Stanford vs Neuralink : la guerre des implants
Les interfaces cerveau-machine (ICM) font parler d’elles, avec deux projets phares : l’implant de l’Université Stanford, qui traduit les pensées en paroles, et celui de Neuralink, porté par Elon Musk, qui vise à connecter le cerveau aux machines. Si les deux partagent des ambitions médicales, leurs approches, technologies et implications divergent. Comparatif…
Origines et objectifs
Stanford : lancé dans le cadre du projet BrainGate 2, l’implant de Stanford, dévoilé en 2025, se concentre sur la restauration de la parole pour les personnes paralysées, comme celles atteintes de la maladie de Charcot ou victimes d’AVC. Il cible le cortex moteur pour capter les intentions de parole et les traduire via une IA entraînée sur des milliers d’heures de données cérébrales.
Neuralink : fondée en 2016 par Elon Musk, Neuralink ambitionne plus large : initialement, restaurer la motricité et la communication pour les paralytiques. Mais à terme, elle vise à fusionner l’humain avec l’IA, voire à permettre de contrôler des interfaces externes par la pensée ou de restaurer la vision. Son premier essai humain a eu lieu en janvier 2024, avec quatre ans de retard néanmoins.
Fonctionnement
Stanford : l’implant utilise une centaine de microélectrodes insérées dans le cortex moteur pour capter les signaux neuronaux liés à la parole. Une IA décrypte ces signaux en mots, atteignant 74 % de précision sur un vocabulaire de 125 000 mots. Un mot de passe mental sécurise l’activation, avec 98 % de fiabilité.
Neuralink : baptisé Telepathy, c’est un dispositif de la taille d’une pièce de monnaie, implanté dans le crâne avec 64 fils ultrafins (1 024 électrodes) insérés dans le cortex par un robot chirurgical. Il capte les signaux neuronaux pour contrôler des appareils (curseur, clavier) via Bluetooth. Les premiers résultats montrent une détection prometteuse des « pointes neuronales ». Neuralink travaille aussi sur une nouvelle génération d’implants avec jusqu’à 16 000 électrodes, ce qui pourrait accroître sa précision pour de futures applications.
Résultats probants
Stanford : en août 2025, une patiente tétraplégique a retrouvé une voix synthétique imitant la sienne, avec un débit de 62 mots par minute, proche d’une conversation naturelle. D’autres tests ont permis de décoder des pensées spontanées.
Neuralink : en 2024, Noland Arbaugh, tétraplégique, a contrôlé un curseur et joué aux échecs par la pensée, décrivant l’expérience comme « intuitive ». Un second patient, implanté en août 2024, utilise l’implant pour jouer à des jeux vidéo et concevoir en 3D. Cependant, des problèmes de rétraction des fils ont affecté le premier patient.
Limites et défis
Stanford : l’implant nécessite une chirurgie invasive, avec risques d’infection ou de rejet. La précision de l’IA reste imparfaite, et le système demande un entraînement long. Sa portée est limitée à la parole pour l’instant.
Neuralink : la rétraction des fils, observée chez le premier patient, a réduit le nombre d’électrodes fonctionnelles de 85 %, impactant la performance. Les tests sur animaux (singes, cochons) ont soulevé des inquiétudes éthiques, avec des rapports de complications graves (paralysie, infections). La transparence limitée de Neuralink est critiquée, les annonces venant souvent de Musk, sans données scientifiques publiques.
Dangers éthiques
Stanford : les risques incluent le piratage des données neuronales et l’accès non autorisé aux pensées. Les chercheurs insistent sur la nécessité de « neurorights » – droits à l’inviolabilité mentale – pour protéger l’intimité mentale.
Neuralink : les ambitions d’Elon Musk (fusion avec l’IA, contrôle total par la pensée) font craindre une surveillance accrue ou une inégalité d’accès. Les controverses sur les tests animaux et le manque de transparence renforcent les doutes sur la sécurité et l’éthique.
Verdict
Stanford excelle dans la précision pour restaurer la parole, avec une approche académique rigoureuse, mais reste focalisé sur un usage médical. Neuralink, plus ambitieux, vise une révolution technologique, voire transhumaniste, mais sa fiabilité technique et éthique est questionnée. Les deux projets repoussent les limites du possible, mais soulèvent des questions brûlantes sur la vie privée et l’avenir de l’humanité.
Voir : L’implant qui fait parler la pensée !
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