[TEST] DOOM: The Dark Ages bouscule nos habitudes, mais écrase toujours la concurrence
Il y a tout juste un an, l’annonce de DOOM: The Dark Ages avait été une véritable surprise. Le retour de la licence légendaire d’id Software, sans doute la plus importante pour le genre du FPS, était forcément une bonne nouvelle, surtout après un excellent DOOM en 2016, puis un DOOM Eternal magistral, qui avait su se réinventer. Cependant, en janvier dernier, ce fut la douche froide : outre un gameplay manette malheureusement classique chez Bethesda, ce nouveau DOOM laissait entrevoir des affrontements très lents, qui n’auraient pas choqué les pensionnaires de l’EHPAD Les Camélias entre deux épisodes de Derrick. Pour couronner le tout, on pouvait voir des passages dans un mecha et même à dos de dragon en TPS. L’horreur. Heureusement, le cœur du jeu est toujours le même : décimer les légions de l’Enfer dans un déferlement de violence et de sang. Il est certes différent de son aîné, mais dire qu’il est mou serait une erreur.
Genre : DOOM | Développeur : id Software | Éditeur : Bethesda Softworks | Plateforme : Steam, Battle.net, Xbox Game Pass | Prix : 79,99 € | Configuration recommandée : Ryzen 7 5700X, Core i7 12700K, 32 Go de RAM, RX 6800 / RTX 3080 | Langues : Français, anglais… | Date de sortie : 15/05/2025 | Durée de jeu : de 15 à 20 heures
Test effectué avec une version Steam fournie par Gamesplanet.
Une histoire à dormir debout
DOOM: The Dark Ages est censé être un préquel à DOOM de 2016. Mais à moins d’être allé sur le wiki, impossible de faire le lien, ni avec les épisodes d’avant chronologiquement, ni avec ceux d’après. Chaque cinématique est certes très bien produite et correctement doublée (au moins en français), mais l’histoire est d’un nanardesque porté au rang d’art. Les dialogues sont soit incompréhensibles, soit risibles, et il y a des blancs interminables entre chaque échange. En plus, ça se permet parfois d’oublier de raconter pourquoi on passe d’un environnement à un autre. On voit que l’équipe a même abandonné sur quelques niveaux, pour lesquels seule une voix dans le communicateur vient nous expliquer ce qu’on fout là. Pour achever le tout, la fin n’explique pas du tout comment on se retrouve dans un sarcophage au début de DOOM 2016, ce qui laisse penser que les prochains DOOM teasés par Hugo Martin, le Game Director, seront une suite directe à The Dark Ages. Quoi qu’il en soit, on n’est pas là pour ça. Nous, ce qu’on veut, c’est tuer tuer tuer.
Tortue ninja et bullet hell
La musique, certes pas aussi bonne que celle de Mick Gordon pour Eternal, est tout de même bien cool et porte notre personnage dans sa frénésie meurtrière. Pensez à baisser tous les autres curseurs pour l’entendre, le mixage de base n’est pas top.
Si DOOM Eternal nous envoyait virevolter en l’air avec un système d’arme spécifique à utiliser pour chaque ennemi, retour sur le plancher des vaches dans The Dark Ages. Vous l’avez lu partout, les développeurs souhaitaient que l’on se sente comme un tank implacable. Fini le double saut, on accueille avec joie le bouclier. Celui-ci permet de se protéger des attaques en absorbant les dommages pendant un certain temps. Mais cette fonctionnalité est presque annexe, puisque tout se base sur les parades. Sur le champ de bataille, on peut considérer le jeu comme un bullet hell, avec des projectiles relativement lents, mais plutôt nombreux. Ceux qui sont verts peuvent être renvoyés, ce qui étourdit notre adversaire, nous laissant le temps de l’achever à coups de lance-roquette. Pareil pour les attaques au corps-à-corps, qui sont aussi indiquées avec ce code couleur. Une fois notre ennemi en piteux état, il rentre en surbrillance violette, indiquant qu’on peut l’achever avec un g(l)ory kill, heureusement beaucoup plus court que dans l’opus précédent. Pour l’occasion, les monstres iconiques de la saga ont été remaniés en profondeur : Pinky, Imp, Cyberdemon… Tous ont des capacités en adéquation avec la nouvelle mécanique de parade, et le lancer de bouclier est encouragé. Cette capacité permet notamment de trancher la piétaille en deux ou immobiliser les plus gros ennemis pendant quelques instants, avec une animation délicieusement gore. Même les soldats, qui possèdent maintenant des pavois, sont dangereux : il faut les mitrailler pour faire chauffer le métal avant de pouvoir le faire voler en éclat.
Pour autant, les déplacements sont la clef de la survie, car on peut facilement se faire acculer. On possède la faculté de sprinter, et surtout, un dash grâce au bouclier, tant qu’une cible est à portée. J’ai trouvé ce nouveau système très original, franchement sympa à utiliser et bien loin des présentations toutes molles à la manette. Contrairement à ce qu’on imaginait, c’est très nerveux, frénétique et les combats sont toujours jouissifs, notamment grâce à ses armes.
Le maître du FPS
On ne va pas tourner autour du pot, le gunplay de DOOM: The Dark Ages est excellent. Les armes donnent toutes une très bonne impression de puissance, que ce soit le double shotgun, le lance-pieux, ou même le fusil à plasma. Le feedback est exemplaire, avec un sound design bien violent, des morceaux de chair se détachant des ennemis et des membres explosant à l’impact. En plus, on peut modifier notre arsenal. Les cartes sont remplies de bonus sous forme d’or, de gemmes ou de cristaux, qui permettent d’acheter des améliorations, dont certaines ont des synergies avec le bouclier ou l’attaque de mêlée. On sent qu’ils avaient plein d’idées, car le second niveau de chaque arme propose de débloquer deux capacités en même temps, mais on ne peut en activer qu’une à un instant T. Tout est parfaitement maîtrisé pour renforcer à chaque fois le sentiment que notre héros est une machine implacable, et c’est très satisfaisant.
Les errements du DOOM Slayer
Entre deux massacres sanguinolents à pied, id Software innove encore, mais cette fois-ci, sans doute pas pour le meilleur. Tout d’abord, le mecha. Certains niveaux spécifiques nous placent aux commandes d’un robot géant, pour affronter des titans. Les combats sont très simples, puisqu’il faudra spammer le clic gauche jusqu’à éviter une attaque, puis appuyer sur le bouton droit. Et c’est tout. Heureusement, ces phases sont généralement assez courtes, donc on n’a pas trop le temps de trouver ça chiant. Par contre, le dragon, c’est non. On imagine bien un fan de Halo chez les grands pontes de Microsoft, menacer d’annuler le projet s’ils n’intégraient pas un passage dans un véhicule aérien. Manifestement, ils ne savaient pas faire, car les combats n’ont strictement aucun intérêt. N’imaginez pas de dogfights, notre cyberdragon est verrouillé sur la cible (qui elle, est toujours fixe), et on ne peut qu’esquiver les attaques en utilisant haut, bas, gauche ou droite, pour ensuite répliquer de plus belle. Pour le coup, là, on se fait chier, car c’est complètement naze. Mais comme pour celles en mecha, ces séquences restent tout de même anecdotiques, et ne souillent donc pas tant que ça l’image globale du titre.
Ouverture sur le monde
Si certains niveaux sont des couloirs, la plupart proposent de grandes zones ouvertes, dans lesquelles on peut réaliser nos objectifs dans le sens que l’on souhaite. C’est donc encore du nouveau pour DOOM, et on peut dire qu’il s’en sort pas mal. Si l’on se focalise sur l’action, tout se fait dans un enchaînement très naturel, parfois uniquement entrecoupé de quelques puzzles utilisant notre bouclier. Cependant, les développeurs ont placé une myriade de petits bonus à dénicher çà et là. Et comme ils sont affichés sur la carte lorsqu’on n’est pas très loin, ils encouragent beaucoup à tout fouiller, surtout lorsqu’ils servent à améliorer notre équipement. Mais le problème, c’est qu’on arrive à un moment où tous les démons ont été réduits à un tas de chair sanguinolent, et qu’il ne reste plus qu’à parcourir la map de long en large, entièrement vide. Si cela permet de rallonger la durée du jeu, ça casse tout de même un peu le rythme. D’un autre côté, ce n’est pas indispensable, d’autant plus si on fait partie de l’Élite, comme vous, illustre lecteur.
Souffrez comme vous voulez
La difficulté « normale » (Fais-moi mal) ne vous est pas destinée. Elle a clairement été ajustée pour les joueurs manette dans leur canapé. Aucune raison pour autant de crier au scandale, passez à Ultraviolence, voire Cauchemar, si vous aimez roter du sang. J’ai personnellement choisi Ultraviolence, ce qui m’a mis dans des situations parfois très tendues, et fait refaire plusieurs passages. Il m’a fallu une bonne quinzaine d’heures pour en parvenir à bout – en ayant passé du temps à faire quelques niveaux à 100 % –, mais surtout avec l’envie relancer le jeu au cran supérieur. D’autre part, un menu entier est dédié au réglage de la difficulté, ce qui est franchement admirable : dégât des ennemis, vitesse des projectiles, fenêtre de parade, vitesse globale du jeu… Tout est paramétrable. Donc faites pas chier, choisissez ce qui vous plait. Pour les plus hardcores, on peut même sélectionner Ultracauchemar, qui vous fera recommencer toute la campagne à la moindre mort.
Un moteur qui domine
DOOM: The Dark Ages est une vitrine technologique : l’id Tech 8 fait des merveilles, tout en conservant de bonnes performances. Malheureusement, il laissera de côté les joueurs n’ayant pas de carte graphique capable de traiter le ray tracing, mais pour les autres, le résultat est saisissant. C’est beau, fluide, sans aucun stutter ou calculs de shaders, et les chargements sont ridiculement courts. Presque choquant lorsque l’on est habitué à l’Unreal Engine 5. Avec le DLSS qualité et la frame gen, je dépasse les 100 FPS en 1080p sur un pc portable équipé d’une 4060, sans pour autant avoir d’input lag. Sur un PC fixe doté d’une RTX 4090, en 4K, DLSS qualité, preset Ultracauchemar (équivalent à Cauchemar pour l’instant) et sans framegen, le framerate oscille entre 120 et 144 FPS. Attention cependant, le path tracing, généralement très gourmand, n’est pas encore présent dans le jeu. Il devrait être déployé dans un futur patch. Du côté des rouges, les perfs sont également très bonnes. Mais si vous n’avez pas accès au FSR 4, le XESS d’Intel fournit de meilleurs résultats que le FSR 3, comme l’indique Digital Foundry.
Si vous voulez voir DOOM: The Dark Ages en action, voici quelques extraits de gameplay. Il y a d’abord des séquences plutôt au début du jeu, puis une autre vers le dernier tiers du jeu :
L’indétrônable DOOM Slayer
DOOM: The Dark Ages renouvelle la saga encore une fois. Moins aérien que son aîné et basé sur la parade, il n’en reste pas moins frénétique, pour peu qu’on sélectionne la difficulté adéquate. Les combats sont toujours aussi jouissifs, avec sans doute le meilleur gunfeel du genre. On sent la maîtrise d’id Software dans les FPS, même lorsqu’ils innovent et lorgnent du côté du bullet hell. Le bouclier est d’ailleurs très agréable à utiliser. Ils n’ont clairement pas le même génie quand il s’agit de faire des passages en mecha, qui n’ont aucune profondeur sans pour autant être désagréables, ou pire, des séquences en TPS à dos de dragon, dont le gameplay est superficiel et franchement pourrave, mais heureusement jamais très longs. On pourra également noter un scénario anecdotique, mais on n’est pas vraiment là pour ça. Côté technique, c’est plutôt impressionnant, car les performances sont étonnamment bonnes pour un rendu franchement chouette, même sur des machines de milieu de gamme. Oui, DOOM: The Dark Ages est différent des précédents opus, mais il reste un incontournable pour tout fan de FPS.
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