2025 sur Substack sous le titre : La croissance de la demande d’électricité aux États-Unis est-elle vraiment sans précédent ?

L’article Électricité : aux États-Unis, une croissance vraiment inédite ? est apparu en premier sur Les Électrons Libres.

Bubulle

5 novembre 2025 à 09:27
Si vous pensiez que la quasi-totalité des services des GAFAMs s'étaient merdifiés à fond avec l'IA, attendez de voir l'éclatement de la bulle de l'IA quand ils n'auront plus de fric.
Ça va merdifier encore plus sévère pour économiser de l'argent absolument partout là où ils peuvent.

Je ne serais pas surpris que des services auparavant gratuit deviennent complètement rabougris ou payants (votre mail "gratuit" ? Ou encore YouTube ? Je vois bien l'upload de vidéos devenir payant.)
(Permalink)

Malicious Android apps on Google Play downloaded 42 million times

5 novembre 2025 à 07:40
Google : "On va vous interdire d'installer des apk comme vous voulez, parce que vous êtes trop nuls en sécurité." (https://sebsauvage.net/links/?NfwxuQ)

Also Google : Laisse des applications malveillantes sur son store être téléchargées 42 millions de fois.
(Permalink)
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