Nucléaire : lancement de l’EPR Flamanville (encore) reportée, jusqu’à quand ?
Le cauchemar du chantier de l’EPR de Flamanville n’en finit pas. Comme le rapportent Les Échos et Usine Nouvelle, EDF a de nouveau été contraint de reporter la divergence de son réacteur nucléaire, étape clé pour sa mise en route, en raison d’aléas techniques.
Pas de mise en route de l’EPR de Flamanville avant septembre 2024
Le réacteur EPR de Flamanville, symbole d’une nouvelle ère pour la filière nucléaire française, continue d’accumuler les retards. Lancé en 2007 avec un budget initial de 3,3 milliards d’euros et une mise en service prévue pour 2012, le projet a été maintes fois repoussé. Une fois encore, avec une facture qui s’élève à plus de 19 milliards d’euros selon les estimations de la Cour des comptes, la mise en service du réacteur a été reportée à septembre 2024, soit douze ans après la date initialement prévue.
Prévue en juillet 2024, la divergence, qui marque le début de la réaction nucléaire en chaîne, a été retardée en raison de problèmes techniques persistants, rapporte aux Echos une source proche des tests. EDF a identifié des défauts sur des capteurs et un « doigt de gant » du circuit primaire, éléments critiques pour le contrôle et la sécurité du réacteur. Pour remédier à ces problèmes, EDF a dû réaliser des opérations de maintenance supplémentaires, retardant encore la mise en service.
Des défis aussi bien techniques que financiers pour EDF
Malgré les difficultés, EDF continue d’afficher son ambition de faire de l’EPR de Flamanville un modèle de fiabilité et de sécurité. Cependant, les défis techniques rencontrés – notamment lors des tests à chaud et à froid – retardent encore la demande d’autorisation de divergence auprès de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Sans cette autorisation, la mise en route du réacteur ne pourra pas avoir lieu.
En parallèle, EDF doit composer avec une situation financière complexe. Alors que les bénéfices nets pour le premier semestre 2024 ont augmenté de 21 %, atteignant 7 milliards d’euros, la dette de l’entreprise reste élevée, à 54,2 milliards d’euros. Dans ce contexte, Luc Rémont, PDG d’EDF, a présenté le plan « Ambition 2035 », qui vise à construire les futurs réacteurs EPR2 en moins de six ans, grâce notamment, à une simplification de leurs plans de construction, pour concurrencer les performances des constructeurs chinois. Ce pari reste ambitieux, surtout au vu de l’exemple de Flamanville…
Flamanville met l’industrie nucléaire française sous pression
L’avenir de la filière nucléaire française est en jeu avec le projet de Flamanville. Malgré cela, EDF reste confiante et espère obtenir l’autorisation de divergence avant la fin de l’été 2024, condition indispensable pour lancer la production d’électricité. Néanmoins, chaque report renforce les critiques et les doutes quant à la capacité de la France à mener à bien des projets de cette envergure sur la scène internationale, en particulier face à la Chine, qui fait pousser des réacteurs nucléaires comme des champignons.
Et l’on peut dire que la concurrence est rude : depuis 2022, l’empire du Milieu a lancé la construction de 30 réacteurs depuis 2022, pour un budget total de 28 milliards d’euros, avec une livraison en moins de 56 mois par réacteur, soit environ 4 ans et demi.
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