[TEST] Black Hawk Down pour Delta Force : un bon feeling, mais des mécaniques désuètes
Annoncée dès le début du projet Delta Force, la campagne « solo » et coop Black Hawk Down pour le free-to-play chinois faisait déjà un peu tache au milieu des champs de bataille futuristes, des gadgets à la VALORANT et de la frénésie des combats à grande échelle. Au fur et à mesure du dévoilement de la partie multijoueur, qui s’avérait finalement de plutôt bonne qualité, on était curieux de voir quelle direction Team Jade allait prendre pour la partie scénarisée, reprenant le film de Ridley Scott, sorti en 2001. Étonnamment, ils ont décidé de faire un titre très exigeant où la coopération est quasiment obligatoire, globalement plaisant à jouer, mais tout de même bourré d’énormes défauts.
Genre : Tactique coopératif et jeu de mémoire | Développeurs : Team Jade | Éditeur : TiMi Studio Group (Tencent) | Plateforme : Steam, Epic Games Store | Prix : Free-to-play | Configuration recommandée : i7-8700 / Ryzen 5 5500, 16 Go de RAM, GTX 3060 / RX5700 XT / Arc A770 | Langues : Anglais, sous-titres en français | Date de sortie : 21/02/2025 | Durée : 6 à 7 heures
Test effectué sur la version Steam.
Distribution gratuite de démocratie en Somalie
Chaque joueur incarne l’un des quatre opérateurs, qui possèdent une sélection d’armes plus ou moins exclusives, ainsi qu’une capacité spéciale : partage de munition ou de soin, avoir plus de grenades… Les rôles sont complémentaires et on ne peut pas prendre deux fois le même.
Comme nous vous le disions en intro, Black Hawk Down est une adaptation du film du même nom, racontant des événements tragiques en Somalie en 1993. Et le terme « adaptation » n’est pas usurpé, car des extraits du long métrage sont visibles au début et à la fin de la campagne, tandis que des scènes ont été entièrement refaites avec le moteur du jeu, ce qui trahit d’ailleurs un coût de production assez élevée. L’ensemble se divise en sept missions collant donc au scénario original. Pour cela, les développeurs ont opté pour un level design à l’ancienne, c’est-à-dire parfaitement linéaire, ne permettant pas ou trop peu d’approches différentes. D’autre part, les ennemis – cons comme des balais – apparaissent toujours au même endroit, et auront toujours la même réaction, ce qui donne une impression très old-school. Ce n’est pas forcément gênant dans un jeu grand public accessible, comme Call of Duty: Débarquement Allié sorti en 2003, dont on sent vraiment l’inspiration au niveau de l’agencement des niveaux. Mais lorsque l’on propose une difficulté très élevée comme ici, le seul moyen de s’en sortir, c’est d’apprendre par cœur l’enchaînement des ennemis. « Après le virage, sniper sur la tour, deux ennemis arrivent du bâtiment à gauche, puis RPG sur le toit à droite. » C’est réellement ce qu’on a pu dire alors qu’on relançait une énième fois l’une des missions. On a le sentiment que même avec tout le skill du monde, il est impossible de réussir du premier coup les niveaux. Si certains sont assez classiques et progressent avec les joueurs, d’autres nous imposent un rythme qui peut être un peu frustrant. Il y a notamment une séquence de railshooting en Humvee assez désagréable, ainsi que deux missions d’escorte de convoi, qui ne pardonnent pas aux trainards. D’ailleurs, à moins d’être un superplayer, il sera franchement difficile de terminer les niveaux en solo : on tombe à court de munitions et de soins très rapidement. Une équipe de quatre est donc beaucoup plus adaptée, puisque certains soldats ont la possibilité de distribuer balles et kits de soin, et on est quatre fois plus à tirer sur les ennemis. Mais on vous prévient, même avec quatre joueurs très habitués aux FPS tactiques, on a galéré plus d’une fois.
Des mécaniques de gameplay, elles aussi de 1993
Le feeling global de Black Hawk Down est assez plaisant : les armes sont agréables à utiliser, même si certaines manquent un peu de patate. Les mouvements marchent bien pour ce gameplay très tactique, se rapprochant d’un Insurgency: Sandstorm, par exemple. Mais on ne sait pas trop pourquoi, les devs ont décidé que nos soldats étaient tous asthmatiques, et ne pouvaient pas faire plus de 20 mètres en courant. C’est extrêmement frustrant, d’autant plus dans les missions d’escorte de convois, qui ne vous attendent pas. D’autre part, pour ajouter une difficulté artificielle, il n’est pas possible de ramasser les armes des ennemis abattus, obligeant les joueurs à compter leurs balles. Un procédé vraiment désuet, anti-immersif et absolument ridicule. D’autre part, on notera l’incompréhensible disparition des corps en quelques secondes, ce qui dénote également du reste de la production – notamment visuellement. Dans le registre des mécaniques d’un autre temps, on déplorera l’absence de pénétration des balles, même dans des cartons, et on pourra parfois voir spawner certains ennemis quelques mètres devant nous, ce qui sera souvent fatal, puisque leur attaque de corps-à-corps est un one-shot. D’ailleurs, les joueurs n’en disposent pas. Donc lorsque vous aurez épuisé toutes vos munitions, il n’y aura même pas un coup de crosse pour tenter une action désespérée, il faudra forcément relancer. Et n’espérez pas de checkpoint au milieu d’un niveau, c’est du tout ou rien : en cas de mort, on recommence au début. Heureusement, les cinématiques peuvent être passées. Malgré tous ces gros défauts, l’expérience reste globalement plaisante. La raison : on est quatre à partager cette galère, à tenter d’éviter les team kill – très punitifs –, et à s’encourager mutuellement. La prochaine fois, c’est la bonne !
Une réussite visuelle, mais exigeante techniquement
L’emploi de l’Unreal Engine 5 pour cette campagne coopérative n’est pas anodin, et sans doute l’un des plus gros points de douleur pour une majorité des joueurs, qui ont exprimé leur mécontentement sur la page Steam de ce DLC gratuit. En effet, la partie multijoueur (extraction shooter et Battlefield-like) tourne merveilleusement bien sous Unreal Engine 4, et présente des environnements très corrects. Dans Black Hawk Down, il faut donc forcément une machine qui tienne la route pour faire tourner les technos du moment et soutenir un framerate correct. L’ambiance est très bonne, et la lumière – souvent ratée dans les projets utilisant le dernier moteur d’Epic, comme Killing Floor 3, par exemple – fait vraiment le taf. La direction artistique est cohérente et crédible, c’est réussi. Du côté de l’audio, par contre, on est loin de la qualité d’un Six Days in Fallujah, et la localisation du son est à chier. Heureusement qu’on peut apprendre par cœur la position des ennemis.
C’est bien, mais heureusement que c’est gratuit
La campagne Black Hawk Down pour Delta Force est gratuite, mais on n’imagine pas le scandale si elle avait été payante : elle se fait déjà défoncer sur Steam à cause de ses performances un peu exigeantes et sa difficulté, forçant à jouer en coopération et nécessitant un bon niveau de jeu. Malgré ses mécaniques de gameplay d’un autre temps (niveaux très linéaires, spawn fixe des ennemis, impossibilité de ramasser des armes à terre, pas de pénétration de balles…), le feeling est tactique et se rapproche d’un Insurgency: Sandstorm. Ajoutez à cela qu’on parcourt les niveaux avec ses potes, et cela donne un jeu tout de même assez plaisant. Ok, il faudra apprendre les enchaînements d’apparition des ennemis dans les missions les plus difficiles, mais la frustration pourra se transformer en satisfaction au bout d’un moment. Si vous avez la possibilité de trouver trois autres larrons et que vous êtes un peu chauds, vous aurez une expérience sympa de six à sept heures, pour un coût d’uniquement le temps de téléchargement.
Vous avez du mal à vous y retrouver dans le catalogue Steam ? Alors suivez le groupe de curation NoFrag pour vous aider à trier le bon grain de l’ivraie.