Le GPD Pocket 4 est désormais sur le pas de tir d’un lancement sur Indiegogo. Comme d’habitude mon premier conseil est de bien réfléchir dans quoi vous mettez les pieds avec ce genre d’opération de financement participatif. Même si la solution est tentante n’oubliez pas que vous n’êtes pas client de GPD, vous êtes alors un investisseur et à ce titre vous ne faites que prendre des risques.
Aucune obligation de livraison ou de garantie, aucune action légale possible. Vous investissez dans ce qui peut être tout à fait légalement un échec de production ou une machine plein de défaut. Cela permet de d’économiser hypothétiquement quelques sous mais le risque à court, moyen et long terme est important.
Le prix de base du GPD Pocket 4 sera de 895 dollars et une quantité probablement minimale de machines seront proposées à 829$. Ces quelques pièces servant a amorcer la pompe d’une campagne autant publicitaire que commerciale. Le prix « en magasin » n’est pas indiqué. Il faut prendre en compte que ces sommes sont indiquées sans taxes ni frais de port. Il faudra ajouter en prime des frais de dédouanement facturés par le transporteur. Les 895 dollars se transforment en 1018€ avec juste 20% de TVA. Si on ajoute entre 50 et 80 € de frais de dédouanement et une quarantaine d’euros de frais de port la note arrive alors facilement à 1100€.
Pour ce tarif on aura droit à un netbook sous AMD Ryzen 7 8840U, une puce 8 cœurs Zen4 et développant 16 Threads associée à un circuit graphique Radeon 780M. Elle proposera 16 Go de LPDDR5x et un stockage SSD NVMe PCIe 4.0 x4 de 1 To.
Une version plus puissante sera équipée d’un Ryzen AI 9 HX 365 qui passe au Zen 5 d’AMD avec 10 cœurs au total et un circuit graphique Radeon 880M. Ce modèle équipé de 32 Go de mémoire vive toujours en LPDDR5 et avec un stockage qui grimpe à 2 To sera commercialisé à 1157$. Soit 1315€ avec juste 20% de TVA.
Enfin, la version « haut de gamme » est annoncé à 1466$ (1666€ avec 20% de TVA) et tournera sous processeur Ryzen AI 9 HX 370. Une puce aux 28 watts de TDP qui développe 12 cœurs et le double de threads. Un processeur de dernière génération avec 4 cœurs Zen 5 et 8 cœurs Zen 5C oscillant de 2 à 5.1 GHz. Avec un NPU 50 TOPS et un circuit graphique Radeon 890M offrant 16 cœurs RDNA 3.5 à 2.9 GHz. Ici on retrouvera jusqu’à 64 Go de LPDDR5x-7500 et le SSD NVMe pourra atteindre 4 To.
Le GPD Pocket 4 confirme sa fiche technique
L’écran est donc bien un IPS 8.8 pouces qui gonfle en définition pour atteindre 2560 x 1600 pixels en 144 Hz. Soit, sur une dalle de cette taille, une densité impressionnante de 343 pixels par pouce. La luminosité atteint 500 nits et le choix a été porté sur une dalle à la colorimétrie maitrisée avec un DCI-P3 couvert à 97%. Le support d’un stylet actif MPP 2.0 et une capacité tactile 10 points de contact capacitif sont assurés.
Le châssis mesurera bien 20.7 cm de large pour 14.5 cm de profondeur et 2.2 cm d’épaisseur. La batterie est une 44.8 Wh avec une charge rapide 100 Watts mais on n’a toujours aucune information quand à l’autonomie de la machine. Entre l’écran haute définition et la puce embarquée, il y a lieu de s’en inquiéter.
Pour le reste c’est bien un module Wi-Fi 6E et le Bluetooth 5.3 qui sera embarqué, un connecteur USB4 est prévu ainsi qu’un connecteur amovible compatible avec plusieurs options sur une base USB : un port RS-232, un lecteur de cartes MicroSDXC UHS-I, ou un module 4G LTE avec lecteur de cartes SIM.
Pourquoi développer des modèles aussi puissants et chers ?
J’ai posé cette question à plusieurs acteurs de ce marché particulier. Un marché qui a vu passer le format netbook d’un entrée de gamme ultra abordable et pratique à celui d’un très haut de gamme hyper élitiste. La réponse est toujours la même. Les marques qui s’intéressent encore à ce format n’ont pas les moyens de le développer en masse.
Des acteurs comme GPD ou One Netbook ont plus d’intérêt a développer des produits haut de gamme qu’ils vendront sur un marché de niche à une poignée d’utilisateurs dans la durée que de proposer une référence à bas coût plus difficile a rentabiliser pour des raisons évidente de service après vente. Sur une machine à 1000€, le temps passé a la monter en usine et a la développer peut être long. La durée de vie du produit sera également plus importante que sur un modèle entrée de gamme. Ce qui a permis par exemple à GPD de lancer le Pocket 3 en 2021 et de continuer à le vendre trois ans plus tard.
GPD préfère de loin vendre 3000 appareils à 1000€ et que 10 000 appareils à 300€ parce qu’ils sont plus taillés pour cela d’un point de vue gestion technique et commerciale.
Il aurait fallu qu’un acteur international se décide, par exemple au lancement du processeur Intel N100, a lancer un reboot du format netbook. Un acteur comme Lenovo, Acer, Asus ou HP aurait pu reprendre à son compte le format netbook avec un moteur mis à jour efficace et performant. On a tendance a oublier que le N100 est un processeur mobile tant il a été boudé par les fabricants sur ce segment. Mais cette puce à très faible TDP aurait fait une excellent candidat pour un engin basique de petite diagonale. Il est possible de construire une solution à moins de 500€ très bien équipé autour de cette puce. Mais il faut pour cela avoir les capacités logistiques et commerciale ainsi que le SAV nécessaire pour que l’opération soit rentable. Les « petits acteurs » comme GPD ne l’ont pas.
Certains acteurs de second plan comme Chuwi ont tenté l’aventure d’un MiniBook X sous Intel N100 abordable. Avec du succès mais également avec pas mal de déboires. Certaines machines fonctionnant comme un charme et d’autres séries étant beaucoup, beaucoup, plus problématiques.
Est-ce qu’il est trop tard pour lancer un nouveau format netbook entre le 9 et le 10 pouces comme ce GPD Pocket 4 mais en version « simple », sans tactile, avec un processeur taillé pour le quotidien comme un Alder Lake N ? Je ne pense pas. Le problème est que les marques sont devenues frileuses sur ce segment. Elles préfèrent vendre des machines en 13 et 15″ mal équipées sous les 300€ mais bien plus rentable plutôt que de prendre un petit risque avec un format de ce type. Et c’est bien dommage.
J’ai fait un atelier « impression 3D » dans l’association Ateliers Geeks à une jeune fille qui avait le même genre de machine que ce qui est présenté ci-dessus par Acer ou HP, un Celeron de début 2021 avec 4 Go de mémoire vive et un stockage neurasthénique en eMMC. Le tout sous Windows 11. Ces produits sont tout simplement une honte technique. Windows y est inexploitable et la gamine en question a du se rabattre sur un ordinateur d’occasion bien plus performant et moins cher acheté chez AFBshop par l’asso. J’ai lancé les outils utilisés dans cet atelier (Fusion360 et Cura) sur un MiniPC équipé d’un N100 avec 16 Go de mémoire vive et un SSD SATA. La performance du N100 est sans commune mesure avec celle du Celeron.
Voilà le triste constat que je peux faire aujourd’hui. Les marques préfèrent faire de l’argent avec des produits inexploitables vendus à des gens sans le sous plutôt que de vendre des netbooks corrects. Pour rappel quand les netbooks ont disparu de la circulation, la majorité des acteurs de leur marché m’expliquait qu’il était devenu impossible de gagner de l’argent avec des ordinateurs portables à 400€. On voit où ils en sont maintenant.
Le GPD Pocket 4 change d’envergure avec un écran 8.8 pouces
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GPD Pocket 4 : a partir de 829$ mais sous Indiegogo © MiniMachines.net. 2024.