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Reçu aujourd’hui — 10 octobre 2025

Minecraft a été une débâcle critique, mais une suite arrive quand même

10 octobre 2025 à 08:27

Les critiques étaient globalement unanimes : Minecraft, le film n'est pas vraiment un bon film. Mais il a frôlé le milliard de dollars au box office, alors que croyez-vous qu'il s'est passé ? Une suite a été lancée.

La PNIJ a intercepté 31 millions d’appels, 500 000 MMS et 500 To de datas en 2024

10 octobre 2025 à 15:00
Tenir en Thales
La PNIJ a intercepté 31 millions d’appels, 500 000 MMS et 500 To de datas en 2024

Longtemps brocardée pour ses retards, surcoûts et pannes à répétition, la plateforme nationale des interceptions judiciaires donnerait presque satisfaction à ses 70 000 utilisateurs. Ils pointent cependant ses problèmes d’ergonomie, de fluidité et de fonctionnalités. Initialement externalisée auprès de Thales, des travaux seraient prévus afin d’en internaliser l’hébergement, sans plus de précisions.

Dans un rapport intitulé « Maîtriser les frais de justice pour mieux rendre la justice », la commission des finances du Sénat constate que « leur coût a été de 716 millions d’euros 2024, en hausse de 51,2 pour cent par rapport à 2013 », alors que l’inflation n’a été que de 19,1 % dans le même temps.

Dans un premier article, nous sommes revenus sur les différents types de « frais d’enquête », les raisons de cette inflation budgétaire, pourquoi certains experts devaient attendre « plusieurs mois, voire plusieurs années », avant de recouvrir les « milliers, voire plusieurs dizaines de milliers d’euros » que l’État leur doit, le coût des expertises informatiques et le fait que le droit français et européen interdit le remplacement des traducteurs et interprètes humains par des IA.

Ce second article revient plus particulièrement sur les frais de justice en matière d’interceptions judiciaires, ainsi que sur les économies et problèmes associés à la plateforme nationale des interceptions judiciaires (PNIJ).

Comme indiqué dans le premier article, ces derniers représentent 11,3 % de la totalité des frais de justice. Ils n’ont pourtant augmenté que de 1,4 % depuis 2019, contrairement à de nombreux autres postes budgétaires qui, à l’instar des expertises médicales, ont explosé de +- 50 %.

En 2024, le coût des interceptions judiciaires a été de 81,3 millions d’euros, contre 93 millions en 2017, soit une baisse moyenne de 2 % par an. Ces 81 millions représentent toutefois une somme « très supérieure à celle prévue en début d’exercice », qui était de 61,1 millions d’euros, soit + 32,6 %, relève le rapporteur.

Cet écart, précise-t-il, peut s’expliquer par le « caractère relativement imprévisible » des dépenses en interception judiciaire, qui dépend du nombre et de la nature des enquêtes conduites en cours d’année.

La justice étant « passée d’une culture de la preuve par l’aveu à une culture de la preuve matérielle ou scientifique », le nombre des actes prescrits au cours d’une enquête par les juges ou les officiers de police judiciaire a logiquement augmenté, « en particulier s’agissant d’actes coûteux » :

« Il a ainsi été indiqué au rapporteur spécial que le juge, aujourd’hui, s’attend, dans de nombreuses affaires, à trouver dans son dossier des preuves tirées d’interceptions judiciaires ou de l’exploitation du téléphone portable de la victime. »

En l’espèce, l’enquête initiée pour retrouver Mohamed Amra (le narcotrafiquant dont l’évasion, suite à l’attaque d’un fourgon pénitentiaire au péage d’Incarville, avait valu à deux surveillants d’être exécutés), avait reposé sur une utilisation « très importante » des données issues des interceptions judiciaires.

Et ce, d’autant qu’aux traditionnelles écoutes téléphoniques, s’ajoutent « de plus en plus » le recueil des données de connexion et de géolocalisation des criminels, « car les communications vocales sont souvent cryptées (sic) de nos jours », précise le rapporteur.

Un grand sentiment d’insécurité juridique chez les procureurs et enquêteurs

L’évolution des dépenses peut aussi s’expliquer par des circonstances conjoncturelles, relève le rapporteur pour qui le « creux » constaté en 2022 « semble lié aux incertitudes rencontrées cette année-là sur le régime d’accès aux données de connexion, qui pourrait représenter un risque dans les années à venir pour la conduite des enquêtes ».


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[$] Enhancing FineIBT

Par :jake
10 octobre 2025 à 14:32
At the Linux Security Summit Europe (LSS EU), Scott Constable and Sebastian Österlund gave a talk on an enhancement to a control-flow integrity (CFI) protection that was added to the kernel several years ago. The "FineIBT: Fine-grain Control-flow Enforcement with Indirect Branch Tracking" mechanism was merged for Linux 6.2 in early 2023 to harden the kernel against CFI attacks of various sorts, but needed some fixes and enhancements more recently. The talk looked at the CFI vulnerability problem, FineIBT, and an enhanced version that is hoped to be able to unify all of the disparate hardware and software mitigations to address both regular and speculative CFI vulnerabilities.

Battlefield 6 est là, mais préparez-vous à de grosses files d’attente

10 octobre 2025 à 13:33

La sortie de Battlefield 6 est toute proche, et les joueurs et les joueuses, évidemment, trépignent. Mais attention, le lancement risque d'être contrariant. En tout cas, le studio prévient qu'il y aura de l'attente et qu'un système de queue est prévu.

Minecraft a été une débâcle critique, mais bien sûr qu’on aura droit à une suite au cinéma

10 octobre 2025 à 08:26

Les critiques étaient globalement unanimes : Minecraft, le film n'est pas vraiment un bon film. Mais il a frôlé le milliard de dollars au box office, alors que croyez-vous qu'il s'est passé ? Une suite a été lancée.

Scanners pédiatriques, pas d’affolement ! 

10 octobre 2025 à 05:22

Faut-il avoir peur des rayons X ? Une vaste enquête nord-américaine relance le débat sur les radiations médicales, évoquant jusqu’à un cancer pédiatrique sur dix lié aux scanners. Radioscopie de conclusions à relativiser.

Il est 22 h à l’hôpital. Un enfant fiévreux et anémié arrive aux urgences, ses parents inquiets redoutent une infection grave. Pour lever le doute, les médecins réalisent un scanner en urgence. L’examen est normal, soulagement général. Mais ce soulagement a un revers invisible : une dose de rayons X administrée à l’enfant. L’utilisation de la tomodensitométrie, plus connue sous le nom de scanner, s’est répandue de manière fulgurante, passant d’environ trois millions d’examens en 1980 à soixante-deux millions au milieu des années 2000 aux États-Unis. En France, on estime qu’environ onze millions de ces examens sont réalisés chaque année. Face à cette explosion, la question des risques liés aux rayonnements refait surface. Une nouvelle étude parue dans The New England Journal of Medicine vient justement de quantifier ce « coût caché » : elle suggère qu’un cas de cancer sur dix chez l’enfant pourrait être attribuable aux radiations mentionnées. Faut-il s’inquiéter d’un chiffre aussi important ? Comment ce risque se compare-t-il aux autres sources de radiation, et que faire pour le réduire sans renoncer aux outils favorisant le diagnostic ?

Des risques réels, mais très relatifs

L’étude nord-américaine a suivi 3,7 millions d’enfants nés entre 1996 et 2016 sur son continent. Les chercheurs ont mesuré la dose de rayonnement reçue par la moelle osseuse, exprimée en milligrays (mGy), qui quantifient l’énergie déposée dans un tissu, et analysé la survenue de cancers hématologiques comme les leucémies et les lymphomes. Leur constat : plus la dose cumulée est élevée, plus le risque croît. Les enfants ayant reçu entre 50 et 100 mGy voyaient leur risque relatif multiplié par environ 3,6. Selon les auteurs, environ 10 % des cancers du sang observés dans cette cohorte pourraient être attribués à l’imagerie. En termes de risque absolu, cela correspondait à une incidence cumulée de 55,1 cancers hématologiques pour 10 000 enfants exposés, contre 14,3 pour 10 000 chez les non exposés, soit un excès de 40,8 cas pour 10 000 enfants (environ 0,4 % supplémentaires). Ces chiffres frappent les esprits, mais ils reflètent un passé révolu : l’étude s’arrête en 2017 et repose sur des scanners souvent installés dans les années 2000, bien plus irradiants que les machines utilisées aujourd’hui. De plus, les grandes études épidémiologiques sont sujettes à des biais, notamment de sélection : les enfants subissant plusieurs scanners sont souvent déjà atteints de maladies graves, ce qui peut exagérer statistiquement le lien entre exposition et cancer.

Ce surrisque n’est pas une réelle découverte. Une étude européenne EPI-CT a déjà analysé plus de 658 000 enfants ayant subi des scanners de la tête, avec une dose moyenne de 38 mGy au cerveau par examen. Elle a recensé 165 tumeurs cérébrales malignes et estime qu’un seul de ces examens pourrait induire, pour 10 000 enfants, un cas supplémentaire de tumeur dans les cinq à quinze années suivantes. L’ASNR indique aussi qu’en France, environ 100 000 scanners sont réalisés chaque année chez les enfants de 0 à 15 ans. Si les doses pouvaient être réduites de moitié, l’excès de risque attendu serait très limité (quelques cas supplémentaires sur une décennie), dans un contexte global de milliers de tumeurs survenant spontanément. De quoi relativiser et rassurer les parents inquiets face à des titres parfois sensationnalistes et sans nuance.

Comparer pour comprendre

Pour mieux situer les doses, rappelons que l’exposition naturelle aux rayonnements est en moyenne de 2 à 4 mSv 1 par an, principalement liée au radon présent dans l’air des habitations et aux roches granitiques dans certaines régions comme la Bretagne, où l’irradiation naturelle peut atteindre localement 5 à 7 mSv par an. Les rayons cosmiques contribuent aussi, surtout en altitude ou lors des vols aériens. À titre de comparaison, un vol Nice–New York de six heures représente environ 0,02 mSv, une dose proche de ce que délivre une radiographie pulmonaire. Les aliments comme les fruits de mer apportent une dose très faible et le tabac expose également, mais ces apports restent mineurs comparés au radon. Une radiographie de l’abdomen correspond à environ 0,7 mSv, soit trois à quatre mois d’irradiation naturelle. Un scanner de la tête délivre en moyenne 1,6 à 2 mSv, l’équivalent de huit à dix mois de rayonnement naturel ou 100 longs courriers. Un scanner thoracique adulte est plutôt autour de 6 mSv, soit environ deux ans et demi d’exposition naturelle. Une tomodensitométrie de l’abdomen ou de la colonne lombaire atteint 7 à 8 mSv, soit environ trois années de rayonnement naturel.

La révolution des “basses doses”

La bonne nouvelle, c’est que les machines de 2025 n’ont plus rien à voir avec celles d’il y a vingt ans. On parle désormais de scanners dits « basse dose ». Les innovations permettent de réduire l’irradiation tout en maintenant, voire en améliorant, la qualité des images. On utilise la modulation automatique du faisceau, des filtres adaptatifs, des détecteurs plus sensibles, et des reconstructions d’image assistées par algorithmes ou intelligence artificielle. Certains hôpitaux disposent déjà de scanners à comptage photonique capables de diminuer la dose d’environ 50 % tout en offrant une excellente résolution. Les autorités sanitaires françaises constatent une baisse continue des niveaux de référence diagnostiques entre 2016 et 2021 et encouragent des valeurs encore plus basses pour les enfants.

Malgré tout, pour que les progrès technologiques se traduisent concrètement par une réduction des doses, il est essentiel de renouveler régulièrement les appareils, idéalement tous les cinq à sept ans. Si la tarification des actes techniques est trop compressée, par exemple avec la réduction envisagée de 11 % dans la loi de financement de la Sécurité sociale, cela pourrait ralentir l’investissement dans du matériel moderne et compromettre l’effort de diminution des doses reçues par les patients.

Rassurer sans banaliser

En conclusion pour les parents, le message est rassurant mais demande de rester attentif : un scanner bien paramétré sur une machine récente délivre une dose faible, souvent inférieure ou comparable à l’irradiation naturelle annuelle. Lorsqu’un médecin prescrit un scanner, c’est parce qu’il attend un bénéfice diagnostique majeur. Plutôt que de craindre l’examen, il vaut mieux questionner son utilité, vérifier s’il existe une alternative sans rayons comme avec une échographie ou une IRM et s’assurer que l’appareil est moderne et adapté à l’enfant. Le principe ALARA (« As Low As Reasonably Achievable » ou aussi bas que raisonnablement possible) doit toujours guider la pratique. L’histoire de l’imagerie médicale n’est pas celle de la peur, mais celle du progrès réfléchi. Les scanners d’hier irradiaient beaucoup plus ; ceux d’aujourd’hui, bien utilisés, protègent tout en permettant de voir encore mieux.

  1. Pour interpréter les chiffres, rappelons que le gray (mGy) mesure l’énergie déposée, tandis que le sievert (mSv) intègre la sensibilité biologique des tissus exposés. Le discours public emploie plutôt souvent les mSv pour exprimer le risque de cancer. ↩

L’article Scanners pédiatriques, pas d’affolement !  est apparu en premier sur Les Électrons Libres.

Reçu hier — 9 octobre 2025

Le trailer de A Knight of the Seven Kingdoms est là, et voilà 4 détails que vous avez pu rater

9 octobre 2025 à 18:03

A Knight of the Seven Kingdoms, adaptation du Chevalier errant (The Hedge Knight) par HBO Max, arrive bientôt en streaming. Un premier trailer est sorti, et quelques éléments méritent toute votre attention.

[$] Last-minute /boot boost for Fedora 43

Par :jzb
9 octobre 2025 à 15:44

Sudden increases in the size of Fedora's initramfs files have prompted the project to fast-track a proposal to increase the default size of the /boot partition for new installs of Fedora 43 and later. The project has also walked back a few changes that have contributed to larger initramfs files, but the ever-increasing size of firmware means that the need for more room is unavoidable. The Fedora Engineering Steering Council (FESCo) has approved a last-minute change just before the final freeze for Fedora 43 to increase the default size of the /boot partition from 1GB to 2GB; this will leave plenty of space for kernels and initramfs images if a user is installing from scratch, but it is of no help for users upgrading from Fedora 42.

Ubuntu 25.10 released

Par :jzb
9 octobre 2025 à 15:26

Ubuntu 25.10, "Questing Quokka", has been released. This release includes Linux 6.17, GNOME 49, GCC 15, Python 3.13.7, Rust 1.85, and more. This release also features Rust-based implementations of sudo and coreutils; LWN covered the switch to the Rust-based tools in March. The 25.10 version of Ubuntu flavors Edubuntu, Kubuntu, Lubuntu, Ubuntu Budgie, Ubuntu Cinnamon, Ubuntu Kylin, Ubuntu MATE, Ubuntu Studio, and Xubuntu have also been released.

Security updates for Thursday

Par :jake
9 octobre 2025 à 15:00
Security updates have been issued by AlmaLinux (gnutls, kernel, kernel-rt, and open-vm-tools), Debian (chromium, python-django, and redis), Fedora (chromium, insight, mirrorlist-server, oci-seccomp-bpf-hook, rust-maxminddb, rust-prometheus, rust-prometheus_exporter, rust-protobuf, rust-protobuf-codegen, rust-protobuf-parse, rust-protobuf-support, turbo-attack, and yarnpkg), Oracle (iputils, kernel, open-vm-tools, redis, and valkey), Red Hat (perl-File-Find-Rule and perl-File-Find-Rule-Perl), SUSE (expat, ImageMagick, matrix-synapse, python-xmltodict, redis, redis7, and valkey), and Ubuntu (fort-validator and imagemagick).

L’Allemagne fait capoter le projet controversé de surveillance des messageries ChatControl

9 octobre 2025 à 13:47
Rechtsstaat tabu
L’Allemagne fait capoter le projet controversé de surveillance des messageries ChatControl

Le projet controversé Chat Control, que la Commission peine à faire adopter depuis trois ans, était « l’une des priorités phares » du Danemark, qui préside le Conseil de l’UE. Mais l’Allemagne, opposée de longue date au projet, vient de nouveau de réitérer son rejet de ce que sa ministre de la Justice a qualifié de « suspicion généralisée ».

Qualifiée de « projet de loi européen le plus critiqué de tous les temps », le projet de règlement européen « établissant des règles en vue de prévenir et de combattre les abus sexuels sur enfants » (ou CSAR, pour Child Sexual Abuse Regulation) et que la Commission européenne cherche à faire adopter depuis 2022, vient une fois de plus de se heurter au mur des défenseurs des droits humains.

Comme Next l’a déjà moult fois raconté, il propose notamment de scanner les images et adresses URL avant qu’elles ne soient envoyées, directement sur les terminaux des utilisateurs de messageries, notamment chiffrées. Ce qui reviendrait à une forme de « surveillance de masse », et casserait la notion de chiffrement de bout en bout.

« Le contrôle injustifié des conversations en ligne doit être tabou dans un État de droit », vient de déclarer Stefanie Hubig, ministre fédérale allemande de la Justice et de la Protection des consommateurs, ajoutant que « les communications privées ne doivent jamais faire l’objet d’une suspicion généralisée » :

« L’État ne doit pas non plus contraindre les messageries instantanées à scanner en masse les messages avant leur envoi afin de détecter tout contenu suspect. L’Allemagne ne donnera pas son accord à de telles propositions au niveau européen. Nous devons également progresser dans la lutte contre la pornographie enfantine au niveau européen. Je m’engage en ce sens. Mais même les crimes les plus graves ne justifient pas la renonciation aux droits civiques fondamentaux. J’insiste sur ce point depuis des mois lors des votes du gouvernement fédéral. Et je continuerai à le faire. »

La veille, Jens Spahn, président du groupe CDU/CSU au Bundestag, qui fait partie de la coalition au pouvoir en Allemagne, avait confirmé que le gouvernement allemand s’opposerait « au contrôle sans motif des chats », ce « client side scanning » (scan côté client) ayant vocation à analyser l’intégralité des images (photos et vidéos) et textes (à la recherche des URL) avant qu’elles ne soient partagées :

« Cela reviendrait à ouvrir toutes les lettres à titre préventif pour vérifier qu’elles ne contiennent rien d’illégal. C’est inacceptable, cela n’arrivera pas avec nous. »

Une « double majorité qualifiée » impossible à obtenir

Or, comme Next l’avait expliqué en septembre dernier, il faut en effet que 15 des 27 États membres de l’UE « au moins », représentant collectivement 65 % de la population « au moins », approuvent les textes soumis au Conseil de l’Union européenne pour parvenir à un accord, une procédure qualifiée de « double majorité qualifiée ».

Jusqu’à fin août, 15 pays soutenaient le projet, et 4 s’y opposaient. Les partisans de la proposition danoise ne sont plus que 12 (Bulgarie, Croatie, Chypre, Danemark, Espagne, France, Hongrie, Irlande, Lituanie, Malte, Portugal et Suède) contre 10 opposants (Autriche, République tchèque, Estonie, Finlande, Allemagne, Luxembourg, Pays-Bas, Pologne, Slovaquie et Slovénie), et 5 indécis (Belgique, Grèce, Italie, Lettonie, Roumanie), comme le relève le site chatcontrol.eu.

Or, les 12 pays partisans ne représentent plus que 38,82 % de la population européenne, et les 5 indécis 22,68 %. Le ralliement de l’Allemagne (qui représente, à elle seule, 18,56 % de la population européenne) au camp des opposants rend impossible l’obtention de la « double majorité qualifiée » requise.

Le projet ne sera d’ailleurs pas soumis au vote lors de la prochaine réunion des ministres de l’Intérieur de l’UE comme initialement prévu, ont expliqué des sources diplomatiques à l’ORF, la radiotélédiffusion publique autrichienne :

« Mais cela ne signifie pas pour autant que le sujet soit définitivement clos. Le Danemark ou les prochaines présidences du Conseil de l’UE pourraient remettre une proposition révisée sur la table. »

Pour la première fois, même les conservateurs émettent des critiques

« C’est une victoire formidable pour la liberté qui prouve que la protestation fonctionne ! », s’est pour sa part félicité l’ex-eurodéputé pirate Patrick Breyer, qui combat ce projet depuis des années et dont le blog constitue la ressource la plus complète à ce sujet :

« Face à une vague d’appels et d’e-mails du public, les sociaux-démocrates tiennent bon et, pour la première fois, même les dirigeants conservateurs émettent des critiques. Sans la résistance inlassable des citoyens, des scientifiques et des organisations, les gouvernements de l’UE auraient adopté la semaine prochaine une loi totalitaire sur la surveillance de masse, signant la fin de la confidentialité numérique. Le fait que nous ayons réussi à empêcher cela, pour l’instant, est un moment à célébrer. »

Un ingénieur logiciel de 30 ans aurait contribué au revirement

POLITICO souligne de son côté que le site fightchatcontrol.eu, lancé le 6 août dernier par un ingénieur logiciel danois de 30 ans, aurait contribué à « saturer » de courriels les responsables gouvernementaux nationaux et membres du Parlement européen, et même « provoqué une vive agitation dans les couloirs du pouvoir à Bruxelles ».

POLITICO a pu vérifier l’identité de celui qui se fait appeler Joachim. Il refuse en effet de rendre public son nom ainsi que celui de son employeur qui, n’ayant « aucun intérêt commercial » associé à ce projet, ne souhaite pas être associé à cette campagne.

L’ingénieur, qui aurait pris en charge seul les coûts liés au site web, a répondu à POLITICO que, début octobre, plus de 2,5 millions de personnes avaient visité son site web, et qu’il estimait que ce dernier avait permis d’envoyer plusieurs millions de courriels.

« Cette campagne semble avoir placé le sujet au premier plan dans les États membres où il n’y avait auparavant que peu ou pas de débat public », estime Ella Jakubowska, responsable des politiques d’European Digital Rights (EDRi), qui réunit les principales ONG européennes de défense des libertés numériques.

« La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, doit désormais admettre l’échec de son projet dystopique Control Chat », estime Patrick Breyer, pour qui la Commission « doit définitivement retirer ce projet de loi irréparable, qui n’a pas réussi à obtenir la majorité au Conseil depuis des années » :

« Elle devrait plutôt adopter l’alternative proposée par le Parlement européen, qui garantit une protection efficace des enfants sans surveillance de masse : des applications plus sûres grâce à la « sécurité dès la conception », la suppression proactive des contenus illégaux en ligne et des obligations de retrait rapide. »

Le chiffrement est essentiel à l’indépendance numérique de l’Europe

Plus de 40 entreprises et ONG européennes soucieuses de la protection de la vie privée avaient cosigné plus tôt cette semaine une lettre ouverte aux États membres de l’UE, rappelant pourquoi la proposition reviendrait à installer une « porte dérobée » dans les terminaux des citoyens européens :

« L’avenir numérique de l’Europe dépend de la compétitivité de ses propres entreprises. Or, obliger les services européens à affaiblir leurs normes de sécurité en analysant tous les messages, même cryptés (sic), à l’aide d’une analyse côté client, compromettrait la sécurité des utilisateurs en ligne et irait à l’encontre des normes élevées de l’Europe en matière de protection des données. Par conséquent, les utilisateurs européens – particuliers et entreprises – et les clients mondiaux perdront confiance dans nos services et se tourneront vers des fournisseurs étrangers. Cela rendra l’Europe encore plus dépendante des géants américains et chinois de la technologie qui ne respectent pas actuellement nos règles, sapant ainsi la capacité de l’Union à être compétitive. »

Elle rappelle que le RGPD est « l’un des rares, voire le seul avantage concurrentiel dont dispose l’Europe par rapport aux États-Unis et à la Chine dans le secteur technologique ». Et ce, alors que les mesures telles que NIS2, la loi sur la cyberrésilience et la loi sur la cybersécurité « reconnaissent que le chiffrement est essentiel à l’indépendance numérique de l’Europe ».

Plusieurs Français figurent parmi les signataires : Commown, CryptPad, E-Foundation, la FFDN, Gentils Nuages, Hashbang, LeBureau.coop, Logilab, Murena, Nym, Octopuce, Olvid, TeleCoop et XWiki.

L’Allemagne fait capoter le projet controversé de surveillance des messageries ChatControl

9 octobre 2025 à 13:47
Rechtsstaat tabu
L’Allemagne fait capoter le projet controversé de surveillance des messageries ChatControl

Le projet controversé Chat Control, que la Commission peine à faire adopter depuis trois ans, était « l’une des priorités phares » du Danemark, qui préside le Conseil de l’UE. Mais l’Allemagne, opposée de longue date au projet, vient de nouveau de réitérer son rejet de ce que sa ministre de la Justice a qualifié de « suspicion généralisée ».

Qualifiée de « projet de loi européen le plus critiqué de tous les temps », le projet de règlement européen « établissant des règles en vue de prévenir et de combattre les abus sexuels sur enfants » (ou CSAR, pour Child Sexual Abuse Regulation) et que la Commission européenne cherche à faire adopter depuis 2022, vient une fois de plus de se heurter au mur des défenseurs des droits humains.

Comme Next l’a déjà moult fois raconté, il propose notamment de scanner les images et adresses URL avant qu’elles ne soient envoyées, directement sur les terminaux des utilisateurs de messageries, notamment chiffrées. Ce qui reviendrait à une forme de « surveillance de masse », et casserait la notion de chiffrement de bout en bout.

« Le contrôle injustifié des conversations en ligne doit être tabou dans un État de droit », vient de déclarer Stefanie Hubig, ministre fédérale allemande de la Justice et de la Protection des consommateurs, ajoutant que « les communications privées ne doivent jamais faire l’objet d’une suspicion généralisée » :

« L’État ne doit pas non plus contraindre les messageries instantanées à scanner en masse les messages avant leur envoi afin de détecter tout contenu suspect. L’Allemagne ne donnera pas son accord à de telles propositions au niveau européen. Nous devons également progresser dans la lutte contre la pornographie enfantine au niveau européen. Je m’engage en ce sens. Mais même les crimes les plus graves ne justifient pas la renonciation aux droits civiques fondamentaux. J’insiste sur ce point depuis des mois lors des votes du gouvernement fédéral. Et je continuerai à le faire. »

La veille, Jens Spahn, président du groupe CDU/CSU au Bundestag, qui fait partie de la coalition au pouvoir en Allemagne, avait confirmé que le gouvernement allemand s’opposerait « au contrôle sans motif des chats », ce « client side scanning » (scan côté client) ayant vocation à analyser l’intégralité des images (photos et vidéos) et textes (à la recherche des URL) avant qu’elles ne soient partagées :

« Cela reviendrait à ouvrir toutes les lettres à titre préventif pour vérifier qu’elles ne contiennent rien d’illégal. C’est inacceptable, cela n’arrivera pas avec nous. »

Une « double majorité qualifiée » impossible à obtenir

Or, comme Next l’avait expliqué en septembre dernier, il faut en effet que 15 des 27 États membres de l’UE « au moins », représentant collectivement 65 % de la population « au moins », approuvent les textes soumis au Conseil de l’Union européenne pour parvenir à un accord, une procédure qualifiée de « double majorité qualifiée ».

Jusqu’à fin août, 15 pays soutenaient le projet, et 4 s’y opposaient. Les partisans de la proposition danoise ne sont plus que 12 (Bulgarie, Croatie, Chypre, Danemark, Espagne, France, Hongrie, Irlande, Lituanie, Malte, Portugal et Suède) contre 10 opposants (Autriche, République tchèque, Estonie, Finlande, Allemagne, Luxembourg, Pays-Bas, Pologne, Slovaquie et Slovénie), et 5 indécis (Belgique, Grèce, Italie, Lettonie, Roumanie), comme le relève le site chatcontrol.eu.

Or, les 12 pays partisans ne représentent plus que 38,82 % de la population européenne, et les 5 indécis 22,68 %. Le ralliement de l’Allemagne (qui représente, à elle seule, 18,56 % de la population européenne) au camp des opposants rend impossible l’obtention de la « double majorité qualifiée » requise.

Le projet ne sera d’ailleurs pas soumis au vote lors de la prochaine réunion des ministres de l’Intérieur de l’UE comme initialement prévu, ont expliqué des sources diplomatiques à l’ORF, la radiotélédiffusion publique autrichienne :

« Mais cela ne signifie pas pour autant que le sujet soit définitivement clos. Le Danemark ou les prochaines présidences du Conseil de l’UE pourraient remettre une proposition révisée sur la table. »

Pour la première fois, même les conservateurs émettent des critiques

« C’est une victoire formidable pour la liberté qui prouve que la protestation fonctionne ! », s’est pour sa part félicité l’ex-eurodéputé pirate Patrick Breyer, qui combat ce projet depuis des années et dont le blog constitue la ressource la plus complète à ce sujet :

« Face à une vague d’appels et d’e-mails du public, les sociaux-démocrates tiennent bon et, pour la première fois, même les dirigeants conservateurs émettent des critiques. Sans la résistance inlassable des citoyens, des scientifiques et des organisations, les gouvernements de l’UE auraient adopté la semaine prochaine une loi totalitaire sur la surveillance de masse, signant la fin de la confidentialité numérique. Le fait que nous ayons réussi à empêcher cela, pour l’instant, est un moment à célébrer. »

Un ingénieur logiciel de 30 ans aurait contribué au revirement

POLITICO souligne de son côté que le site fightchatcontrol.eu, lancé le 6 août dernier par un ingénieur logiciel danois de 30 ans, aurait contribué à « saturer » de courriels les responsables gouvernementaux nationaux et membres du Parlement européen, et même « provoqué une vive agitation dans les couloirs du pouvoir à Bruxelles ».

POLITICO a pu vérifier l’identité de celui qui se fait appeler Joachim. Il refuse en effet de rendre public son nom ainsi que celui de son employeur qui, n’ayant « aucun intérêt commercial » associé à ce projet, ne souhaite pas être associé à cette campagne.

L’ingénieur, qui aurait pris en charge seul les coûts liés au site web, a répondu à POLITICO que, début octobre, plus de 2,5 millions de personnes avaient visité son site web, et qu’il estimait que ce dernier avait permis d’envoyer plusieurs millions de courriels.

« Cette campagne semble avoir placé le sujet au premier plan dans les États membres où il n’y avait auparavant que peu ou pas de débat public », estime Ella Jakubowska, responsable des politiques d’European Digital Rights (EDRi), qui réunit les principales ONG européennes de défense des libertés numériques.

« La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, doit désormais admettre l’échec de son projet dystopique Control Chat », estime Patrick Breyer, pour qui la Commission « doit définitivement retirer ce projet de loi irréparable, qui n’a pas réussi à obtenir la majorité au Conseil depuis des années » :

« Elle devrait plutôt adopter l’alternative proposée par le Parlement européen, qui garantit une protection efficace des enfants sans surveillance de masse : des applications plus sûres grâce à la « sécurité dès la conception », la suppression proactive des contenus illégaux en ligne et des obligations de retrait rapide. »

Le chiffrement est essentiel à l’indépendance numérique de l’Europe

Plus de 40 entreprises et ONG européennes soucieuses de la protection de la vie privée avaient cosigné plus tôt cette semaine une lettre ouverte aux États membres de l’UE, rappelant pourquoi la proposition reviendrait à installer une « porte dérobée » dans les terminaux des citoyens européens :

« L’avenir numérique de l’Europe dépend de la compétitivité de ses propres entreprises. Or, obliger les services européens à affaiblir leurs normes de sécurité en analysant tous les messages, même cryptés (sic), à l’aide d’une analyse côté client, compromettrait la sécurité des utilisateurs en ligne et irait à l’encontre des normes élevées de l’Europe en matière de protection des données. Par conséquent, les utilisateurs européens – particuliers et entreprises – et les clients mondiaux perdront confiance dans nos services et se tourneront vers des fournisseurs étrangers. Cela rendra l’Europe encore plus dépendante des géants américains et chinois de la technologie qui ne respectent pas actuellement nos règles, sapant ainsi la capacité de l’Union à être compétitive. »

Elle rappelle que le RGPD est « l’un des rares, voire le seul avantage concurrentiel dont dispose l’Europe par rapport aux États-Unis et à la Chine dans le secteur technologique ». Et ce, alors que les mesures telles que NIS2, la loi sur la cyberrésilience et la loi sur la cybersécurité « reconnaissent que le chiffrement est essentiel à l’indépendance numérique de l’Europe ».

Plusieurs Français figurent parmi les signataires : Commown, CryptPad, E-Foundation, la FFDN, Gentils Nuages, Hashbang, LeBureau.coop, Logilab, Murena, Nym, Octopuce, Olvid, TeleCoop et XWiki.

Les frais liés aux expertises informatiques judiciaires ont explosé de 111 % en cinq ans

9 octobre 2025 à 12:00
Les Experts : mi-amis
Les frais liés aux expertises informatiques judiciaires ont explosé de 111 % en cinq ans

Signe de la dépendance de plus en plus grande aux preuves numériques, le budget dédié aux experts de justice en informatique est passé de 8 à 19 millions d’euros par an. Si les frais d’interprétariat et de traduction ont progressé de 72 % dans le même temps, ils ne seront pas, a priori, remplacés par des IA : le droit français et européen imposent en effet le recours à des interprètes humains.

Dans un rapport intitulé « Maîtriser les frais de justice pour mieux rendre la justice », la commission des finances du Sénat constate que « leur coût a été de 716 millions d’euros 2024, en hausse de 51,2 pour cent par rapport à 2013 », alors que l’inflation n’a été que de 19,1 % dans le même temps.

Qualifiés de « frais d’enquête » par le garde des sceaux, ils concernent essentiellement les analyses et expertises médicales (26 %), frais de traduction et d’interprétariat (11,9 %), interceptions (11,3 %) et mesures judiciaires (contrôle judiciaire, enquête sociale rapide, enquête de personnalité : 10,4 %), la médecine légale (9,1 %) et les frais de gardiennage et de scellés (6,6 %) commandées par les magistrats ou, sous leur contrôle, par les officiers de police judiciaire (OPJ).

Certaines catégories de dépenses ont augmenté bien plus que d’autres, comme les frais de mesures judiciaires (+ 81,1 % depuis 2019), de traduction et d’interprétariat (+ 72,4 %), les cotisations des collaborateurs occasionnels du service public (COSP,+ 55,2 %), expertises médicales (+ 49,6 %, « notamment en raison de l’inflation du nombre d’expertises psychiatriques »), frais de gardiennage et de scellés (+ 42,4 %), contrairement aux frais d’interceptions judiciaires (+ 1,4 %), de procédure (+ 2,1 %) et rétributions des auxiliaires de justice (+ 2,7 %).

Cette explosion des frais de justice est telle que les prévisions de dépenses moyennes par affaire faisant l’objet d’une réponse pénale, qui étaient d’environ 300 euros de 2015 à 2020, ont plus que doublé depuis. Or, souligne le rapporteur (LR) Antoine Lefèvre, « les dépenses budgétaires constatées chaque année ne donnent qu’une idée partielle de la charge réelle représentée par les frais de justice » :

« En raison du niveau insuffisant de la budgétisation, mais aussi de la charge pesant sur les services des greffes […] le ministère fait patienter ses prestataires jusqu’à l’année suivante lorsqu’il n’a plus de crédits pour régler les prestations de l’année en cours. »

Des experts auxquels l’État doit des dizaines de milliers d’euros, depuis des années

Certains experts ne sont dès lors payés que « plusieurs mois, voire plusieurs années », après avoir travaillé. Au point que certains « se retrouvent alors en difficulté financière », le temps de recouvrir les « milliers, voire plusieurs dizaines de milliers d’euros » que l’État leur doit.


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« C’était une fuite catastrophique », un ancien de Microsoft raconte comment cette célèbre clé d’activation a abouti au piratage massif de Windows XP

9 octobre 2025 à 08:46

XP clé

Celles et ceux qui ont connu Windows XP se souviennent peut-être de cette suite alphanumérique : FCKGW-RHQQ2-YXRKT-8TG6W-2B7Q8. Il s'agissait d'une clé d'activation produit pour le système d'exploitation, qui a largement servi à pirater l'O.S.

Reçu avant avant-hier

Emploi : la nouvelle jeunesse des séniors !

8 octobre 2025 à 19:41

Des boomers de plus en plus geeks, qui dament le pion aux jeunes sur le marché du travail ? Nous n’en sommes pas encore là. Mais un réel progrès en faveur de l’emploi des seniors dans le tertiaire se confirme, notamment grâce à l’entrée dans cette catégorie des premières générations ayant frayé avec les ordinateurs.

Faire du neuf avec du vieux

Imaginez une génération qui a grandi en découvrant, incrédule, les prémices de l’informatique personnelle. Des quinquas qui, enfants, bavaient devant les publicités pour la première console de jeux offrant la possibilité de se démener, manette en main, face au préhistorique « Pong » ; puis, adolescents, ont vu les cafés commencer à se débarrasser de leurs flippers au profit de jeux d’arcade comme Space Invaders, Asteroids, puis Pac-Man et Tetris. La même qui a appris le CD-ROM, puis les délices de ces ordinateurs dépourvus d’O.S., dont il fallait programmer chaque pixel d’action en Basic, puis en Pascal, tel le Sinclair ZX 81. Et ce avant l’arrivée du fameux Atari 520 ST et du premier Mac, avec leur processeur Motorola cadencé à 7,8 MHz et leur RAM figée à… 128 Ko, pour le second.

Deux révolutions qui ont forgé l’avenir de ces ancêtres du travail face aux écrans, alimenté par la navigation sur les logiciels des années 1980 et 1990, et qui, aujourd’hui, apporte une touche d’expérience unique dans un monde boosté par l’intelligence artificielle. En France comme en Europe, les seniors (55-64 ans) redessinent le paysage du travail, particulièrement dans le secteur tertiaire. Leur maîtrise pionnière des outils numériques et leur savoir-être affûté par des décennies d’expérience en font des acteurs précieux pour les entreprises. Bien plus qu’un simple atout, ils incarnent un pont entre tradition et innovation, contribuant à une économie plus équilibrée face au vieillissement démographique.

En France : une vitalité record et un élan numérique

Même si notre pays reste à la traîne par rapport à nos voisins, l’emploi des seniors atteint des sommets historiques : 60,4 % des 55-64 ans étaient actifs en 2024. Un bond de 2 points en un an et de plus de 12,4 points en dix ans ! Le secteur tertiaire, qui regroupe 70 % de ces travailleurs, est leur terrain de prédilection.

Pourquoi un tel engouement ? Cette génération, née entre 1965 et 1975, s’adapte avec aisance aux technologies modernes, y compris l’IA. Comme le souligne France Travail, « L’expertise de ces salariés, dépositaires des savoirs de l’entreprise, se caractérise par une certaine vision stratégique et une capacité de prise de recul forgées au fil des années. »

Mais ce n’est pas tout. Les réformes des retraites et les incitations fiscales encouragent cette dynamique, tout comme le désir des seniors de transmettre leur expertise. Dans les métiers du conseil, de la formation ou des services numériques, 80 % d’entre eux se disent motivés à partager leur savoir. Et ça fonctionne dans les deux sens : les jeunes forment leurs aînés aux dernières innovations technologiques, tandis que les seconds leur offrent fiabilité et sens de la collaboration. Résultat : 63 % des actifs estiment que ce mélange générationnel booste l’innovation tout en renforçant la cohésion des équipes. Un véritable cercle vertueux.

Europe : aussi des promesses

À l’échelle européenne, les seniors ne sont pas en reste. Avec un taux d’emploi dépassant les 75 % (pour les 55-64 ans), des pays comme la Suède et l’Allemagne sont en tête de peloton. Sans doute l’une des raisons ayant conduit la ministre de l’Économie d’outre-Rhin, Katherina Reiche, à envisager de repousser l’âge de départ à la retraite de ses concitoyens à 70 ans, même si ce sont essentiellement des préoccupations budgétaires qui dictent cette volonté.

Là encore, l’exposition précoce à l’informatique joue un rôle clé. Depuis 2010, le nombre de seniors actifs en Europe est passé de 23,8 millions à près de 40 millions en 2023. Dans des pays comme les Pays-Bas, des programmes de mentorat inversé permettent même aux concernés n’ayant pas immédiatement pris le virage du numérique de partager leur expérience tout en se formant aux outils modernes, compensant ainsi les limites de l’IA par leur intuition et leur recul. Car prompter est essentiellement un art du questionnement, dont l’âge est souvent la clé de la maîtrise.

Une idée confirmée par une large étude publiée par le FMI en avril dernier, qui stipule : « Cela suggère que, pour un niveau d’éducation donné, les travailleurs plus âgés peuvent bénéficier davantage de l’adoption de l’IA que les cohortes plus jeunes, car les premiers sont relativement plus concentrés dans les occupations à forte exposition et forte complémentarité. »

C’était… moins bien avant

Contrairement aux salariés nés entre 1940 et 1950, dont le taux d’emploi jusqu’aux années 2010 stagnait entre 40 % et 45 % en raison d’une exposition limitée à l’informatique et de politiques de préretraites massives, la cohorte actuelle gagne de 15 à 20 points.

Cette génération antérieure, souvent perçue comme réfractaire au numérique, subissait une exclusion structurelle, avec peu d’accès aux outils bureautiques émergents. Une analyse confirmée par David Autor et David Dorn, en 2009, dans l’American Economic Review, montrant que les études pointaient cette révolution comme un obstacle soudain à l’adaptation technologique des plus de 55 ans : un âge se présentant, en France, comme une barrière quasi infranchissable dans la quête d’un nouvel emploi après la perte du précédent.

Aujourd’hui, l’entrée précoce sur le marché durant le boom du PC permet une adaptation plus fluide, transformant les seniors en atouts pour l’IA, où leur vision humaine complète l’automatisation. Surtout, comme le précise aussi l’étude du FMI déjà citée : « Plusieurs caractéristiques des emplois à forte exposition à l’IA correspondent aux préférences des travailleurs plus âgés. Au cours des trois dernières décennies, il y a eu une augmentation générale des emplois adaptés à ces personnes, caractérisés par une activité physique moins exigeante, des niveaux de danger au travail plus faibles et un rythme d’activité modéré […] Ces caractéristiques sont attrayantes pour les travailleurs visés et s’alignent avec les gains positifs de leurs capacités cognitives dans le cadre d’un vieillissement en meilleure santé […], d’autant plus que ces emplois exposés à l’IA offrent généralement des revenus plus élevés. »

Ce shift générationnel réduit les discriminations et valorise l’expérience, avec 90 % des seniors engagés dans le transfert de compétences.

Mais tout n’est pas encore rose. Assez logiquement, seul le secteur tertiaire est touché par cette grâce en faveur des grands aînés. Selon la DARES, dans l’agriculture et le secondaire (industrie, construction), la situation de l’emploi des seniors reste très dégradée en France, avec une stagnation ou une baisse relative des effectifs depuis les années 2010. Une tendance observée dans la plupart des pays de l’OCDE. Les travailleurs âgés y sont sous-représentés en raison de la pénibilité physique accrue et des exigences en mobilité, limitant les embauches à moins de 10 % des postes. Cette disparité persiste en 2024-2025 et s’accompagne, dans tous les secteurs, de la subsistance de freins culturels à l’emploi, malgré l’embellie décrite dans cet article. France Travail note d’ailleurs : « Encore trop peu d’entreprises déploient une culture senior friendly. »

Et demain ?

D’ici 2030, l’emploi des seniors dans le tertiaire pourrait atteindre 75 % en France et 80 % en Europe, porté par l’IA et des formations adaptées. Dans des secteurs comme la cybersécurité ou le conseil digital, leur expérience historique devient un atout pour anticiper les disruptions. Les initiatives gouvernementales, comme la valorisation des salariés expérimentés lancée en 2025, promettent de réduire le chômage senior à moins de 5 %, tout en boostant le PIB de 2 à 3 % grâce à une productivité intergénérationnelle.

À voir, tout de même…
Il n’en demeure pas moins que cette génération, pionnière du numérique, ouvre la voie à une économie où l’expérience et l’innovation se nourrissent mutuellement. En créant des espaces de collaboration, comme des comités mixtes, les entreprises peuvent tirer le meilleur de chaque époque.

Les seniors ne sont pas seulement dans le coup. Ils sont au cœur de la transformation, prêts à façonner un avenir où chacun peut trouver sa place sur le marché de l’emploi.*

(Ce qui arrange votre rédacteur en chef, né en 1968, et ayant l’éternelle nostalgie de ses parties de Pong…)

L’article Emploi : la nouvelle jeunesse des séniors ! est apparu en premier sur Les Électrons Libres.

Le plan européen « Chat Control » pour scanner tous les messages trébuche une fois encore, mais ce n’est pas encore la fin de l’histoire

8 octobre 2025 à 08:20

Ordinateur PC

Les oppositions au plan Chat Control, surnom donné à une proposition de règlement sur la lutte des contenus pédopornographiques, peuvent souffler. La crainte de voir une bascule de l'Allemagne en faveur de ce futur texte s'est éloignée. Mais ce n'est pas encore la fin de l'histoire.

Better profile management coming to Firefox

Par :jzb
8 octobre 2025 à 17:11

Firefox has long had support for multiple profiles to store personal information such as bookmarks, passwords, and user preferences. However, Firefox did not make profiles particularly discoverable or easy to manage. That is about to change; Mozilla has announced that it is launching a profile-management feature that will make it easier to create and switch between profiles. According to the support page for the feature, it will be rolled out to users gradually beginning on October 14.

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