Difficile de voir le réel intérêt dans la proposition faite par ces Ayaneo Flip 1S au vu des tarifs demandés. Avec un ticket d’entrée à 999$ pour la moins compétente et une autonomie franchement médiocre, ces minimachines ont bien du mal à séduire.

Pourtant l’idée n’est pas mauvaise, les Ayaneo FLIP 1S proposent une alternative aux consoles PC plus traditionnelles avec l’emploi d’une interface différente. La Ayaneo FLIP 1S DS reprend le concept du double écran des Nintendo DS et la version KB embarque un clavier pour faciliter un usage plus classique.
Le problème vient des entrailles de ces engins. L’entrée de gamme est confiée à une solution Ryzen 7 8840U accompagné par 16 à 32 Go de mémoire vive et 1 à 2 To de stockage. Prix officiel ? 999$ HT. Soit 1020€ TTC environ avec 20% de TVA. Ca picote pour une machine de jeu au format forcément très limité en usages. Les versions suivantes évoluent pour atteindre, 1759$ HT pour le modèle le plus musclé. Modèle qui embarque ici un Ryzen AI 9 HX 370 avec de 32 à 64 Go de mémoire vive et toujours de 1 à 2 To de stockage. Cela nous donne 1800€ TTC avec 20% de TVA pour la version 64 Go et 2 To sous cette puce plus rapide.

J’en reviens toujours au Steam Deck comme point de comparaison, car Valve a sûrement fait l’étude de marché la plus vaste concernant ce type de produit orienté jeu. Si le Steam Deck commence à 419 € TTC, c’est pour une raison simple. Pour ce prix, ce qui ne reste qu’un gadget absolument pas indispensable et hautement spécialisé, correspond à la somme que les particuliers vont vouloir dépenser pour ce loisir d’un jeu vidéo en mobilité. Le reste est du luxe. On peut acheter un Steam Deck plus musclé et plus rapide avec un écran OLED à 569 € ou 679 €. C’est beaucoup, mais cela reste raisonnable et surtout, c’est proposé avec une alternative plus abordable.
Pour ces tarifs, Valve s’assure de la possibilité de jouer à un maximum de titres compatibles et les flèche intelligemment sur son magasin. Elle propose des mises à jour techniques régulières, un écosystème complet et cela attire suffisamment l’attention pour que les studios de développement eux-mêmes se penchent sur la plateforme.

419 € pour un Steam Deck versus 999 € pour la Ayaneo FLIP 1S, il n’y a pas de combat.
Sur la Ayaneo FLIP 1S, passé l’effet Whaou de la fiche technique qui proposera effectivement plus de performances et du format tout mignon et… super orienté vers des jeux précis, on retombe assez vite sur plein de questions. Les puces embarquées sont effectivement plus rapides que celles d’un Steam Deck mais pour quoi faire ? L’écran principal est un 7 pouces en FullHD 1445 OLED, bon point, et sur la version DS un deuxième écran de 4.5 pouces IPS en 1620 x 1080 pixels sera également présent. Combien de jeux vont prendre en charge ce système de double affichage ? Et surtout, quel impact ce second affichage aura sur la batterie ? Les Steam Deck annoncent entre 2 et 8 heures ou 3 et 12 heures de jeu possible suivant les usages. Cela grâce à une batterie de 40 à 50 Wh et des puces dont le TDP oscille entre 3 et 15 watts.
Sur les Ayaneo FLIP 1S, on retrouve des batteries de 45 Wh et des puces au TDP oscillant entre 15 et 30 watts pour la première et 15 et 54 Watts pour la seconde avec un TDP par défaut de 28 watts. L’autonomie n’est pas détaillée par AYA qui compte sur la présence d’un port USB Type-C permettant de charger en 65 Watts la machine pour compenser la batterie interne. Ce port, qui profite d’un mode Bypass, autorisera l’usage d’une batterie externe de grande capacité pour ne pas avoir à utiliser celle de la console. C’est très bien mais cela n’a aucun sens. Comment vendre un produit de ce type qui devrait, au doigt mouillé, fournir moins d’une heure d’autonomie avec un jeu sérieux et pas plus de quatre heures avec des jeux légers, pour 1000€ ? Est-ce que l’achat d’une batterie secondaire et son emploi qui alourdira d’autant votre bagage avec un câble qui viendra se connecter à la console à du sens ?
Cette vidéo nous montre parfaitement que ce second écran ne servira finalement à rien dans 99% des jeux hormis émulation de consoles Nintendo qui n’ont pas besoin d’autant de puissance. Ici, il ne fait que vider la batterie déjà faible.
La version Ayaneo FLIP 1S DS parlera évidemment aux fans d’émulation avec ce double écran qui va séduire les fans de Nintendo. Mais pour ce tarif, vous pouvez obtenir les vraies consoles sans souci avec un gros paquet de jeux en prime. Et surtout, en dehors de cette émulation, le second écran peine à convaincre. Envie de jouer à un titre PC plus classique ? L’écran secondaire devient alors un « allié » un peu gourmand en ressources. Un logiciel, AyaSpace 3.0, permet de le piloter. Il pourra accueillir des raccourcis, proposer un suivi des performances de la console en nombre d’images par seconde ou vous avertir de la chauffe des composants. Il sera également possible de l’exploiter en clavier virtuel ou comme pavé tactile. C’est mignon, mais cela aura un coût important en termes d’autonomie. Résultat, pour tout ce qui sera autre chose que l’émulation de Nintendo DS ou assimilés, le second écran restera éteint pour gagner quelques dizaines de minutes de jeu supplémentaires. Super investissement.
La version clavier, la Ayaneo FLIP 1S KB, sera évidemment plus robuste en termes d’autonomie. Mais cela ne devrait pas faire de miracles puisque les fondamentaux techniques sont les mêmes. Il faudra jouer avec un fil à la patte si on veut utiliser la console pour un voyage en train, même en TGV.

Un choix qui s’explique par la faible diffusion des produits de la marque.
AYA n’a pas beaucoup d’autres choix que de viser des machines haut de gamme. La rentabilité n’est clairement pas assurée avec des produits plus accessibles. En visant le marché du jeu vidéo, elle doit essayer de proposer des performances élevées pour tenter de coller aux besoins des titres les plus en vue. Surtout en s’appuyant sur Windows pour y parvenir. La marque ne vendra pas assez de ces consoles pour rentabiliser sa Recherche et Développement si elle les propose avec une puce plus abordable. Et surtout, elle n’en a pas envie. Depuis sa naissance, la marque emploie un développement qui n’est qu’une fuite en avant de modèles qui se suivent les uns après les autres sans que le constructeur propose de mises à jour à long terme.
Si on la compare avec GPD qui a une autre approche pour un produit très similaire dans son format avec le Micro PC 2, on comprend bien la nuance. Le GPD ne vise pas le marché du jeu, il est moins cher avec un équipement largement inférieur. Mais paradoxalement, la première version de ce netbook est en vente depuis… 2019. Elle a été mise à jour en termes de processeur et de mémoire, mais c’est le même châssis depuis 6 ans. La rentabilité s’est faite dans la durée parce que son argument de vente n’a jamais été la performance. La marque a visé la portabilité, les possibilités logicielles et la connectique. Des éléments qui ne vieillissent pas aussi vite que le nombre de FPS sur le dernier jeu à la mode. En augmentant la durée de vie de son produit, GPD a pu calculer un retour sur investissement dans le temps. Là où AYA cherche à faire surtout un « coup » en vendant ses consoles sur une courte période. D’ailleurs avez-vous déjà vu des produits AYA en vente en boutique ? Cela existe mais c’est un commerce assuré par des petites structures qui achètent chez AYA comme des particuliers pour revendre ensuite sur des places de marché à des gens frileux pour commander en Asie. A ma connaissance, AYA ne distribue pas ses produits comme un grossiste.

Un design qui pose question
Avec un peu de recul, le format n’est pas rêvé. Qui a envie de lancer les derniers jeux 3D sur un écran de 7 pouces en comptant sur l’ergonomie proposée par ces consoles ? Là encore, Valve a fait ses calculs et a bien compris que la solution n’était pas de viser les derniers jeux 3D à la mode mais de proposer une interface permettant d’optimiser le fond de catalogue de ses clients. Là où le Steam Deck permet à des gens n’ayant plus le temps de jouer de retrouver ce loisir, les Ayaneo FLIP 1S nécessitent d’investir largement dans ce loisir pour un résultat pas formidable.
La question est simple, vaut-il mieux pour un joueur, dépenser le même budget dans un ordinateur portable à 1000€ déjà capable de beaucoup de choses et dans un Steam Deck OLED en prime ou dans un FLIP pour le même tarif ? Je vois déjà poindre les communications des divers médias qui vont recevoir des exemplaires de cet engin sans les payer. Et qui vont les encenser parce que, dans ces conditions de test et sans avoir à débourser un centime, ces engins sont évidemment des gadgets très séduisants. Mais en pratique, dépenser autant d’argent pour un produit aussi peu autonome et aussi spécialisé en sauge, n’a évidemment pas grand intérêt.
A mon sens, le jeu n’en vaut vraiment pas la chandelle. Le même engin, notamment en version KB avec son mignon petit clavier, proposé pour moins cher avec une puce moins puissante dans une console plus autonome, aurait plus de sens. Ici, dans ce développement qui embarque des processeurs que certains ordinateurs portables ont du mal à encaisser et dans ce format si étroit, la Ayaneo FLIP 1S n’a franchement pas grand intérêt.
Ayaneo FLIP 1S : des minimachines intéressantes mais trop chères © MiniMachines.net. 2025